Rue Bricabrac

Mythes au logis

Rue Bricabrac, bdsm, Blanche-Neige
© MK2

PASSÉE sur ARTE, et repassera le 1er janvier au matin avant une sortie cinéma presque confidentielle, la Blanche-Neige de Preljocaj propose une reine marâtre de cuir et de latex, cuissardes et gants longs, qui terrasse les hommes d'un mouvement impérieux du bras, telle une baguette magique terrifique et inévitable.

Enfant, après avoir vue celle, noire et violette, de Walt Disney, le sourcil exagéré et le regard dur, matérialisation de mes cauchemars de sorcières et méchantes fées, et sans connaître Dolto, j'avais en retour terrorisé mes géniteurs en refusant, pour cause de trauma profond et indélébile, de toucher au chou-rouge qui portait, affirmais-je avec un instinct très sûr des tenants et aboutissants freudiens, ses couleurs (et qu'au titre de légume, je n'aimais pas... le chou, pas la reine). Incarnée par la très belle danseuse Céline Galli (mazette, ces yeux !), cette reine a été voulue domina SM par Gaultier, avec ses manches ballon et son col cages, sa robe à tournure, son corset en bandeaux souples (que l'on retrouve, en version plus esclave dans la tenue mousseline des courtisanes, et aussi chez la marque de lingerie Bordelle). Hautaine, arrogante, altière, cruelle, elle est sublime.

Rue Bricabrac, bdsm, Alice
Images Rom Devideg

Une autre de mes icônes, qui celle-ci m'accompagne tendrement depuis l'enfance, c'est Alice, qui n'interrogeait pas son miroir, elle, préférant passer de l'autre côté pour voir un chat sourire et prendre le thé avec un lapin. Son pays des merveilles revisité par Rom Devideg, un photographe et illustrateur malicieux, en fait une jeune fille tout à fait majeure, court vêtue façon kawaï, aux bas blancs et chaussures hautes de lolita, à qui les roi et reine de coeur feront découvrir les rougeurs délicieuses de la fessée.

Deux idées du diable au corps, diamétralement opposées et pareillement phantasmatiques. Deux mythes enfantins revisités, avec une bonne dose de surentendus sexuels, pour les adultes.



J'ai dit dans les yeux !

MES rêves sont bien entendu plus grands que la réalité, tout comme mes fantasmes, mes désirs, mes envies. J'ai les yeux plus grands que le cul, je l'ai dit trop souvent déjà.

Rue Bricabrac, bdsm, connivence
D.R.

Elle aussi, cette coquine cousine un peu vintage, sagement coiffée, qui dans son regard invitant laisse passer l'exquise provocation d'une innocence étonnée. Ses fesses ne laissent aucun doute, elle vient d'en prendre une. Ou deux. Pas une mèche n'a bougé, pas une larme n'a perlé. Son corps est détendu. Ses yeux disent encore, son séant itou. Ses yeux pensent "c'est pour aujourd'hui ou pour demain", ses reins se cambrent. Les deux allument.

Ses prunelles comme ses fesses ont de l'esprit. Et sans doute que l'homme dont on ne voit pas les mains aussi. Sinon, elle ne le regarderait pas ainsi. Irrésistiblement.

tags technorati :


Facétie (fessée-ci)

SELON une enquête américaine, les enfants qui auraient été fessés présentent un QI inférieur à la moyenne.

Hum, je me demande si certains adultes eux non plus...

Rue Bricabrac, bdsm, donjon

(Cette bêtise a été réalisée grâce au squirrelizer et à la lecture d'Écrans.)



Pour quelques cordes de plus

Rue Bricabrac, bdsm, bondage
photo Cziiki

LORSQUE j'ai vu cette photo, elle m'a immédiatement appelée, troublée, invitée. Je me suis demandé ce qu'elle avait de plus que toutes les autres qui mettent en scène dans des lumières plus sophistiquées et avec des angles plus aigus des femmes pareillement offertes.

Le style parfaitement élégant des liens qui laisse supposer une pratique affirmée du bondage ?
L'abandon parfaitement alangui de la jeune femme ?
Ce corps comme un paysage avec ses vallons pleins de fossettes et ses courbes qui donnent envie d'y mettre les mains ?
Les mains, précisément, dont on voit qu'elles n'ont pas négligé les fesses ?

Ce qu'elle a de plus, ce sont deux cordes.
Deux cordes de rien du tout en haut des cuisses qui, sans aller chercher l'écart latéral et l'exhibition gynécologique, leur interdisent de se fermer.

Deux cordes, tout simplement.

tags technorati :


Arlequinade

Rue Bricabrac, bdsm, arlequin
photo Red Charls

PRISE au piège comme un fauve, dans les filets d'un tourmenteur, elle a cessé de se débattre, et laisse la fine cordelette imprimer ses losanges réguliers.

La chair est faible et le cocon a raison de se tendresse.

Pourqu'elle soit pleinement arlequine, multicolore, il ne reste qu'à appeler la cravache à la rescousse, et de sa langue peinturer chaque losange précisément avec une intensité différente. Blanche la peau caressée, rose la peau pincée, rouge la cravachée, violette la mordue.

Ce qui est un voeu pieu puisqu'il suppose une précision d'enlumineur.
Mais ce serait tellement joli.
Ça vaudrait le(s) coup(s) d'essayer.

tags technorati :


Chroma sm (part 2)

LA suite et fin du chroma, pour ceux qui rêvent en couleurs.

À vos pinceaux ou ce qui en tient lieu. On a le droit, que dis-je le devoir, c'est tellement plus gourmand, de peindre avec les doigts.

Rue Bricabrac, bdsm, couleur
Rue Bricabrac, bdsm, couleur
Rue Bricabrac, bdsm, couleur
Rue Bricabrac, bdsm, couleur
Rue Bricabrac, bdsm, couleur
Rue Bricabrac, bdsm, couleur
Rue Bricabrac, bdsm, couleur
tags technorati :


Chroma sm (part 1)

COMME promis, voici la première partie du chroma ès sm, né dans des éclats de rire et des bruits de cravache.

À vous d'inventer plein d'autres belles couleurs à peindre sur la peau.

