Dîner aux chandelles
vendredi 27 novembre 2009 / Un grain de sel
vendredi 27 novembre 2009 / Un grain de sel
ENTRE la main et les fesses, il n'y a pas que la fessée. Si l'empoignade n'est pas encore une sous-catégorie, elle n'en demeure pas moins délectable, avant, pendant ou après. Et elle est totalement question de sensualité.
mercredi 25 novembre 2009 / 6 grains de sel
CE matin, je ne l'avais pas fait depuis longtemps, je me suis promenée dans des récits.
Dans l'un, tout à fait sensé, bien écrit et né dans un cerveau psychologiquement équilibré, je relève le post-scriptum
Ne perdez pas de vue que les masos sont parfois excellentes du côté du manche...
Elle parle d'elle, évidemment, tandis que je lis pour moi.
Moi et le manche ! Je n'ai jamais su faire sauter les crêpes, je ne pilote rien et la dernière fois que je me suis servie d'un balai, j'ai fait tomber des objets derrière moi, le manche...
Alors, je ne passerai pas de l'autre côté du manche, je ne pense pas que l'envie m'en vienne sur le tard, j'aime mon côté, j'aime trop exclusivement mon côté.
Et elle, sur quelle rive est-elle ?
jeudi 19 novembre 2009 / 5 grains de sel
C'EST un grain de sel tout frais posé, mais qui est bien plus qu'un commentaire parmi d'autres. Et derrière son anonymat pudique et son discours indirect se cache celui que j'aime. Et qui m'aime. C'est sa version de notre équilibre et c'est bien le moins de lui, de te, laisser la Une.
Question d'équilibre.
Peut-être parlerait-il à la première personne du pluriel,
pour que le je(ux) ait un toi(t), NOUS ...
Je m'imagine ainsi sa version.
TOUT est mieux lorsque l'on est libre.
Mon sadoromantisme, ton masolyrisme
Mon ardeur, ta moiteur
Ma paume rouge, ta peau qui bouge
Mon cœur qui se livre, toi qui t'enivre
Ton avidité, ma convoitise
Ta complicité, mes confidences
Notre faim
Nos envies duelles
Nos clins d'œil
Nos excès
Nos abandons
Notre amour
Alors, tout ce qui est permis NOUS lie.
vendredi 16 octobre 2009 / 3 grains de sel
LE temps d'aller fumer une cibiche dehors, tu m'as laissée, le strap en équilibre, caution de mon immobilité.
Je suis parfaitement détendue, les oreillers sous mon ventre sont autant là pour relever ma croupe que pour favoriser mon bien-être. Un air de printemps souffle sur ce qui reste de piqûre, de brûlure, de meurtrissure, de morsure, et sèche le sucre de tes baisers.
Je n'ai pas le moindre problème à rester sans bouger, à t'attendre et à imaginer le round suivant.
Sinon, gare...
Mais gare à quoi ? À toi ? Ma seule punition, et qui est exclue car ce serait aussi la tienne, même pas cap', consisterait à me relever, me demander de me rhabiller et parler de la crise ou de la grippe.
Que pourrais-tu trouver qui te fasse bander tout en me faisant bondir ?
La tawse écossaise ? Le fouet catalan ? Le latex de Pigalle ?
Oui, certainement, mais après de rares secondes de cri et de colère, je fondrais encore plus, jusqu'au plus profond.
Je crois que je vais bouger.
Pour voir.
dimanche 6 septembre 2009 / 3 grains de sel
PRISE au piège comme un fauve, dans les filets d'un tourmenteur, elle a cessé de se débattre, et laisse la fine cordelette imprimer ses losanges réguliers.
La chair est faible et le cocon a raison de se tendresse.
Pourqu'elle soit pleinement arlequine, multicolore, il ne reste qu'à appeler la cravache à la rescousse, et de sa langue peinturer chaque losange précisément avec une intensité différente. Blanche la peau caressée, rose la peau pincée, rouge la cravachée, violette la mordue.
Ce qui est un voeu pieu puisqu'il suppose une précision d'enlumineur.
Mais ce serait tellement joli.
Ça vaudrait le(s) coup(s) d'essayer.
samedi 13 juin 2009 / 5 grains de sel
TENDER joue avec mes doigts, embrasse leur pulpe, mate dans mon décolleté, plaisante, me fait rire.
Danger fait sonner ses mains sèchement, au rythme de la salsa, à droite, à gauche, mon corps chavire comme l'aiguille du métronome. Clic, clac.
Tender embrasse le creux de mes reins, lèche la plante de mes pieds, joue avec ses doigts.
Danger enlève sa ceinture, la transforme en serpent qui siffle et cingle. Le roulis s'accélère, je ris de bonheur.
Tender me caresse, me fouille avec sa langue, enlace ses doigts aux miens, se perd dans mes seins. J'aime son regard.
Danger pince, tire et tourne. Il mord, il mange, il cannibalise. Il passe sa ceinture autour de ma taille comme un collier tenu serré. Excitant.
Tender fait l'amour avec sa queue, ses mains, ses lèvres, ses cuisses, sa peau, ses soupirs, ses sourires.
Danger a de la sévérité dans le geste, de l'infatigabilité dans le bras, de l'entrain dans le mouvement.
Tender et Danger réunis, il me cache sous son corps, devenant mon écorce tandis qu'en son giron, je palpite.
lundi 18 mai 2009 / 2 grains de sel
IL paraîtrait que les clous des tapis des fakirs étaient en fait une façon de stimuler les points d'acupuncture. Dans une version new age, mousse, housse lavable et plastique, le tapis de maso (combat la cellulite, les migraines, les digestions difficiles...) arrive directement de Suède.
Parfait pour revoir l'oeuvre complète d'Ingma Bergman, relire la trilogie Millenium ou dormir dans une cage. Mais de ces applications, le site officiel n'en pipera mot.
Qu'importe, du moment qu'on a les endorphines ! Comme les fakirs.
mardi 12 mai 2009 / Rien à dire ?
Tu es vraiment masochiste ?
NON, je simule.
jeudi 30 avril 2009 / 2 grains de sel
COMMENT diantre rester pétillante sous le fouet après avoir lu cela ?
Le batteur à champagne est, pour sa part, un instrument de torture qui détruit en 30 secondes le travail de 3 ans et ruine les qualités du vin. Voici ce que dit avec beaucoup de pertinence le Larousse des vins à ce sujet : Champagne (batteur à), instrument barbare né dans l'esprit inventif d'un ennemi du champagne. Tenter de supprimer les bulles légères de ce vin spirituel revient à essayer de lui enlever tout son esprit et son élégance. Le champagne ainsi maltraité prend immédiatement un goût d'évent désagréable. Le breuvage n'est plus du champagne et n'est pas du vin; ce n'est plus qu'une tisane qui désole le palais et l'estomac.
Le champagne n'est pas un masochiste. Il n'aime à être ni battu, ni fouetté, et tous les connaisseurs sans exception condamnent les batteurs et fouets dont il est menacé. Il semble que l'origine de ces instruments remonte aux Années folles [...] En Belgique, on appelle le batteur à champagne le... bâton des putains, et il est vrai que certaines professionnelles s'en servent régulièrement. Et comble de l'horreur, on a vu un jour une jeune femme battre son champagne avec... une de ses épingles à cheveux!
Pour les amateurs de champagne et de tradition, c'est ici.
Merci à Oxtiern, commentateur de qualité et chromatophile érudit de m'avoir aiguillée vers ces mossers.
vendredi 24 avril 2009 / Rien à dire ?
Que cherchez-vous dans le bdsm ?
JE n'ai pas réfléchi. J'ai répondu, immédiatement, instinctivement.
La tranquillité !
C'est le mot. Au-delà de l'abandon, du lâcher-prise, du subspace (dont il faudra bien un jour se demander si ce n'est pas du bourrage de crâne de soumise ou de la légende urbaine de dominateur), de la jouissance, de la transe. La tranquillité. En toute simplicité.
Quand, et cela est arrivé suffisamment souvent dans ma vie (c'est à dire 5 ou 6 fois) pour que je pense que cela puisse encore arriver une 7e (et dernière ?), je rencontre un d'homme qui colle, aussi singulières soient nos relations (je n'ai jamais croisé deux fois le même type de d'homme, même si dans les grandes lignes, et je n'ai jamais reproduit un scénario type, même si...), je trouvais cette tranquillité. Celle d'un moi qui aurait oublié l'angoisse, le contrôle, l'inquiétude, le spleen. Celle d'un ça repu temporairement. Celle d'un surmoi aux abonnés absents.
Quiétude de me remettre entre ses mains, entre ses liens. La jouissance de mon corps devenait sienne. Mes mots (criés ou pleurés ou murmurés) étaient ceux qu'il avait envie que je dise et qui fusaient, ordonnés par ses impulsions, scandés par ses pulsions. Mes rires, mes soupirs, mes prières également.
Sérénité de voir mes pensées tourbillonner sans aucun sens, m'envoyant des images écarlates comme un soir de fête, déchirant de leur lumière bordélique mes yeux clos, tournoyant tant et plus que j'en perds la tête, tandis que mes sens s'affutent.
Calme sous la douleur qui me remplit, me nourrit, me surprend, m'attise, m'aiguise, qui m'aspire dans sa spirale vicieuse et délicieuse, que j'essaie d'apprivoiser, à la rencontre de quoi je vais, qui est immédiatement suivie d'une bouffée de volupté mouillée.
Lui appartenir ? Je ne sais pas. Je ne crois pas cela possible. Gardons raison. Mais ne plus m'appartenir, ça oui, j'en suis sûre. Redevenir ce que je n'ai jamais été et que je ne peux donc nommer. Ni enfant, ni animale, même si ça peut y ressembler.
Tranquille.
Enfin apaisée.
Jusqu'à ce que les flammes renaissent et réclament un feu plus infernal pour s'éteindre.
lundi 20 avril 2009 / 8 grains de sel
C'EST une histoire sombre. Comme le côté obscur que nous portons tous en nous, même et surtout quand elle est assumée, ou quand bien même est-elle assumée. Le BDSM, c'est pas un truc pastel.
Il dit que des femmes l'ont trouvé beau quand il fouettait. Les femmes, et les hommes aussi, disent n'importe quoi dans ces moments-là. Les femmes flattent les hommes dans l'espoir qu'elles y gagneront de l'audimat. Et réciproquement. Le mensonge est la chose du monde la mieux partagée, c'est plus facile, plus rapide, plus diplomatique, moins casse-bonbons de mentir que de balancer une vérité plus blessante qu'un coup de fouet. Il n'est pas beau (enfin, ni plus ni moins que quand il tire sur sa clope ou se jette un kawa au comptoir) quand il fouette. Dans son regard, passent toutes les folies qu'il se retient de faire. Sa peur. Immense. Son désir. Un grade en dessous de sa peur. Il cligne des yeux, il se modère. Il respire. Ce n'est pas de beauté qu'il s'agit-là. Il joue avec l'idée de se laisser aller à l'ultime geste. Le surmoi vacille et se redresse. Puis il donne une version light de l'irréparable.
Il a le regard d'un serial-killer dans une série B ou dans un manga. Brando, Newmann, n'auraient pas choisi ce regard. Daniel Day Lewis, Robert de Niro, oui. Presque tous les hommes que j'ai connu avaient ce regard. Les plus conscients bandent les yeux de femmes, non pas pour les objectiver, mais pour leur cacher leurs prunelles de crépuscule. D'autres, plus hâbleurs, et à qui on a dû dire qu'ils étaient beaux ainsi, les exhibent. Je n'en ai croisé que deux qui n'avaient pas cette folle et trouble violence dans la pupille. L'un faisait du judo en professionnel, l'autre pratiquait le tir. Ils fouettaient comme dans un dojo. En totale maîtrise. Pas avec le pieds sur le frein, pas avec des pneus lisses.
Le bdsm, c'est la saccharine de la pulsion de mort. Elle protège les masos de l'autolésionnisme. Elle garde les sados du meurtre en série. "La secrétaire" ne dit rien d'autre, c'est dit joliment, avec euphémisme. Mais c'est dit.
Il dit à sa partenaire qu'elle est belle. Les hommes, et les femmes aussi, disent n'importe quoi dans ces moments-là.
* Que Bataille me pardonne.
mardi 31 mars 2009 / 4 grains de sel
CE n'est pas une robe abîmée. C'est une robe pour cet été. Elle a été imaginée par le jeune créateur Cengiz Abazoğlu. Elle a une soeur presque jumelle, dans tes tons silver.
Je me plais à imaginer que cette robe a été un jour intacte. Que je la portais.
Comme une danseuse de boîte à musique, les talons aussi hauts que rivés sur un podium. Au centre d'une piste de cirque. Au son d'un menuet, une petite musique de nuit, du Mozart, du Lully. Déchirant les arpèges sucrés, sur un rythme plus sauvagement jazz, des lanières sifflent en dièse et lacèrent en sol. Ma parure part peu à peu en lambeau. J'ai le loisir d'imaginer que ce serait ma peau.
Mais ce n'est pas.
De moins en moins protégée, toujours poupée pirouettante, je m'envole en transe, comme un derviche, le cuir se rapproche de ma chair de poule, j'en sens le souffle, les tresses m'effleurent, le trac grandit.
Ça tournoie, le socle et moi, je perds la tête.
Ma robe n'est plus que charpie, et ma peau frisson. Je suis prête à tomber dans les bras du premier qui s'approchera.
dimanche 29 mars 2009 / 3 grains de sel
UN bonjour et puis revient. Il y a 28 ans, presque 30, tes pulsions te faisaient peur, ta femme et tes enfants me faisaient mal. Nous avons terminé les années Giscard ensemble, presque exclusivement indoor, à l'horizontale. Tu es resté l'une de mes deux plus grandes histoires.
Un bonjour et puis revient. À ma rencontre. Je te demande "comment vas-tu ?" et tu m'embrasses à pleine bouche, pleine langue, belles dents, mes cheveux dans ta poigne, ma tête renversée, ton autre main dans mes seins, mes pensées chavirées. Par toi, je suis à nouveau cette "belle petite fille dans l'émotion".
Un tour de périph et puis revient. Je me soûle de ton odeur identique, de tes mains plus sûres, tes cheveux caressent mes cuisses, ta langue passe de mon sexe à ma bouche, je lèche tes doigts. Tu te sers de ta ceinture en esthète. Ma peau est ta toile bayadère.
Deux chevauchées et puis revient. Ta main très doucement a giflé ma joue. J'ai saisi ton poignet. "N'aie pas peur". Je n'avais pas peur. Jamais je n'avais laissé personne me gifler. Pourtant, j'avais déjà envie que tu recommences. Ton autre main, dans mon con, le savait.
Un au revoir et puis revient. Dans mes pensées en cavale, dans mon sexe qui palpite, sur ma peau trop pâle. J'ai rattrapé le virus de toi.
Tu m'érotises, tu m'électrises,tu me creuses, tu me combles.
Reviens encore, j'aime tant te regarder jouir.
(Merci à M*** et à M*** pour leur maîtrise... dans le traitement d'image)
vendredi 27 mars 2009 / 6 grains de sel
MON chat, n'importe quel chat, tous les chats... sont une école de sensualité. Une grande école. Il m'inspire plus qu'un corps de ballet au grand complet.
Quand il s'étire, cambré comme un arc, avec la précision et la perfection d'un dessin au compas, doublant soudain de taille, sans le moindre effort apparent.
Ou quand dans une immobilité minérale, il la joue statue égyptienne, demi-dieu candide.
Et puis aussi quand il décide de faire la soumission, se laissant choir au sol, le ventre (un peu) offert (mon chat est un insoumis, mais en principe, cela équivaut à montrer son ventre, à offrir sa vulnérabilité.
À chaque fois, il appelle la main.
J'essaie de copier sa délicatesse, ses poses de ballerine, ses mines de mutin. Il m'apprend à sortir doucement mes griffes pour parcourir des côtes ou l'intérieur de cuisses, des ventres ou des vertèbres, et à mordiller les seins et les lobes de l’oreille des hommes. Il m'enseigne la volupté de recevoir des caresses en faisant semblant de sommeiller tout en jouissant intérieurement.
Pour les jeux plus dangereux, je n'ai pas besoin de ses leçons, ce n'est pas son truc (voir chapitre précédent), il cède volontiers la place à l'homme, qui n'aura jamais sa grâce (sauf peut-être H*** qui bougeait comme un fantôme chinois) mais qui seul peut me combler.
Et pour qui je me fais chatte.
mercredi 25 mars 2009 / 2 grains de sel
AU début de notre dernière conversation, il a dit
Je me méfie des femmes qui vivent avec un chat.
Il a raison. Mieux vaut se méfier des femmes à chat que des pondeuses à marmaille, qui elles n'ont pas besoin de substitut, puisque ontologiquement, la meuf est sur terre pour se reproduite et polliniser les gènes de son (é)poux. D'ailleurs, mon chat s'appelle Jean-Kevin, quand il veut me sucer, comme tout bon chat qui se respecte, le lobe de l'oreille avant de s'endormir, je lui donne le sein. Je l'appelle mon bébé d'amour et je lui cuisine sa pâtée moi-même, avec des aliments de chez Hédiard (du coup, moi, je bouffe du ED mais il est normal qu'une mère se sacrifie). C'est bien connu, quand t'as pas de mouflets, tu as un chat ou un York.
Jean-Kevin, mon matou, adore me dominer. Il se débrouille toujours, surtout quand je suis couchée, pour me monter sur moi et me dépasser de la tête et des épaules, le matou terrassant la gorgonne. Et il déteste quand un homme me fouette, il sort et bat la campagne, ne revenant que quand les derniers râles de l'amour se sont tus. P*** a eu beau le gaver de crème (à 15%), jamais Jean-Kevin ne l'a accepté, jamais il ne l'a laissé le toucher. En revanche, essayant de me faire plaisir, il m'a griffé les bras en lacérations régulières.
Bon. Sérieusement. Pourquoi se méfier des femmes qui vivent avec un chat ? Parce qu'elles n'ont pas de chatte ? Ou parce qu'elles ont coupé les choses de leur mâle ?
(À suivre)
lundi 23 mars 2009 / 7 grains de sel
mercredi 11 mars 2009 / 3 grains de sel
Maso est-ce que cela revêt un côté très physique pour vous, du genre fouet pinces poids cire et autres plaisirs?
