Rue Bricabrac

Dahlia en prise

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photo Kelly B.

DAHLIA est une voisine de blogue, une fleur qui pousse parfois dans les grains de sel, une amie et aujourd'hui une écrivaine qui publie son premier roman.

Elle écrit comme elle pense, elle écrit comme on sait qu'elle sait faire quand on la lit depuis un moment, elle écrit comme on parle, elle écrit comme on se venge.

Un jeune écrivain la largue au bout de deux mois par SMS (très tendance). Ils se connaissent depuis peu, mais leurs jeux comptaient triple. Au moins. Pour reprendre la main, la voix et l'ascendant, elle le drogue, le bâillonne, le ligote, et lui balance son ressenti(ment) tandis qu'il se refait le film.

Il se souvient de leurs étreintes vénéneuses, elle lui crache son amour.

J'avais hâte de le lire et je l'ai lu comme il est destiné à l'être, je pense, d'un souffle et un seul, jusqu'à être moi aussi haletante. Je l'ai lu comme si je l'avais écoutée, je l'ai lu comme si on m'avait largué par SMS, je l'ai lu comme si elle m'avait vengée, et j'y pense encore souvent.

C'est d'emprise qu'il s'agit, ce lien invisible qui attache et suspend mieux que les shibaris les plus sophistiqués.

Et je l'ai refermé, excessivement heureuse de connaître cette brune fetish model et aussi black devil (sous des airs angéliques) que les cigarettes noires qu'elle se plaît à fumer.

(Pour les grincheux, oui, j'adore Dahlia et son "Adore", et re oui, l'objectivité n'existe pas.)

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La première secrétaire

Elle aspirait après ce secret besoin de souffrance, qui pousse certaines femmes, non point vulgaires par l'éducation, à se soumettre à la poigne robuste d'un maître qui les frappant comme on peut frapper une enfant.


Rue Bricabrac, bdsm, flagellation

PIERRE Mac Orlan qui signait cette Petite Dactylo sous son pseudonyme de jeune fille, Sadie Blackeyes en 1914, considérait que les flagellées de ses romans étaient plus honteuses et excitées si la correction s'apparentait à celle que l'on donne aux enfants. Aujourd'hui qu'on ne fouette plus les enfants et que des lois nationales voire internationales, l'interdisent, et c'est tant mieux, il faut un Jacques Serguine pour tenir semblables langage et pensée.

Autant tout ce qui peut s'apparenter à la pédophilie, fût-elle fantasmée, me plonge dans un malaise révolté, autant cet aspect de la fessée, et partant, de la flagellation, purement régressif me charme (faut-il le redire, je ne l'ai jamais été enfant).

Ce qui appartient à l'enfance dans ce geste dévoyé, c'est (à mes yeux évidemment) l'impuissance, l'impossibilité de se révolter, ou de se révolter en vain et d'appeler un châtiment encore plus appuyé. C'est l'abandon forcé, la sensation que c'est "pour ton bien", la projection dans un no man's land. Et cette superposition enfant/adulte, cette substitution, dans son inexplicable paradoxe est d'un érotisme furieux.



Jet de mots

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POUR s'amuser, en regardant la ville blanche, quelques couleurs sur fond noir (merci wordle). Les mots d'un autre, jetés en vrac depuis un cornet à dés, un texte pas tout à fait révélé, un auteur à deviner, à découvrir.

J'ai butiné des extraits de textes numérisés au hasard de Google. Mon coeur, c'est à dire mon con, puisque le plus central giron, a fondu un peu, comme le blanc dehors qui pourtant fouette le visage. Une fois de plus, le pouvoir des mots me réveille.

Alors, des Sadie Blackeyes sont quelque part entre la FNAC et moi.

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Madeleine est revenue

Rue Bricabrac, bdsm, surréalisme
Luxure - Clovis Trouille

J'AI fait mentir mon nom de guerre : j'ai rangé ma bibliothèque. C'était un sacré bazar, il faut le reconnaître. Doublé d'un nid à poussière. Trois lombaires au champ d'honneur et la surprise de découvrir mon nez toujours en place malgré des éternuements dignes de la saison des foins plus tard, tomba ma récompense.

Sous la forme de la page 245, une reproduction d'une toile de Molinier, qui essayait de s'échapper d'un petit livre au pâle ocre jaune. Suivie d'un décollement de la 247 : chapitre IV, SADO-MASOCHISME.
Publié en 1971 chez Idées/NRF, il s'agit de l'épuisé Surréalisme et sexualité, de Xavière Gauthier. Je croyais l'avoir prêté, perdu, je l'avais pleuré. Je n'imaginais pas le feuilleter à nouveau.

Ce livre a été essentiel dans ma vie. J'avais presque 17 ans, tous mes fantasmes encore intacts, j'oscillais entre un très précis et douloureux sentiment d'anormalité et un solide sentiment de singularité et d'exception. Ce n'était pas le mouvement féministe qui allait me réconcilier avec cette sexualité tellement différente que personne n'en parlait. La liberté sexuelle n'allait pas jusqu'aux "perversions" (peu de temps avant, faire l'amour sans penser à procréer en était aussi une, de perversion). Et voilà que cette femme, professeure, féministe, militante, abordait, à travers les surréalistes, l'Éros sous toutes ses formes. Bien que j'ai tout lu de la première à la dernière page, certaines parties des 247 et suivantes ont supporté mes masturbations (je n'avais besoin que de lire et de serrer les cuisses, look mom, no hands) quotidiennes.

La croupe frémissante se contractait spasmodiquement.

Et toujours dans le même Desnos

La croupe sonore avait été cinglée par le plat de la main et ses muscles seraient bleus le lendemain.

J'étais fascinée par Luxure, un tableau de Clovis Trouille, et son Dolmancé a affirmé mon goût fétichiste pour les costumes XVIIIe, les costumes masculins.

J'aimais déjà les surréalistes. Ils m'ont aidée à aimer ma sexualité. Je me suis mise à en lire certains en pensant trouver mille et un récits de verges, et j'ai découvert des univers littéraires tellement séduisants.
De ces émois restent des paillettes d'orgasmes et des pages de mots. Et c'est aussi depuis Surréalisme et Sexualité que je sais que sans les mots, les maux ne sont rien.
Je peux faire l'amour comme on fait la guerre. Je peux accepter qu'on me fasse l'amour comme on commet un crime.