Rue Bricabrac, bdsm, couleur
Rue Bricabrac, bdsm, couleur
Rue Bricabrac, bdsm, couleur
Rue Bricabrac, bdsm, couleur
Rue Bricabrac, bdsm, couleur
Rue Bricabrac, bdsm, couleur
Rue Bricabrac, bdsm, couleur

(À suivre)

tags technorati :


Effet d'annonce et de pétales

Rue Bricabrac, bdsm, couleur

LES roses explosent en ce moment, l'année est généreuse, le froid de l'hiver a éradiqué le plus gros des troupes puceronnes. Alors, grosses parfois comme des pamplemousses, de l'ivoire au grenat, les roses sont rutilantes, et pas forcément rose. Et si sur le plan de la raison, ces mots ne veulent rien dire, côté jardin, les pétales me donnent raison.

J'avais, à l'aide de pourpre.com, tenté un nuancier il y a 5 ans, un jour grisou de novembre. Parce que parler de rouge pour des bleus, c'est toujours sujet à caution. J'aime les couleurs, j'aime leurs noms, j'aime leurs différences, j'aime les palettes et pantone est l'un de mes héros. Si j'ai aimé mes marques un jour, c'est à cause de leurs feux d'artifesse sans artifice.

Et puis, il y a deux mois, au détour d'un bleu en vérité noir qui ne me faisait pas plus de mal qu'un rose cuisse de nymphe bien que posé près de l'épaule, j'ai fait la connaissance d'O*** , commentateur amateur de bleus, de rouges et de pourpre.com, à qui il aurait aimé proposer un dictionnaire imaginaire des tons du sm. Au fil des mots, nos goûts de couleurs nous ont conduits à concocter un chroma. Certaines couleurs ont été directement choisies sur la femme qui lui disait encore, plus fort, encore, plus fort. Elles sont vibrantes comme ces pétales.

Lundi et mercredi, ce chroma à quatre mains avec Hermaphrodite sera dévoilé ici.

(À suivre)

tags technorati :


Gazon béni !

GRANDE fan de la série Weeds (en ce moment sur Canal+), j'ai doublement apprécié la scène ci-dessous.

Parce que c'est Weeds, bien sûr. Parce que cela ressemble terriblement aux scénarios que j'espérais adolescente. Avec ici en plus, le trouble (joliment joué par la très délicieuse Marie-Louise Parker) en regardant et en caressant les marques.

tags technorati :


Que de la marque !

Rue Bricabrac, bdsm, marques

FINALEMENT, il n'y a pas grande différence entre les jeunes qui ne jurent que par les marques, Béhème, iPod, Adidas, Chanel, Nutella... et les fouetté(e)s qui regardent les leurs aussi de très très près.

Viendra-t-il le temps où l'on exigera le rail parfait d'une canne made in England, le cinglon d'une cravache Hermès, les pinçons d'un chat Spartacus et la lacération d'un fouet australien fait main ? Et dans les clubs SM, comme dans les clubs tout court, les essemistas se toiseront, reconnaissant du premier coup d'oeil la marque d'un martinet en skaï tout comme à quelques lieues de là, une moue s'avance à la vue d'un Gucci de l'an passé.

(mondieumondieumondieu)

tags technorati :


Pourtant, je n'aime pas les films de Lelouch

Rue Bricabrac, bdsm, retrouvailles
photo principale Eric Freitas

UN bonjour et puis revient. Il y a 28 ans, presque 30, tes pulsions te faisaient peur, ta femme et tes enfants me faisaient mal. Nous avons terminé les années Giscard ensemble, presque exclusivement indoor, à l'horizontale. Tu es resté l'une de mes deux plus grandes histoires.

Un bonjour et puis revient. À ma rencontre. Je te demande "comment vas-tu ?" et tu m'embrasses à pleine bouche, pleine langue, belles dents, mes cheveux dans ta poigne, ma tête renversée, ton autre main dans mes seins, mes pensées chavirées. Par toi, je suis à nouveau cette "belle petite fille dans l'émotion".

Un tour de périph et puis revient. Je me soûle de ton odeur identique, de tes mains plus sûres, tes cheveux caressent mes cuisses, ta langue passe de mon sexe à ma bouche, je lèche tes doigts. Tu te sers de ta ceinture en esthète. Ma peau est ta toile bayadère.

Deux chevauchées et puis revient. Ta main très doucement a giflé ma joue. J'ai saisi ton poignet. "N'aie pas peur". Je n'avais pas peur. Jamais je n'avais laissé personne me gifler. Pourtant, j'avais déjà envie que tu recommences. Ton autre main, dans mon con, le savait.

Un au revoir et puis revient. Dans mes pensées en cavale, dans mon sexe qui palpite, sur ma peau trop pâle. J'ai rattrapé le virus de toi.
Tu m'érotises, tu m'électrises,tu me creuses, tu me combles.

Reviens encore, j'aime tant te regarder jouir.

(Merci à M*** et à M*** pour leur maîtrise... dans le traitement d'image)



M'apaiser

Tu écris sur moi.
Encore.
Plus fort.

Ton stylo est un fouet.
Ton encre est ma douleur.
Tes mots sont mes souhaits.

Tu écris sur moi.
Encore.
C'est fort.

Le cuir pèse comme plomb.
La peau est en fusion.
Les nerfs tels des démons.

Tu écris sur moi.
Encore.
Sonore.

Le son me soulève.
Le coup me plaque.
Mon souffle s'arrête.

Tu écris sur moi.
Le silence est d'or
Dans tes bras, je dors.

Rue Bricabrac, bdsm, écrire
tags technorati :


Sabbat, ça bat

Rue Bricabrac, bdsm, mot à maux
Edgar Degas

NOS festins sont mes fesses teintes.
Tu me bats amour, mon dos lacéré adosse ta conviction.
Je pleure pour étancher ta soif.

Ma peau brûle de ton feu intérieur.
Mes rougeurs t'éclairent et t'allument.
Mes cris et mes suppliques te nourrissent.

Nos sabbats sont des balthazars.
Mes marques sont celles de ton affection.
Tes mots sont mes onguents réparateurs.

Tu n'as pas peur des mots, je n'ai pas peur des maux, rimons ensemble, sans oublier d'en rire, comme des enfants pas sages, des ados sauvages. Dans notre outre-monde, univers d'outrance, nous sommes les animaux rois d'une jungle où je t'autorise à jongler avec mon corps.



Ta bouche !

Rue Bricabrac, bdsm, adieu
photo h347h3r

IL a mordu ma bouche, il l'a tordue entre ses doigts avant d'y remettre les dents, ne la relâchant que quand mes cris devenaient trop stridents.

Pour tenter de l'oublier plus vite, j'ai mis de l'immortelle* sur chacun des bleus qu'il m'avait laissés avant de partir.

Ma bouche enflammée avait envie de l'appeler.