NON, non, je suis maso juste dans ma tête, pas besoin de me toucher, il suffit de me lire (avec si possible la voix de Sami Frey et surtout pas celle de Jean d'Ormesson) des récits de flagellation. Ma peau se couvre de stries, mon dos est un damier, mes fesses un Pollock, mes seins ont enfin une aréole digne de ce nom et mes lèvres sont purpurines comme si elles avaient été trop mordues. Et bien sûr, j'ai eu mon quarté d'orgasmes réglementaires jusqu'à finir pantelante.
C'est chiant les masos, il faut le savoir. P*** à propos de lui-même parlait d'addiction, il lui fallait sa dose, il se reconnaissait drogué. En ce moment où je suis nonne, pas d'addiction qui tienne, au contraire, un désir qui s'amenuise. Mais quand je suis en activité, pas question que mon dominamant me dise "Non chérie, pas ce soir, je crois que je démarre un Dupuytren à l'annulaire droit". Plus j'en ai, plus j'en veux.
Les masos sont aux chats ce que les soumises sont aux chiens. Le chien aime faire plaisir à son maître, dès lors que celui-ci a réussi à s'imposer comme tel. Le chat, lui, aime que le maître qu'il s'est choisi lui fasse plaisir. Et quand il a fait le plein de jeux, de câlins, de gratouilles sur la tête ou le ventre, il s'endort dans son refuge (qui peut être vos genoux tout comme le panier à linge). Tandis que le chien ira chercher la baballe jusqu'à l'épuisement ou rejoindra son panier quand on le lui ordonnera. Le chien est reconnaissant. Le chat est repu.
Et c'est ainsi que les masos, parfois malgré eux (en ce qui me concerne, oui, malgré moi, mais je n'ai que rarement trouvé des compléments parfaits, quoique deux dans une vie, c'est pas si mal), doivent attiser la flamme de l'autre, parfois l'aiguiller vers les composants de leur plaisir. Bref, garder la main, jouer les deux rôles, être le scénariste et l'acteur, quasiment instrumentaliser l'autre. Le maso est chiant mais pas feignant. Le maso est assez dominant aussi.
Mais surtout très très chiant.
dimanche 15 février 2009 / 3 grains de sel
Tu écris sur moi. Ton stylo est un fouet. Tu écris sur moi. Le cuir pèse comme plomb. Tu écris sur moi. Le son me soulève. Tu écris sur moi. |
lundi 26 janvier 2009 / 4 grains de sel
ILS demandent tous, ou presque, et d'entrée de jeu
Quelles sont vos limites ?
Et bien que péremptoire, mais sans certitudes aucunes, je ne sais que répondre. J'ai bien bricolé une phrase toute faite, "rien qui ne perce ou coupe", "rien qui n'attaque mon intégrité morale et physique" (donc pas de pervers narcissiques ou de pierceurs), mais comme toutes les phrases toutes faites, ça ne veut rien dire. Pas plus que "quelles sont vos limites".
Parler en introït de limites, c'est comme commencer à lire un roman par la fin (je ne parle pas d'un journal, je lis toujours mes journaux en commençant par la fin). Avant d'en arriver aux limites, que ce soit dans le dialogue ou dans les actes, il y a un sacré long chemin à faire.
Celui de l'envie, celui du désir, celui de la quête de la jouissance. Et ce chemin, il se fait à deux, jamais il ne ressemble pas au précédent. La route du sexe, quelle que soit la forme qu'elle emprunte, ce n'est pas le GR 20. Elle se dessine par l'envie de l'autre, le déclic sur un mot, un geste, un regard. Rien de rationnel. Ni de chimique, on ne cherche pas (dans le cas de ces "tchats" destinés à satisfaire une ou plusieurs paraphilies) le meilleur procréateur possible. C'est physique (non, pas au sens bradpittien du terme, quoique...).
Alors, le désir entre dans la danse, et fait basculer par delà le bien et mal, dans cette parenthèse érotique où tout est permis, pour peu qu'il y ait, a minima, du sentiment. Les lignes bougent, comme dirait l'autre. Ce qui était inconcevable devient excitant. Même après 35 ans de sévices dans le (dés)ordre du bdsm (ou quelle que soit la manière dont il convient d'appeler cette envie de souffrir, de s'abandonner, de se prêter à la cruauté de l'autre), j'ignore encore quelles sont mes limites. Je ne sais pas ce que veut dire, dans un contexte érotique, ce mot de limite. En fait, je n'ai pas envie de le savoir. Je trouve cela tarte. Ça oblige à retomber dans une vision sportive de la sexualité. Je ne suis pas la Laure Manaudou du sm et je ne cherche pas un Philippe Lucas. Je suis dans la pulsion, l'intuition, pas l'impulsion. L'impulsivité parfois.
Allez, après les phrases toutes faites, un truisme, c'est la fête : mes limites, je les connaîtrais quand je les aurais atteintes. Mais comme je prends les choses à l'endroit, je ne commence pas par elles. Je commence, à tâtons, du bout des doigts et des tétons à apprendre le corps de l'autre et lui faire habiter le mien. De là, de ces hésitations entre chair et cuir, lèvres et liens, les limites, elles sont comme la ligne d'horizon.
Je suis aussi incapable de dire quelles sont mes limites que de toucher l'horizon, même les jours d'arc-en-ciel.
vendredi 2 janvier 2009 / 8 grains de sel
À force de chercher une clef dans une botte d'annonces, à croiser des dominateurs dans leur tête, des sadiques affligés du syndrome de Peter Pan, des grands autistes, bref, tout ce qui fait le miel de celle qui a peur de s'engager tout en souhaitant trouver un peu de paix affective, j'ai blindé mon corps (et pas seulement mon cul). Comme savent faire les femmes, point besoin de ceinture de chasteté ou de ligature des lèvres. En me rendant ce corps haïssable. En détournant mon regard des miroirs. En traitant de margoulin celui qui peut lui trouver du charme.
Je ne sais ce que sera la semaine prochaine (que les optimistes appellent l'année, comme si du côté de minuit, une coupure épistémologique étroitement liée à une révolution copernicienne par la pensée magique et quelques rimes pauvrettes, teuf, oeuf, boeuf). Je ne pense pas que Manpower m'enverra le roi de la pince coupante (c'est bien connu, les noeuds, surtout les gordiens, ça se tranche dans le vif, quitte à écorcher au passage, pas de pénélopisme qui vaille).
J'ai peine à croire à des lendemains qui chanteront Johnny fais moi mal, et qu'une maso à côté de sa peau pourra satisfaire les désirs de renarcissisme des hommes blessés par la crise.
J'ignore encore si mon prochain (domin)amant sera jeune (c'est à dire la trentaine, pas 45 ans) avec une queue aussi vigoureuse que ses bras, et comme je n'aurais rien à lui dire, je le sucerai souvent. Ou alors, un vieillard en chant du cygne qui quoique présentant un début de Parkison et des taches rousses sur les mains (tout le monde ne peut porter les mitaines et les bagues de Lagerfeld pour masquer ces signes qui ne mentent pas, eux) prétendra avoir 57 ans. Ou le plus doux et sensible des travestis, consolateur et cravacheur, pour une relation d'une ambiguïté au trouble attirant.
Ce que je sais, c'est que s'il ose dire "je t'aime", ma réponse sera "au revoir."
Ce que je crains, c'est que la clef restera bien cachée et moi très aveugle.
samedi 27 décembre 2008 / 2 grains de sel
LA dernière fois que j'ai reçu une gifle, c'était une giflette à peine effleurée, mais le geste était là. Elle venait d'un dominateur qui tentait un peu tout, un homme que j'avais rencontré trop vite, trop tôt, après une rupture douloureuse, que je soignais par une boulimie bdsm. Immédiatement je l'ai repoussé, j'ai renfilé mon pull (un de ces immenses pulls surdimensionnés qu'il fait bon porter en hiver) et je l'ai chassé. Il s'est jeté à mes genoux, me suppliant de le pardonner, susurrant des mots qu'on adresse aux bébés.
La première fois que j'ai reçu une gifle, c'était sur un sentier de montagne, en retrouvant ma mère qui me croyait perdue, alors que j'étais juste partie quelques minutes aux myrtilles, dans les fourrés. Le soir, elle s'est mangé un sermon sévère de mon père qui ne croyait pas aux châtiments corporels, mais au dialogue.
Il n'y a pas eu d'autres fois.
La dimension humiliante de la gifle, plus que la douleur et la sensation que tout part en morceaux dans sa tête, me dérange. Comme tout ce qui touche à l'humiliation.
Pourtant, elle va et vient dans mes fantasmes. (Va plus que vient, en vérité.)
La première, c'est moi qui la donne. En sachant qu'elle me coûtera cher. Je le gifle donc. De rage. D'ire. D'hystérie. Je ne pense pas lui faire mal, je n'en ai d'ailleurs pas envie. Je lance de ma main éventail le début des hostilités. Je signe par ce soufflet la fin (temporaire) de la sensualité. Je me souviens du gant que les futurs duellistes se jetaient au visage. Le symbole est là.
Libéré de ses dernières retenues, il peut alors m'envoyer un de ces aller et retour qui sonnent en frôlant le KO et font la tête bourdon, et une fois la tête perdue parler à mon cul à canne rabattue.
Ou alors, mieux encore, avec une distance froide qui me glace et m'angoisse, il m'attache à une chaise (tout le monde n’a pas un pilori à ldemeure). Il m'annonce qu'il va me gifler. Deux fois. (Je sens les glaçons entre ses mots.) Ou quatre. On verra bien. Il m'ordonne de ne jamais fermer les yeux, même quand sa main s'approchera, même quand elle m'étourdira. Que ma punition sera celle-ci, et que chaque cillement ou tentative de baisser la tête, annulera non pas la gifle, mais le compte.
Et là, je ne peux aller plus loin. Je ne sais pas si j'ai vraiment envie de cela. Je crois que ce qui me plaît, c'est de garder la gifle comme une épée de Damoclès, une véritable punition, quelque chose qui ne me ferait pas mouiller, que je pourrais enfin appréhender (et en écrivant ce mot, je réalise sa polysémie, qui reflète bien ma joue entre deux mains).
lundi 1 décembre 2008 / 15 grains de sel
NOS festins sont mes fesses teintes.
Tu me bats amour, mon dos lacéré adosse ta conviction.
Je pleure pour étancher ta soif.
Ma peau brûle de ton feu intérieur.
Mes rougeurs t'éclairent et t'allument.
Mes cris et mes suppliques te nourrissent.
Nos sabbats sont des balthazars.
Mes marques sont celles de ton affection.
Tes mots sont mes onguents réparateurs.
Tu n'as pas peur des mots, je n'ai pas peur des maux, rimons ensemble, sans oublier d'en rire, comme des enfants pas sages, des ados sauvages. Dans notre outre-monde, univers d'outrance, nous sommes les animaux rois d'une jungle où je t'autorise à jongler avec mon corps.
jeudi 27 novembre 2008 / 10 grains de sel
HÉLAS, on ne trouve pas ce dessin chez Leroy Merlin à qui MissTic a vendu son pochoir. Il aurait fait une belle tête de lit.
mercredi 19 novembre 2008 / Un grain de sel
ÇA n'a pas raté. Y en a un qui me demande "Vous êtes masochiste ? Jusqu'à quel niveau ?"
(Et trois autres ont suivi avec des questions du même tonneau, c'est la rentrée sur les sites sm, y a un lâcher de nouveaux dont la candeur déconcerte.)
J'avais commis un blogue, y a longtemps, dans l'exubérance de la jeunesse (celle de mon blogue) et d'un nouveau sujet à traiter. Le sm n'est pas un sport de compétition, ça devait s'appeler. Ce n'est pas non plus un sport tout court. Alors, je ne sais pas jusqu'où je vais, ni à quelle vitesse, ni quelle est l'équation parfaite pour me conduire à l'orgasme. Je ne sais pas combien je suis maso. Je sais juste que je le suis.
C'est peut-être un adjuvant pour les uns, un mode de vie pour d'autres, un succédané de suicide pour des rares.
Si je savais ce que c'est pour moi, je le dirais en quelques phrases lapidaires. Mais je ne le sais toujours pas. Je sais que ce n'est rien de tout ce que je viens d'évoquer, ou alors tout cela ensemble, et à bas bruit, et bien refoulé, parce que je ne me sens rien de tout cela.
C'est la forme qu'a prise ma sexualité il y a terriblement longtemps, quand je ne savais même pas ce qu'était la sexualité, la forme, les trucs en chismes et les mots à plus de deux syllabes.
C'est un jeu, parfois dangereux, toujours excitant. C'est une parenthèse terriblement physique qui me détourne un moment de la réalité. C'est la quatrième dimension. C'est un rollercoaster. C'est la peau à l'envers. C'est les nerfs au bout du bout de la tension. C'est la fusion des corps. Ce sont des résonnances qui s'enlacent. C'est une vibration qu'aucun diapason ne donne. C'est un anneau de Moebius, douleur et douceur, qui est pile, qui est face, bien fol le dira.
Alors, à quel niveau, sincèrement, qu'est-ce que j'en sais !(Et ce que m'en bat l'oeil, surtout...) Si le masochisme est un moyen de transport (amoureux, si possible), ce n'est sûrement pas un ascenseur. Un aérotrain, peut-être.
vendredi 7 novembre 2008 / 4 grains de sel
IL n'y a rien de plus délicieux que tendre les verges pour se faire battre.
Sauf peut-être se faire inopinément retourner sur des cuisses solides par un bras rugueux, mais cela n'arrive que dans les rêves.
Tendre les verges, ou quelques roseaux, bambous ou cravache, un peu honteuse parce que tout de même, c'est aussi impudique que, à table, reculer sa chaise et écarter les cuisses en regardant l'homme en face dans les yeux, c'est aussi dévoilant que n'importe quel désir qui se dit, se crie, sans détour.
Tendre les verges, c'est assurer sans susurrer, c'est assumer sans minauder, c'est affirmer sans asservir.
Tendre les verges c'est prendre le risque qu'elles ne soient pas acceptées. Parce que c'est dire à l'autre "Fais-moi ce que je veux".
Il n'y a rien de plus dangereux que tendre les verges pour se faire battre.
samedi 1 novembre 2008 / 3 grains de sel
POUR ceux qui regrettaient (grains de sel d'un billet flemmard) l'absence de scènes de flagellation dans les films mainstream, Inju (que je considère comme grand public puisqu'élu "film Inter" après sa présentation à la Mostra de Venise et ayant droit à ce titre à des spots de pub répétés) vient réparer ce manque.
Inju, c'est un Barbet Schroeder (d'après Edogawa Ranpo), et de la part de l'auteur de Maîtresse, ce Soumise ne vient ni par hasard ni par surprise. Je m'abstiens délibérément de toute critique de ce film, pour décontextualiser "la" scène, et ne parler que d'elle. Ou plutôt des scènes, puisque ce n'est pas celle de flagellation qui m'a le plus troublée
Or donc une femme, aponaise, et qui plus est, une geiko (ainsi qu'on appelle les geishas à Kyōto), suspendue par chevilles et poignets au-dessus d'une table massive que son ventre plat effleure à peine, gagballée et fouettée avec une sévérité qui ne tient pas du grand guignol (car au cinéma, les quelques références au sm tiennent souvent plus du grotesque que du sensuel, de l'érotique ou du réaliste). Schroeder, qui n'a jamais caché sa fascination pour le sadomasochisme, profite visiblement de ce que l'action se déroule au Japon pour adopter l'attitude décomplexée qui convient au lieu. Le plaisir de la jeune femme n'est pas non plus masqué, et elle engueulerait presque son "sauveur" qui interrompt la séance.
À mes yeux, la scène la plus troublante se situe en amont, quand face à Benoît Magimel, Lika Minamoto saisit une longue corde noire qu'elle noue à son poignet (son regard coulé est d'une éloquence excitante), avant de la passer à un premier anneau, puis un second, astucieusement placés derrière la tête du lit, et d'enfin d'enserrer son poignet libre avec l'extrémité. S'allongeant alors, elle attrape la corde entre les deux anneaux, la remet à son amant qui comprend qu'il lui suffit de tirer pour désarticuler sa poupée, pour étirer déraisonnablement son amante.
C'est simple, peu banal, c'est typiquement masochiste, je t'apprends à me faire mal, à jouer avec moi, je prends le contrôle, pour que tu me le fasses perdre.
jeudi 4 septembre 2008 / 2 grains de sel
AUJOURD'HUI, du Canada à la Chine en passant par le Groeland, il y a une éclipse totale de soleil. Je me souviens de 1999, du froid saisissant qui m'a donné la chair de poulette tandis le soleil disparaissait progressivement, j'avais pensé aux lunettes, pas à la petite laine.
J'aimerais que nous partions un jour pour une autre éclipse, et que l'on trouve un coin aussi tranquille que celui qui nous accueillit alors, mes amis et moi. Mais là, nous ne serions que deux.
Au premier croissant d'éclipse, tu me déshabillerais.
Au deuxième, tu promènerais une main caressante sur ma peau frissonnante.
Au troisième, ta main se ferait claquante.
Au quatrième, tes doigts joueraient les filles de l'air dans mes puits.
Au cinquième, tu déferais ta ceinture.
À mi-course, ma bouche se ferait lune et ta queue soleil
Au septième, ta ceinture se transformera en lanière sifflante.
Au huitième, mes reins rougeoiront tel un couchant sans nuages.
Au neuvième, tu dessineras des planètes bleues au plus délicat de mes cuisses, au plus rond de mes hanches.
Au dixième, je fixerais tes pupilles d'ébène de mes yeux mouillés.
Au onzième, je ne saurais comment me défaire de tes brûlures.
Quand les deux disques se superposeront, seule ma plainte enchantée crèvera le silence sombre.
vendredi 1 août 2008 / 2 grains de sel
EN ce mois où le théâtre est roi, en Avignon, où l'Enfer est beau et où Shakespeare parle néerlandais, ou à Ivry, ou partout sauf au Fou du Puits, il y a cette pensée de Diderot qui résonne, un comédien serait une structure vide dans laquelle on peut faire entrer n'importe quoi.
Je ne crois pas être comédienne, où si je le suis, je suis mauvaise dans cet art. D'où sans doute mon échec dans les quelques tentatives dans les jeux de rôles (les ou la, je ne me souviens guère qu'une soirée en tête à tête avec H*** où sur sa demande, j'avais revêtu un tablier de soubrette acheté, non sans embarras, dans une boutique spécialisée dans le vêtement professionnel, c'était amusant et piquant, ces pudeurs violables). Mais souvent, est-ce propre au masochisme, je me sens comme une structure vide dans laquelle j'attends que l'on fasse entrer non pas n'importe quoi, mais quelque chose.
