Rue Bricabrac

Sharon et les soumises

Rue Bricabrac, bdsm, politique

EN corset et en couverture de Match, elle triomphe. Désarticulée plus que déhanchée, plastique plus que sexy, Sharon Stone se rappelle à notre bon souvenir avec un look affirmé de tapin domina.

Dommage, elle aurait pu profiter de sa notoriété et de sa capacité à remuer les foules, lancer un appel aux femmes, au rassemblement, affréter des avions charter dans toutes les capitales en direction de l'Iran, du Soudan, débarquer avec des centaines de milliers de meufs et de pédés, habillés sans provocation, mais sans voiles non plus, le string qui dépasse ou le slim moule-bite, le tailleur Chanel ou le polo Lauren, wesh-wesh ou bobo bourge, qu'importe.

Juste pour rappeler, sur ses talons de femme affirmée et prescriptrice, à ceux qui soumettent les femmes au nom d'un machisme religieux et pervers, qui les emprisonnent et les bastonnent parce qu'elles n'ont pas adopté da burka code, qu'ils n'en ont plus pour longtemps à vivre au moyen-âge. Ce serait son plus beau film, plus beau qu'un film.

Mais se faire interviewer par Marc Lévy et retoucher par Photoshop, franchement, c'est indigne. Surtout Marc Lévy.



Et on rasera tous les barbus

DANS le temps, quand j'avais le coeur mieux accroché, je lisais, évidemment indignée, mais soucieuse de connaître mes ennemis, les rapports d'Amnesty International, dans les années 70, du temps des colonels à lunettes noires, grecs ou chiliens, quand le roi du garrot, Franco, n'était pas encore mort.

Je me faisais déjà fouetter avec délices, mais n'était pas capable d'employer alors le mot torture parce qu'une fois par an, j'avais sous les yeux le détail de ce que des bourreaux sadiques (au sens le plus propre, c'est à dire le plus sale, salaud et criminel, et pas du tout sexuel quoique rien ne disait de ce qui se passait dans le pantalon de ces professionnels). Aujourd'hui que je ne les lis plus, sans pour autant cesser de cotiser pas plus que de me tenir au courant des infamies de mes contemporains, j'arrive à donner au mot torture des connotations aimantes. Quand c'est lui, le bourreau, et que je l'ai supplié de me mettre à mal. Mais j'arrive à dénoter un peu, à recevoir des coups de canne et de fouet en oubliant l'orient lointain, parce que de celui-ci, je n'ai que le tapis volant qui m'emporte vers mes paradis piquants, loin de ce réel qui m'englue.

Rue Bricabrac, bdsm, torture

Et puis, paf, une BD, la récupération, je craque (pour ceux qui douteraient du sens de ce craquage, c'est du côté de la nausée qu'il faut chercher, et des yeux sales). (Ç'aurait pu être pire, la couv', z'auraient pu se branler en la lapidant, une sorte de nouvelle marquisade, roc'n'bukkake.)



Parfum d'hier

JE lisais hier les propos d'une jeune femme qui a choisi de devenir esclave dans la grande tradition goréenne. Je ne détaille pas, Google fait cela très bien.

(Déclameur : je n'ai pas la moindre envie de polémiquer avec des adeptes de telle ou telle religion/secte/coterie, et une fois de plus, mes lectures quelles qu'elles soient ne servent que de support à mes vagabondages verbaux, je parle de moi ici, pas des autres, même si je m'appuie parfois sur leurs discours.)

Je lisais, jusqu'à ce que je me rende compte que ses mots décrivaient, en parallèle, une réalité tout autre que la sienne. Servir, faire l'amour, absence de moyens matériels, dévotion, soin de soi, que sais-je encore... Cette réalité, c'était celles des femmes du temps de ma mère, qui jusqu'en 1946 (pour les Françaises du moins) n'avaient pas le droit de vote, ne pouvaient ouvrir un compte bancaire sans la bénédiction du mari, se démerdaient avec l'argent des courses pour faire bouillir la marmite, affichaient un visage aimable, maquillé et bien coiffé à l'heure du retour du turbin et en toutes circonstances étaient sous la tutelle du mari. D'ailleurs, Cunégonde Brasero (le nom a été changé) était pour le reste du monde Madame Prince Charmant ou Madame Tyran Domestique (les noms ont là aussi été changés).
Certes, elles n'étaient pas marquées dans leur chair, juste dans leurs cheveux, mises en plis encagées à grands coups de Cadonett.