Il y a des hommes qui ne se retournent pas. Mieux vaut se mordre les lèvres.


*Hélichryse, mais c'est moins joli

tags technorati :


La main chaude de Marcel

Comme il y a de fortes chances pour que la vie ne soit pas mauve tous les jours en 2008, on en reprendra bien une petite volée.

Rue Bricabrac, bdsm, nouvel an, main
photo Red Charls

Chauffe, Marcel !

tags technorati :


On tombe toujours sur Waldo (et ça fait du bien)

Rue Bricabrac, bdsm, Waldo

WALDO est un obsessionnel joyeux, un dessinateur compulsif, un fesseur de paume et de pointe de plomb. Comme d'autres cliquent, il croque. Des pin-up callypiges aux lunes invariablement rousses, des libertines renversées aux globes cinglés, des petites dames coquettes carrément rougissantes.

C'est délicieusement érotique et évocateur, ça donne envie de lever le bras ou de retrousser la jupe, de faire des bêtises ou dire des sottises, de basculer sur des genoux ou un bureau. Ça donne envie. Tout court. Très fort.

Jusqu'à présent, on pouvait voir les dessins de Waldo sur son écran. Aujourd'hui, pour les Parisiens, il suffit de passer dans une jolie librairie de la rue Lacépède, pour les découvrir sur papier, avec les vraies couleurs. Et en prime, la maison de poupée si minutieuse, si délicieuse, pour adulte fétichiste et fortuné, est exposée et en vente. (On peut en voir quelques images sur le blogue de Mélie, ici et , et encore . Mélie, qui m'a fait découvrir Waldo, est aussi la préfacière du beau catalogue que les amateurs peuvent commander à l'adresse ci-dessous.)

Ensuite, dit la femme qui avait envie d'être une poupée, je rentrerai chez moi où m'attendra un homme en chemise, manches retroussées, premier bouton du col ouvert. Il me demandera de lui raconter ce que j'ai vu, scrupuleusement, sans omettre aucun détail. Si j'oublie quelque chose, je serais fouettée avec la ceinture. Si je n'oublie rien, on jouera aux tableaux vivants. J'aime bien jouer à qui perd gagne à tous les coups.

Librairie de Fabrizio Obertelli, 8 rue Lacépède 75005 Paris, jusqu' au 9 décembre.
Horaires d'ouverture : de 14 h 30 à 19 h. Tél : 01 47 07 18 42/06 74 89 16 06

(XXXB qui a publié hier attendra donc demain, Waldo, c'est tout de même nettement plus intéressant et nourrissant.)

tags technorati :


La fête à la violette (je twitte)

Rue Bricabrac, bdsm, violette

<mode twitter on>

Pour fêter tout ça, j'ai mangé une glace à la violette.

<mode twitter off>

Rien à dire. Impeccable. Deux peccables même. C'est beau twitter. Ça tue grave. Ça déchire même sa race. Ça va remplacer les blogues. On pourra dire autant de conneries inepties nombrilistes mais ça sera plus rapide à écrire et à lire.

tags technorati :


Vertuelle

IL a glissé ses doigts sous le bandeau, repris deux mèches de cheveux ici, trois autres là, avec délicatesse et précaution.

"Dites-moi si je vous tire les cheveux."

Il a ébouriffé la frange.

"J'ai l'impression de jouer à la poupée".

Et il aimait cela. Justement, c'est ce que voulais. Ce que j'étais. Vraiment. Celle qu'on habille de chaînes et de cordes. Et plus encore. Être modèle, ça voulait dire être modelée, être à modeler. Être glaise, sa glaise, sa bonne pâte. Prendre la pose comme on fait une pause, en arrêtant le temps.

Il a commencé par des photos simples, chastes, pour la novice que j'étais. Une chaîne de marine très lourde à tenir devant les yeux. Je ne m'attendais pas à la brûlure des biceps. Il fallait que mon regard soit dur, je n'ai pas eu de mal.
Au début je n'ai pas senti le froid ambiant. Sauf mes seins qui étaient glacés lorsque je les effleurais. Il paraît pourtant que j'ai réchauffé les chaînes.

Plus tard, quand d'une main, il accentuait une cambrure, étirait la colonne, me déplaçait ici ou là, s'excusait de toucher un mamelon, je profitais de cette chaleur.

Se laisser aller.
Seulement, je ne suis pas fetish model (au contraire de cette belle fleur), pas plus qu'il n'est un pro de ces photos (au hasard). C'est la galaxie bdsm qui nous a rassemblés, nos désirs et nos sexes complémentaires, une grande amie commune, un sens de l'humour qui n'a pas peur du mauvais goût et une longue correspondance. On se promenait sur la même marge, faut croire.

Rue Bricabrac, bdsm, fetish, kitsch

Lâcher prise. Ce que je cherche dans d'autres circonstances aussi.
Je l'ai fait dans la contrainte. Dans un autre plaisir. Je ne suis pas de ces femmes dont on fait les tables ou les tabourets. Je bouge tout le temps. Je parle encore plus... Pourtant, gageure, j'ai stoppé le sablier, respiré sans le moindre mouvement, parfois au bord de l'apnée, tendu la pose jusqu'à la courbature.

Il n'y a pas eu d'impudeur ou de sentiment d'icelle. L'impudeur, s'il faut en parler ainsi, avait été toute dévoilée, disséquée, dans les longs échanges épistolaires. Bataille disait quelque chose comme ça, il est plus violentant d'être lue que vue, et parlée que lue. Ces courriels depuis des semaines, et déjà il y a quelques années pour nous trouver un univers, un lieu commun, mais pas banal.
Dis-moi ce que tu as dans le ventre !
Accouche-moi, toi !
Je cherchais la clé et la serrure, il pense que c'est une main dont j'ai besoin.Donne moi un coup de main ?

Je n'ai pas osé lui dire

"Si vous voulez des "vraies" marques, vous pouvez m'en faire."

Il a failli me dire

"Ne me tentez pas"

Chacun a pris soin de respecter une frontière invisible. Ou de marcher sur un même fil, funambules. Avec la conscience de la totale ambiguïté de tout ce qui se passait. Nous nous sommes donnés beaucoup, je crois. (D'ailleurs, jamais même dans la décentralo, on a vu Pygmalion chevaucher Galatée.)