Ma madeleine aujourd’hui se prénomme Xavière.



Ceci n'est pas un poisson

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Voilà le premier sex-toy vraiment sado, bien plus que le canard dans son harnais de cuir et gagball. Ce qui n'est pas un Nemo pour amuser les enfants flanque franchement la trouille, exophtalmé comme il est.
Le poisson était sous la couette et son oeil regardait le vagin.

Je me demande si c'est l'oeil qui vibre...

 

(J'ai retrouvé L'île, d'Anne Lauris, édité chez Régine Desforges il y a bien des lustres. J'en suis heureuse tant il a fait partie de mes premières lectures érotiques de maso assumée. Je ne l'ai pas relu. Juste feuilleté pour faire tomber la poussière et respirer l'odeur des vieilles pages. Je le lirai à mon prochain dominamant, tandis qu'il tentera de me faire perdre le fil des mots avec son fouet sur mes miches jusqu'à ce que je tombe sur le dos ou trébuche sur les diphtongues. En espérant que l'érotisme du livre ait gardé sa charge initiale intacte.)



Histoire d'O...GM

Rue Bricabrac, bdsm, O
photo Eti2811962

O a marqué, au point que certain(e)s se font marquer, pour perpétuer dans leur chair des fantasmes romanesques. O fait encore rêver, dans une villa palladienne pour les vacances pour que résonnent les cris sans peur des voisins. O n'enrage jamais, elle rêve de se donner, mise en croix par quelque Stéphane (qui doit s'appeler Franck). O s'efface doucement de l'imaginaire, mais reste dans le symbolique. Je, toujours terre-à-terre, m'intéresse à la réalité.

Que pourrait être O aujourd'hui ?
Génétiquement modifiée ? Sans aucun doute. Sous GBH pour accepter le parcours d'overabandon et d'esclavage (je n'ai pas relu ce mauvais manuel de bdsm domestique avant d'écrire mes pitreries). Au bord de l'extase quand elle baisse les yeux, prête à se signer avant de se mettre à genoux.
Globalement masochiste ? Ça oui ! Pour accepter le fouet et les colonnes, trouver volupté et jouissance dans la souffrance, réclamer le joug et les meurtrissures. Le féminisme est passé par là, elle (croit qu'elle) assume.
Génialement manga ? Petite poupée livrée prête à bonder, cheveux vifs, hautes chaussettes rayées et culotte blanche, lolita perverse qui se met en bouche une lolipop rouge vif, assortie à ses lèvres, les seins tatoués de roses et de cerises et sa chute de reins d'une guirlande d'épines.

Et Sir Stephen ?
Un ancien patron du MEDEF qui aurait gardé sa berline cuir et ronce de noyer de fonction, des dépendances et de la domesticité, et qui mettrait les dividendes de son golden parachute au service de son vice ? Un jour, il se retrouverait sur You Tube, c'est sûr.
Un internaute assidu inscrit sous des pseudonymes divers sur tous les sites de rencontres possibles, faisant patte de velours chez Meetic et gant de vampire sur joueraveclefantasme.
Un bon père de famille qui s'ennuie au logis, avec une femme qui le délaisse ou qui, en bonne frigide, le traite d'obsédé sexuel quand il veut la couvrir après le dîner. Alors, il lit, il mate, et il se rêve Stephen ou Indiana Jones (le fouet fait le dom). Mais à la vue du sang, il tombe dans les pommes.

Mais Roissy ?
À Roissy, il n'y a plus que les avions qui décollent et les humiliés sont dans des centres de rétentions, entre deux frontières, hors toute loi.

Qu'on colle O à Sèvres, avec le maître étalon, qu'on y repense, émus, comme à ces aimables aïeules qui en ont fait des vertes et des pas mûres, Olympe, Odile, Odette, mais pitié, qu'on casse sa statue, qu'on lui défonce le culte et qu'on n'en fasse plus un rÔle mOdèle.

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Gilles et Georges

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Klaus Kinski dans la Vénus à la Fourrure

HIER, conversation au sommet avec dame Bas Bleu (dompteuse de hérissons de son état, entre autres). Elle remet notre cher Bataille sur le tapis. À cause de moi, elle l'a relu de pied en cap sans y trouver la phrase, "je préfère être touchée que vue, et vue que parlée", que je citais il y a quelques mois. Elle recherchait le contexte, elle a fait chou blanc.

Cela dit, elle l'a relu avec plaisir, et son Prince qui était de passage en a profité.

D'où sort donc cette phrase, si ce n'est de l'œuvre de Bataille ? Je demande à M'sieur Googleman, mon fidèle secrétaire, mon indéfectible maître, mon indispensable mémoire.
Queude.
Rebelote en omettant le "je préfère".
Et là, bingo !

La pudeur n'est pas liée à un effroi biologique. Si elle l'était, elle ne se formulerait pas comme elle le fait : je redoute moins d'être touchée que vue, et vue que parlée. Que signifie alors cette conjonction de la violence et de la sexualité dans un langage aussi abondant, aussi provocant que celui de Sade ou de Masoch ? Comment rendre compte de cette violence qui parle d'érotisme ? Georges Bataille, dans un texte qui aurait dû frapper de nullité toutes les discussions sur les rapports du nazisme avec la littérature de Sade, explique que le langage de Sade est paradoxal parce qu'il est essentiellement celui d'une victime.

Il s'agit de Deleuze, dans les premières lignes de son Introduction à Sacher-Masoch, parlant de l'algolagnie, puis se référant à Bataille. Et mon neurone ne s'est souvenu que de Georges, oubliant de rendre à Gilles ce qui lui appartenait.

J'aime que l'algo soit lagnie et pas seulement philie. Car si j'aime la douleur, c'est quand elle est voluptueuse. Inutile de penser me faire prendre mon pied en marchant dessus. Ni en visant mon tendon d'Achille à l'heure du backlash.
Et là, je languis de l'algie.