Rue Bricabrac, bdsm, kajira, lingerie

Curieusement, de repenser à cette époque m'a mis une sorte de vague à l'âme, qui ne s'est dissipé que sur les merveilles vintage de Melle Fred. Je retrouve avec bonheur cette couleur saumon, triomphante et omniprésente avant l'invention du "chair" (qui était tout sauf chair). Dans le chiffonnier maternel, il y en avait deux tiroirs, dans lesquels je fouillais dès que ma mère avait le dos tourné. Là aussi, mais tellement plus gai, j'ai retrouvé ces années des femmes au foyer inféodées, quand les soutiens-gorges faisaient les seins comme des obus et que les culottes montaient haut avec un petit plastron anti-bidon. D'un modèle à l'autre, je retrouve sous mes doigts la caresse glissante du satin patiné et da touffeur capiteuse de Femme de Rochas.

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À quoi on joue ?

Rue Bricabrac, bdsm, captive
photo Ellington

QUAND j'ai commencé à faire mumuse, "pour de vrai" comme disent les enfants, dans les allées vénéneuses du bdsm, Portier de nuit de Liliana Cavani venait tout juste de sortir.

Maître Stéphane qui s'appelait Franck (c'est un running gag, mais oui le tout premier était un mémètre, ce qui m'a permis d'évacuer assez vite le sujet, et tout ce qui pourrait ressembler à un mémètre ou un Stephen) en avait sans doute conçu des idées qui j'espère ne lui étaient pas venus à l'esprit en visionnant Nuit et Brouillard. (Par un de ces drôles de hasards, Cavani a situé l'action de son film quasiment l'année de la sortie du Resnais.)
Un soir, au téléphone, il m'a parlé de tortures et de camps de concentration. Ce qui compte tenu de mon histoire personnelle et surtout de mon rapport très lourd au réel (il aurait été question de gégène et d'Algérie, de rats et de tortionnaires chiliens, de viols et de Milošević, mon sang aurait évidemment tourné de la même manière et dans le même sens) était pour le moins maladroit.
Je sais jouer avec moi, avec ce que je suis (et pas à la soubrette ou à l'écolière), mais je ne sais pas muser avec l'Histoire.

Alors, moi qui ne fréquente ni les clubs, ni les donjons, ni les soirées (et encore moins les goûters), ni le milieu, ni l'empire, ni les sectes, je me suis demandée avec le grand Ingrid Circus (je suis bien sûr ravie de la libération des quatorze otages, mais trop de médiatisation nuit, et quand on sait que nous attend encore la médaille, la béatification in vivo par monsieur Pape, le film, la pièce, les bios... je crains l'explosion de la vésicule, les nausées néphrétiques et frénétiques, la crise de foi - l'absence d'e est volontaire) déclenché la semaine dernière à la veillée, si quelques-uns des fanas de fantasmes à la noix et de scénars à la petite semaine allaient donner des séances très privées d'Ingrid chez les FARC comme ils s'éclataient, il y a 35 ans, avec de très intimes Portier de nuit.
Et je me suis sentie d'un coup pas dans mon assiette.

(Penser à retourner voir La belle captive de feu l'agronome.)

Pour P*** C*** qui se reconnaîtra s'il passe par ici.

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Réalité 3 - 0 Rêve

Rue Bricabrac, bdsm, angoisse
photo Dream Traveler

LA machine à rêve s'est enrayée, prise dans les filets plombés du réel. Petit à petit, ce salaud de réel, avec ses grosses bottes boueuses de para a piétiné la boîte à fantasmes, sur l'air de c'est moi que vlà. Il a posté ses sentinelles au coin des paupières, et dès que l'iris coulisse parce qu'une image lui fait de l'oeil, les cerbères crient "pas de ça ici" et aboient pour chasser les idées rose, pourpre, violette et rouges. Et les rouages du quotidien fuligineux donnent un tour de vis en sus, la fille de l'air manque d'oxygène.
Alors quand je vois une corde, je pense aux pendus, une cravache au prix de Diane et des menottes à Brice Hortefeux. Je ne sais même plus si je vois la queue de mon chat. Pourtant, elle ressemble à un serpent à sonnette.