Parlant de mains, en voyant dépasser de mes manches des poignets, un peu rougis et râpés, presque meurtris et marqués, mes amis m'ont demandé : mais qu'as tu fait de ton week-end ?
"Du jardinage, un pierris à fleurs roses à déraciner et replanter, un conifère urticant et vengeur..."
Le pire, c'est que je n'ai pas menti. J'ai juste oublié de parler du principal.

tags technorati : photo


Primesaut

JE lui ai écrit, en rentrant d'une promenade olfactive

Mon jasmin ne fleurit pas encore, mais un peu de l'odeur sucrée et suave de l'osmanthus commence à envahir terrasses et rues. Et je pense à la canne, réflexe pavlovien.

Il a répondu d'un ton ô combien badin et faussement menaçant

La canne, hummmm. À voir. C'est assez douloureux. Mais tu pourrais faire une expérience intéressante. Faire une virée à moto dans une forêt. Chercher une belle tige de bois vert. Mince et flexible. Et puis, te pencher en avant pour recevoir une correction. Tous les vingt pas, tu devrais t'appuyer à un arbre, relever ta jupe et tendre ta croupe. Recevoir un nombre de coups à déterminer par un jeu. Et ensuite, tu rapporteras la branche chez toi. Tu la planteras ou tu t'en serviras comme d'un tuteur. Comme ça tu pourras la contempler à loisir. Une branche d'arbre au milieu d'autres, personne ne pensera à mal. Sauf toi, bien sûr.
Et puis, le retour de la promenade cannée se fera à moto. Un délice pour des fesses copieusement traitées....

Rue Bricabrac, bdsm, marques, cannephoto Andreas Andersson

La canne est douloureuse, dit-il. Oui, nous le savons tous deux, longtemps, il ne voulait pas me donner du bambou. C'est pourtant bien le même homme qui, deux jours avant d'évoquer les souffrances cannées, m'envoyait ici, comme en présage, voir ces cent six photos-là, cent coups de badine cisaillant la chair d'une belle et saisis par l'objectif de son d'homme (chênes a raison, on va parler de d'homme)les uns après les autres. J'ai regardé ces photos, troublantes dans leur décomposition méthodique, un "work in progress" mille fois plus excitant que ces photos "finales" qu'on connaît trop bien sans pour autant qu'elles laissent indifférent, loin de là. J'ai senti les coups, chacun, j'ai imaginé le tic-tac du temps pendant le clic-clac, l'attente tandis que la brûlure faisait son chemin, entendu l'appareil qu'on pose et le sifflement du rotin.
Il m'avait particulièrement parlé de la dernière, celle où perle le sang.

Je ne suis pas pour les jeux de sang, lui non plus, même s'il s'agissait de s'arrêter au first blood comme dans les duels. Aucun de mes partenaires ne l'a été, même si parfois, presque par hasard, sans qu'il y ait eu violence particulière, le sang soit apparu, incongru sur une hanche ou gouttant d'un téton. Comme beaucoup de femmes, j'ai un rapport assez décontracté avec le sang, je n'en ai pas peur, même si je ne le recherche pas. Alors, j'ai imaginé ces gouttes de sang qui, au bout du bout de la correction, à l'ultime coup, à l’antépénultième pourquoi pas, les deux derniers n'en étant que plus cruels, affleureraient en effet sur une chair trop meurtrie, rendue fragilissime par tant d'attentions.
Et sa langue, ses lèvres, viendraient lécher ce sang, s'en maquiller et m'embrasser d'une bouche rubis et brillante, pour qu'à mon tour, je le goûte sur ses lèvres.

tags technorati :


The Punisher

Un clou chasse l'autre, on dit. Comme d'hab, "on" dit n'importe quoi, faisant appel à la sagesse populaire ou au truisme pour proférer sottises et billevesées. Non seulement un clou ne chasse pas l'autre, mais il ne faut surtout pas qu'un clou chasse l'autre. Dans mon écosystème en tout cas. J'ai besoin d'un vide, d'un sas, d'une ambassade, d'une terre neutre. Pour apprendre à oublier. Non pas remettre la page en blanc, d'un coup de gomme ou de peinture, mais au contraire, la gribouiller, la griffonner, la griffer, jusqu'à ce qu'elle en devienne illisible et en lambeaux. Le temps qu'il faut.

La page, c'est ma peau, mon nez, mes yeux, ma tête.
Le crayon, c'est the punisher, P*** (alias l'ancien, le 3e homme, le gougnafier, en ce jour, aucune de ces appellations ne lui rendent justice, il a été le seul, le compréhensif, l'homme-pansement), mon vieux complice. Dix ans, dans un mois, que nous nous connaissons et que nous conjuguons, de temps à autres, nos fantasmes au plus proche.

Je l'ai appelé à l'aide il y a une semaine. J'ai bafouillé en apnée ma tristesse, la disparition dans quelqu'éther contemplatif de dominamant, l'odieuse peine de mon exil et ma décision définitive de le quitter, parce que je ne reste jamais avec les hommes qui me font pleurer hors contexte-bdsm. Et puis, je lui ai volé dans les plumes, parce que j'avais mal, sans doute. Je me suis piètrement excusée, et je l'ai rappelé au secours. Sous forme d'une courte prière obscène, de désirs crus.

Oui, je sais que tu es chiffonné par mon agression de harpie, mais j'ai envie d'être battue, de partir sur le tapis volant du subspace, de redevenir animale et plus moi sociale, d'un fessial poursuite, d'un café cravache, de dés qui décident de mes sévices, de fermer les yeux et de ne les ouvrir que sur ordre.

Il a répondu.

Es-tu libre samedi matin pour recevoir ton châtiment ?
Je pourrais venir vers 9h30.
Tu ouvriras sans dire un mot,
Tu me présenteras les diverses cravaches que tu possèdes.
Je te donnerai des dés. Tu lanceras les dés. Tu liras le résultat.
Sans dire un mot tu iras te mettre en position. Debout, penchée en avant,
les mains posées sur le rebord de la table ou du canapé.
Tu porteras une jupe ou une robe. Un vêtement assez ample pour qu'il puisse être soulevé.
Tu recevras le nombre de coups indiqué par les dés.
Tu n'auras pas le droit de te plaindre.
Si tu ne suis pas les instructions, tu seras punie.

Tu m'enverras ta réponse en précisant que tu sais que les coups de cravache sont très douloureux et que tu acceptes la punition.

La tenue imposée n'avait rien de spectaculairement fétichiste, il fallait juste assez de fluidité pour que le bas se trousse aisément et que la culotte se baisse sans barguigner. Les deux cravaches seraient prêtes. Les dés, les siens, décideraient du compte. Les deux chiffres les plus forts une fois multipliés ont donné le nombre de coups, trente, distribués en cinq séries. Le quatre du troisième dé ce que j'aurais le droit de faire, compter, crier, mais pas bouger. Je comptais déjà, les dés me fascinent parce qu'ils inscrivent et prescrivent admirablement.