On s'fait un SMunch

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PLUS courants aux USA qu'en France, mais perçant à Paris depuis quelques mois, les munch sont des réunions bavardes et éloquentes autour d'un thème, ici le bdsm, d'où j'imagine le nom valise de SMunch. Pas de dresscode, pas de cravache en bandoulière, juste des mots, et des gens, curieux, intéressés, pratiquants. A priori rien n'est obligatoire.

À l'ordre de la soirée d'après-demain, dans un café de l'est parisien, écriture et BDSM, et les liens qui les unissent. Sade y côtoiera les blogs, c'est du grand-écart, quelle souplesse ! Mais ça donne envie, pour voir, enfin, pour entendre.

Pour ceux que cela intéresse, un site (minimaliste) et un myspace (je n'arrive pas à aimer myspace).

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Faux cul

LA tension de Marcel a grimpé en flèche devant une telle splendeur, les féministes se sont révoltées contre une énième utilisation mercantile de la nudité féminine, Mélie a pensé à la poupée en instance d'adoption rue Lacépède.
Tout le monde en parle.
Moi aussi, du coup, je moutonne.

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Tout ce remue-méninges à cause du Castor, agrégée de philosophie, plus célèbre pour ses romans et ses turbans, ses essais et ses épistoles, son "deuxième sexe" et son binôme, Jean-Paul, que pour son admirable cul pâle qui raconte les maillots de bain de l'époque, enveloppant bien le bas de la fesse, avec une petite jupette plaquée devant, découvrant largement le dos. Il y a quelque chose d'émouvant dans cette photo, parce qu'au delà de la femme célèbre, de la femme tout court (dont on peut se demander jusqu'à la fin des temps ce qu'elle aurait pensé de l'utilisation de cette image), ce pourrait être, sortie de l'album de famille, une grand-mère, une tante, une mère.

Le Nouvel Obs a frappé fort, il a trouvé cette photo de Simone de Beauvoir de dos, et à l'occasion du centenaire de sa naissance, titre "La scandaleuse", laissant penser au vu de la couverture, qu'en plus de rédiger "Le deuxième sexe", Momone se prêtait à des photos coquines, de celles que collectionnait Michel Simon. (Je n'ai pas lu l'article, mais j'imagine qu'on doit y parler de son amant américain, des frasques de l'existentialiste et surtout de ses maîtresses, vieilles antiennes mais tellement croustillantes). Plus fort qu'Arielle Dombasle au Crazy, mieux que les confessions de Catherine Millet, mille fois plus transgressif que le manifeste des salopes, introducing The Beaver, côté pile.

J'essaie d'imaginer une couverture avec le cul large et flasque de Jean-Sol Parte, ou mieux, celui de Raphaël Enthoven, gossebo comme pas possible, philosophe également, encore très frais et précédent mari de Carla.

Au delà de la querelle sur le cul qui dope le commerce, des grosses blagues sur le beaver qu'on ne voit justement pas, de la gêne palpable que génère cette couverture, de son paradoxe qui en voulaint désacraliser ne fait qu'icônifier (Sainte Simone, a oualpé et rebelle), je me fiche en rogne contre le révisionnisme photographique.

Car, à la direction artistique de l'hebdo, on a emmanuellebéarisé Simone, légèrement liposucée via la retouche d'image. Un coup de lumière par ici, un petit gommage par là, et voilà Simone de Beauvoir affichant un revers lisse. Ton postère à la postérité, mais aux normes du XXIe siècle et de Karl Lagerfeld.

Le cul fait vendre, mais pas la peau d'orange.

Voici la photo, telle quelle. Avant la réforme.

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Photo Art Shay


L'enfer ne sent plus le soufre

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© BNF

ACCOMPAGNÉE par JM***, intéressé autant que moi par le sujet, nous nous sommes glissés à une heure creuse dans "L'enfer" de la BNF, espérant débusquer cet "Éros au secret" (lequel est sorti du zonzon en 1969, non pas pour cause d'année érotique, mais dans la foulée du décrispement post soixante-huitard et n'est plus qu'une cotation pour faciliter les recherches). L'interdiction, assez exceptionnelle, aux moins de 16 ans, a créé autour de la BN curiosité, effervescence et affluence.
L'affluence, c'est ce qui pouvait arriver de pire, cet enfer en est un, non pas tant en termes de fréquentation (en ce qui me concerne, plus les gens vont dans les musées, quels qu’en soient les thèmes, plus je trouve cela agréable), mais de contemplation.
"L'enfer" demande à être vu de près. Beaucoup d'ouvrages fragiles sous vitrines contre lesquelles il est interdit de se vautrer, et dont la distance gêne autant les myopes que les presbytes (ça fallait quand même le faire !). Des photographies coquinettes format cartes de visite ou des estampes aux détails subtils aux murs.

Le lieu est rose et pourpre, des écrans passent des films cochons du temps du muet, "La religieuse de Diderot" ou "Histoire d'O" (chercher la faute de goût). À côté d'un manuscrit autographe de Sade, une lettre de son fils qui ne sait pas que papa est en prison. Quelques curiosas, on peut les compter sur les doigts de la main, dans une petite baraque, avec au mur (rose) peint en (pourpre) quelques instruments accrochés sans trompe-l'oeil, une tawse qui semble calquée sur un toy en forme de main, une cravache qui a l'air d'un petit fouet et un knout qui ne ressemble à rien.

En fait, c'est une exposition sociétale en trois parties. Les héros, les éditeurs, les écrivains. Une sorte de lecture en creux de la censure. Le temps des éditions closes, des livres factices, des premières de couverture trompeuses.

Je me souviendrai des tampons rouges signalant l'origine du livre, don, saisie, ou inconnu. D'une nonne béate visitée par des diables qui sucent ses doigts de pied, mordent ses seins, ouvrent son sexe ("Le ravissement de soeur Marie-Alacoque" du magnifique Félicien Rops), et dans une encyclopédie érotico-coloniale, d'un missionnaire introduisant profondément sa religion. Des rapports de police sur l'activité des bordels et des horizontales, d'une prime gravure de Dali, du fouet, par un "Traité", présenté comme un aphrodisiaque externe, de l'expression "édition adoucie", tellement plus jolie qu' "édulcorée" (comme le sucre à la saccharine). De deux photos (pas assez) licencieuses de femmes travesties en hommes sur les genoux de leurs compagnons. Et l'envie d'en lire plus de Gaston Vincennes ("L'amour fouetté"), d'en voir plus d'Achille Devéria.