J'ai souvent, ici ou ailleurs, au risque de radoter, parlé de la marionnette qu'une main adroite meut, et émeut, ou de la poupée (non point Galatée, surtout pas elle !) inerte qui attend un souffle, que dis-je une tempête organisée par les lanières, pour reprendre vie.
Ce quelque chose, des quelques choses, ce sont des sensations, des sentiments, des sensualités. C'est ce qu'une vie vaine (je ne parle pas de la mienne spécifiquement, mais de ce que propose la vie à l'enfant déjà, quelque chose d'assez peu excitant du moins à mes yeux d'alors et d'aujourd'hui, et ce n'est pas le saut à l'élastique, le zazen ou un boulot passionnant qui me feront changer d'avis) où le libre arbitre n'est peut-être qu'une vaste blague (à 99 %) ne peut offrir.
Les coups m'attendrissent, sûrement. La douleur me dessine, me remplit, et par une chimie qui m'échappe déploie une palette de petites et grandes molécules qui me recomposent, me reconstituent, me rassasient. Dès que la douleur s'estompe, que les muscles se détendent, que la peau retrouve sa couleur claire, le vide me dévore à nouveau. Mon masochisme fonctionne comme le désir. Mon masochisme est un désir béant.
Donne-moi quelque chose pour nourrir mon paradoxe.
mercredi 16 juillet 2008 / 5 grains de sel
JE connaissais "Douleur Exquise" de Sophie Calle, le livre, puis l'installation, la douleur du titre étant celle d'un rendez-vous manqué à New-Dehli, avec un coup de fil en guise de rupture.
Douleur exquise était pour moi un oxymore au même titre qu'intelligence militaire.
Jusqu'à ce que, hier, sur une ordonnance destinée à un radiologue, je lise "douleur exquise à la palpation".
Je me demande si mon masochisme est soudain sorti du bois dont on fait les baldaquins et les paddles, et qu'un traumatisme me procurait ces sensations contrastées et jouissives dont une généraliste finaude aurait compris l'ambiguïté.
Mais non.
Les douleurs ont des jolis noms, même quand elles ne sont pas exquises. Elles peuvent être lancinantes, fulgurantes, térébrantes, pulsatives, pongitives, tensives, erratiques, tormineuses, ostéocopes...
Comme certains rêvent de traverser l'arc-en-ciel, le masochiste sera comblé par un parcours entre toutes ces douleurs, jusqu'à en oublier les noms, mais se souvenant des coups de badine, des chairs écartées, d'un poing dans le cul, d'une pince ôtée après avoir été portée jusqu'à l'anesthésie, d'un fouet qui passe le mur du son avant de s'enrouler, de muscles endoloris, d'un battoir qui tente d'aplatir des rondeurs...
Tout cela est exquis, mais la médecine a plus de vocabulaire.
Lance-moi des piques de feu et de glace, entraîne-moi dans tes ténèbres, fait grimper mon pouls, tambourine-moi de raquettes, étire-moi en long et large, balade-moi dans des contrées incognita, tourmente-moi jusqu'à ce que je me torde, fais-moi osciller contre ton corps...
Comme je préfère l'exquise douleur (l'inversion devient indispensable pour bien différencier) à la douleur exquise, surtout quand elle devient lancinante et qu'à la veille d'un long week-end, les radiologues sont sur répondeurs saturés, je vais bonder bander ma douleur exquise et espérer croiser D*** pour d'exquises douleurs... et beaucoup de succulents plaisirs partagés.
samedi 12 juillet 2008 / 4 grains de sel
DANS ce dictionnaire, le malheur côtoie le mamelon, le machisme les maisons closes, les messes noires les métrorragies, et le mensonge est "l'art de refinancer une confiance insolvable".
Comme j'aime bien rigoler de temps en temps, je suis passée sur le site du sexologue Jacques Waynberg, et je découvre son dictionnaire de l'amour et des pratiques sexuelles.
J'adore les dictionnaires, je les lis comme des romans. Mais pas dans l'odre. Alors, j'ai filé, on l'a vu à la lettre aime comme
Masochisme
Prédilection pour un érotisme avilissant. Que le terme pérennise la violence autodestructrice des romans de Leopold von Sacher Masoch (1836-1895) n’indique nullement que ces conduites datent de l’instant où elles sont nommées par les psychiatres : la recherche de la souffrance et de la déchéance fait partie intégrante, partout et depuis toujours, de l’angoisse des pulsions de mort qui alimentent l’inconscient et qui, pour certains, sert d’unique viatique pour jouir.
Je suis contente d'apprendre qu'il n'a pas fallu attendre le nom pour que la chose existe. Je vais aller méditer sur l'avilissement. Et toutes ces petites cases dans lesquelles en ce moment je cherche à m'enfermer. Ou relire Pierre Daco (nettement plus accessible, parce que complètement gland, que Assoun). Et organiser un fight Daco/Waynberg.
(Voilà un bon blogue de feignasse dont je ne suis pas fière.)
mardi 13 mai 2008 / 10 grains de sel
ELLE m'a un jour raconté qu'il l'avait punie, à cause de sa fièvre acheteuse. Cinquante coups de ceinture. Attachée parce qu'elle essayait de se dérober. Qu'elle avait pleuré. Qu'elle l'avait insulté.
Et que depuis elle faisait gaffe à ne plus être à découvert.
Il m'a demandé si je n'étais pas en manque de punitions.
J'ai failli lui dire, avant-hier, alors qu'on se chicorait verbalement comme souvent, par provocation et de guerre lasse "et alors ? Punis-moi !"
M*** me confiait que B*** avait encore besoin de passer par la case punition pour s'en prendre une bonne, alors que lui savait jouir de la simple jubilation des lanières qu'on abat.
Je n'ai pas été souvent "punie". J'ai été châtiée, comme on est aimée, pour la beauté du geste, par consentement mutuel. L'idée de punition pourtant traînait là, toujours, puisque ma scène originelle, en maternelle et par le biais d'un garçon blond sévèrement fessé cul nul par la maîtresse, comme un petit théâtre, face public, était celle d'une punition. J'ai fantasmé sur la punition, sur ma jouissance honteuse arrachée, prodiguée, malgré moi.
Mais la punition pour de rire reste bien pour de rire. Et j'aurais peut-être voulu de la punition pour pleurer. Pas de jeu de rôle. Pas de jeu drôle. Du dur.
Et les "punitions" (il n'y en a pas eu cinq dans toute ma vie) que j'ai reçues m'ont toutes laissé un goût épicé de revenez-y. Au point que le mot seul est loin de me laisser indifférente (et ma différence se mesure en unités hygrométriques).
Fais-moi mal, dit le masochiste. Naaaaaaan, répond le sadique. Blague de cour de récré. La seule punition pour le masochiste, dans son attente éperdue de la douleur qui fait du bien, serait-elle de ne pas être touchée (ni regardée, ni parlée). J'existe quand tu me touches. Je me sens aimée quand tu me rudoies.
Fais-moi mal pour de vrai, c'est quoi ? Un direct à la mâchoire ? Un coup de pied dans les tibias ? Ou cent cinquante coups de ceinture sans safeword (et sans câlins post fouettum) pour deux points de permis en moins ou un poisson rose à l'arrête ?
Je ne sais pas ce que seraient ces punitions de chez punition, mais je pressens que, pour qu'elles puissent exister, sans sombrer dans le cliché, le crapoteux ou la discipline domestique, il faille beaucoup de complicité, de paix et sans doute d'amour. Ce n'est pas du domaine du one night stand (ou one croix de Saint-André stand), des premières fois, des quickies.
Dans une relation vanille, il n'y a pas besoin de prétexte aux caresses. Il n'y a pas de "tu as décroché le contrat des cuisines Kicuis aujourd'hui, chéri, je vais parcourir chaque parcelle de ton dos, tes fesses, tes cuisses et tes orteils de ma langue, mon héros" ou "m’amour, j'adore ta nouvelle paire de Louboutin et ta petite robe Manoush, vient que te pelote les seins".
Dans une relation SM, on pourrait aussi penser que, hors d'une codification trop précise, sans papier à musique, avec les moyens du bord et dans le mouvement, on se badinerait comme on se lutine. A deux mains, puisqu'on le veut bien. Pour le bonheur partagé de la douleur qui passe, repasse, vibre, chante, résonne. Pour l'absolue délictuosité de deux corps unis par cette douleur qui circule si bien. Là où il y a de la géhenne, il y a du plaisir.
Pourtant, à la prochaine occasion, je te le lâcherai, ce "Punis-moi" !
(Je suis incorrigible.)
mercredi 7 mai 2008 / 6 grains de sel
FAIS-MOI un plan-séquence, très long, très lent, en noir et lumière.
Pas besoin de motel, ni de caméra. Juste tes mains, tes doigts, des bougies, une bougie.
On est chez moi.
Ou chez toi.
On a froid, tous les deux.
Il faut que ça chauffe, comme au Mexique (ou à Venice, en vérité).
Impressionne mon corps, improvise, double les prises, de judo ou de vilain.
Les jours rallongent, on en prendra quarante s'il le faut.
Vole mon plaisir comme tu as kidnappé mon désir.
Zoome en moi, et qu'importe la focale.
Tes coups sont cut, tu me fais contre-champ, mon chant est diégétique
Tu m'enchaînes et je fonds.
Le festival de cannes va commencer, je vois des flashes à chaque coup, ce n'est pas le tapis qui est rouge.
Je te remercie.
samedi 3 mai 2008 / 2 grains de sel
ET même plus que neuf. En ce jour chômé (enfin, pas pour tout le monde), prétexte à pont et service minimum, l'atelier travaux manuels doit pouvoir trouver sa place. Dans un total respect du pouvoir d'achat puisque, comme dirait Luc Chatel, suffit d'acheter des trucs pas chers.
Donc un peu de gaffer, de la cordelette (perso, je préférerai du lacet de cuir, plus mordant, et une autre couleur que le jaune), un vieux stylo hors d'usage, et tout est prêt pour jouer à colle, papier, ciseaux jusqu'à l'obtention d'un petit fouet pour, car il n'y a pas que le cul dans la vie, le sexe et les seins.
F***, mon confident, qui est ce qu'on appelle un "painslut", trouve évidemment ce petit fouet sans aucun intérêt. Je lui explique que les hommes visent souvent très mal, donc autant qu'ils aient outil à leur maladresse.
Et puis, comme dit la charmante tenancière de la boutique de référence, cela fera un excellent warmup.
jeudi 1 mai 2008 / Un grain de sel
HIER, conversation au sommet avec dame Bas Bleu (dompteuse de hérissons de son état, entre autres). Elle remet notre cher Bataille sur le tapis. À cause de moi, elle l'a relu de pied en cap sans y trouver la phrase, "je préfère être touchée que vue, et vue que parlée", que je citais il y a quelques mois. Elle recherchait le contexte, elle a fait chou blanc.
Cela dit, elle l'a relu avec plaisir, et son Prince qui était de passage en a profité.
D'où sort donc cette phrase, si ce n'est de l'œuvre de Bataille ? Je demande à M'sieur Googleman, mon fidèle secrétaire, mon indéfectible maître, mon indispensable mémoire.
Queude.
Rebelote en omettant le "je préfère".
Et là, bingo !
La pudeur n'est pas liée à un effroi biologique. Si elle l'était, elle ne se formulerait pas comme elle le fait : je redoute moins d'être touchée que vue, et vue que parlée. Que signifie alors cette conjonction de la violence et de la sexualité dans un langage aussi abondant, aussi provocant que celui de Sade ou de Masoch ? Comment rendre compte de cette violence qui parle d'érotisme ? Georges Bataille, dans un texte qui aurait dû frapper de nullité toutes les discussions sur les rapports du nazisme avec la littérature de Sade, explique que le langage de Sade est paradoxal parce qu'il est essentiellement celui d'une victime.
Il s'agit de Deleuze, dans les premières lignes de son Introduction à Sacher-Masoch, parlant de l'algolagnie, puis se référant à Bataille. Et mon neurone ne s'est souvenu que de Georges, oubliant de rendre à Gilles ce qui lui appartenait.
J'aime que l'algo soit lagnie et pas seulement philie. Car si j'aime la douleur, c'est quand elle est voluptueuse. Inutile de penser me faire prendre mon pied en marchant dessus. Ni en visant mon tendon d'Achille à l'heure du backlash.
Et là, je languis de l'algie.
mardi 29 avril 2008 / 5 grains de sel
LA première mi-temps était terminée. La seconde ne commencerait pas avant que nous n'ayons dîné.
J'étais étourdie de trop d'euphorie, engourdie de trop de folies.
Tandis que je m'habillais, chaque pas me rappelait à quel point il avait été très exactement dur, tellement méticuleusement dur que c'en aurait été effrayant si cela ne me faisait pas jouir au point que je ne puisse penser à autre chose qu'à recommencer.
Justement, j'y pensais.
Comme si je ne pouvais pas attendre deux heures avant qu'il ne torture ma chair meurtrie. Alors, je me suis rapprochée de lui, la main sur l'ourlet de ma jupe, l'autre sur son épaule, et ma bouche à son oreille, j'ai réclamé à mi-voix une fessée, juste une fessée, sur ses genoux, à main nue.
One for the road, please.
L'air amusé, il a accepté sans mégoter, à peine un sourcil levé.
Jupe remontée, culotte baissée, le front sur son mollet, l'escarpin arrimé, je savourais l'inconfortable position.
Le premier coup s'est chargé de me rappeler que j'avais été totalement déraisonnable. J'étais déjà très cuite, sensible comme si ma peau avait été passée à l'émeri et mes muscles à l'orgue de barbarie. La gourmandise est un vilain défaut martelait sa main. Preste, leste. La jupe était froissée, les souliers envolés, la culotte déchirée, mes cuisses immobilisées, mes bras impuissants.
J'ai demandé grâce, en vain.
Une dérouillée, voilà ce qu'il m'infligeait. Avec une joie que j'avais de plus en plus de mal à partager.
Il ne s'est arrêté que quand mes sanglots ont bouillonné.
J'avais espéré un petit post-scriptum au premier round, un apéro au second, une de ces fessées entrelacées de caresses, un petit jeu coquin comme des points de suspension, mi-figue mi-raisin, sucré salé, ni fugue ni raison, doux comme un rêve humide, piquant comme du piment, mais d'Espelette. Une mignardise.
Mais il n'était pas du genre mignon, les demi-mesures étaient ce qu'il abbhorait le plus, alors il m'a prise à mon propre jeu.
Et je l'ai aimé follement pour cela.
mercredi 23 avril 2008 / 3 grains de sel
(Merci à P' - qui n'est ni P***, ni P***, ni P. - dont la patience et l'amitié m'ont bouleversée.)
mardi 15 avril 2008 / 7 grains de sel
PARFOIS, je me sens double, comme si une partie de moi s'excentrait un peu, drôle de vertige désagréable, perte de point. Je suis une et deux, pas schizo, non, en écho qui ne résonne ni ne raisonne.
Alors, je te demande d'allumer une bougie et de me redessiner, une et une seule. Le feu qui me contoure et me cerne me réunit, ramène le sosie fugueur au giron. Monos à nouveau, je peux t'aimer.
Souvent, je me rencogne au fond de moi, dans un tréfonds planqué, une cave intime, inaccessible, ma peau, mes muscles, mes entrailles comme armure, pire qu'un mur. Plus rien ne m'atteint, ni les cris, ni les mots, surtout pas les sourires.
Alors, je me livre à tes coups, et ce n'est (presque) plus du jeu. Les outrages des lanières font tomber lentement les barrières. L'enfant effrayé s'apprivoise et se déterre de sa cachette pour que tu puisses le bercer.
Il y a des soirs, pas forcément de pleine lune, où je sors de moi, sorcière vociférante et éructante, méduse mal embouchée, toute de douleur et de haine. Le dos gros, les cheveux en bataille, les ongles menaçants.
Alors, tu m'entoures de cordes et d'affection, m'attachant étroitement en silence avec une immense patience. Tu bouches mes yeux, réunis mes poignets, fait jaillir mes seins, sépare mes lèvres, affine ma taille, arrondit ma croupe. Ainsi contenue, je te laisse m'aimer.
dimanche 13 avril 2008 / 3 grains de sel
À peine entré, les politesses d'usage épuisées, alors qu'il me suivait, il a posé une main sur mon épaule pour m'arrêter, a repoussé ma joue alors que je me retournais pour l'interroger, et m'a bandé les yeux.
C'est relaxant, d'avoir les yeux bandés, un premier pas en aveugle vers l'abandon. Un genou se dérobe.
Ses mains ont parcouru ma géographie, de plus en plus exploratrices, de moins en moins légères. Comme si lui aussi était aveuglé et n'avait que ses doigts pour faire ma connaissance.
C'est traquant, des mains comme ça, quand l'ami devient maquignon, l'interlocuteur consommateur. Et mateur. Chair de poule.
Plus rude, il me bouscule, me bascule. Cul, sur le bras du canapé, plus haut que tête, dans les coussins. D'un bras l'autre, le sien, pas si gauche, appuyé en L3 tandis que le dextre adroit glisse le long des cuisses pour me découvrir.
C'est délicieux, ce moment, une sorte d'heure bleue du bdsm, celui du juste avant le premier clair de peau. Pur suspense.
Offensif, il attaque, une main, ou deux, je ne sais, c'est comme la grêle, ça pique, ça bruite. Les paumes deviennent battoirs, lourdes, ça chauffe, ça cuit.
C'est voluptueux, le corps se retrouve en pays de connaissance, imprimé des coups, mu, ému, remué, agité. Chaleur.
Il me posture, s'impose, en impose, m'impose non seulement ses mains, mais sa loi. Côté pile, à poil, angle droit, cambrée, pieds écartés. Il faut compter, ne pas discuter, peut-être pleurer, ne pas mendier ou ce sera à payer.
C'est paradoxal, le corps dit prêt, oui, je me soumets, j'en voudrais plus, mais il se raidit, plie, crie. Encore. Plus fort. Un garçon et l'addition. C'est très bon.
Il me colle, me fouille, me retourne, me tient par les seins, pas seulement le bout des, me fait bouillir, déjà rôtie, m'en bouche un coin, deux, trois. Côté face, il repasse.
C'est fatal, je ne sais plus ce qui fait bien, ce qui fait mal, ce qui est sueur ou pleurs, j'ai des rayures et des griffures, des bosses, mais pas de plaies. Du plaisir.
Il a pris mon pied...
lundi 7 avril 2008 / 3 grains de sel
PRENDRE, juste prendre.
Donner peut-être, j'espère, mais je n'ai pas envie de m'en préoccuper, en creux, par rebonds, malgré soi, parce que l'autre se sert, parce qu'il trouve son compte.