Rue Bricabrac, bdsm, cravache, punition

Le premier coup est juste tombé pour que je me rende compte de l'intensité de la punition à venir. J'avais oublié je crois qu'on puisse avoir aussi mal.
Crié, je l'ai fait. Et pleuré. Qu'il s'agisse de la cravache, ou de vigoureuses fessées présentées comme des interludes ou des desserts, j'ai sangloté comme jamais, jusqu'à ce que mes cheveux soient trempés de larmes.
P***, la cinquième série finie, m'a fait remarquer, m'entourant de son corps comme emprisonne une amante, alors que je reprenais mon souffle, ma respiration, sûrement pas ma contenance sous ses doigts inquisiteurs, que j'étais bien trop humide pour que l'on puisse décemment considérer ce qui se passait comme une punition. Pourtant, c'en était une, et je n'ai pas non plus échappé à la punition dans la punition. Avais-je bougé ? Oui, bien sûr, décollée du sol par presque chaque coup, déplacée parfois même.

Je pensais lui avoir tout donné en matière de souffrance et de sanglots, j'imaginais savourer la fin. Il m'a redressée, éloignée de l'accoudoir du canapé, conduite à la chambre, allongée sur le lit.
Les cravaches ont repris leur manège. Ses mains, sa ceinture, le strap aussi.

Alors qu'il se reposait sur moi, sa queue encore dans mon cul, mes mains sur ses bras, j'ai su que je ne pleurerai plus jamais sur l'histoire passée. Parce que mes dernières larmes pour celle-ci ont coulé à flots, jusqu'à se tarir, sous les assauts du cuir. Si je grimace aujourd'hui, si j'essuie une goutte d'eau salée au coin de l'oeil, c'est que je ne peux plus m'asseoir.
J'ai déjà envie que P*** revienne me faire mal aussi bien et accepter avec cette même ferveur ma douleur. Jusqu'à ce que la page soit noire d'encre.

Alors, après, bien après seulement, mes sentiments pourront à nouveau s'éveiller, au delà des sensations fortes.

(Edit du 11 mars : quelques courriels reçus me laissent penser qu'il y a une ambiguïté qui subsiste. Les initiales du 3e homme et de dominamant sont identiques : P***. Il n'en demeure pas moins que c'est avec dominamant, mon homme des ces trois dernières années, qu'il y a rupture et que the punisher est P***, que j'ai connu il y a beaucoup plus longtemps. Il ne s'agit donc pas du récit d'une réconciliation mais de celui d'une catharsis et d'un retour progressif au désir.)

tags technorati :


Rince Cochon

Fêter l'anniversaire d'un dragon de bois un soir de réveillon chinois dans une débauche de plats sichuanais aussi gras que relevés et succulents, ça laisse forcément des traces, année du cochon de feu oblige.

Pour le feu, ma peau qui en a vu d'autres fait très bien disparaître les marques toute seule, mais pour les deux cochons gloutons, il faut voir rose.

Rue Bricabrac, bdsm, Chantal Thomass, cochon, rose

La mère Denis n'y retrouverait pas ses petits, dans ces deux Vedettes barbiesques tunées par Chantal Thomass, fidèle à elle même, liens corsets et rose forever. La première des deux machines n'existe qu'en un seul exemplaire mis aux enchères, la seconde est éditée en 300, pas un de plus.

La vraie paire de manches, c'est comment ne pas salir le satin damassé qui fait de cette machine à laver un meuble de boudoir (ou de pouffoir).

tags technorati :


En voir de toutes les couleurs (encore)

Rue Bricabrac, bdsm, couleurs
Photo Kairos Photo

En ce jour gris, un de plus, nuages plus brume, j'apprends au détour d'une lecture qu'il existe un Comité Français de la Couleur. J'en reste baba, avant de me rappeler qu'il y a sans doute plus de comités, y compris théodules, d'assos et de commissions que d'habitants aux six coins du pays. Mais alors là, je rêve debout, surtout quand je vois leur logo. Collusion !!!

Le Comité Français de la Couleur, voilà des gens avec qui je prendrais volontiers langue. J'aime la couleur, même si j'en porte peu. Je pourrais m'endormir en feuilletant les nuanciers Pantone©. Les noms de couleurs ont toujours chanté à mes oreilles, et je me réjouis quand je découvre l'appellation exotique d'une nuance inconnue. Trouver chez Claesz Heda un jaune de quercitron et ou un jaune de massicot chez Van Gogh me ravit. Apprendre que Les Nymphéas de Monet, sous les cimaises du MOMA, sont d'un bleu zinzolin me grise. La petite Altesse de Diego Velasquez est parée d'un rouge de carthame, et ça m'enivre. Et que dire du vert de vessie parmi les danseuses de Degas, j'en pâlis.

Alors, si ce Comité Français de la Couleur se penchait sur celles du bdsm ?

Je prends soin de choisir mes bougies (ça fait longtemps, tiens, que chair et cire n'ont pas dansé de sabbat ensemble) en fonction de la texture et de la teinture, un vieux rouge passé, un anthracite veiné, un orange d'orage pour que mon dos se fasse crépusculaire.
J'aime, de même, les feux d'artifesses.
Pourquoi ne pas requalifier tous ces bleus, violets, rouges, verts, jaunes ? On dit bien, après une volée bien administrée "j'en ai vu de toutes les couleurs". P*** (le troisième homme), proposait il y a deux jours, en ces temps préelectoraux, de me repeindre la croupe aux couleurs du drapeau populaire.
Je proposerais volontiers au Comité ad hoc, un bleu badine, un rose cire brûlante, un rose rosse, plus soutenu, un rouge cravache, un violet pince sans rire, un rouge, encore, forcément, rougemâtin martine, un autre rouge empreinte...

Tiens-toi prêt, Comité, nos douleurs et nos bonheurs pourraient remplir de leurs couleurs tout un catalogue.

tags technorati :


Bonnes résolutions (eco-bdsm)

Rue Bricabrac, bdsm, paddle

Fini les précieux paddles en bois de teck, les queues de vibro en vison, les dildos en ébène. C'est l'an neuf, Nicolas Hulot et son prophète et l'heure est au BRSM (Bonnes Résolutions Sado Maso).

Nous n'irons plus au bois, mais chez le rechappeur, récupérer un pneu, neige ou pas, de bus ou de vespa, un peu d'acier souple rétrocédé par un plombier polonais, une poignée de casserole à qui un agneau aura été fatal, et le tour est joué.