Cauchemar.

Je suis comme une traction avant sans manivelle.
La manivelle n'est pas loin, pourtant, elle est posée là, à quelques mètres.

Dès que quelqu'un essaye de tourner la manivelle, comme un vieux diesel, je tousse, je crache, je tressaute et je m'affaisse. Le tourneur s'épuise, ne tourne alors que les talons et repart en râlant.

Les branches tortueuses du matériel m'ont enfermée, et je n'arrive plus à m'évader. Engeolée dans les contingences, j'attends le roi des fantasmes dans sa montgolfière, le marchand de salades salaces sur son nuage, un sorcier bien aimant au nez qui s'allonge, un Merlin à machette qui débroussaille la forêt et dérouille la belle au bois durement.

Ce n'est pas un conte de fées, juste un conte d'apothicaire qui aurait une poudre de perlimpanpan pour oublier un peu, beaucoup, à la folie... jusqu'à retrouver le pays d'Onirie.



Code barba(r)re 2 (Le régional de l'étape)

Rue Bricabrac, bdsm, code barre, soumise
D.R.

EN tombant sur le slaveregister et son code (bar)barre à l'usage des soumis(e)s, je pensais avoir touché le fond d'une forme d'imbécillité dans le bdsm. C'était oublier qu'un petit gaulois résiste dans son coin, et, guidé par des dieux de la bureaucratie mis en congés par l'exKGB, a imaginé la carte de soumise, à laisser traîner ostensiblement dans un coin de son portefeuille, ou à porter autour du cou comme les mineurs non accompagnés en avion.

Le promoteur de la chose, je l'avais croisé un jour de promenade sur les sites de sourciers de sites avec O, et un fou rire nerveux, associé à une vie un peu plus excitante que ces jours-ci, me l'avait vite fait oublier. Son bouge de petit caudillo au degré zéro arborait l'enseigne "Montrées". Il a changé de nom mais pas d'esprit, se proposant même aux heures des repas, et à condition que celles-ci ne soient pas en surpoids, de surveiller de temps à autres les soumises des mémètres en déplacement ou occupés à sauter leur collègue de bureau déjeuner à la cantine. Mais surtout, son chef-d'œuvre, n'ayons pas peur des mots, est la mise au point de cette "carte de soumise", sur le modèle de celles déjà existantes, de Confinoga à Club Med Gym en passant par celle du pressing du coin et les fiches de police. Car chez lui, il y a l'empreinte du pouce. Comme dans les films avec PJ. Ca rigole pas. On attend impatiemment la biométrie.

La photo, au contraire de celles d'identité, ne montre pas une tête qui fait la gueule (les nouvelles recommandations exigent une "expression neutre"), juste un sourire vertical et deux nichons, numéro graffité au feutre sur la cuisse, bras façon Vénus de Milo. On dirait une poupée gonflable de voyage. (Je ne suppose pas l'hommage à Coco Chanel qui n'aimait pas les genoux.)

A la limite, que des gens s'amusent à cela, chacun son trip. Si un homme et sa femme conçoivent de l'excitation à glisser une photo à oilpé d'icelle, collier de chienne au cou ou anneaux au sexe, dans les pages roses de son permis, pour un rougissement face aux gendarmes, ma foi... On pourrait même s'amuser de la prose pseudo administrative du gazier, sérieux comme la papauté au grand complet, qui doit résulter de la lecture assidue de polices d'assurances et de CGV diverses. J'imagine bien ce type qui a passé des heures à rédiger son machin en lui donnant les airs le plus officiels possible (officiel comme dans la tête d'un môme ou de Luc Besson) pour que ça ressemble à ces dossiers lourds, actes notariés, poulets indigestes, réglements de sociétés coercitives. C'est du boulot, à la mine de plomb et en tirant la langue...