Rue Bricabrac, bdsm, Sade, enfer
© BNF

Et puis, en addendum, une correspondance tellement agréable autour, très autour, de cet événement avec E***.

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Robbe se Grille

Rue Bricabrac, bdsm, Alain Robbe-Grillet, roman

VENDU sous scellofrais, le nouveau Robbe-Grillet ironiquement, mais justement titré "Un roman sentimental" se présente doublement capoté. Car une fois la fine pellicule de plastique déchirée, c'est un ouvrage non massicoté qui expose son papier crème et épais. Comme plusieurs générations ont perdu l'habitude de ces ouvrages dont il fallait patiemment couper les pages verticalement et horizontalement, l'éditeur a collé un sticker sur la couverture recommandant pour cette dépucellisation l'usage d'un instrument coupant plutôt que ses doigts.

Vient le dilemme : couper patiemment l'ensemble puis lire ou couper au fil de la lecture. Si l'on choisit la première solution, il faut prendre garde à ne pas lire en même temps, une phrase ici, trois mots là. Dans le cas de la deuxième, il faudra éventuellement réfréner son impatience lectrice pour soigneusement séparer les feuillets. On peut aussi choisir une troisième voie, celle du voyeur, et lorgner entre les fentes. Ce qui irait assez bien avec ce livre.

Sulfureux, évidemment. Provocateur, pas moins. Attendu, pour qui connaît l'auteur. Vieux cochon, vu le sujet. Admirable, quelle écriture ! Repoussant, à l'heure du politiquement correct. Bourratif, par répétition. Fatiguant, par overdose de références.

Robbe, dont personne n'ignore le goût pour les tableaux vivants et les fantasmes à propos des jeunes filles, connaît son sm sur le bout des doigts, des sensations, des mots. Il ne manque aucun motif du genre, depuis les sacrifices des jeunes et belles filles chrétiennes par des Romains qui ont dû inspirer la future sainte Inquisition (les vie, et surtout les morts des saintes consignées et compilées par quelque moine pervers peuvent rivaliser sans peine avec ce roman sentimental, sang et mental) jusqu'à l'éducation des filles par leur père et les poupées vivantes. On y fouette, et les coups se nomment cinglons. On y enconne, et le sexe féminin s'appelle sadinet. On y passe de l'Histoire aux contes de fées qu'une Annie Rice n'oserait jamais même penser, se cantonnant à la fantasmagorie proprette. Ici, c'est sale, suintant, barbare, excessif, exagéré.

"Ensuite ma fine lanière de cuir raide s'est abattue dans l'entrejambe selon diverses orientations. La peau, fragilisée par les flammes ayant léché le pubis, la vulve et l'intérieur des cuisses, a tout de suite ruisselé de sang."

C'est du fantasme, juste du fantasme, du fantasme bimaniaque (pédophile et sado-masochiste), mais du fantasme. Qu'il faut impérativement cliver de la réalité. Je ne pense pas que le pédophile de base ait jamais lu Robbe-Grillet, que le maîtraillon à la con qui pense qu'"Histoire d'O" est la nouvelle bible non plus, et que Robbe n'est pas Matzneff. C'est une fiction (où ne manque aucun des thèmes déjà traité dans le roman ou le film par ARG), pas un récit.

Dire que c'est sublimement écrit est un euphémisme. Et quoiqu'on pense de ce livre, il y a quelque chose de troublant : il ne donne pas une seule seconde envie de se branler. Et si on se trouvait devant un authentique ouvrage subversif ? Un pied de nez d'un vieillard qui sait que le temps lui est compté ?

Je n'ai aucune réponse, je ne suis pas sûre de souhaiter recommander ce livre (ou alors à certains, rares, qu'il n'étouffera ni ne choquera ainsi qu'à Marcel, pour la qualité sensuelle du papier et parce qu'en ce moment, il doit ruminer dans les embouteillages), mais je suis heureuse qu'il ait été écrit.



Bye, Bizot, bye

Rue Bricabrac, bdsm, Actuel, Jean-François Bizot
D.R.

JEAN-FRANÇOIS Bizot est mort il y a presque une semaine, et j'ai de la peine. Non pas parce qu'il allait lancer un journal que j'aurais bien aimé lire, consacré aux gens de mon âge, et du sien, dix de plus que moi, Si Señor (c'était le titre du projet), mais parce qu'Actuel, son premier bébé m'avait accompagnée. Plein aux as, il avait préféré lancer journaux et radio, renifleur du temps comme personne, aimant la culture quand elle était contre.

Mon petit cas perso et Actuel, c'était au début des années 70, quand je ne savais pas comment me dépêtrer ce qui était ma sexualité, n'ayant que lu Pierre Daco et Freud, déclarée perverse, n'osant m'en ouvrir à personne... Un jour, après quelques planches de Crumb et avant un reportage en Afrique du Sud, quelques pages sans doute écrites en jaune sur fond blanc à moins que ce ne fût violet sur fond noir, racontaient les coulisses sm de l'Amérique, San Francisco, Los Angeles, les deux, je ne sais plus, mais après avoir lu au moins quatre fois l'article (et pas à cause des couleurs psychédéliques), je me suis sentie mieux. Minoritaire, certes, mais pas bonne à enfermer.

Je pense que pour ceux qui débarquaient en adolescence et dans les années 70, pour qui les sentiers balisés n'étaient pas le paradis auquel ils aspiraient, Actuel était une source, un signe de piste, des pistes culturelles et sociales, des portes vers d'autres perceptions (et je ne pense pas à l'article sur la culture des haricots sauteurs en appartement). Actuel était libertaire et libérateur. Actuel nous a aidé à mieux vivre les années Pompidou si peu pou pou pidou.
Plus tard, avec Radio Nova, il a fait la même chose. Il aimait le monde, il en a souvent fait le tour, ça se lisait, ça s'entendait. Il était tellement curieux de tout qu'il a essayé le cancer, mais comme pour Desproges, c'est le crabe qui a gagné.