Pas de parité, du partage évidemment, mais essentiellement de l'égoïsme. Forcené.
Attachée ou pas, cela m'est égal. Ce qui compte, c'est de recevoir. Tout ce qui m'a manqué depuis des semaines, des mois, des années.
T'oublier comme je m'oublie aussi, n'être que peau et muscles, cyprine et larmes, nerfs et cordes vocales.
Ne pas t'entendre, juste te sentir.
Ne pas te parler, éventuellement te supplier.
Être bâillonnée, qu'importe.
Les yeux bandés ou pas, ils seront fermés.
Prendre, juste prendre, prendre avec insatiabilité, prendre jusqu'à ce que chair se fende.
Confortablement offerte, lovée, nichée, encocoonée.
Durement fouettée, cravachée, dilatée, pincée.
Délicatement caressée, sucée, léchée, bue, embrassée, entourée, câlinée.
N'existent plus que tes lèvres, tes doigts, tes dents, tes poings... ta queue si tu y tiens. Aujourd'hui, je saurais m'en passer. Demain aussi d'ailleurs. Parce que demain, il y aura une suite, à l'identique, sur mon corps meurtri.
Je n'aurais aucune attention, je veux qu'elles soient toutes pour moi.
Je suis un objet, c'est-à-dire une machine, à jouissance.
C'est moi qui jouis.
C'est toi qui me fais jouir.
Il faudra que tu t'en contentes.
Ensuite, je n'aurais toujours pas ouvert les yeux, je m'endormirais au creux de toi, sous ta bienfaisante protection, comme dans un ventre. Si tu veux te branler sur mes reins, ne me réveille pas.
vendredi 14 mars 2008 / 12 grains de sel
Je ne sais pas si après trois ans et demi d'abstinence, je peux, je sais, encore désirer une femme. Une femme, il faut s'en occuper. |
Moi je suis plus frustre. Désirer un homme, ça veut dire me branler en pensant à lui. (Et pas à un acteur ou au facteur.) |
(Tchéky Kario, change rien, j'arrive !)
samedi 1 mars 2008 / 3 grains de sel
IL a monté le chauffage pour que je n'aie pas froid. Au bout de quelques minutes, j'en avais presque oublié que j'étais attachée nue sur la banquette neuve, faisant corps avec celle-ci, mes seins et mon ventre confondus avec le cuir cramoisi, membres solidement joints aux quatre jambes du meuble. Je ne pouvais que bouger la tête pour parfois apercevoir ses cuisses. Et puis plus rien, juste l'habituel plancher et les meubles autour. Tandis qu'esseulée et préférant mille fois la pire correction à son inattention, Sibelius étirait les accords de Tapiola dans ma tête, il a mis du Stravinski assez fort, opéra de feu pour un duo volcanique.
Je l'ai tout de même entendu s'approcher, étoile de Diaghilev qui s'échauffe, jouer des deux cravaches comme un dompteur jongleur en coulisse, déployer au lancer les lanières des floggers qui sifflent plus de trois fois, étouffer la percussion des battoirs sur sa cuisse capitonnée de tweed.
Il a ensuite joué doucement avec mes sens. J'ai respiré le cuir, écouté le latex, regardé le bois, léché sa main, frotté mon visage à son entrecuisse. J'ai frissonné, non pas de froid ou de crainte, mais sous les caresses trop exquises. J'ai ronronné sous ses attentions, j'ai essayé d'onduler aussi, mais il m'avait trop bien associé à sa dernière trouvaille, ce banc kitsch, ni de piano, ni d'enfant, un truc de chez Drouot qui aurait pu venir de chez Roméo, des dorures pour une roulure, mais qui était parfaitement à ma taille.
Sans sommation, la cajolerie attendue a traversé mon dos comme un éclair sanglant. D'une omoplate au rein opposé, c'était comme si tous mes sens étaient sortis de leur domestiquage. Des larmes dans mes yeux, un haro de bête, un sursaut qui a entraîné le banc, et une première tache sur le cuir. Pourtant, j'avais souvent eu plus mal. Mais pas depuis longtemps. Ou alors, le déferlement des caresses habiles m'avait ramollie pour que le pain n'en cuise que plus.
Tandis que mon côté face collait, tout en sueur de peur et de douleur, au petit banc, mon verso prenait la couleur du cuir. Ambidextre et sans pitié, il variait l'intensité et la cible de ses coups. J'avais l'impression, pourtant plus immobile qu'une gisante, de tournoyer dans mon corps, d'être un Picasso, la nuque à la place du mollet, de ne plus m'appartenir, mais d'être une nouvelle personne de cabosses et de bosses qu'il sculptait selon ses envies, sans soucis de mes pleurs, les apaisant parfois de baisers mouillés eux aussi, buvant mes larmes pour lécher mes plaies d'embrassades salées, m'offrant des jouissances en entracte, forçant ma bouche tout en la faisant taire.
Quand il n'en eut plus la force, ni l'envie, ou qu'il a senti que j'étais aussi à bout et qu'il me fallait quelque récréation, il m'a détachée, mais en lieu du cocon de son corps, il m'a conduite par les cheveux, fiévreuse de sa correction et la peau portant fort et net la signature de l'heure qui venait de passer, de l'autre côté de la baie vitrée, sous l'averse. Indifférent à mes poings qui cognaient au carreau, sachant que la pudeur m'interdisait de m'éloigner ne serait que de cinquante centimètres pour trouver un pauvre abri, me regardant en souriant.
Quand il se déciderait à me laisser rentrer, ce serait évidemment pour me réchauffer. Recto.
dimanche 24 février 2008 / 3 grains de sel
LA masturbation, quoique commode, n'a jamais été une panacée. C'est plus un soulagement. Une autre manière de se gratter quand ça démange. Je ne parle pas de ma période d'avant ma vie sexuelle avec un partenaire. D'ailleurs, j'aime beaucoup me faire masturber, même si les séances de masturbation réciproque sont un à mon sens plus du domaine du touche-pipi-merci-donnant que de la pyrotechnie que j'évoque souvent.
Mais bon, parfois, souvent, mollement, follement, ça dépend, je me masturbe, avec un bon bouquin ou un canard (je ne me sers pas des deux de la même manière et un bon livre a ceci d'écologique qu'il me dispense de l'usage du canard, et que je peux garder mes deux mains pour tourner les pages, comme quoi, le cerveau, c'est quand même lui l'Organe). Et ça marche. Si bien qu'il m'arrive non seulement de gémir, mais de crier, de me cabrer. Et ça fait peur au chat, qui me bousille mon after.
Ça marche parce qu'il y a les lobes, qu'on pense à lui ou à Tchéky Kario, et qu'on trompe la solitude avec la pensée, cette Pénélope qui n'a pas encore rejoint Morphée et qui tricote une belle tapisserie.
photo Liapinto
En revanche, bien que mouillant (ayé, je me fais un petit coup retour de la revanche de la chatte en folie, bien baveuse et rosée à la raie avec un degré de chaleur d'hygrométrie qui donne envie d'aller se sécher au frais à Singapour) d'une manière immodérée dès que quelque instrument (de la main à l'un des bidules qui traînent dans le sac à malices) s'approche de ma peau, joue d'un téton, caresse une rotondité arrière, trace son chemin entre mes omoplates, écarte mes cuisses, siffle dans l'air... bien que je puisse rêvasser et construire des scénarios pas follement élaborés, mais terriblement excitants en préparant pour un amant en chemin vers mon boudoir une carte du rude... bien que je puisse me souvenir de ces coups de battoir dont j'ai cru que oui, comme dans la chanson, ils allaient me fendre en deux, des straps qui auraient pu être méchantes si la main n'avait pas failli, et de la belle rouge et de son cousin acier à queues et noeuds qui depuis qu'ils ont traversé la grande mare n'ont pas perdu leur odeur extatique de cuir fumé... bien que donc, et même malgré que (et que ceux qui considèrent l'expression comme impropre relisent Rousseau), je suis incapable de prendre une once de plaisir à me frapper moi-même.
(Je surtout fâcheusement infoutue de me frapper moi-même, la cire d'une bougie ne me fera ni chaud ni froid alors que je peux sans le moindre état d'âme prendre une lame de rasoir et m'ouvrir la jambe. Je précise que ce dernier cas n'est pas mon passe-temps du moment, que l'on fait des conneries quand on a 14 ans et que cette dernière action ne m'a jamais déclenché une giclée d'endorphines.)
J'y ai pensé. Pas à froid, en rentrant d'une journée pénible (pléonasme), comme d'autres sirotent leur pur malt (ou dans le cas de quelqu'un que nous connaissons, leur 12°5 avec bouchon de plastique ou en cubi s'il y a eu promo chez Carrouf). Évidemment. Pas moins sur ordre, avec le ton impérieux et sec qui convient, "je veux voir les marques en arrivant chez toi" (je choisis lequel, le Russian red de Mac ou le 190 de Shu Uemura ? Ou alors mon vieux Chanel 22, rouge ultime jamais égalé, qui n'existe plus et qui doit comporter depuis tout ce temps plus de bacilles que ce que les labos nous préparent pour la prochaine guerre bactériologique, les phtalates et le paraben, à côté, c'est de la gnognotte). Je me souviens avoir vainement essayé devant A***. Mon bras, pourtant habitué à des gestes plus vigoureux, devenait mou comme un membre mort ou la poignée de main d'un jeune UMP.
Même pas seule, sans témoin de ma misère sexuelle, avec au creux du ventre une envie boulimique comme un appétit, une faim de louve masochiste et exacerbée, avec le désir d'entendre résonner le coup qui bat et s'abat, avec oui le souhait de passer mon doigt sur un début de boursouflure... je n'ai pas pu, je ne peux pas. Même en rêvant à Tchéky Kario ou à, tiens, James Blonde, qui avec ses faux airs de Poutine, fait un objet du fantasme tout à fait convenable.
Pourquoi le canard et pas le chat ?
(Non, pile n'est pas la bonne réponse.)
(Je n'ai jamais essayé l'autobondage, je crains que çe ne me fasse pas plus chaud.)
mercredi 20 février 2008 / 4 grains de sel
J'AVAIS un jour, intitulé un billet Maso chic ?, en réaction (comme quoi, la réaction, c'est toujours mauvais, seule vaut l'action) à la parole psychanalytique "posture masochique".
Guère plus avancée sur ma posture (le plus souvent, au propre comme au figuré, dans celle de la dinde qui se fait farcir, croupion frétillant dans un cas, cul désolé dans l'autre, invariablement pointé vers un mâle dominant, un indice, dans le deuxième, il porte des talonnettes et n'a, en ce qui me concerne, aucune ambition sexuelle), je m'aperçois, qu'Utena en soit remerciée, qu'un sex-shop douillet propose des toys (tout de suite, en anglois, ça passe mieux) pour maso-chic.
Il y a bien plus d'un tiret qui me séparer de ce chic-là (le mien n'étant qu'un tribut un peu pitoyable aux jeux de mots à deux balles - JDMA2B - digne des derniers billets Verm'O). Je n'ai jamais été tentée par les menottes gold (encore moins baby rose ou aubergine), même pas pour me rendre à un cocktail mondain histoire d'être ton sur ton avec les chocolats de l'ambassadeur, et les martinets qui ne font presque pas mal m'ennuient.
Moi, je veux avoir mal. Pour de vrai. Bien mal, comme je le dis souvent, et mal bien. J'assume que je puisse, parfois, pleurer de douleur (quand bien même je dois reconnaître qu'à chaque fois que j'ai pleuré, c'était plus par amour, par culpabilité ou une raison tierce, mais jamais par la douleur pure, car personne n'aurait voulu cela, en vérité, pleurer de douleur, c'est bon pour la littérature). Je ne veux pas jouer à faire semblant. J'accepte sans peur ni pudeur de porter les marques de ces jeux dangereux. Je veux haïr, dans un bref éclair, celui dont j'aime les tracas. Je ne sortirai pas de mes gonds, de mes nerfs, de mes muscles, de ma chair, de ma peau, si on me fait juste "un peu" mal. Je n'en serais que rapidement frustrée.
Masochic oui, j'assume la pirouette, mais je ne suis pas maso-chic. Mon masochisme, qui remonte presque à avant le vocabulaire, est indissociable de l'érotisme. Et l'érotisme, ce n'est pas chic (d'ailleurs, le porno-chic est un oxymore). C'est trop vivant, trop grouillant, trop puant, trop mal élevé pour être chic. Ce n'est pas non plus "un peu", mais trop. C'est une affaire d'odeurs, de fluides, de rictus, de borborygmes. Quand j'implore la pitié, ce n'est pas du cinéma, du chiqué, du cliché. Quand je crie, je ne tiens pas la note, je ne fais pas d'harmonie. Quand je me tords, je ne me demande pas si la photo sera bonne. D'ailleurs, on ne fait pas de photos.
samedi 26 janvier 2008 / 6 grains de sel
maso plus des seins ou du cul ?
D'habitude, j'ai de la répartie, mais là, j'en reste coite, comme un Flanby à moitié gobé.
Je n'ai toujours pas la réponse d'ailleurs.
Je sens qu'un doute existentiel me tripote.
mercredi 16 janvier 2008 / 11 grains de sel
MAGNANIME et généreux, sachant dans quels âge et lieu de glace je me trouvais, froidure dehors, panne de chauffage dedans, tu as tout laissé choir pour venir me réchauffer.
Tu es arrivé, j'étais au téléphone, un ami s'inquiétait de la température. Je m'apprête à couper en l'informant qu'un ami réchauffeur venait tout exprès en expert de débarquer, pyromane de ma chair. "Tu peux lui dire que tout à l'heure, tu seras proche du coup de soleil".
Descente du sac à malices, ceintures de judo en guise de cordes, à la recherche de l'attache idéale, essais esthétiques, ta moue, mes mains en prière, ma chair de poule, ton sourire moqueur.
Je grelotte. Je suis nue, étirée entre plafond et plancher, pas assez serrée pour ne pas trembler, pas assez bâillonnée pour ne pas maugréer.
Dans ton inaltérable bonne humeur, tu donnes du chat, du fouet, de la badine, tu as les queues allègres, mais mes ronchonnades ne s'arrêtent pas, il m'en faudrait mille ensembles, sur chaque centimètre carré de ma peau, pour remonter mon thermostat rétif. Je renâcle, je rouspète, je n'arrive pas à savourer les coups.
Tu me détaches, je fonce sous la couette en jouant des castagnettes avec les dents, les cuisses et les doigts tandis que tu me contres à pleines mains, pour d'autres percussions moins mesquines. Là commence un jeu entre aïe et toi, rire moi, le chat et la couette, la chatte et tes coups. Tu me découvres, tu claques, je me retourne, m'enfouis, je ris, je crie, tu recommences, tu bisses triples et quadruples, j'expose mes zones les plus fragiles en masquant les plus frileuses. Je sursaute, tu me plaques, je me cache, tu me débusques, j'ai le fou-rire, tu gardes ton sérieux.
J'ai fini par avoir très chaud, j'étais un peu pompette aussi de trop de rigolade.
Comme après un grog. Ou trois.
jeudi 27 décembre 2007 / 2 grains de sel
J'ATTENDS.
Encerclée par mes pensées, attentive à chaque bruit, à l'affût du moindre son.
Je n'ai pas envie de te désobéir.
Je n'ai pas envie de subir ton ire.
Mes mouvements sont mesurés, à peine si mon souffle soulève mes flancs. Je reste en position, comme tu l'as ordonné.
Ainsi, j'entre dans ton jeu. Et ça me plaît.
Je m'oblige à l'obéissance.
Mais ce n'est pas dans ma nature. Intérieurement, je piaffe.
Je m'agite du chapeau. Je ne peux m'empêcher de scénariser ce qui va suivre. Je m'accroche non pas à un fil rouge, pas plus au fil du rasoir, mais à l'une ou l'autre lanière.
Aucune, je pense, ne conviendrait pour le premier coup. J'ai le désir de ta main, d'elle seule, qui d'un même mouvement, caresse, flatte et frappe. Et reviens pour cingler, de son dos sec.
Moi, je retiens soudain mon souffle, je suis envahie par les ondes de ce que je viens d'imaginer. Pourtant, rien ne s'est produit.
Deux ou trois coups de main plus tard, il sera temps de sortir la panoplie, de jouer des cuirs, des cordes et des bois, de faire tonner les caisses, heu, les fesses, de faire rouler le tambour.
Les hommes sont lents à la détente. Tu joues du suspense alors que ma peau, mes humeurs, mes fantasmes s'énervent et m'envoient des décharges. Je me retourne, un "Alors !" ou "S'il te plaît", je ne sais, au bord des lèvres.
Sois mon envie.
vendredi 30 novembre 2007 / 5 grains de sel
J'ATTENDS.
Entourée des souvenirs d'autres hommes, de ceux d'avant, forcément, de moi avec eux, de mon corps sous leur coupe.
Je n'ai pas envie de dénicher "le dernier en mieux".
Je n'ai pas envie de retrouvailles, le re est de trop.
Mes hommes avaient sans doute tous des points communs, le premier étant de me plaire, les autres relevant du divan, mais aucun n'a jamais ressemblé au précédent.
Ainsi, à chaque fois, tout était à réinventer.
J'étais toutefois moins oie, plus chatte.
Mais invariablement débutante. Débutante ès eux.
Je découvrais leur odeur comme leur grammaire, leurs ordres et leurs manières, leurs hasards et leurs lanières.
Aucun, je crois, ne cherchait en vérité quelqu'un comme moi. Et pourtant, ils sont restés, revenus, on a dansé en mesure, on s'est caché derrière les mêmes buissons.
Moi, je laissais faire le hasard et les atomes. S'ils se crochaient, ça marchait.
Deux ou trois étaient embarrassés par les souvenances que je pouvais garder, dont ils étaient friands, par voyeurisme souvent, par compétition une fois.
Les hommes me sont comme des gommes, quand ils sont là, possessifs et conquérants, ils effacent de leur peau, de leurs mains, de leurs mots, la mémoire des hommes dans la tête, les muscles et les pertuis des femmes.
Sois mon oubli.
mercredi 28 novembre 2007 / 4 grains de sel
J'AI l'impression d'être comme du mercure. Si je ne suis pas confinée, rassemblée, couvée, je m'éparpille, m'émiette, m'enfuis. Je tiens dans le creux de la main, pas entre deux doigts.
J'ai besoin d'un cadre, d'un écrin.