Et puis, moi qui aime tant lire sur ma peau les marques de ton affection tandis que ma chair se refuse, sauf quelques perles suite à une pluie ce cat'o'nine, à garder plus de quelques heures les traces de ton passage (même quand la "grosse" se fait treize à la douzaine, plus treize pour une amie, plus ta commission sur celle de Monsieur T***) et de nos plaisirs, je pense que là, sans être obligé de manier le manche comme une brute, je devrais pouvoir sentir sous mes doigts les reliefs de tes assauts.

La preuve.

tags technorati :


Mon 14 juillet

Les pétards font bang dehors
Dedans, tu claques mon pétard
Dans le ciel, la belle bleue
et sa jumelle rouge étincellent
Sur ma lune, ces mêmes couleurs
flambent sans artifice.
14 juillet rime avec violet.

Rue Bricabrac, bdsm, 14 juillet
Photo Simpologist
tags technorati :


Nach Berlin !

Je suis passée devant l'assemblée nationale, enrubannée et cocardée, j'ai entendu les débordements de joie (?) nationaliste, j'ai senti une drôle d'odeur rance à l'haleine chargée et à la sueur aigre des supporteurs.

Nach Berlin !

Rue Bricabrac, bdsm, Double Trouble, sm & comédie

J'y suis allée, à Berlin, malheureusement, le club SM Darkside a pris ses quartiers d'été jusqu'à fin août. Je n'ai trouvé que deux diablesses qui ont retenu les leçons de l'école grotesque et qui proposent, dans des performances d'une dizaine de minutes, de marier sm et comédie. Du gode-ceinture à la batte de base-ball, elles enculent joyeusement, mais là où elles excellent, c'est en bunnies de peluche et de latex, quand elle font disparaître des carottes, n'en laissant émerger que les fanes.

Nach Berlin !

Et si je crie allez les bleus, c'est pour donner courage et vaillance à dominamant occupé à marquer.. ma chair.

tags technorati :


D'humeur badine

Bien que n'ayant toujours pas maté une seule minute de foot depuis le début de panem and circenses vont au stade, je suis perméable à tout ce que j'entends. Comme les exploits de cet anglais qui, mécontent d'avoir été collé voire plus au maillot par deux adversaires, aurait hier piétiné des crampons les organes reproducteurs d'un portugais. Ce qui dans la bouche d'un commentateur sur iTélé a donné "écrasé les joyeuses".

J'avais presque oublié ce mot, si rond en bouche, qui qualifie les couilles, les boules, les gonades, deux tiers du service trois pièces, les valseuses me susurre Mélie, les noix (ou les noisettes si on veut être désagréable). Les joyeuses. Merveille. Admirable vocable. À force de tremper dans le sm où l'on ne traite le sexe masculin que de dard glorieux, de sabre défouraillé ou de fier étendard, et où, même lorsqu'il est question de les prendre en bouche pour leur prodiguer cette infusion que les anglais appellent "teabag", jamais le mot joyeuse ne vient casser l'ambiance hiératique.

Joyeuse, ça doit faire trop école du rire pour un organe noble qui est prêt à beaucoup de choses, mais certainement pas à ressembler à un nez de clown (pourtant, c'est rouge et c'est rond, enfin, plus ou moins).

Rue Bricabrac, bdsm, football, badine

J'en étais là de mes considérations délirantes autour de ce mot qui me met, c'est son boulot, en joie, quand Monsieur Bélino m'a fait passer une image de sa considérable bibliothèque à fantasmes (hélas, anonyme, non commentée mais issue d'un livre qui se nomme Le musée des supplices) .

Je la trouve formidable, très Allemagne années trente pour l'impression de grotesque, presque une esquisse pour une photo de Jan Saudek, quelque chose d'intéressant dans la position de la dame, la chaise aura du mal à basculer, quant à l'homme, négligemment accoudé au dossier, il semble d'humeur badine mais pas plus concerné que cela, si ça se trouve, il regarde le foot tout en caressant les pulsions maso de la dame. D'une pierre deux coups, des coups pour un cul, d'une cannée deux fesses.

Ca me donne des idées pour mercredi prochain, un soir où l'on pourra faire du son, surtout à Paris, où les deux équipes en lice ont leurs bruyants supporteurs. Ça va être joyeux.

tags technorati :


La saga des marques

Rue Bricabrac, bdsm, Vanité

David Bailly, Vanité aux portraits

Tu as dégrafé le col du lourd manteau Dior, que John m'avait offert à l'issue de la party d'après-défilé, il y a deux mois. Dans un souffle froissé, la faille de soie sombre rebrodée par Lepage s'effondra en vagues successives autour de mes mules Louboutin (Où étaient-ce mes Manolo, je ne me souviens plus, tant j'étais fascinée par la lourde chevalière aux armes de ta famille qui armurait ton auriculaire.) J'ai frissonné, la cheminée et son feu attisé était trop loin dans ce salon si grand, aux proportions de ton hôtel particulier de la villa Montmorency. Je n'avais pour toute parure que le tanga rouge de Sabbia Rosa, que tu m'avais offert à Florence, pour le Nouvel an, selon cette coutume italienne qui veut qu'une culotte rouge apporte du bonheur pour toute l'année. Le bonheur, et le rouge, c'était pourtant ta cravache Hermès qui allaient me le prodiguer...

J'imagine qu'en lisant les lignes qui précèdent, vous vous demandez si j'ai passé le ouiquende devant Fashion-TV en perfusions, ou alors si j'ai trop léché d'envie les pages glacées de Harper's Bazaar, une ivresse mythomane m'en montant à la tête. D'ailleurs, j'ai abrégé, ne parlant pas des huiles rares, argan et onagre, dont ma masseuse m'avait ointe pour rendre ma peau la plus douce possible en prévision de cette soirée, ni même de ma coiffure made in Tony and Guy London, ou encore, de ce sac Lacroix vintage que j'avais disputé à Sharon la semaine passée, sur Rodeo Drive. Et encore moins de notre escapade éclair à Kyoto pour ce petit boui-boui où les sushis sont incomparables.

En vérité, je me contente de parodier quelques récits authentiques (non point que je crois un traître mot de ce qui se trouve dans ces témoignages prétendument vécus mais ils existent bel et bien, quelque part sur la toile, et ne sont pas nés de mon cerveau fashion et malade).

D'ailleurs, en voici des extraits. C'est un homme qui signe.