Je n'ai plus ma collection d'Actuel (ni de Zoom, ni de Cinématographe, ni de Fluide..), mais dans ma tête, il doit y avoir une zone du cerveau en forme de champignon hallucinogène avec des drôles de coloris et plein d'infos stockées par là. Un champignon qui se sent un peu orphelin tout d'un coup.



Espèce de pouf-fesse !

DANS la lignée du "fantasme de la lectrice", il semble acquis par tous que le siège est important.

Personnellement, j'avais il y a longtemps expérimenté une position assez confortable pour tout le monde (à condition que l'homme n'ait pas les genoux pointus). Ce dernier est assis, où bon lui chante, et la femme s'installe à plat ventre sur ses cuisses, les mollets et pieds derrière son dos, le cas échéant attachés, le livre sur sol, devant ou entre ses pieds, le cul à portée de paume, vue imprenable sur... (Les liens peuvent se justifier si les ardeurs percussives du perturbateur sont par trop vives, et puis les liens se justifient toujours, per se.)

Mais d'aucuns préfèrent jucher la femme sur un tabouret, façon tabouret de bar, bien haut perché. Ou alors, à défaut sur quelque chose de plus courtaud, façon diabolo tam-tam le bien nommé ou plus orientalisant, chargé de velours et d'argenture.

Des designers italiens ont imaginé celui-ci, qui me ravit, explicite et de la bonne couleur, mais ne serait-ce pas redondant ?

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Considérations cul...inaires

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J'AI bien senti qu'on m'en voulait, çà et là, d'avoir joué avec de la nourriture. Je vais donc persister, mais d'une manière beaucoup plus orthodoxe, tout en restant ludique et sexuelle.

Je profite de la sortie d'un livre de recettes, Les cuisines de l'amour" pour tenter de piquer des idées de menus (et je ne remercierai jamais assez l'adorable Ph*** qui depuis son île, tente de me guider pour que je sorte de ma routine roquette/poivrons/poulet/riz).

Fatalement, je feuillette ce livre tête bêche qui se la joue 69 pour offrir sa face rose aux filles et l'autre bleue aux garçons, et je tombe sur quelques recettes sado-maso, dont les intitulés sont prêts à rivaliser avec les périphrases des grands chefs. L'humour en plus.

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Chez les filles, j'apprends l'existence d'un champagne Marquis de Sade, lequel donne aussi son nom à un côte du ventoux plus rouquin mais sans bulles, ainsi qu'un petit vin de table, La soif du mal (le A ligoter, je connais déjà, j'en ai encore une bouteille). Pour la crème d'ortie, la recette suggère que madame aille les cueillir avant de s'en faire fesser par monsieur, puis d'en passer les tiges (pas celle de monsieur) à la casserole, largement accompagnée de crème fraîche (la fouettée, ce sera pour le dessert).,

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Après cet amuse-gueule et croupe, suivent des queues (décidément) de langoustines bondées aux rubans de jambon cru, puis du cul de petite cochonne de lait (tout mon portrait) laqué aux épices fortes (il s'agit de piment d'espelette, pas de gingembre, on se calme Columbine), sodomisé (n'ayons pas peur des mots) avec du bois de réglisse et des brindilles sauvages.

(Les auteurs, des érudits que ne se la jouent pas péteux, notent que le bois de réglisse fait d'excellentes baguettes magiques et qu'en porter sur soi attire l'amour et attise le désir. )

A suivre, de la beurrée de chou, de la purée de castagnes, de la salade d'herbes amères (tiens, je pensais que Pessah était passé) et une battue de fruits du péché associée à la crème fouettée.

Chez les garçons, les menus sont tout aussi drôles, mais plus miso/macho que maso.

Bon appétit les gens !
Quant à toi, je suis bonne pâte, alors fais ce qu'il te plaît. Play-moi tant que tu veux même.

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L'agronome, Delacroix et Gorée

Rue Bricabrac, bdsm, Gradiva, cinéma
© Zootrope films

ALAIN Robbe-Grillet avant d'être écrivain, scénariste, réalisateur et immortel est agronome. Avec une affection particulière pour les fruits. C'est ainsi que dans Gradiva, son nouveau film, on trouve des seins en poire, en pomme et en melon même (la minçotte Ally McTiana de chez John B. Root revenue au cinéma traditionnel avec une paire de nouveaux nichons pleins d’ostentation et son patronyme d'origine, mais toujours à poil dans le rôle de la servante-maîtresse), des culs en pêche et même des abricots.
Alain Robbe-Grillet a 84 ans, sa femme Catherine est mieux connue comme Jeanne de Berg (domina à voilette des salons privés germanopratins), et ils partagent quelques fantasmes sm. Ici, sous prétexte d'exploration de l'oeuvre orientaliste de Delacroix, un historien se retrouve membre d'un Cris et Chaînes sis à Marrakech sur mystères et nommé plus artistiquement (et clin d'oeil, en souvenir...) Club du Triangle d'or, où des hommes en habits chassent des proies dressées à leur obéir. Au gré de tableaux vivants, ce ne sont que femmes enchaînées, fouettées, marquées. Certains regretteront qu'Arielle Dombasle n'en soit pas, les rôles de Gradiva ou écrivaine, c'est selon, lui étant réservés.

Un peu pervers pépère, un peu rigolard tendance surréaliste, tissant toujours son érotisme de violence, monsieur de Berg montre assez bien comment des aveugles, impuissants et consorts tirent quelque potence de la mise à bas des femmes. Leur esclavage, réel ou simulé.

Ce qui m'amène à Gorée, parce que nous sommes le 10 mai, et à Gor, cette planète de roman dont les habitants s'appellent pareillement les Goréens. Si le premier est un lieu bien plus symbolique que rigoureusement historique, Gor sur Second Life est bel et bien une île aux esclaves, où le jeu de rôles permet, sous l'influence d'un mauvais roman de SF en une vingtaine de tomes, d'être kajira. Je n'arrive pas à décoller l'un de l'autre, mais je suis du genre à rester scotchée au fond du paquet par les connotations.