Il me faut les maux, bien sûr, mais les mots aussi. Les phrases sont comme des cordes et les verbes des menottes. Je peux t'écouter à genoux, mais si je n'entends rien, je me lève et je pars. Je ne sais pas deviner le désir. J'aime qu'il se dise. Pas qu'il se hurle ni se surligne, mais qu'il soit audible, un minimum.
Si tu ne m'attaches pas, tu m'abandonnes. C'est aussi simpliste que cela. Je ne supporte ni l'immobilité, ni la marche arrière. La seule régression que je supporte est celle qui me renvoie à un passé qui n'est même pas le mien, un avant-hier reptilien, un jadis animal doté de seuls réflexes.
Je suis une cérébrale qui ne veut plus penser.
Je suis une libertaire qui cherche un carcan.
Au bout d'une corde, j'irai au bout du monde.
Sous les coups, je ne fais plus qu'une.
(Mais la glu ne sert à rien.)
lundi 26 novembre 2007 / 4 grains de sel
ALORS que je trouvais ma vie sexuelle bien terne, n'ayant d'autre monture que mon vélocipède et mes nouvelles lunettes (les secondes étant indispensables au roulage de nuit, quand tous les myopes voient gris), K*** m'appelle et, sa voix toujours aussi merveilleusement vibrante, me demande ce qui me fait fantasmer en ce moment.
Rien de bien neuf, toujours cette même envie d'y être sans y être, yeux masqués, poignets et chevilles entravés, oreilles bouchées. Pas d'ordres, pas d'action, que de la manipulation.
Nous sommes convenus d'un donnant/donnant gagnant/gagnant. Il me donnera des conseils professionnels dont j'ai besoin, et je le payerai en nature, en me livrant à ses fantaisies, sans le droit d'en refuser la moindre.
Sur ce pari en paroles, nous raccrochons, et tandis que sans doute il se branle, je rêvasse.
J'ai envie de bagarre, de baston, d'insolence. Je veux pouvoir me jeter à la tête d'un homme, je veux des joutes verbales, je veux des bras de fer intellectuels. Je veux être peste, chipie, saleté. Je veux le gifler, le puncher, le tacler. Je veux l'énerver, le pousser à bout, péter son flegme. Je veux sa colère, sa violence, sa revanche.
Je me vois défaite, suspendue au plafond par un pied, les épaules au sol. Je ne crie plus. J'attends la correction.
samedi 24 novembre 2007 / 6 grains de sel
QUAND quelques heures auront passé, que la fanfare, le balthazar et la bagarre seront calmés.
Quand ma peau sera rougie, loin du blanc, sur ses zones les plus pleines et tendres.
Quand ce rouge sera non pas uniforme, mais lumineux et nacré de nuances fortes.
Quand la peau ainsi cramoisie sera fragile, l'épiderme comme abrasé par tant de coups joyeux et vigoureux.
Quand pile ou face, mes seins, mes fesses, mon sexe, mes hanches chaufferont tes mains sans même qu'elles aient à me toucher.
Quand tes mains s'amuseront à approcher tout mon corps, à deux centimètres, que je sente à mon tour la chaleur de tes paumes endolories.
Quand ton genou m'ordonnera de me tourner et retourner, ce que je ferai dans des soupirs.
Quand tes yeux seront repus.
Quand je serai un peu plus écarlate de cette exhibition.
Quand tes doigts auront envie de douceur et ta bouche de baisers.
Alors, tu me caresseras, câlineras, gâteras et j'adorerai ces brûlantes volutes qui dessinent ton désir.
mercredi 31 octobre 2007 / 9 grains de sel
ENTRE deux, deux eaux, deux hommes, deux zoos, deux O ou deux 0, selon la police de caractères, on peut se tromper, je me demande.
Je me demande pourquoi. Pourquoi le masochisme (ainsi nommé pour les commodités du langage, la psychanalyse parle de posture masochique, la bourgeoisie de perversion, je ne me retrouve pas bien dans ces mots) ? Pourquoi depuis si longtemps ?
Je me présente comme joyeuse, dans mon masochisme en tout cas. j'insiste sur la jouissance qu'il me procure, sur le fait que je ne fasse rien qui laisse trace pérenne. Je clame ni dieu ni maître, ni tsar(kozy), ni mari. Pas d'alliance, juste des cordes. Pas de bague d'O, un cadenas suffira. Pourtant, déjà, le cadenas... serais-je un peu faux jeton.
Et si je bouffonnais ? Et si forcément, les choses n'étaient pas aussi claires que cela ? (Je vais essayer de ne pas rejouer la finale du match Eros/Thanatos à Olympie qui s'est terminé comme on la sait sur une déculottée des roses par les noirs 7/0.) Il y a quelque chose de sombre dans le bdsm que je refuse, mais refuser n'est pas effacer.
Je rêve de larmes, de baisser les armes. Pourtant, je ne me laisse pas faire. Je saute à la gorge, j'agresse, je me cramponne à mon piédestal. Si l'on me bat, c'est que je l'ai demandé, ordonné presque. Je mène le jeu, donc je ne trouve pas l'abandon.
Je me demande si je n'ai pas égaré mon mode d'emploi.
(À suivre)
jeudi 11 octobre 2007 / 11 grains de sel
J'AI certains soirs de rêverie vagabonde l'envie que mon partenaire me bascule un instant dans une telle douleur, dans tant de larmes et de cris, que j'en vienne à le détester, mais qu'à peine la haine affleurante sur mes lèvres, il s'occupe à me faire changer d'avis, tout cajolant et d'une douceur insolite, et que par contraste et paradoxe, son souffle sur ma peau soit la plus intense caresse et endorme ma révolte.
Je ne suis évidemment pas seule dans ce cas, c'est du fantasme bien banal.
C'est ainsi que j'ai lu ceci sous une plume féminine, qui louange régulièrement l'homme qui a fait d'elle une amoureuse :
Je n’attends plus que ce jour ou Il restera sourd à mes cris, à mes supplications, à mes larmes…
Ce jour là nous irons au bout… au bout de moi… au bout de Lui… au bout de Nous… au bout de tout…
"Au bout de tout" ? C'est où le bout ? C'est quoi le tout ? C'est une fois qu'on a franchi, en bonne pouliche dodécathlonienne, toutes les limites et étapes (refrain connu) imposées par mémètre, le dogme et la mauvaise littérature spécialisée ? Une fois que sont posés les anneaux, dépoilés au laser le pubis et les dépendances, brandé au cul les armes de M le M, tatouées les mêmes en une place plus épaulée, brûlées toutes les culottes, verrouillé le collier d'acier, gangbanguée par de gais lurons montés comme des ânes, dégotté une esclave de secours, on se la joue Thelma et Louis, on fonce vers le bout ? Ou plutôt Thelma seule, Louis sautant à temps de la bagnole sado-maso sur le bas-côté, allant grâce à son Loulou vers le néant tant convoité, comme si la mort était un don ultime (opinion partagée par certains tant soumises que maîtres).
Oui, je sais, on est dans la symbolique. Mais je n'ai jamais rien compris à la symbolique. Même dans mes fantasmes, le bout, c'est la jouissance (qui est fille de Thanatos autant que d'Éros, je sais, j'ai lu mes classiques).
Tous comptes faits, pragmatiquement, il n'y a qu'un bout qui m'aille, celui qui est arrimé à mon homme du moment et qui, s'agitant dans une main, une bouche, un slip ou un orifice, dans une fuite de semence qui jamais ne servira à la procréation fonce vers son plaisir, et le mien par adjacence. Petite mort (dit-on, voir plus haut) si vivante. Et si je veux mourir un jour, devançant la Faucheuse, je ne ferais pas appel à un partenaire pour me suicider à ma place. La pulsion de mort, il vaut mieux gérer cela seul, et ne pas attiser les côtés sombres des sados qui souvent pourtant savent si bien nous faire jouir.
Mourir ensemble, pour ne pas survivre à l'autre trop aimé, comme le couple Mercure, c'est ce qu'il y a de plus beau. Jouer à se faire tuer par son dominateur, c'est limite glauque. Mon opinion pas si humble évidemment.
dimanche 17 juin 2007 / 2 grains de sel
JE suis dans un grand désordre en ce moment, ce qui n'a rien d'anormal après la conclusion de quelques années de fidélité et de train-train à la loco de plus en plus poussive. Je porte mieux que bien mon pseudo. L'un me dit volage, l'autre parle de dévergondage, alors que je ne cherche qu'à ranger un peu tout ça, la vie, les sentiments, enfin, non, ranger des sentiments, cela ne rime à rien... J'essaie de les exprimer, les retrouver, les exalter. Je suis donc à la fois en vrac et dans une insatiabilité totale. Empiler ou multiplier les vacataires, c'est un peu comme sucer des pastilles à la menthe (je dis ça, mais je déteste la menthe en pastilles), c'est de l'instantané, effet immédiat et puis s'en va. Reviendra peut-être, mais pas de double effet kiss ou cool. De l'instant, pas du temps. C'est le Nes' de l'expression.
Ça va et ça vient, la vieille antienne, et me revient un fantasme aussi ancien que l'antienne. Ce devait être une punition jadis. Ça n'a pas besoin de l'être aujourd'hui. Ce pourrait être juste une expérience sensuello-scientifique. Physique. Ou chimique. Je les confonds toujours toutes les deux. Alors les deux. Pendant une semaine, du lundi au dimanche, du samedi au samedi, du mercredi au mardi, qu'importe le départ pourvu que l'arrivée soit cuisante, ou pendant 20 jours comme les 6 jours TBM (hum, le neurone plus solide que la peau... TBM ne signifiant pour une fois pas Très Bien Monté mais Très Bon Marché comme on dit dans le grand magasin le Plus Mal Nommé de la capitale), être fouettée, cravachée ou fessée, c'est à définir (je vote pour fessée) comme le nombre de coups ou le temps chrono de la chose, matin et soir. Des coups régulièrement administrés comme ceux d'une horloge à balancier qui ne sonnerait que deux fois par jour.
Régulièrement. Comme passent les trains dont les locos fonctionnent. Comme les TGV qui regardent enfin vers les marches de l'Est. Très Grande Volée.
Je suis curieuse de savoir à quel moment je pourrais retrouver ce mélange de peur et d'envie, et que le non l'emporte sur le oui, mais que je m'oblige à la résignation. Tout à l'heure parce que c'est écrit, décidé, d'ailleurs, c'est mon idée. Pas d'évitement, de sauve qui peut, de dérobade.
D'y penser, à froid, en amont, est terriblement excitant et j'en fonds d'avance, je quitte l'état solide à très grande vitesse. La première, la deuxième, la qtroisième, la quatrième... tournée serait délicieuse, forcément, et l'attente du prochain rendez-vous (celui où il est prévu que je me rende d'avance, en position, cambrée, tendue, constellée de marques, non seulement j'assume mais je mendie) énervante tant le temps sait se dilater sans qu'on ne lui demande rien.
Et ce qui fait partie de cette même excitation, c'est le doute, l'inconnu. À quel moment cela va-t-il devenir très douloureux ? Est-ce que ce rituel va me permettre de retrouver des sensations oubliées, que l'immersion dans le sm a émoussées ? Cette peur que je ne ressens presque plus jamais, cette peur délicieuse de quelqu'un (qui reste à trouver, qui accepte de partager ce rite, que cela excite autant que moi, qui ait cette disponibilité... la cohabitation n'étant pas une option, je sais, ça fait un peu fessée 30'...) en qui j'ai par ailleurs toute confiance... Je l'appelle, cette peur délicate qui noue le ventre et qui ne disparaît que dans les claques salvatrices.
Ce serait comme une pièce de théâtre, comme un concert plutôt, plus de sons que de paroles, la répétion à quelques détails près d'une identique partition.
Je crois que ça prend tout son sens, y compris ceux qui m'echappent, de sens, dans la répétition.
samedi 9 juin 2007 / 4 grains de sel
Tête en l'air
Non, c'est le contraire
Pattes en l'air
Attachées, bien écartées
L'air de quoi ?
Ne pas y penser
Fermer les yeux
Du cuir, une main.
Impossible de bouger
Se tordre un peu
Gémir
Le plaisir
Encore, plus fort
Perdre la tête
Si elle n'était déjà perdue
Plus bas que cul
Ouvrir les yeux
Voir les siens
Ce sont les mêmes
Exposée
Pour être fouillée
Ecartée
Un coeur qui bat dans mon sexe
Des paumes qui claquent sur mes fesses
Une queue qui revient au fourreau
Fermer les yeux
Pour repartir
Pieds glacés
Pas chatouilleux
Le martinet tombe
Les nerfs se réveillent
S'agacent
Ca glisse
Pourquoi en photo, tout est toujours parfait ?
dimanche 3 juin 2007 / 2 grains de sel
C'EST sans doute à cause de ces possibles morts que dans le bdsm, on ne parle pas tellement de félins pour leur préférer, dans le vernaculaire, les canins (confer Maître Stéphane en 1966 dans une fête privée "A poil chienne, suce-moi"). Sinon, tout le microcosme sado-maso serait déjà moribond. Le monde du bdsm est curieux, non pas au sens d'étrange ou de bizarre, mais de fouineur, avide de sensations nouvelles, souvent puisant plus son aspiration dans les pages sports (je vais te faire dépasser tes limites) que dans celle des maux croisés (conjuguons ensemble des plaisirs piquants).
Ainsi telle soumise avouera dans un récit que tous les maîtres étaient jaloux du sien lorsqu'il lui a administré 400 coups de badine dans un célèbre club de la capitale hexagonale, tandis que telle autre se rajoutera quelques anneaux à une bijouterie intime déjà très bling-bling, voire un petit branding de plus, pour la route. Ces sujets ayant sûrement déjà été traités ici, je me contenterai de parler des usages détournés de la pharmacopée et de l'épicerie.
Je lis sur un forum des échanges entre deux soumises masochistes et néanmoins amies, relatant leur rencontre du 3e type avec de la confiture de piments (kézako ? je connais le gel de piment d'Espelette, en vente libre et pas gratuite) et celle de gingembre (alors là encore, je ne possède que de la purée, qui se trouve à côté du wasabi en tubes, dans les épiceries japonaises). À son grand dam, miss Piment ne trouvant pas le résultat concluant a réclamé la deuxième couche. Résultat, elle a eu le feu au clito et a dû utiliser de quoi sauver l'Afrique de la sécheresse pour ne même pas calmer la brûlure insoutenable.
Moi-même, pour pondre ces lignes ironiques, je ne m'excepte pas et je suis pareillement tombée dans le panneau, et j'y retomberai sûrement. À la suite d'un article sur le figging (pratique dont j'ai quelque mal à croire qu'elle est née chez les brittons, pour empêcher les élèves cannés de serrer les fesses pendant le châtiment par l'intromission d'une racine de gingembre fraîchement épluchée dans leur anus), j'y suis allée de ma curiosité, et pour faire bonne mesure, les échanges préliminaires avec mon partenaire montant en régime, en plus du gingembre in ze baba, un petit coup de baume du Tigre sur le bouton (ma chère Dahlia ayant écrit chez elle que c'était une torture délicieuse, je l'ai crue bien volontiers).
Résultat des courses, une femme qui se sent un peu ridicule, essayant de dissocier les sensations, d'érotiser le truc, pour finir par se dandiner dans ses liens, entraînant la chaise à laquelle elle était attachée.
À ces évocations piquantes, il y en a qui seraient tenté par une chatte fourrée d'orties ou qui se bricolent déjà un soutien-gorge à punaises (autant ressortir le silice de tante Adèle...). J'inspecte mon réfrigérateur et le placard à provisions. Il y a des la moutarde de Dijon, de la hot sauce chinoise, du raifort, de la harissa, de la purée de piments verts, des pâtes de curry rouge... Côté salle de bain, une crème de massage post-claquage à base de capsicum anuum (j'y ai laissé la peau d'une cuisse en plus de l'adducteur, un jour), de la cannelle en huile essentielle... Trop chaud ! D'autres idées dans la salle ? "Mon corps n'est pas un temple, mais un parc d'attraction" comme disaient les post-féministes. Est-ce vraiment une raison pour en faire une paillasse ?
Le bdsm est-il un lieu où la surenchère est inévitable, où la quantité remplace ou s'adjoint à la qualité, où l'expérimentation se substitue parfois aux sentiments, où la recherche du plaisir joue les Géo Trouvetout, où l'on se blase plus vite que l'on se satisfait, où la société est, à l'image de son nouveau président, de consommation et de compétition.
Et chez vous ?
mardi 22 mai 2007 / 9 grains de sel
PAS besoin d'encrer de pourpre ces lèvres-là, rendues au plus pivoine par tant de manipulations et mordillements, de pincements et de plaisir, gonflées d'une jouissance indélébile.
Assis amusé en face du lit où j'ai rougi et rugi, où je gis ramollie, attendrie, émiettée, en vrac et couleur brique de tes maltraitements conjugués, tu écartes gentiment mes cuisses de tes pieds, tu me fixes, enfin, me c'est trop dire, tu vises ma fente, je reviens un peu sur terre, je te regarde, tu souris toujours.
Un autre rouge, ailleurs, plutôt rose. Pas né de l'embarras, mais de la surexposition. Qu'est ce que cet oeil te raconte ?
Tu ne t'en laisses pas compter plus longtemps. La pression de tes pieds se fait plus forte pour m'intimer de ne pas prendre mes jambes pour des ciseaux. D'une cravache d'abord badine, presque mutine, mais qui saura se faire orageuse comme une pluie italienne, tu t'occupes, d'assortir la chair ivoire alentour aux tissus enflammés. Ta main claque, une fois, dix fois, les dents mordent, et la cravache reprend son fortissimo métrono-diaobolique. Tu me secoues à pleines mains, grandes lèvres et mont dodus semblent les appeler. La douleur le dispute à l'excitation, j'imagine le nuancier, je veux que tu arrives à l'exacte teinte, je tends mon ventre, reins cambrés, je réclame. Il n'y a plus de honte devant ton regard, juste l'envie de dire encore, plus fort. Intutile, tu ne sembles pas avoir envie d'arrêter.
Encore quand même, encore ces coups à main nue qui me font vibrer au plus profond, qui titillent des nerfs que je ne connais pas.
Et si je suis assez colorée à ton goût, mords moi ce bouton bandé qui t'implore, et je jouirais dans ta bouche.
mercredi 2 mai 2007 / Un grain de sel
J'AVAIS déjà un peu fauté, mais dorénavant, je ne pourrais vraiment plus prétendre que Rue Bricabrac est un blogue sans chat.