O ferme les yeux, s’installe plus confortablement sur le cuir marron du canapé. Elle a retiré ses hautes bottes cavalières en cuir marron, cadeau d’Guillaume chez Hermès lors de son dernier week-end avec lui à Paris, et porte la tenue exacte qu’il a exigée ce matin et qu’elle a sagement enfilé devant lui, docile et silencieuse : une jupe de tweed beige chinée MAX MARA, légèrement trapèze et s’arrêtant juste au dessus du genoux, un pull à col roulé en cachemire blanc, qui moule parfaitement sa poitrine et sous lequel elle est nue, des bas de soie crème retenus par un porte-jarretelles blanc, LA PERLA, ainsi qu’une toute petite culotte blanche en dentelles, assortie.

On dit qu'un bon maître laisse des marques. C'est le cas. Elles sont même majuscules, c'est dire si c'est capital. On remarquera le souci du détail, la "jupe de tweed beige chiné". Hélas, on ne sait pas si le cashmere est trois ou quatre fils. Le lecteur reste sur sa faim. En même temps, c'est bien de garder du mystère.

Rue Bricabrac, bdsm, saga des marques

Allez, ça continue.

Elle sourit en regardant son poignet gauche et le cadeau de Guillaume: un bracelet d’esclave Hermès, en cuir marron incrusté de larges plaques d’or, dont l’une comporte un large anneau. Elle l’a reçu quelques jours auparavant, et se souvient avec une excitation naissante du moment ou Guillaume le lui a passé, dans la boutique, devant une jeune vendeuse blonde et hautaine, qui n’a rien perdu du ton sec du Maître pour sa soumise lorsqu’il lui a ordonné de tendre son poignet.

Le Maître est généreux (toutes ces dépenses sont peanuts pour lui) et connaît les bonnes maisons. En tous cas de nom. Et il est indéniablement, à ses propres yeux, un homme de goût. Et d'argent. Rien n'est trop beau pour lui, il lui faut le meilleur.

Le visage contre le sol, O ne voit rien de ce qui se passe derrière elle, elle reconnaît pourtant le bruit de la machine à expresso professionnelle que son Maître, grand amateur de café, à rapporté d’Italie au début de l’hiver.

Ce n'est pas possible, c'est un pastiche, à ce stade de précision, on est dans le fantasme. Et sa cuisinière 8 feux, il en parle quand ?
George Clooney, sort de ce corps et remballe ta Nespresso !
Toujours du même gazier, une autre histoire, d'un semblable tonneau. Cette fois-ci l'homme est à son bureau, en loupe d'orme évidemment.

Sur le grand lit est étalée une robe de soirée en soie noire, qu’elle reconnaît pour être un modèle Armani, et deux paquets, l’un est une boîte à chaussures de couleur noire, sur laquelle le sigle PRADA est inscrit en bleu, et l’autre un petit sac de papier blanc luxueux, DIOR.

Pourquoi Armani n'a pas droit aux majuscules ? C'est vrai que les robes Armani, hein, franchement quand on voit ce que fait Dolce et Gabbana ou alors, un Versace grande époque, avant que Donatella ne reprenne les rênes de la maison. Mais bon, je serais de chez Giorgio, j'enverrais mes avocats.
Allez, un petit coup d'autoportrait pour la route.

Elle jette alors un regard rapide sur sa tenue, le costume gris sombre, cintré, la chemise bleu pâle, la cravate en soie rouge sombre, les boutons de manchettes en argent qui dépassent de la veste, les chaussures en veau velours noir, probablement sur-mesure. Elle apprécie en femme de goût l’élégance des matières, l’impression de luxe qui se dégage de sa tenue. Une élégance qui n’est pas excessive, ne subit aucun diktat de la mode, mais au contraire celle d’un homme qui ne cherche rien à prouver, ni à afficher, celle d’un homme vraiment sûr de lui, frisonne-t-elle agréablement en se dirigeant vers le lit.

(On appréciera à sa juste valeur l'"homme qui ne cherche rien à prouver, ni à afficher...")
Les enfants ont des amis imaginaires, il n'y a donc pas de raison que les adultes ne se projettent pas dans des rôles magnifiques...
Ce qui affleure, dans ces descriptions, c'est qu'on reste dans le papier glacé, dans le name dropping, dans les signes extérieurs d'appartenance à une classe aisée, très aisée, dans les fantasmes de fauché donc (sur des forums, je ne sais où, j'avais lu un début de discussion sur "un maître peut-il être chômeur" et/ou "un dominant doit-il être blindé" La réponse, en résumé et entre les lignes, était "oui". Le monsieur qui se gargarise des marques doit être de cet avis, et s'évade au pays magique de Chanel et de Choo). Jamais cet homme, dans ses récits, ne parle du corps et de ses humeurs. Son kif, ce sont les signes extérieurs de richesses. Quand on lui parle d'ISF, il a un début d'érection. Sa soumise est une chimère, elle aussi livrée en boîte, enveloppée de papier de soie crissant, avec la marque dessus, non, pas celle du fouet, du fer ou feu. Le bdsm aseptisé est né, dans des habits du dimanche.

Rue Bricabrac, bdsm, Red Charls, marques
photo Red Charls

Ta ceinture n'est pas de chez Gucci, et pourtant, je porte avec une joie endolorie ses marques. Et quand elles auront disparu, tu m'en feras des nouvelles, sans bolduc autour, avec juste la pointe de la langue qui en suit le dessin quand la brûlure devient intolérable.

tags technorati :


Manège à trois

Manège à trois

Imbecile 12

L'autre soir, nous avons longuement parlé de libertinage, de Casanova, de Diderot, le dernier numéro de L'imbécile au pied du lit, pas encore même sorti de sa pellicule plastique. Hier soir, on a remis ça, L'imbécile avait été sorti de sa capote, pas encore lu, mais parcouru. (On a chacun le nôtre, d'exemplaire, et en plus, je fais du prosélytisme, c'est après la découverte de Courrier International il y a des années, la revue le plus coup de foudre sur quoi je sois tombée.) "Psychologie du libertin", c'est le thème du numéro 12. On en parle. Comme tu es réfléchi, tu me parles d'idées, et du libertinage au sens dixseptièm/dixhuitiémiste. Celui des Lumières. Comme je suis futile, je parlais de celui d'aujourd'hui, qui n'a gardé de son ancêtre qu'une liberté sexuelle. De toutes façons, le XXIe siècle n'est pas très spirituel.