Souper jubilatoire (la couleur du jour est le rouge)

Rue Bricabrac, bdsm, lecture
La liseuse par Azraël

PARTAGEANT avec moi, et quelques autres, le fantasme de "la lectrice", Azraël me suggère quelques lectures pour jouir ad libitum, des curiosités d'entre-deux guerres (dits romans de flagellation) alors éditées dans la bien nommées collection orties blanches. D'autant qu'il semble facile de trouver dans Sévérités perverses, Les deux Camille, La guinguette aux orties de quoi faire correspondre très exactement lecture et correction, une forme de stéréo entre les lignes et la badine, les mots et les maux parfaitement en phase.

J'aime aussi beaucoup les séances de lecture et je ne manque pas d'en insérer une dans les soupers fessatoires. C'est un intermède culturel très pimenté.

Le souper fessatoire, dont on trouvera un exemple de menu ci-dessous (made in Azraël, comme l'image ci-dessus), prouve que pour quiconque pratique le bdsm en freestyle, il y a une jubilation de chaque instant associée à un assaut d'imagination pour que, sans aller jusqu'à faire l'école du rire ou sucer un clown, et malgré la douleur bien réelle et la férocité non simulée, le plaisir s'accompagne d'une joie immense. À en rire de bonheur.

Souper fessatoire

  • Fessée apéritive
    Exposition et mise en bouche
    Entrée au godemichet
    Délices de l’océan à l’aveuglette
    Intermède culturel
    Dessert surprise du chef
    Troussage et fantaisies
    Feu d'artifice en rouge et rouge

Règles du jeu de la fessée apéritive
Lance le dé
Si tu fais 1, tu rejoues

2 = 10 claques + 10 coups de martinet
20 coups c’est peu. Rejouer et additionner le nouveau score au score précédent.
3 = 10 claques + 10 coups de martinet + 10 coups de paddle
4 = 20 claques + 10 coups de martinet + 10 coups de paddle
5 = 20 claques + 20 coups de martinet + 10 coups de paddle
6 = 20 claques + 20 coups de martinet + 10 coups de paddle + 10 coups de cravache

Variante pour fessiers aguerris et gourmands pour celles qui aiment les fessées longues et cuisantes administrées en plusieurs fois avec un maximum d’intruments.
Avec 3 dés (score minimal 30, maximal : 216)
Lancer 3 dés. Les scores sont à multiplier entre eux.
ex : 3 x 5 x 6 = 90
Si l’on a 2 dés (ou exceptionnellement 3 dés) avec le score 1 , relancer les 2 ou 3 dés.
Si le score est inférieur à 30, relancer les 3 dés et additionner au score précédent.



Bons becs d'Esparbec

Rue Bricabrac, bdsm, Esparbec
La liseuse par Azraël

PAR hasard, j'ai retrouvé K*** il y a deux semaines. Cela faisait bien onze ans... De sa belle voix grave, dont il sait si bien jouer, enjôleur, allumeur, joyeux perturbateur, après les nouvelles d'usage, nous sommes repartis sur nos lectures, nos envies, nos jeux pas encore passés à l'acte.

Un peu moins en cale sèche qu'il y a un mois, mais encore un peu poussive, je lui ai confié avoir de nouveau envie d'être lectrice, sous la cravache ou la badine, voire les mains, dans une certaine position que j'affectionne, d'un texte érotique que je découvrirai à la lecture, sans pour autant baisser le ton ou l'interrompre de cris, fussent-ils de plaisir.

Entre Hummmm et Mmmmm, la voix en mode vibrato baryton basse, K*** me parle d'Esparbec, hétéronyme auteur de romans X, que je ne connaissais pas.

Commande-le, lis-le, ce n'est pas exclusivement sm, mais tu vas te branler comme une petite folle...

Rue Bricabrac, bdsm, Esparbec

En trois clics chez mon dealer de prédilection, je récupère trois ouvrages du dit Esparbec, et deux jours plus tard, je me lance non point dans Amour et Popotin, au titre attirant (en ce qui concerne les illustrations de couv', pas de jaloux, ce ne sont que popotins rondelets, culs tendus, proses convexes...) mais dans La foire aux cochons, une sorte de Fantasmasia chez les ploucs vicelards.
Roman pornographique, c'est écrit dessus. Tels sont invariablement présentés tous les romans d'Esparbec. Et pareillement que K*** est un érotomane qui connaît tout ce qui peut encourager ses contondances priapiques, dessins, livres, vidéos... Esparbec est un pornographe. Il insiste là-dessus. Et en effet.
Je n'avais pas lu (ou entendu) le mot cramouille (qui rime avec mouille, pas de cyprine ici) depuis des lustres. Espaerbec n'est pas chic. Il n'a que foutre de la périphrase. En revanche, chez ces affreux, sales et méchants façon parodie de la littérature de gare (et de lard) américaine, tout est laid, vicieux, tordu, sale et truculent, hénaurmément. Inceste, viol, domination, tout y passe et tout le monde passe à la casserole, les filles avec leurs pères, les femmes offertes à d'autres par leur mari, les institutrices et les pasteurs. C'est de la collection rosse.

Bref, cela n'a rien à voir avec les érotiques élégants, les confessions de fausses jeunes filles ou les trucs mal écrits à la va-vite, mais avec leur comptant de bites couilles poils fouets. Esparbec a une truculence et un style étonnant de crudité sans jamais être vulgaire, même s'il est d'une grossièreté parfois roborative. Les sexes des femmes ne sont pas des coquillages nacrés, ni des puits d'amour, ls liqueurs ne sont pas poivrées ou iodées. Les béances sont couleur sang et sentent la moule pas toujours fraîche. Autant pour les sexes des messieurs, triques certes, mais mal lavés. Bref, la pornographie qui se revendique comme telle, qui ne veut pas de la joliesse, qui prend la chair comme elle vient, de la plus fraîche à la plus blette. Surtout, ça jouit à chaque page.

Et c'est là qu'on voit que le livre, les phrases, ont quelque chose de proprement magique, c'est qu'on (je) n'a plus besoin des mains pour se branler. Quelques phrases lues, alanguie sur le flanc, les cuisses qui se serrent, une fois, deux fois, trois fois tout au plus, et c'est parti. Le canard reste là, à regarder de ses yeux ronds, muet et au repos.



Tableaux plus que vivants

Rue Bricabrac, bdsm, Pierre Klossowski, Roberte

BEAUBOURG accroche les "Tableaux Vivants" de Pierre Klossovski, un titre dont l'écrivain, peintre à ses heures, dans un style radicalement différent de son frère Balthus, disait être tautologique.