Après enquête auprès des pères et mères à chat qui m'environnent, et testage sur le greffier chez qui j'habite, maints chats apprécient un flattage tapoteur des flancs. Mais le Félix ci-dessus est un vrai sm addict !
mardi 24 avril 2007 / 8 grains de sel
CETTE idée, envie serait plus exact, m'était venue en voyant, au zapping seulement hélas, un petit bout d'une émission (si quelqu'un sait de la quelle il s'agit, merci de m'écrire) au son de flamenco où une (des ?) femme(s), s'agenouillait avant de s'allonger, longue jupe relevée, sur les genoux d'un percussionniste qui marquait le tempo à paumes que veux-tu sur ses fesses.
En écrivant ces lignes, j'entends ce son, plus onctueux que de coutume, de caisse claire. Être ce cul, un soir seulement...
J'ignore si douleur il y avait, je ne sais ce qui se passait dans la tête de ces hommes et de ces femmes, s'il y avait quelque chose des performances de Félix Rückhert dans l'air. Mais je n'oublierai jamais ces images, fantasme fait chair.
Quelques jours, mois, ans, on s'en fiche, plus tard, au théâtre de la Colline, dans une pièce allemande dont j'ai tout oublié, du titre au metteur, sauf cette femme qui donnait quelques coups de martinet sur la croupe, dûment pantalonnée, de son partenaire.
Les percus déculottées s'y sont superposées.
Comme un et un font deux (à ce qu'on m'a dit), ces séquences ont tant tournoyé dans ma tête et nourri je ne sais combien délires masturbatoires, glissant progressivement vers des contrées plus exposées, reconstituant de leurs lambeaux rebrodés des patchworks flambants neufs. Comme je ne suis pas dramaturge, juste parfois dramatique, je suis allée au plus simple.
Imaginons une ambiance sorcières de Salem. Un de ces théâtres modernes avec grand et profond plateau, salle gradinée, impression de vertige d'un côté, de mur de l'autre. Au proscenium se passe l'action, et toutes les lumières y convergent. Côté jardin, entrent un bourreau masqué, armé d'un fouet et sa future suppliciée, en robe à capuche de pénitente. Il arrache le vêtement dans le clair-obscur de cette partie de la scène, légèrement en retrait, au bord des coulisses. Il attache solidement la femme à des montants de bois. Je suis cette femme, inconnue du générique. Seuls lui et moi savons que les coups sont portés, et que la rougeur qui envahit mon côté pile, mon côté fesse, mes omoplates, n'est nullement le résultat d'une poursuite écarlate balayant mon dos, qu'il n'y a aucun trucage façon sang de chez Max Factor dans le manche du fouet, aucun jeu dans mon corps qui se tord, dans mes cris étouffés pour ne pas empêcher le dialogue de rester audible. Mes râles, mes larmes, mes rages se contentent de marquer en contrechant les cinglements de plus en plus durs.
Je m'exhibe ainsi et je crie mon masochisme en faux-jeton, devant une foule qui ne sait ni ne saura rien de moi. Qui me prendra pour une figurante partie avant les saluts, une doublure corps sans nom, alors que dans une loge, mon bourreau aux mains soudain légères et soignantes, pommade chaque boursouflure, ne lésine pas sur l'arnica, passe de la glace sur la brûlure.
Et peut-être, parce que mon émotion devient palpable, me fait jouir avec deux doigts. Il n'en faut pas plus.
lundi 16 avril 2007 / Un grain de sel
LA terre se réchauffe, la banquise fond et le morse a retrouvé le téléphone enfoui sous les glaces. Quant aux pensées, XXXB nous confirme qu'elles sont bel et bien un moyen de transport, au même titre que les romans et les tapis volants.
De son côté, Le Canard Enchaîné dresse un portrait du nain haineux en maso (c'est génétique ?) soumis à môman Cécilia. Tableau qui devrait-être démenti par la prochaine livraison de Marianne, dans moins de 48 heures.
À se demander ce qu'est le masochisme, en vrai.
jeudi 12 avril 2007 / 7 grains de sel
AZRAËL est venu à mon secours, en dessin, mais aussi en mots. Ma perle de sang qu'on se partage comme une framboise trop mûre a été la goutte de raisiné qui fait déborder le Graal...
Le sang, on ne le cherche pas, il vient sans prévenir, parfois quasiment sans douleur (encore une fois, je parle de nous, c'est à dire ceux qui ne cherchent ni à faire délibérément éclater la peau, ni n'usent de cutter ou de couteaux et ne considèrent pas l'hémorragie comme une fin). La preuve par Azraël :
Sans forcément l'avoir cherché, il m'est arrivé de fouetter jusqu'au sang notamment en utilisant des verges de genêt. La tige fine est particulièrement mordante (bien que peu douloureuse) et sans appuyer particulièrement les coups, il arrive fréquemment qu'un peu de sang perle. Et je dois avouer qu'y tremper mes lèvres pour venir ensuite prendre la bouche de celle qui vient d'être fouettée procure à l'un comme à l'autre des sensations particulièrement voluptueuses.
J'avoue que si parfois le sang a affleuré, de souterrain est venu prendre l'air à même la chair, si galamment l'homme l'a léché, sucé aspiré, cette action de s'en barbouiller la bouche comme des enfants gloutons dans les ronciers ne m'est jamais arrivée. Mais en regardant les images de ce couple sur fesrouge, en imaginant mes fesses dans le même état que les siennes, j'ai trouvé subitement sensuel qu'on partage ce fluide. Sans plus de dégoût, de mystique ou de chichis que quand on s'embrasse à pleine bouche, boit aux lèvres d'un sexe, avale une giclée de sperme. Ou même quand on se suce le bout du doigt, piqué plus qu'au vif.
Ou pourrait appeler cela se rouler une perle...
Et rire, en regardant nos lèvres maquillées.
Et en cette journée de Sidaction, je précise que lorsque j'ai proposé à l'intermittent du fesstacle ce partage purpurin, je lui ai bien mentionné que je pouvais me faire faire un joli test tout neuf. Parce c'est la moindre des choses et qu'on ne déconne pas avec ça.
vendredi 23 mars 2007 / 3 grains de sel
JE lui ai écrit, en rentrant d'une promenade olfactive
Mon jasmin ne fleurit pas encore, mais un peu de l'odeur sucrée et suave de l'osmanthus commence à envahir terrasses et rues. Et je pense à la canne, réflexe pavlovien.
Il a répondu d'un ton ô combien badin et faussement menaçant
La canne, hummmm. À voir. C'est assez douloureux. Mais tu pourrais faire une expérience intéressante. Faire une virée à moto dans une forêt. Chercher une belle tige de bois vert. Mince et flexible. Et puis, te pencher en avant pour recevoir une correction. Tous les vingt pas, tu devrais t'appuyer à un arbre, relever ta jupe et tendre ta croupe. Recevoir un nombre de coups à déterminer par un jeu. Et ensuite, tu rapporteras la branche chez toi. Tu la planteras ou tu t'en serviras comme d'un tuteur. Comme ça tu pourras la contempler à loisir. Une branche d'arbre au milieu d'autres, personne ne pensera à mal. Sauf toi, bien sûr.
Et puis, le retour de la promenade cannée se fera à moto. Un délice pour des fesses copieusement traitées....
La canne est douloureuse, dit-il. Oui, nous le savons tous deux, longtemps, il ne voulait pas me donner du bambou. C'est pourtant bien le même homme qui, deux jours avant d'évoquer les souffrances cannées, m'envoyait ici, comme en présage, voir ces cent six photos-là, cent coups de badine cisaillant la chair d'une belle et saisis par l'objectif de son d'homme (chênes a raison, on va parler de d'homme)les uns après les autres. J'ai regardé ces photos, troublantes dans leur décomposition méthodique, un "work in progress" mille fois plus excitant que ces photos "finales" qu'on connaît trop bien sans pour autant qu'elles laissent indifférent, loin de là. J'ai senti les coups, chacun, j'ai imaginé le tic-tac du temps pendant le clic-clac, l'attente tandis que la brûlure faisait son chemin, entendu l'appareil qu'on pose et le sifflement du rotin.
Il m'avait particulièrement parlé de la dernière, celle où perle le sang.
Je ne suis pas pour les jeux de sang, lui non plus, même s'il s'agissait de s'arrêter au first blood comme dans les duels. Aucun de mes partenaires ne l'a été, même si parfois, presque par hasard, sans qu'il y ait eu violence particulière, le sang soit apparu, incongru sur une hanche ou gouttant d'un téton. Comme beaucoup de femmes, j'ai un rapport assez décontracté avec le sang, je n'en ai pas peur, même si je ne le recherche pas. Alors, j'ai imaginé ces gouttes de sang qui, au bout du bout de la correction, à l'ultime coup, à l’antépénultième pourquoi pas, les deux derniers n'en étant que plus cruels, affleureraient en effet sur une chair trop meurtrie, rendue fragilissime par tant d'attentions.
Et sa langue, ses lèvres, viendraient lécher ce sang, s'en maquiller et m'embrasser d'une bouche rubis et brillante, pour qu'à mon tour, je le goûte sur ses lèvres.
mercredi 21 mars 2007 / 3 grains de sel
Comment tout a commencé ?
Comme ça.
Plus ou moins.
Mais pourquoi ?
Pourquoi un dom plutôt qu'un homme tout court ?
Un dom pour ce frisson quelque part derrière le nombril qui creuse le ventre, pour une voix à laquelle on ne saurait dire non, pour un nez auquel on ne saurait rire, sauf pour la provocation, sauf parce qu'on est deux et que ce n'est pas sérieux. Sauf quand ça le devient.
Un dom comme une poigne, pour maltraiter un corps incapable de sentir la caresse sans cela. Pour l'enflammer avec esprit, imagination et désir. Un dom qui bande quand il tape dur. Un type qui éjacule quand il câline aussi.
Un dom qui frappe et ordonne avec autant de naturel que je me ploie et reçois. Parce que c'est ainsi depuis toujours, inscrit dans les cellules, gravé dans l'ADN, légué par les gènes. Pas pour chercher le piment qui manque dans une relation fade, pas pour être sûr de se faire piper façon gorge profonde, pas pour la mode, pas pour le plaisir de traverser en dehors des clous, pas pour chasser l'ennui, la banalité et la routine. Pour soi, pour l'autre, pour le jouir, pour le jour et la nuit.
Un dom pour la surprise de se faire renverser sans préavis sur le dos d'un canapé, ou sur une cuisse solide, ou sur le buvard d'un bureau. Un dom est un bourreau qui assume et contrôle, pas une brute bourrée, quelqu'un qui sait jouer des sens, qui en a bien plus que cinq sûrement, qui jongle avec les miens et les siens et qui charme la peau comme d'autres les serpents.
Un dom, ce n'est pas qu'un bras armé dans une chemise de soie, c'est un cerveau qui connaît les mots par coeur comme les maux, qui organise les coups de théâtre, qui a fait de l'injustice le joker de ses parties de fouet en l'air, et qui contrairement au poker, même s'il tient les cartes, ne bluffe jamais.
Un dom, c'est quelqu'un qui pour s'endormir compte toutes les nuances de rouge qu'on trouve au monde et se donne du plaisir à les peindre sur chair.
Une femme qui cherche un dom plutôt qu'un homme tout court, c'est un être de palpitations qui a envie qu'on lui extorque les sentiments et la douleur pour mieux les offrir et les dédier. Mais ce dom-là, faut pas qu'il s'imagine qu'elle lui sera servie toute liée toute rôtie. Il lui faudra savoir frapper les silex pour mettre le feu, embrocher la donzelle, tourner la broche, lui cuire le cuir avant qu'elle n'accepte son joug.
Une femme qui cherche un dom, c'est aussi parfois un roseau un peu bêta qui pense trouver son chêne alpha, ou aleph, ou ce qu'on voudra.
samedi 17 mars 2007 / 4 grains de sel
On peut en ce moment aller se promener dans les jardins du Palais-Royal, galerie de Valois, à l'abri de la pluie, histoire de voir si ce modèle qui fait déjà vaciller les seuls yeux, de Pierre Hardy, serait en solde. Ou alors, cet autre-là, comme ces plates-formes shoes de drag-queen que je jurerais recyclées dans une boîte en chocolat noir et or, ou dans le papier-cadeau à rayures qu'affectionnait ma mère. Et puis non, ici comme ailleurs, les modèles soldés sont principalement ceux dont on n'a pas envie.
Ce doit être le principe des soldes. On ne trouve que ce qu'on ne cherche pas. Au début de la semaine, une toute jeune soumise m'a abordée. Bonne petite soldate, elle a tenté de me recruter pour son maître (voir épisodes précédents, après qu'il l'a prise par tous les trous et posé son premier anneau, mémètre envoie sa cruche michetonner de la chair fraîche - en matière de nouveauté, pourtant, il y a perdrix plus jeunes que moi...). Comment pouvait-elle une seule seconde penser, m'ayant lue disait-elle, que son proprio (beau comme un dieu, elle a dit) serait capable avec ses miettes de masteritude, et son aide de switch occasionnelle, de me satisfaire ? Je possède l'insatiabilité des boulimiques. (J'exagère. Il m'est arrivé d'être rassasiée. Une fois. Ou deux. Peut-être trois). Comme j'aimerais avoir un appétit d'oiseau, la vie serait plus facile. Les soldes aussi.
Ça brade de tous côtés, les maîtres de seconde main, les soumises invendues. Tout doit disparaître. Y a un preneur ? Je reçois très bien et à domicile.
Justement, je n'ai pas envie de disparaître, mais d'apparaître. Et pour me faire apparaître, il faut révéler mon corps à coups et à cris, à cire et à cru, stimuler mon esprit de désirs extérieurs. Telle quelle, je suis une ombre, un creux, un vase vide, un simulacre. Quand des mains parcourent ma peau, pour la malaxer ou en prendre la mesure, cambrer mon pied, encercler mes hanches, explorer mes creux du doigt ou de la langue, poser un joug sur ma nuque, cingler mes contours, ma silhouette prend forme, le trait qui la dessine s'accentue, et je commence à retrouver une existence. Sartre disait qu'il fallait, pour s'en convaincre, se mordre tendrement l'épaule. J'ai besoin de plus de morsures que cela.
Et sous la cuisson, l'essence apparaît, comme le génie de la lampe, comme une flammèche vive.
Alors, jeune fille, tu vois, ton petit bout de maître à mi-temps, quel plaisir peut-il me donner ?
Je me demande même si un seul homme peut me suffire ? Je commence à m'épanouir quand ils sont deux à me faire mon affaire. Simultanément. (Il ne s'agit pas d'avoir Mister A et Monsieur B en alternance, le dimanche restant le jour sans saigneur, mais avec arnica, manucure et soins des pieds.)
Trop n'est encore pas assez, je n'ai aucune mesure, je ne veux pas en avoir. Je préfère rien à peu. Ce n'est sûrement pas qu'une question de sexualité. Mais en ces lieux, ce le sera. J'aborde l'autre comme une béance, une immense demande à satisfaire, à combler (au sens du puits ou de la tombe). Dans ce gouffre, il y a comme des chauves-souris de mauvais augure, des questions sans réponses possibles, des points d'interrogation que je voudrais d'exclamation, des douleurs mal raccommodées, des mémoires sans souvenirs, des hontes pas encore bues, des moutons noirs innombrables. On n'est pas masochiste pour rien...
Le seul moyen de faire taire ce tchoutchou infernal, ces bruits des temps modernes, ces stridences perce-tympans, c'est de m'assourdir de ces claques de caisse claire qui rebondissent de la chair aux murs, ces fouets qui sifflent et s'abattent, ces battoirs qui renvoient la douleur au plus profond.
Et je me tais enfin, une queue dans ma bouche pour que je sois seule à m'entendre crier tandis que dans mon dos, les lanières dansent le jazz, la java, le hip-hop et la polka piquée.
samedi 20 janvier 2007 / 5 grains de sel
Soucieuse de l'état de la planète (même si sa fin est prévue pour 2012, d'après les derniers ragots, mais il paraît aussi que ce ne sont que des menteries, ce ne sera pas la fin du monde mais la fin d'un monde...), je continue de chercher comme réduire son empreinte écolo tout en jouissant des plaisirs bdsm.
Avec cent coups de brosse avant de dormir, par exemple. L'excellent précepte que voilà !
La brosse à cheveux, en bois, est un paddle des plus sournois. En effet, derrière ses allures futiles et légères, salon de beauté, mon beau miroir dis-moi et je ris de me voir si belle, la brosse, particulièrement si elle est de taille modeste, cache bien son jeu. Tandis qu'on maniera un battoir (de lingère, pièce authentique et lourde) ou un paddle (il y a même des vendeurs de paddle qui ont un modèle "hairbrush", de forme ovale et de dimensions réduites, et avec laquelle on serait bien en peine de se coiffer) avec les précautions d'usage, la dégelée à la brosse à cheveux n'aura pas ces égards. J'en ai d'ailleurs jeté une de rage un jour, surlendemain d'une nuit mémorable où j'avais crié, pleuré, supplié en vain. Pendant 48 heures, m'asseoir était à peine supportable.
À y repenser, c'était plutôt comblant.
Et puis, à l'image des ceintures, des cuillers en bois et autres objets janus, la brosse à cheveux semble anodine. Elle a sa place sur une table de chevet. Personne ne se froissera de la trouver entre les draps, au matin. On peut même prendre l'avion avec sans rameuter les brigades anti-terroristes. Et les marques qu'elle laisse sont harmonieuses et régulières. Que du bonheur.
lundi 8 janvier 2007 / 4 grains de sel
Fini les précieux paddles en bois de teck, les queues de vibro en vison, les dildos en ébène. C'est l'an neuf, Nicolas Hulot et son prophète et l'heure est au BRSM (Bonnes Résolutions Sado Maso).
Nous n'irons plus au bois, mais chez le rechappeur, récupérer un pneu, neige ou pas, de bus ou de vespa, un peu d'acier souple rétrocédé par un plombier polonais, une poignée de casserole à qui un agneau aura été fatal, et le tour est joué.
Et puis, moi qui aime tant lire sur ma peau les marques de ton affection tandis que ma chair se refuse, sauf quelques perles suite à une pluie ce cat'o'nine, à garder plus de quelques heures les traces de ton passage (même quand la "grosse" se fait treize à la douzaine, plus treize pour une amie, plus ta commission sur celle de Monsieur T***) et de nos plaisirs, je pense que là, sans être obligé de manier le manche comme une brute, je devrais pouvoir sentir sous mes doigts les reliefs de tes assauts.