Là où ça devient soit désespérant, soit encore plus hilarant, selon l'humeur du jour, c'est quand on découvre une liste de boutiques, boîtes et autres lieux prêts à consentir une ristourne sur présentation de cette carte. M'sieur exMontrées suggère d'ailleurs dans ses conditions d'utilisation que

La carte devra être présentée à toute réquisition : les cartes délivrées sont accessibles en permanence sur le site, voir ci-contre, pour permettre à chacun de vérifier la validité d'une carte présentée par une soumise (boutique, bar, club, soirée privée...).
Rappel : aucune discrétion n'est demandée aux établissements offrant des promotions, ils sont vivement incités à prendre leur temps pour bien vérifier la validité des cartes...

Personnellement, il se trouve que je ne traite avec aucun des commerçants immiscés dans la combine, mais dorénavant, j'enregistre les adresses pour être sûre de ne surtout pas y aller (tout en remarquant qu'ils avouent ainsi vendre aux gogos non encartés avec une marge plus que confortable, quand je dis que les marquis, ça ose tout, chaque jour me donne raison !).

Oui, il a dit "réquisition".
Oui, vérifier la validité des cartes ne suggère pas d'aller sur le site avec une loupe mais de mettre la main au cul des vaches des soumises, comme les maquignons sur les marchés aux bestiaux.
Oui, la lecture des pages que l'on trouve en se baladant dans l'arborescence prouve que cet Anarchaine a un délire extrêmement sérié, détaillé, maniaque, glauque.

C'est marrant, là, j'ai comme une vague envie de gerber alors que je n'ai même pas fait d'overdose de chocolat.

(Non, je n'ai pas mis de lien, mais ceux qui voudront trouveront assez facilement.)



Journée de la chienne

Matthew Gale est un designer qui a de la suite dans les idées, et beaucoup d'idées, trop parfois pour leur donner une suite.

Comme par exemple cette ravissante laisse, totalement surréaliste avec ses piquants côté poignet, qui ne sera jamais commercialisée.

Rue Bricabrac, bdsm, chienne, laisse
Rue Bricabrac, bdsm, chienne, laisse

 

Je la dédie aujourd'hui à tous les hommes qui traitent les femmes comme des chiennes (sans le consentement d'icelles, car même si je refuse les appellations chienne, pute ou salope, chacun sa vie, ses désirs, ses plaisirs et leurs satisfactions).
Et il y en a beaucoup plus hors du bdsm que dans le microcosme (parce que dans le microcosme, le mémètre est plus souvent un branleur qu'un oppresseur, et qu'une pichenette le fait tomber de son socle (voir chapitres précédents).



Fait divers et de rentrée

"Je ne l'ai jamais appelé maître.Ce n'était pas mon maître. J'étais aussi forte que lui. Symboliquement, il m'a portée à bout de bras, tout en me foulant aux pieds. Mais ce qu'il ne savait pas, c'est qu'il était tombé sur la mauvaise personne"

Elle a vécu dans une oubliette de 6m2

Il lui aurait demandé de l'appeler Maître

Elle faisait son ménage

Il la nourrissait de pain et de bonbons

Elle pèse 40 kilos pour 1m60

Quand elle s'est enfuie, il s'est suicidé

Quand elle a appris sa mort, elle a pleuré

Ce ne sont pas les derniers bruits de couloirs d'un club ou d'un tchatte D/s.
Ce sont des faits. Divers. Autrichiens.
Ca n'a rien à voir avec le sm.
Il faudra du temps et de la psychologie pour dire avec quoi ça a à voir. (Et pour démêler les fils.)
Mais entendu comme ça, au vol des infos à la radio, lu en diagonale d'un journal posé près de la tasse de thé, juste quelques éléments bruts, dénotés, ça ne peut que m'interroger, moi qui côtoie des hommes qui ont envie de façonner des jeunes femmes et des femmes qui parlent d'esclavage et de cage, moi qui joue à l'enfant avec des hommes qui cherchent une cave.