Pierre Klossovski, ce sont mes années d'études, ses essais d'abord, sur Neitzsche et Sade, et puis de fil en aiguille, les érotiques, La révocation de l'Édit de Nantes, Les lois de l'hospitalité, Roberte ce soir... Il y a suffisamment de ressources sur Internet et en librairies (notamment la réédition de la revue Arc qui lui avait été consacrée, aux éditions inculte) pour que je ne joue pas les cuistres mauvais pédagogues de surcroît en pérorant sur son oeuvre philosophique, érotique et picturale. Sauf à dire que je suis en arrêt devant son style, et que de m'y replonger me ravit.

Klossowski, plus près de la peau, la mienne, c'est sa relation à Denise, sa femme, dont le troisième prénom est Roberte, et sous l'épiderme de qui il va chercher les fantasmes de son double à lui, Octave, le vieux mari.

Et ses dessins, découverts d'abord dans une édition originale des éditions de Minuit puis dans une expo, à Saint-Germain, sans doute. Un dessin a quelque chose d'ingrat, de pas immédiatement aimable, peu flatteur, mais attirant.

Me voilà à Beaubourg, au quatrième étage, quittant l'escalator et la vue sur Paris sous le soleil pour des grands formats mythologiques. Diane, Judith et Lucrèce ont les traits de Roberte, tout comme dans les romans, elle a certaines qualités de ces héroïnes. Soudain, un peu kitsch en 3D, sculptée en résine par Jean-Paul Réti, d'après les dessins de Pierre, Roberte, aux barres parallèles.
Flash-back et surcharge émotionnelle.
J'avais, je ne sais plus, moins de 20 ans sûrement, je lisais Roberte ce soir, députée bien mise et rigide, et ici mise en scène par son mari, humiliée, fustigée, empoisonneuse (je mélange peut-être plusieurs titres dans ma machine intime à remonter le temps), forcée au plaisir et le prenant de belle manière, sous ses airs hautains et outragés.

J'en ai un peu assez du mot "trouble", mais tout le trouble ressenti alors est revenu, poussé par un vent qui le décuplait.

Ce trouble parce que j'ai retrouvé très exactement mon fantasme originel, plus ou moins né quand je savais à peine lire et que Klossowski écrivait ses érotiques. Roberte a des postures paradoxales. Elle repousse ses tourmenteurs tout en jouissant en silence de leurs affronts. J'ai tellement envie qu'on me force à cette jouissance que je suis masochiste.
Enfin, je crois.



Tendre à cuire

Rue Bricabrac, bdsm, fessée, Jacques Serguine

Le nouveau roman de Jacques Serguine s'appelle L'attendrisseur. Le titre, déjà. Il a les vapeurs puissantes d'un alcool fort. Je pourrais m'arrêter là, sur ce mot et son article, suspendue comme l'apostrophe, en équilibre enivré. Ça me parle, ça doit parler à beaucoup d'autres, tout est dit. Si j'aime tant me faire fesser, comme je le rappelle souvent, trop, quasiment en boucle, c'est parce que je suis sûre que cela m'attendrit. Mais là n'est pas la question. La question, c'est comment Serguine se débrouille-t-il pour en parler si bien, si précisément, si méticuleusement et si sensuellement à la fois, avec des tournures parfois surannées et des beaux mots précieux, avec des sentiments vifs et un amour toujours (qu'on se souvienne d'Éloge de la fessée).
Pour ceux dont le titre ne ferait ni raisonner (attendrir comment ça ?) ni résonner (attendrir quoi ?), la couverture blanche (assortie au nom de l'édition), ornée d'une petite photo de Patrick George, appartenant à la si belle série des Signatures, éclatante de joie cerise sur une peau hâlée, désigne de la paume l'objet du délit, et donne envie de s'incliner sur les premiers genoux qui passent, pour peu qu'ils aient bonne mine et bras adroit.
C'est bien de désir dont il s'agit à chaque page, un désir prégnant, brûlant, exprimé, exsudé, dénudé, envié...

"En fait, l'agent réel, agi et acteur, est simplement une fessée. Non, la Fessée plutôt, avec une majuscule ; il va de soi que les derrières sont minuscules."

Jacques Serguine est le narrateur, celui par qui la fessée originelle arrive (dans le jardin mal calfeutré d'une villa de station balnéaire méridionale, sur le cul d'une altière et incandescente beauté noire) et de là, une contamination quasi virale parmi les filles du bord de mer. Deux femmes assistent, le même jour peut-être, mais pas sûr, à cette fessée d'amour, et elles en conçoivent grand et légitime émoi, jusqu'à vouloir, donneuse ou receveuse, s'y (sou)mettre. L'une va fesser son gros bébé (chez Serguine, les filles de 17 ans sont nommées bébé... et prions pour les organisations plus fachos que familiales ne hurlent pas au crime pédophile) l'autre, à peine plus âgée, va demander à son amie d'été de la retourner sur ses cuisses et de l'enluminer.

C'est Pauline à la plage sur les genoux de Claire, avec la fessée dans le rôle du mistigri d'une Ronde.

Personne n'écrit sur la fessée avec cet amour et cette tendresse (sans parler du talent, tant trop souvent les récits de ce genre relèvent plus d'harlequinades que de littérature). Le cul devient le cœur de tout, la beauté, la paix, le bonheur. La fessée n'est qu'attention, amour, affection.

Oh, et puis il faut le lire, et s'en prendre (ou en donner) une bonne. Ou deux. Ou trois. Et encore demain. Et après-demain.



Histoire de pêches

Rue Bricabrac, bdsm, Japon, érotisme

Les weekends pluvieux prennent des couleurs plus accortes quand, sous la couette, on feuillette un gros beau bon livre. Comme celui d'Agnès Giard, L'imaginaire érotique au Japon (chez Albin Michel). Spécialiste autant du sexe zarbi (elle a déjà pas mal écrit sur les fétichismes, et hors la presse main stream, on peut la retrouver sur le site magazine de Dèmonia) que familière du Japon, elle allie les deux. Comme elle est bdsm friendly, et que le Japon ne néglige pas cet aspect de la sexualité, bukkake, shibari et autres pratiques dominatrices ont leur belle part. Certaines plus obscures que les précitées.