La preuve.
mardi 2 janvier 2007 / 5 grains de sel
Je termine l'année avec entre mes lèvres (non, pas celles-ci) une envie dingue. Juste comme ça. Une envie énorme, excessive, énervée. Un vide à combler. Une envie duende. Comme si le cerveau n'avait pas son mot à dire. Pourtant, il en a sous la semelle, l'inconscient, si j'en crois ces rêves dont je ne me souviens pas, mais peuplés d'hommes connus (Dominamant, M*** avec qui j'ai longuement parlé hier) et inconnus. Etais-je une guitare et ses cordes à la fois, attendant d'être pincée et frappée, des menottes en guise de capodastre ?
L'excitation m'a prise avant que tu ne me dises, hier soir, ces mots à maux que j'aime entendre, que tu ne délivres, pudeur ou stress, que trop rarement. Pendant que l'agneau, ou du moins son épaule, mijoterait (trois heures, selon ta recette), j'allais, ou plutôt mes fesses, cuire aussi. Sans oublier, au mitan de la nuit et du passage dans l'année électorale, notre traditionnelle "grosse" (douze douzaines, et non pas une amie enrobée venue tenir la chandelle) de happy slappy new sexy year.
Plus d'une fois, j'aurais voulu me branler, décharger cette tension qui grandissait et grandit encore, fourrer le premier jouet venu dans ma chatte, jouir et jouir encore, comme une mécanique emballée. Pas même besoin de broder une historiette, clitoris + vibro = orgasme. Simple comme 1 et 1 font 2. Et je me rendormais en franchissant un cercle supplémentaire dans des rêves salés soufrés sucrés. Aucun ne m'a conduite au plaisir. Morphée n'a pas été généreux.
L'excitation mûrit de plus en plus, se nourrissant d'elle-même, et à quelques heures de ta venue, comme une vierge folle, je ne me touche pas, j'attends tes mains, ta bouche, ta queue, je laisse cette chaleur agaçante monter dans mes reins, mes seins. Je trépigne intérieurement, je suis en amadou, déjà amadouée, presque animale. Je pourrais t'ouvrir, me mettre à quatre pattes, te tendre le cul comme une chatte qui n'en peut plus, pour que là, dans le couloir, tu m'embroches et me cingles.
Que l'agneau se débrouille, qu'il attende sur le carreau, et que tu me balances, me badines, me barattes.
Ensuite, ensuite seulement, on pourra commencer la fête.
Et demain, demain seulement, je te lirai le dernier Jacques Serguine.
dimanche 31 décembre 2006 / 2 grains de sel
Une mèche de cheveux. Quelque chose de vieux. Une photo de mes yeux. Des aiguilles à en revendre. La voodoo valse est lancée.
En ce moment, mes nuits, les plus longues de l'année qui plus est, sont hantées de cauchemars. Quand P*** est là, ça le réveille, il me demande si c'est un cauchemar et, il ne s'en souviendra plus au matin tant son sommeil est profond, paisible et parfait, me demande
- "Tu veux qu'on en parle ?"
Mais je n'en ai aucun souvenir, juste le souffle court, le coeur en capilotade, des araignées au plafond.
Tandis qu'il m'entoure en se rendormant, j'essaie de me réaccorder sur son souffle et de penser à d'autres manipulations que celles de mon inconscient.
Quelque part, il y a une méchante poupée ornée d'un peu de mes cheveux, qui a mes yeux et un petit morceau d'un vêtement que j'ai porté. Je ne sais bien sûr rien de cela. Mais je sursaute et je crie, porte la main à mon tétin, prête à sucer les gouttes de sang sur mon doigt rapportées. Il n'y en a pas, pourtant, je sens la percure.
Pas le temps de réfléchir, c'est ma cuisse qui danse façon Saint Guy, mais sous le doigt qui suit la douleur, pas de boursouflure.
Ca continue, et tout y passe, je m'appelle Suzette, et Babette aussi, retournée, fouettée, liée. Comme quand on est deux et qu'on s'en donne à corps joie. Sauf que je suis en solo. Et que ce n'est pas la fête.
SM et vaudou, décidément, ce n'est pas ça. Ou alors, encore un autre cauchemar.
mercredi 13 décembre 2006 / 2 grains de sel
Secoue-moi comme un arbre, arrache-moi comme une herbe, ploie-moi comme une baguette, fais moi trembler comme une feuille.
Sois ma tempête, s'il te plaît !
Assouplis-moi comme un lacet, écartèle-moi comme un compas, ouvre-moi comme un sésame, creuse-moi comme un volcan.
Sois ma lave, s'il te plaît !
Tourne mes pages une par une, effeuille-moi comme éphéméride, dépoussière-moi comme un palimpseste, déroule-moi comme un manuscrit.
Sois le lecteur de mon corps, s'il te plaît !
Démembre-moi comme une peluche, ébrèche-moi comme une porcelaine, souffle-moi comme du verre, piétine-moi comme un pot de terre.
Sois un sale gosse, s'il te plaît !
Tords-moi le cou, prends mon pied, attache mes cheveux, enchaîne mes pensées, mords mon oeil.
Sois un Gepetto tordu, s'il te plaît !
Murmure-moi tes désirs, écris-moi tes secrets, anagramme-moi tes réticences, télégraphie-moi tes obscénités.
Sois ma Shéhérazade, s'il te plaît !
Non, je n'ai rien dit, chuuuut, je l'ai peut-être pensé très fort.
Exige, dirige, induis, imagine, mastère, colère, condamne, châtie, conduis, nourris...
Emmène-moi au bout de tes forces.
Épuise-moi.
mardi 28 novembre 2006 / 3 grains de sel
Une fois de plus, c'est une immense joie de voir que le fantasme et le passage à l'acte coïncident.
À peu de choses près.
Pour avoir rapidement glissé les yeux sous un bout de la cagoule du zentaï, sans l'étirer comme l'a fait mon visage, je pensais qu'on n'y voyait goutte. Pas du tout. On y voit comme ces cambrioleurs avec un collant 60 deniers sur le nez. Mais rien n'interdit de fermer les yeux. Et je me suis prise à rêver tout haut, relayée par un P. questionneur, à m'en aller fréquenter des endroits achanlandés et fetish ainsi vêtue, sûre de tout voir sans jamais être reconnue. Le carnaval de Venise sans Venise et sans carnaval, mais avec des verges et des cravaches.
Je n'ai pas de foulard rouge, mais un bandeau de cette couleur ferait une jolie décoration... et je ne serais pas tentée de voir les autres me regarder. Donc je serais invisible.
Malgré notre intimité, je me sentais (autosuggestion ?) différente, plus libre de mes gestes, de mes soupirs. Plus espiègle, plus à fleur de peau. Je m'amusais de ton envie de ma bouche, je te mordillais la langue comme je pouvais. Je me donnais en me refusant, j'étais innocente de ce refus, ce n'était que ma parure.
Tandis que je te sevrais de mes lèvres, je t'overdosais de mes doigts gantés, cherchant la caresse plus profond, remplaçant la proximité de chair par la multiplication du geste.
Comme je l'imaginais, tu as mis plus de vigueur dans tes coups. Ta paume rebondissait avec assiduité. Tu semblais relire ma géographie. J'étais une autre histoire, en tous cas, plus cette femme de peau et de nerfs mais un masque un peu abstrait. La preuve ? Avec un zentaï, l'éjaculation faciale (si les stats montent, on saura pourquoi) n'existe pas.
Hier soir, tu as pointé un trio de bleus parfaitement ronds sur mon sein droit.
C'est le zentaï, ça ?
vendredi 10 novembre 2006 / 3 grains de sel
Après, alors que j'avais envie de connaître tes sensations, que j'étais friande de tes émotions, tu m'as dit
C'est comme de chercher quelque chose dans le noir alors que la lumière est allumée.
Il y a de ça. J'aime bien ton image.
Tu m'as soigneusement cherchée, je n'étais pas vraiment cachée, d'ailleurs, je t'ai trouvé.
(À suivre)
mardi 7 novembre 2006 / Un grain de sel
Le temps fraîchit et mon zentaï, après des péripéties retardatoires frustrantes, est enfin arrivé. Va-t-il me tenir chaud en attendant que je brûle décidément trop ? Cette mince frontière de tissu va-t-elle faire de moi une autre un peu différente, une Masodora, une ratte d'hôtel prise au rets ? Pourrais-je me laisser mieux aller sous ce masque intégral ?
Je ne verrai rien, sauf la lumière. Je sentirai tout, l'amplification du nylon. Je serai moi, évidemment, plus loin, plus proche. Je serai là et ailleurs, en moi, pour toi.
J'aime cette idée de tour d'ivoire en spandex noir.
Tandis que je parcours de la pulpe des doigts le lycra soyeux et crissant, réfrénant mon impatience, j'attends que tu sois là pour l'inaugurer, pour que ce soit quelque chose à nous, à deux, je me demande comment tu vas appréhender mon corps ainsi moulé, dissimulé autant que provocateur, appelant tes mains, interdisant tes doigts (les onze, oui), acceptant tes dents, refusant ta langue.
Tu ne verras ni mes pupilles ni ma peau. Tu ne sauras quel feu m'étreint, ou quel froid me saisit. Te serais-je alors vaguement étrangère ? Comment et combien seront tes coups quand leurs marques ne seront plus là pour te servir d'indicateurs ? Vas-tu le lâcher, soudain désinhibé par mon allure de jouet lisse ? Auras-tu au contraire des attentions de lady face à de la bone china ?
J'aimerais entendre tes désorientations.
J'ai hâte de cette surprise, quand tu me feras sortir de ma gangue, et que tu savoureras le spectacle abstrait de notre combat à l'aveugle, de ce trouble jeu. Avant d'incliner la psyché pour que j'en profite.
dimanche 5 novembre 2006 / Rien à dire ?
J'adore Marianne James, depuis Ulrika, et même avant, du temps du théâtre
de rue. Les People, premier single de l'album éponyme qui passe
en boucle à la
radio, au clip follement wahrolien, plein d'entrain file la pêche.
Il faut descendre six titres plus bas, avec Corps et âme, la plus longue
chanson de l'album, pour voir qu'on peut vivre, par amour, une histoire sm
qui n'a rien de bdsm. Et qu'être
traitée comme une chienne, ce n'est jamais plaisant. Quoiqu'en disent
et pensent les aboyeuses.
Quelques paroles, hors contexte, mais dans le CD, il y a le livret.
Il me traitait moins bien qu'un chien,
Mais je m'en foutais.
Plus d'une fois il m'a fait
Mordre la poussière
Une nuit il m'a jetée dehors
Il a brisé mes liens
Et j'ai gardé sur la gorge
La marque du collier
Elle est peut-être quelque part par là, la différence entre le bdsm et le sm...
jeudi 5 octobre 2006 / 4 grains de sel
Demain, à la première heure, acheter le nouveau CD d'Elli Medeiros. Parce que c'est elle, qu'on se souvienne, Toi, toi mon toit si sexy, tout simplement. Et aussi, pour Soulève-moi, le premier titre et extrait, tube de la soumise masochiste revendiquée.
Elle chante ça (déjà, je ne pouvais que souscrire, je me tue à le
leur dire depuis que j'ai compris où était mon toit et comment
devait être mon toi)
Je veux tout de toi, les caresses et les claques
Et aussi
Je suis fière de toi, comme une pute de son mac
Je suis à genoux, viens, amour, attaque
Tes larmes et ta sueur sont l'encens et le miel
Crache-moi dessus, mon coeur, et je monterai au ciel
Et le refrain donne
Cogne-moi, les mots que tu me dis me cognent bas,
tout le monde aux abris
Tu dis mon amour et c'est un coup de poing
ca me coupe le souffl' ah
Soulève-moi
C'est sensuel, c'est trippal, c'est trippant, elle a une voix et des orchestrations qui méritent le détour, elle est si droite et si ondoyante à la fois.
On peut voir le clip ici ou là. (Et pendant quelques jours, lire son portrait de ce matin sur le site de Libération.)
Merci Elli, vous êtes une princesse.
mercredi 20 septembre 2006 / 4 grains de sel
Prends ton temps. Le mien t'appartient déjà. Suspends-le, étire-le,
dilate-le. Fais-lui ce que tu aimes me faire. Installons-nous dans la durée.
Mieux, abolis-le, tue-le, oublie-le, ce temps qui mange notre plaisir.
Il y a tant de mètres de chanvre qui t'attendent, et des bougies tendres à longues
mèches.
Mes jambes disparaissent, mes bras aussi, tout comme ma bouche et mes yeux. L'entourage a pris le dessus, je suis dessous, comme une bobèche. Il ne reste visible de moi que les parties les plus redondantes, quatre balles de chair qui bondissent sous le corset des cordes.
Je suis comme dans un cocon prison. C'est réconfortant de ne pouvoir marcher, parler, voir, toucher. Je suis vulnérable et insouciante. Ce qui était le but.
Comme une cible au centre de la pièce, voguant en toupie au gré des
mouvements de la corde qui me tient en équilibre, je reçois pareillement
désarmée caresses ou claques.
Commence doucement s'il te plaît, échauffe-moi progressivement,
surprends-moi d'une mèche sèche, imagine ma peau comme un nuancier
dont il faut respecter les degrés, ma chair comme une pâte qui
faut travailler en profondeur. Mesure au fur, à la brûlure extérieure
sous ta paume, l'endolorissement des muscles.
Je t'en supplie, aide-moi à dépasser l'agacement des premiers coups, emporte-moi dans ton rêve de dom et laisse-toi enlever par les sensations paradoxales, fais-toi du bien en me faisant du mal, fais-moi bien mal, fais-moi ce mal qui fait du bien, qui nous fait du bien, allons vers un épuisement mutuel, un étourdissement commun, jusqu'à ce qu'enfin apaisés, nos corps collés par des liqueurs d'humeur, nos oreilles résonnent encore longtemps de gémissement et de sifflements.
Mais pour le moment, il faut oublier montre et fatigue, et m'enserrer dans
cette grosse ficelle pas encore assez douce. J'en ai déjà le
tournis.
Emballe-toi.
Embobine-moi.
Emballe-moi.
vendredi 1 septembre 2006 / 2 grains de sel
Une heure après qu'il est parti, elle prenait des notes. Elle a finalement écrit un livre qu'elle a conseillé à ses parents de ne pas lire. Il, c'est A-Man, un homme un vrai, ça veut dire. Il téléphonait une heure avant d'arriver. Elle achevait sa toilette intensive, préparait la pommade. Ils allaient dans la chambre, pièce du rituel. Elle offrait son cul. Il s'en allait. Une heure après, elle écrivait. «Ma reddition», dit-elle.
Ainsi commence le portrait de Toni Bentley, dans la série "Bêtes de sexe" de cette semaine, en dernière page de Libé. (Que l'on peut lire en ligne pendant encore une semaine)
Je repense, en lisant cette page, à H., qui ne m'a jamais baisée. J'avais refusé son gode, même muni d'un préservatif, il croyait que ma réluctance venait d'un souci viral, alors que je n'aurais su le laisser faire ma connaissance avec un morceau de plastique plutôt qu'un membre de chair, un beau sexe qui avait l'élégance d'être circoncis et d'un joli rose poudre.
Alors, H. militait pour l'enculade, apparemment, si mon vagin ne convenait pas à recevoir ses péniennes pénétrances (parce que les doigts, il ne s'en privait pas, musant en moi comme dans un pot de confiture), mon cul (de soumise) pouvait faire l'affaire.
Comme je n'aime pas les affaires, les petits trafics, j'ai prétexté quelque vieille blessure (authentique) et total trauma (exagéré à frôler le mensonge) pour lui refuser cette porte de sortie. Je ne sais pas pourquoi j'ai mis tant d'ardeur à défendre ainsi ce lieu sans fond qui n'avait rien d'un bastion, et depuis longtemps. Je n'ai jamais eu de forteresse entre les fesses. Un sale petit comportement à la donnant-donnant, ou plutôt pas pris-pas pris.
Le jour (c'est à dire deux ou trois jours après ce soir-là) où il m'a signifié qu'il n'avait plus envie de moi, je me suis fait enculer deux fois. Par deux hommes différents (pas simultanément, faut pas pousser la double pén' dans les orties). Ce n'est sans doute ni intelligent ni intéressant, mais ça s'est passé ainsi. Ces coups de queues étaient ma minable vengeance. Quelque chose d'un peu nul et d'assez plaisant, un peu à la manière de ces paysans français pendant la guerre qui, dit-on, vidaient leurs bouteilles, accompagnant la dernière lampée de chaque d'un "encore une que les boches n'auront pas !"
Ensuite, j'ai entrepris de retrouver cette féminité dont j'ai enfin compris qu'il avait, avec mon consentement... que n'aurais-je fait pour avoir son fouet, amputée.
mardi 22 août 2006 / 2 grains de sel
Toujours la poupée. Encore l'appartenance. Le corps morcelé qui
pointe à nouveau le bout de son nez. Ma règle de trois (et plus
si affinités).
Cassée en quatre pour mieux, après, me retrouver. La douleur
comme un ciment réunificateur. A chacun sa partie, peu m'importe. Il
y a un fil rouge. Ou bleu.
(Ma peur de masochiste, c'est d'en découvrir les clés. Il y a des mois, je lisais un texte court d'une jeune femme soumise. Lapsus occulaire. J'ai lu "j'expiais". Elle disait "j'expirais". Je lisais il y a quelques jours un récit d'une autre femme soumise. Elle disait bel et bien "j'expiais", expliquant comment elle se servait de la main d'un homme qu'elle n'aimait pas pour la délivrer des indélicatesses - ai-je entendu péché ? - de sa vie quotidienne. Je n'aimerais pas être dans la culpabilité. Mais je veux bien admettre l'angoisse.)
Il y a donc des morceaux de moi qui sont à disposition. Je suis l'alouette, bec cloué, presque plumée, en attente des coups de bâton. Ne me ménagez pas, mangez-moi, quel manège. Je n'ai plus besoin d'être attachée. (C'est trop facile d'être attachée, c'est confortable, on a tout loisir de se regarder subir. Mais c'est si délicieux.) Je suis détachée, dans tous les sens du terme. Détachée de moi surtout. C'est l'usage qu'on fera de moi qui me réunifira, qui rendra un ce corps aux quatre coins.
Dans la boîte d'un magicien, sans trucage, sans épée. Quatre séquences. Pour ne faire qu'une, sans illusion.
samedi 12 août 2006 / 10 grains de sel
Défi. Il est déconseillé de bouger. Même par réflexe.
C'est le jeu du chapeau (celui repose entre les omoplates d'une fouettée à quatre
pattes et qu'il ne convient pas de laisser choir) poussé à l'extrême.
Pas question de frémir, même d'un soupir. Recevoir sans gémir.
Avec le stoïcisme plastique d'une poupée gonflable.