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Des vies de chien

Rue Bricabrac, bdsm, chiennes

Comme disait un copain, si j'étais plus souple, je me les mordrais. Je n'arrive même pas à en rire. Cette image n'est pas un gag, c'est une invitation d'une rare vulgarité pour une vente de produits pour clebs et minous. Des produits qui s'appellent, d'où sans doute la photo, Alter Ego. Tu quoque mi cani.

Or donc, on en revient aux chiennes. On en revient toujours aux chiennes, faut croire. Puisque c'est ainsi que mémètres et dominas aiment parfois appeler leur soumis(e). Qui sont chiennes (lubriques, forcément lubriques) quel que soit le sexe de départ. Chien doit encore être trop noble (le machisme, où ça va se nicher tout de même) et couillu. En voyant cette photo, je sais pourquoi je n'aime pas l'idée de chienne, d'être chienne (encore une fois, chacun fait ce qu'il veut de son collier, et moi je dis ce que je veux, je ne dicte pas, j'explore). Au nom de l'obéissance et de l'appartenance, elles abandonnent toute dignité. C'est leur pied, enfin leur patte, ok. Mais pas ma came.

Aparté. Avoir honte, c'est différent, ce peut être sexy même. En fantasme en ce qui me concerne, je ne suis pas prête de sauter le pas. Mais hier, en cherchant je ne sais quoi sur Google, une référence, la couverture d'un livre de Mac Orlan quand il signait Sadie Blackness, je me retrouve sur Doctissimo, rayon fantasmes, open space fessée. Un homme racontait comment il aurait aimé être fessé en public, devant des joueurs de l'équipe adverse, et devant des femmes. Je mourrais plutôt que de subir pareille honte. Cette histoire m'a excitée. Si dominamant avait été là et mon rhume ailleurs, je vous raconte pas le festival. Je n'en aurais pas fait ouah ouah pour autant (manger sur le sol dans une gamelle m'indiffère, me déplaît, me rase, mais ne me fait pas honte). Fin de l'aparté.

Ailleurs, hors du cadre sexe et consensuel (heu, baiser sa chienne, c'est de la zoophilie ou pas ?), un centième de l'humanité en traite 80% pire que des chiens. Pas même de doggy bag, juste des coups de pieds au train, du mépris, de l'arrogance, des ordres, des crachats.

Autre aparté. Etre animale, c'est aussi différent. C'est ce que je recherche. Que je trouve parfois, comme un moment de grâce. Une sauvagerie venue du plus profond, au delà du laché prise, au delà de la quête du plaisir. Une perte temporaire de l'être social, du langage articulé et de la pensée structurée. Un ailleurs de tempête et de feu, un tapis volant de sensations. Toujours pas de chienne à l'horizon. Juste un moi reptilien, comme le cerveau du même nom, qui sort de la caverne. Fin de l'autre aparté.

Peut-être d'ailleurs que ces oppresseurs ont un carlin ou un bouledogue, qu'ils accessoirisent de petits cirés écossais ou de manteaux en cashmere quatre fils. À qui ils offrent thalasso, griffes de couleur, pâtées de lusque. Au moins, ceux-là ne seront pas abandonnés (ce n'est plus un animal de compagnie, c'est du foncier), et n'ouvriront pas de blogs pour narrer leur errance en collier desserré. Et leurs femmes ont des perles trois rangs. Et eux portent le noeud pap' parce qu'ils trouvent que ça fait classe.

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Mais les voiles (Parce que je ne vaux rien)

Rue Bricabrac, voile, photo

photo Kulhanak

Le sujet qui fâche, à propos du voile, le voilà. Impossible de ne pas s'étendre, par analogie au moins, sur ce voile qu'on a voulu appeler foulard comme si le tchador avait quelque rapport - même cousin à la mode de Bretagne - avec le carré Hermès ou les coiffes des martiniquaises. Ce tchador, un peu étoffé, devient burqa. En cuir, ou en latex, c'est une cagoule. Dans les deux cas, j'entends la même chose. Et je n'aime pas du tout ce que ça me raconte.