Tout ça pour dire que je rêverai d'être libertine (pas comme la vilaine fermière, pitié), d'avoir cette faculté de détachement, ou de non attachement, ce goût de la collection et ce désir en mouvement perpétuel. Quand liberté rime avec légèreté. Je me souviens d'un film de Spike Lee, quand il avait du talent. Pas tout à fait une grande finesse, mais de l'allant, du chien. Nola Darling n'en fait qu'à sa tête. Nola avait trois amants. Un petit coursier démerde, drôle, un zigoto bavard et ludion. Un cadre sup sanglé dans un costard bien coupé, avec la thune qui tombe régulièrement, les idées aussi bodygraphes que son complet, rassurant et amidonné. Un beau gosse aux plaquettes de chocolat à la parade, grand baiseur devant l'éternel, le 7ème ciel à chaque coup de rein, je ne me souviens pas de son QI, sans doute n'en avait-il pas. J'ai bien que que le Spike, sur le coup, n'avait pas été très fin. Et Nola, qui rêvait sûrement de Mr Right (aux Etats-Unis, pays qui n'a pas connu la royauté, le prince charmant est de la roture), ne savait pas trop lequel des trois choisir. Le rigolo ? Le macho ? Le boulot ? Tout bien considéré, à eux trois, ils en faisaient un.

3mains

Trois hommes, c'est peut-être ça la solution à la quête de complétude. L'homme idéal en pièces (sur pieds, les pièces) détachées. Pas les trois ensemble, mais avec un peu d'organisation, à Monsieur A les lundi et jeudi, Monsieur B les mardi et vendredi, Monsieur C les mercredi et samedi (si Monsieur C est marié, on le met au courant des deux autres, et on lui affecte le seul mercredi, enfin, chacun se débrouille avec son planning, hein...), et le dimanche, on a piscine, copines. Dans un monde idéal, ça éviterait chagrins d'amour (si l'un des trois tire sa révérence, reste les deux autres pour se consoler en attendant de réembaucher), surtout, ça permettrait peut-être (je nage en pleine théorie, comme le prouvent mes exemples pathétiques) de diluer le don, l'investissement affectif. Parce que si c'est pour multiplier les souffrances, les blessures d'égo par trois, ce n'est même pas la peine. Ce qui est une manière d'envisager les relations humaines comme les investissement boursiers, ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier. Un truc de boutiquière, d'apothicaire. Beurque, non ? Sade était un grand comptable. Don Juju aussi.


Ma in Ispagna son già mille e tre!
Mille e tre !

C'est compliqué. Même juste tre. Surtout quand on est masochiste. Il y a les marques. Les marques, c'est le contraire du masque. Le libertin aime les masques. Il en a besoin. La masochiste aime les marques (sauf quand il y a séance d'acupuncture et de shiatsu chaque semaine). Elles sont ses décorations.

Je crains de n'être pas libertine, ça me déchire. Si je l'étais, je crois que j'ai trouvé mon masque. Ce serait un zentaï, plusieurs zentaïs, pourquoi pas novantuna ? Ou alors, mais c'est moins hype, troquer EDF pour la bougie (c'est politique) et ne choisir que des amants hypermétropes, si on les aime jeunots, ou presbytes, fatal chez les quadras (c'est optique).

 



Ca badine pas mal...

La belle rouge aux cent queues a fait plus de bruit de que de mal, si lourde et peu cinglante, trop de lanières douces, mais un excellent warmup, comme nous avait dit, à propos d'un autre flogger, la charmante propriétaire de la boutique de référence, qui te permet d'user de la force et parcourir tout mon corps sans peur des blessures.

Nous avions envie de plaisirs plus pimentés, je voulais des marques, les marques de ton attention, les marques de mon affection.

Tu as sorti la badine, celle qui siffle aigu, qui fait bomber les fesses pour qu'elle rebondisse plus vite, sursauter haut et crier fort, celle qui me donne envie de fuir et te donnes envie d'arrêter, Elle m'imprime et t'impressionne. Elle me tord, tu crains d'avoir tort. Ne nous laissons pas faire. Chacun son rang. Je me tends, tu me cingles. Ordonne-moi de compter, je dirai un, deux, six, dix, plutôt que aïe, non, stop. Je puiserai mon plaisir dans l'impossibilté d'échapper à la torture, dans ton refus implacable de la pitié, tout juste si, entre des volées trop blessantes, tu plongeras tes doigts dans mon puits généreux, caresse sur ma honte. Tu lècheras mes larmes qui seront ton excitant nectar. Et de ta langue encore salée, tu parcoureras les rails enflés et parallèles.

Photo China Hamilton

La badine n'est pas une farceuse. Elle mord, même sans élan. Elle fait mouiller, avant même de mordre. Elle dessine les tartans intrigants d'une tribu qui n'a que les rouges à sa disposition. Elle est insupportable et convoitée. Elle se manie comme une épée, elle se marie avec le paddle. Elle s'accommode d'une peau opaline et calme comme d'une croupe déjà rubiconde de méchants traitements. Elle arrive sans prévenir pour punir. Elle se glisse entre deux étreintes pour constraster. Elle clôt un bal comme un dernier mambo.

Elle déconcerte la position assise pour quelques jours.

tags technorati :


Morsuriance

Pour faire connaissance

         (Lire la suite)



¶
L'oreille
Juke Boxabrac
¶
La peau
Présentation

presque moi
aller Si j'expose mon verso, c'est pour le plaisir d'être jouée. Le masochisme est mon moyen de transport amoureux. Même si parfois je pleure... c'est de vie qu'il s'agit. Et quand tu me fais mal, j'ai moins mal.

¶
Les mots
Flash-back
À lire
¶
L'oeil
Des images pas sages
www.flickr.com
Voici un module Flickr utilisant des photos publiques de Flickr comportant le(s) tag(s) bdsm. Cliquez ici pour créer votre module.
¶
Le cliquodrome
Agrégation
  • allerfil RSS 1.0

  • allerfil RSS Commentaires

  • allerfil Atom 0.3

  • allerfil Atom Commentaires

Meta
  • allerGet Firefox!

  • allerAction Mondiale Contre la Faim

  • allerCombattez les spams : Cliquez ici

  • allerEt la propriété intellectuelle, c'est du poulet ?

  • allerHalte au copillage !

Épistole

aller Si vous souhaitez m'écrire, il suffit d'ouvrir votre courrielleur préféré, et d'adresser le tout à b.ricabrac chez free, en france. (On a le brouilleur de robot qu'on peut, logiquement, les humains devraient décoder.)

¶
Les rubriques
Classement