Mais surtout pas gonflée.
Orifices ou or aux fesses, motte ou mains, jeux de vilain ou caresses de coquin,
la chair doit faire croire qu'elle est de marbre.
Rebondir, éventuellement, sous des coups de reins ou de raquette.
Un tarif des pénalités est déjà prévu, ce
qui semble inaugurer un mouvement perpétuel du bdsm. Tu me frappes. Si
je bouge, tu me fouettes plus fort encore d'un éclair de singletail qui
raille la peau. Si je geins, tu pinces en crabe ce bouton trop sensible. Si je
jappe, tu me frappes.
Da capo.
S'émouvoir, jouir, pleurer mais sans manifestations. Intérioriser.
Emprisonner les lamentos, les trémolos. Devenir un corps aux terminaisons
nerveuses niées. Un paradigme de passivité.
On dirait que je dors.
lundi 7 août 2006 / 4 grains de sel
Etre une proie. Pour avoir suscité une ire contagieuse, non plus seulement
de mon dominamant mais aussi de toute la fratrie, parentèle, invités.
M'enfuir dans un parc, assez grand pour courir loin, suffisamment clôt
pour ne pouvoir s'échapper.
Me cacher, entendre les branches qui craquent, me fondre avec le paysage, m'aplatir
dans une théorie de fossé, me rouler dans un fourré, me
coller à un tronc. Retenir ma respiration.
(J'ai toujours regretté de ne pas avoir de grands frères, trois ou quatre pas moins. Pour qu'ils me tourmentent.)
Les bruits la nuit. Ces petits riens amplifiés par l'obscurité et
la peur. Le vent, les effraies, les feuilles. Une écorce sèche,
un roncier agressif.
Alentours, une battue.
Lasse, je fais comme les enfants, les autruches et les chats. Je cache mon
visage, pensant faire disparaître tout le corps, devenir invisible.
Se faire avoir, bien sûr, toujours.
Bientôt, la battue, ce sera moi, trophée de celui qui m'aura trouvée.
Qui pourra ou non me partager.
jeudi 3 août 2006 / 4 grains de sel
Prêtée, pour deux heures ou deux jours.
Offerte mais pas lâchée, sûrement épiée.
Ce que je ne sais pas, pas encore, c'est ce tout ce qu'il me fait sera reproduit à l'identique
par tes soins.
Maniaque jusqu'au nombre de doigts enfilés, jusqu'à placer ta canne
dans les traces de la sienne. Pour la beauté de la répétition,
tu déroges à tes habitudes. Mais là, c'est toi, bien toi,
même si les gestes étaient ceux d'un autre.
Pour l'assurance de la parfaite mise en mime, tu m'interroges. Malheur si je
me trompe.
Transformée en cadeau, mais pas sans cerveau. Je serai réifiée
un autre jour. Vivement.
En attendant...
...Prêtée, tourmentée, bissée.
Applaudie.
Des deux mains.
mardi 1 août 2006 / Un grain de sel
Jouer à la châtelaine. Celle qu'on malmène. Qui troque le
brocard pour la bure. Qu'on traite à la dure.
Perdue aux dés, aux cartes, sur un pari stupide ?
Même dégradée, ne jamais oublier de rester altière
et fière. Droite comm un I sous la voûte et les coups. Un peu hautaine
même, qui sait.
jeudi 27 juillet 2006 / 8 grains de sel
Amuse-toi avec mon sexe comme si c'était un jouet.
Sois le sale gosse qui essaie de casser la poupée de sa soeur, ce petit-frère
qui lui tire les cheveux avant de les couper, qui la gifle, la démembre,
l'écartèle, l'ouvre, l'éclate, la remplit de ce qui lui
passe par la main, la remplit par sa main, tiens.
Poupée de cire qui coule comme un fruit chaud, poupée de son qui
n'en moufte plus un seul, poupée de chiffon qui se fiche de tout le reste,
poupée de bois qui n'est pas de marbre.
Ma chatte puppet au grand sourire Cheshire.
mardi 25 juillet 2006 / Un grain de sel
Pleurer de rage encore plus que de douleur. Me faire dominer comme on dompte.
Arriver à te détester au moins une fois. très fort. T'obliger à dépasser
mes artifices, mes armes et mes charmes. Jusqu'aux larmes.
Pleurer de bonheur plus que de souffrance.
T'aimer encore plus pour cela.
vendredi 21 juillet 2006 / 4 grains de sel
Sur le bout de langue, et celui de la hanche aussi, j'ai envie de revenir sur ce qui a été dit et échangé ici ces jours derniers. L'appartenance, éternel sujet, fatalement enrobée par mon essème à moi que j'aime et qui n'est pas pour autant un paradigme.
Il était question d'appartenir corzéamme. Si le cliché m'ennuie, parce que je préfère qu'on invente des images, comme des jeux aussi, j'ai évidemment cette envie d'appartenance. Offrir son corps pour qu'on le martyrise, pour qu'on y fasse naître cette douleur mystique ou mythique, c'est un don. Ou alors, c'est que l'on considère l'homme comme un bras armé (variante bdsm du gode à pattes). J'ai envie de faire cadeau de cette douleur à celui qui saura l'extorquer. Je n'ai donc pas envie qu'on me fasse mal, mais que tu me fasses mal, et que tu le fasses bien, avec soin, sensualité, méticulosité, munificence. Et cela ne peut se faire que si je me donne (ou me prête).
Je veux pouvoir te confier mon corps, ma peau, mes sens, pour que tu les prives ou les stimules. Je veux être ton parc d'attraction, ton orchestre, ta page blanche, une extension de toi. Un temps. Suspendu. Dont tu es le maestro et le métronome.
Je sais bien que je n'appartiendrai jamais à personne, et qu'aucun homme (sauf en rêve) ne saurait être propriétaire d'un autre être, mais j'ai envie tout de même que tu (je dis tu comme on dit on, ce pourrait être générique, tu étant celui qui à qui j'ai confié le gouvernail d'un moi vaisseau ou barcasse, tu c'est celui qui a le droit et la dextre, tu c'est celui qui m'accompagne et que j'escorte en ce moment, depuis un moment...) écrives notre histoire cinglée à même ma chair, avec la tienne. Je n'ai pas envie de l'alliance des épouses pas plus que du fer rouge des esclaves. Je peux (veux ?) vivre et jouir sans. Pourtant, j'aime l'idée d'un signe, un rappel, des traces de dents sur le bras ou une chaîne à la cheville. Je ne suis pas à un paradoxe près.
Appartenir, c'est arriver à faire suffisamment confiance à l'autre
pour lui donner les clés. (Sachant qu'il n'y a pas de clés, juste
une façon de faire et d'être pour que j'éclose, que je
m'ouvre, sans restrictions.) Une heure ou un an. Un mois ou une vie. On ne
saura si c'était une heure ou une vie qu'au bout de l'une ou l'autre évidemment.
Une heure peut-être longue comme une vie parfois. C'est pour cela que
j'aime offrir et m'entourer de sabliers, de clepsydres, de machines étranges à compter
le temps.
Appartenir, c'est tout donner, ses larmes et sa jouissance, sa bouche et sa
vérité. C'est s'oublier, se perdre, se diluer, fusionner et se
retrouver, intacte et lacérée.
Appartenir, c'est un savant déséquilibre entre soi et moi, entre
aime et lui, entre peur et confiance.
lundi 17 juillet 2006 / 3 grains de sel
Dans Libération de ce jour, deux articles consacrés à l'ours, que l'on peut trouver en ligne, et un petit troisième, réservé à l'édition papier, "Chassez l'ours, il revient en peluche" qui explique comment l'animal, de symbole on ne peut plus mâle est devenu un ersatz de maman.
Les premières phrases d'icelui n'auront pas échappé aux zélateurs du bdsm puisqu'elle cite largement ce bon vieux SM premier du nom, qui semble-t-il quand il s'agissait de fourrure, ne parlait pas que de Vénus. Le reste est à découvrir, sous la signature de Corinne Bensimon qui raconte en peu de place des tas de choses intéressantes, notamment sur l'origine de l'expression "ours mal léché".
Léopold de Sacher-Masoch s'en délecte, dans les Contes galiciens : la chasse à l'ours, au corps à corps. La bête, défiée, se dresse, pattes écartées, l'homme plonge sur l'animal, couteau pointé vers le cœur, l'ours le plaque contre son torse en une étreine qui enfonce la lame dans l'épaisse fourrure. L'homme a le dos lacéré, il est en sang et victorieux... Sous la plume du fondateur du masochisme, le récit est le prétexte d'une "érotisation de la souffrance", relève le psychologue et éthologue Boris Cyrulnik.
Moi, je dors avec nounours dans mes bras (chanson idiote de dans le temps)... Et l'image de Léopold m'ouvre des portes aux contours obscurs mais aux pénombres voluptueuses.
samedi 15 juillet 2006 / 6 grains de sel
Je ne sais plus très bien ce qu'il s'était passé. Les causes sont floues. J'avais été méprisante, exaspérante, arrogante, empoisonnante, insultante, blessante. Je m'étais emmurée de mauvaise foi, drapée de provocation, caparaçonnée d'hystérie. J'avais été pénible, tempestueuse, dévergondée. J'étais malheureuse et je cachais cette peine derrière de l'agressivité. Je n'arrivais à lui dire ce que je voulais que par des périphrases haineuses.
"Je vais te donner vingt coups de cravache. Vingt seulement, oui, pas cinquante, pas cent. Mais chacun d'eux sera appliqué de telle manière que tu t'en souviendras longtemps."
Au mot cravache, j'ai frissonné. C'est toujours comme ça. Si le mot badine est amusant, ceinture familier et canne confus, le mot cravache porte en lui le cinglant et le cruel de l'instrument. Ce sont deux syllabes qui éructent. Et puis des quatre, la cravache est un outil de dressage, sans conteste, qui brise les pouliches les plus rétives. Le mot résonnait tant en moi, courait dans mes veines, que j'en ai oublié de tenter un pardon.
"Pour cela, je vais t'attacher solidement à ce fauteuil. Et te bâillonner, parce que je n'ai même pas envie d'entendre tes cris."
Hypnotisée, je me suis déshabillée moi-même, sans même plus chercher d'arguments de défense. Je n'aurais pas cru que l'on puisse à ce point d'étroitesse faire corps avec le cuir. Peau contre peau, mais laquelle était la mienne ? La plus claire, mais je n'étais pas en position de l'apprécier. La moins tannée, mais plus pour longtemps.
Il a frappé, en prenant tout son temps, et pareillement son élan. Je sentais l'air déplacé par son corps quand il avançait prestement de deux pas et pivotait, plutôt que de lancer seulement le bras. Sans aucun doute le swing était parfait. D'ailleurs, la matière était déchirante comme un fer. Mes hurlements emplissaient ma tête, j'essayais de compter, à rebours, je ne sais plus pourquoi, maîtriser encore un peu, même le supplice. Son souffle à chaque effort ne faisait qu'un avec le sifflement de la cravache et le bruissement de sa volte. Il me faisait mal contre lui aussi. C'était un duel à deux perdants. (Ou deux gagnants, qui sait ?) Je n'étais pas habitée par la douleur, c'était au-delà, à peine si elle laissait encore la place pour autre chose, pour ma pensée ou pour ma respiration.
Les coups se sont arrêtés, bien après que le temps s'est détraqué et la raison a démâté.
"Je viendrai te détacher plus tard."
Dans le silence soudain insolite, il n'y avait plus que la brûlure et moi, en tête à queue, le cul en tête. Quand les larmes se sont tues, quand j'ai ouvert les yeux, j'ai vu que le lourd Chippendale avait glissé d'un bon mètre.
dimanche 25 juin 2006 / 3 grains de sel
Dans un bordel tokyoïte aux pratiques sm, une nouvelle attraction vient d'être inaugurée, inspirée par le Mondial, si l'on en croit l'hebdomadaire Marianne, qui a récemment consacré tout un dossier au foutchebolle.
D'ailleurs, on s'y est tous mis, au foutchebolle, moi comprise, alors que j'avais en préparation quelque chose sur cet autre jeu de balle, et de raquettes, non, non, pas le tennis, pas même le ping pong, mais le jokari. Il ne va pas tarder, ce n'est que le début de l'été.
A poil et menotté, l'homme est assis sur le sol, les jambes écartées. Debout et affriolante, la dominette, louée pour ce service, a la balle au pied. Sa mission, en marquer trois, des buts, avant que le gardien gardé ne resserre les cuisses. (Qu'on ne lui ait pas solidement attaché les jambes dans cette intéressante position m'échappe, serais-je plus sado que les maxés japonaises ?)
Du coup, on entendra peut-être des messieurs crier "mets-le moi
bien au fond". J'ignore si, pour un homme, faire usage de ses bijoux de
famille comme d'un punching à balles est jouissif, mais pour une fille,
la fille que je suis, les gifles sur le sexe sont un plaisir gourmet.
La première
fois que j'ai subi ce traitement, alors que je n'imaginais pas une seule seconde
que le pan-pan puisse se pratiquer ailleurs que sur le cul, Maître-Stéphane-qui-en
vérité-s'appelait-Franck (ça faisait longtemps...) m'avait
recommandé de faire l'acquisition d'une de ces petites culottes en coton
côtelé comme en portent les enfants, la marque Petit-Bateau n'étant
pas obligatoire. Outre qu'il fétichisait à donf' sur les petites
culottes blanches, l'épaisseur et la solidité du tissu préservaient
les parties les plus tendres du sexe.
Ainsi protégée et offerte
en même temps, j'ai reçu une volée de claques, amorties
par la matière certes, mais en même temps, cuisantes d'une douleur
diffusée sur la motte et résonnant au plus profond des creux
qui traînent en ces endroits. Je suis devenue une adepte jouisseuse des
fessées côté face.
Je suggérerais volontiers à la Madame-San qui gère la turne une version hockey pour l'hiver, ouch le palet, et aussi, sport bien connu au japon, un golf, ouille la petite balle dure. Et là, ça risque vraiment de faire très très mal.
Enfant, j'aimais jouer à la balle au prisonnier. Petite et agile, j'étais assez douée pour l'esquive, et je restais souvent la dernière. Pourtant, j'aimais sentir l'impact de la balle sur mon corps. L'un de ces profs de gym, version été qui animaient les clubs de plage, avait imaginé une variation circulaire de la balle au prisonnier. Le dernier resté intouché un certain temps était déclaré vainqueur. C'était terriblement frustrant. Touché, on sortait. Traqué, on restait. Alors le soir chez moi, je m'imaginais seule du début jusqu'à la fin du jeu. De l'enjeu, puisqu'il me fallait échapper le plus possible aux frappes, parce qu'une fois à terre, de cible épuisée je deviendrais la proie passive de tous les hommes qui remplaceraient la balle par leurs mains Et je passerais ainsi, honteuse et heureuse, de mains en mains, fessée jusqu'à l'acmé d'un plaisir qui n'existe même pas dans la vraie vie.
samedi 24 juin 2006 / 4 grains de sel
Et voilà, après avoir attisé avec malice l'esprit frappeur de monsieur Gougnafier (cela dit sans offense), Mélie récidive, directement à la source, si j'ose dire, en expédiant une missive de sa belle plume directement à dominamant.
P.,
Je me permets de vous écrire, ne pouvant davantage laisser les choses aller à vau l'O.
Après avoir publié un blog dans lequel Bricabrac frise la provocation, nous parlant d'un soleil couchant en compétition avec ses deux planètes couchées que vous lui avez teintées et rayonnées, m'en voici toute émue. Touchée en somme -la ceinture n'y est pour rien-.
Madame se pique de narguer les amateurs de foot qui prennent leur feet avec la coupe du monde, et ce faisant, avec le talent que vous lui connaissez, elle trouve la formule : la croupe du monde.En bonne copine, et avec sincérité, je m'en vais lui dire ce que j'en pense.
Que du bon, que du bien.
Et la voilà qui me fait sa gamine par quelques mots désobligeants à son égard, donc au mien.
Si je dis que j'aime, j'aime.
Il va falloir sévir, me dis-je par devers moi.
Je la menace de vous passer commande.
Madame se gausse et me réponds : -Allez-y... Même pas peur.Je ne voudrais en aucun cas vous laisser à penser que vos mains ne font pas les couchants aussi beaux que le soleil un soir de juin.
Non. Non.Tenez, moi-même avant hier, je fus menacée d'un 50 de ceinture, qui à 3 secondes près faillit être doublé. Finalement, ayant manifesté une évidente obedience comme diraient nos voisins, la menace s'est négociée à 75.
Comme je suis au moins aussi rusée que Bricabrac, la ceinture est repassée par les passants en oubliant ma propre mappemonde.
Il m'est idée que peut-être, et elle le mérite, je suis au regret de vous le dire, c'est sur la sienne de croupe, que les 50, voire les 75, qui sait les 100, devraient retomber.
Vous auriez ainsi l'occasion, l'un et l'autre, de voir rougir le soleil, mais cette fois de honte et de jalousie. On vous appellerait Cézanne, qui sait....Dans le cas où je ne vous aurais pas tout à fait convaincu, je vous adresse tout de même la preuve d'un acte démesuré dont les journaux ont fait état. Décidément, elle dilapide... ses "talents" !
Espérant vous avoir convaincu suffisamment pour que ma commande ne reste pas dans les dossiers du service Clients, je vous salue n'en doutez pas, respectueusement.
Mélie
Ps : J'ai conscience également qu'on ne cafte pas les amies. Oui. Oui. Mais zenfin, je vous le dis, il y a du laisser faire autant qu'aller. Parlant de croupe du monde et de finale à Roland G, ça mérite bien quelques Aces enlevés.
Sur le coup (oui) de minuit tapante (re oui), P., véloce et sobre, répondait à une Mélie réjouie.
chère Mélie,
photo imapixJe vous remercie d'avoir pris la peine de m'ecrire pour me signaler le regretable comportement de notre Bric-à-Brac.
Elle est allée effectivement trop loin : son talent ne justifie aucune gaminerie désobligeante tant à son égard qu'à plus forte raison au vôtre.
Je prendrai les mesures qui s'imposent et ses fesses rougiront sous l'effet d'une punition que trop meritée.
N'hésitez pas à me signaler d'autres comportements inacceptables de la part de cet auteur qui en plus dilapide ses biens dans des contrées éloignées de son arrondissement parisien.
Avec mes remerciements et ceux de BàB.
Alors, je le redis très fort : Même pas peur. J'en connais un qui va pouvoir enfin achever une ceinture déjà très en charpie.(En revanche, rien ne dit que je serais en état, post ceinturum, de dire même pas mal.)