Rue Bricabrac, voile, Belphegor

Les voiles, si affriolants, ne sont plus des dentelles, ni des mousselines (mousselines de soie, mes madeleines, déjà enfant, je m'enveloppais dans celles de ma mère, qui en avait de toutes couleurs, si légères, si gigantesques pour moi qui étais si petite, fragancée en Femme de Rochas, capiteuses autant qu'aériennes, matières à tous les costumes du monde, cheik ou Shéhérazade selon l'humeur...).
Ceux dont il est question aujourd'hui sont de lourds suaires, du drap plombé au tombé sans détours. De celui qui faisait une carapace effrayante à Belphégor, momie fantôme du Louvre, néfaste créature remontée des enfers qui aurait troqué ses bandelettes pour cet épouvantable rideau.

Rue Bricabrac, voile, burqa

photo Chrisuk

Je l'ai dit, je me garderai bien de faire rimer dominant avec taliban. Simplement, dans la pratique, dans ce besoin de cacher les yeux ou la tête de la femme, je ne peux lire que la même négation. L. m'a envoyé un jour des photos de sa femme en larmes, en précisant à quel point il la trouvait belle ainsi, en ajoutant des mots très durs pour ceux qui bandaient les yeux de leur soumise pour ne pas avoir à voir ces larmes. À mon avis, il n'y a pas que les larmes qu'ils ne veulent pas regarder. Peut-être n'ont-ils pas envie de savoir leur jouissance. Ou plus sûrement, ils ne veulent pas qu'elles puissent être les témoins de leur jouissance à eux, de leurs peurs et paniques devant cet ouragan de sentiments contrastés que font naître les jeux sm. Dans les temps passés, les bourreaux étaient ceux qui portaient la cagoule. Dans nos jeux, c'est l'inverse. Le bourreau, sado ou dominamant, est connu de sa suppliciée volontaire, il n'a plus à se cacher. En revanche, il peut avoir envie de diminuer celle qui pourrait lire en lui.
Et plus loin, à la nier. Je te cache, je te recouvre, tu n'existes plus... tout à fait. Je te dépossède de ton identité. Je te la vole d'un voile devenu éteignoir. Le bandeau, synecdoque du voile, permet de laisser la bouche libre, puisque la femme n'est plus qu'un trio de trous, une entité toujours féminine mais possiblement interchangeable.
Sous un voile opaque, je suis une, je ne suis plus là. Je ne suis pas non plus tout à fait là.

Rue Bricabrac, voile, tchador

photo Chrisuk

Je pense aussi à celles qui ont un "nom de soumise". Chiennetruc, Biduleslut, ou un joli prénom, Lolalou, ou un surnom chantant, Sinueuse... Il peut servir à bien marquer la frontière entre la vie sociale et la vie sexuelle, nous savons combien il est parfois dangereux d'abolir cette ligne blanche. Je n'arrive pourtant pas à m'ôter de la tête qu'en me renommant, on me gomme. Mon vrai moi, il est pareillement présent quand je suis à tes genoux que quand je suis en réunion de travail. Ma posture, mon état d'esprit... ne sont pas les mêmes. Une identité n'est pas un jeu de Lego, on ne s'amuse pas à taper du pied dedans sous prétexte de mieux la reconstruire, à sa main. Le cas échéant, on se modèle, avec le temps, au contact l'un de l'autre, comme des galets. La femme n'est pas de l'argile dont on croit faire les golems, on ne la crée pas par l'occupation, par l'oppression. Et ce n'est pas en l'étouffant dans un cocon qu'on lui fera croire qu'elle est chrysalide. Assez de mensonges !

Et puis j'ai toujours, si je ne veux pas, plus voir, le loisir de fermer les yeux. Et j'aime quand tu exiges que je les ouvre, que je t'observe te branler et jouir sur moi (s'il y a un jeu qui consiste à caser "éjac faciale" dans un texte, je pense qu'ici, il est bien placé), que je me calcule telle que tes mains m'ont façonnée, bondée, dilatée.

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L'oreille
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La peau
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presque moi
aller Si j'expose mon verso, c'est pour le plaisir d'être jouée. Le masochisme est mon moyen de transport amoureux. Même si parfois je pleure... c'est de vie qu'il s'agit. Et quand tu me fais mal, j'ai moins mal.

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