"J'ai rêvé plus d'une fois de dépouiller ton visage de sa peau pour te la faire goûter en même temps que mon amertume." (Kobo Abe)

Richement illustré (plus ou moins 25 artistes ont laissé leur empreinte) comme on dit quand on parle d'un livre qui est autant d'images que de mots (et ici, ils ne manquent pas, chaque chapitre comporte en noir et parfois blanc sur rouge, à la la limite de la lisibilité, un glossaire japonais ce qui permettra au touriste, même s'il est incapable de commander un tempura ou de trouver sa rue, de décliner toutes les pratiques sexuelles dans un nippon de qualité, il y a même un précis de prononciation), ce livre appelle le regard sur le texte. On aura beau le feuilleter pour se faire une idée par images interposées, les mots s'imposent vite. Tout est si intrigant, même quand cela touche à des frontières que l'ont croit avoir déjà franchies. Si des images des films d'Ishii, ou des photos d'Atsushi Sakai, des ligotages chaînés de Miyabi Kyudu se rappellent à nos bons souvenirs, le discours que tient l'auteure, qui creuse patiemment et passionnément le pourquoi du comment, est indispensable. Comme la dame a de l'humour, on est loin, très très loin, des cuistreries pontifiantes, et ça se lit comme on voyage dans un pays mi-familier, mi-étranger, en s'extasiant,en frémissant, en poussant des oh, des aaaah, des ha bon, et hé bé.

Et à travers ce parcours qui va des culottes de nymphettes sailor moon aux poupées prostituées, des chiennes très loin des nôtres et des viols simulés, des zentaïs aux travelos, des fantômes aux tabous, du pastel à l'obscur, je me suis laissée aller au tourbillon, attrapant d'une main un lambeau de honte, caressant l'idée de la flétrissure, touchant la fesse d'une sumo sexy...

"Les talons en l'air, les orteils crispés." (Ihara Saikaku)

Le sexe, l'esthétique et la culture sont indissociables, ça ne fait pas mal, chacun éclaire l'autre, sans oublier le bouddhisme et le shintoïsme. Le livre refermé, outre la couche d'érudition tout fraîche qui repeint les neurones au couleurs du drapeau japonais, en rouge sang et blanc culotte petit bateau, avec une pointe de rose pour les fleurs de cerisers et d'ivoire pour le sperme, une floppée de fantaisies sexuelles titille et donne envie de d'acheter des culottes en papier ou une kokeshi (quand je pense que je me demandais pourquoi, depuis quatre mois, je suis attirée par ces poupées de bois).
Oui, fatalement, j'ai aussi vu ce livre par le petit bout de ma lorgnette, plus touchée (à la peau et au cerveau) par les nawashis que les lolitas gothiques. Mais il mérite bien mieux et plus que cela.

Le titre est un jeu du mot, pêche et fesses, pour des raisons roses et charnues qui sautent aux yeux, portent le même nom : momo.

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Ton compte est le bon

Rue Bricabrac, bdsm, chiffres, comptes
photo Magic Fly Paula

Comme beaucoup d'autres en cette rentrée, je lis (après de longues hésitations, parce que parmi tout ce qui s'offrait en littérature, je n'avais pas une folle envie de me cogner presque 900 pages, dans une langue surannée, à propos des menus détails de la vie et de la carrière d'un Obersturmführer) Les bienveillantes de Jonathan Littell. Très vite, à la page 21, le narrateur entreprend, de calculer, à partir de la durée de la guerre, à la minute près, le nombre de morts par minute selon les catégories suivantes : allemands, juifs, soviétiques. Ces divisions et additions, placées sous le signe de la maniaquerie administrative et de l'horreur froide, m'ont rappelé d'autres opérations mathématiques.

Il y a longtemps, j'ai lu Sade. Un jour, on m'a offert Les 120 journées de Sodome (je crois que j'avais 17 ou 18 ans, je terminais le premier cycle universitaire, juste pour dire que Blanchot, Klossowski, Deleuze et Bataille n'avaient alors aucun secret pour moi, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui). Je me suis retrouvée face à face avec un sale petit comptable qui détournait l'ennui routinier de la prison ou de l'hôpital par des assemblages compulsifs de chiffres. Je l'ai pris en grippe, et n'ai plus voulu me souvenir de lui que pour Justine et l'orgasme magnifique que m'a procuré la lecture des premières pages et La philosophie dans le boudoir, et notamment le discours du chevalier, Français encore un effort...

Mais les chiffres ? Dans les pratiques bdsm, ils sont cardinaux. On compte les coups, on en parle, de ces comptes. Sommes nous les héritiers de ces paperassiers sinistres ? J'en parle, Mélie en parle, j'en parle encore, et elle aussi, des hommes et femmes que je ne connais pas légendent des galeries photos ou des récits avec "le jour des 200 coups de fouet et des 400 coups de badine". J'ai offert un sablier à Dominamant qui n'en a pas besoin, son téléphone dispose d'un mode compte à rebours. On lance les dés à 18 faces, on multiplie, il frappe, j'énumère. A haute voix ou dans ma tête. Et ce compte ajoute du piquant, et fixe des limites. Certaines comptent à rebours, jusqu'au feu, 5, 4, 3, 2, 1... Iiiiiiiiignition ! Un jour, P. l'ancien m'a demandé depuis combien de temps je pensais qu'il me fouettait. Tout mon corps chauffé, rutilé, cinglé me soufflait "2 heures". Sa montre indiquait 20 mn. Et j'aimerais faire tourner la roue de l'infortune.

Chez les couples vanilles, personne ne réclame une pipe de 7 minutes, ou trois cents caresses dans le creux poplité (devraient-ils ?). Tout juste si le 69 est d'actualité. Et puis Catherine Millet qui compte ses amants.

Mais nous, on compte, on y prend du plaisir, du piment, on valide une punition, la douleur devient un boulier, la badine l'aiguille des heures, la voix la trotteuse du plaisir, les chiffres un code alchimique.

Soudain, compter me met mal à l'aise.



Mardi, c'est sodomie

Rue Bricabrac, bdsm, Toni Bentley, sodomie

Une heure après qu'il est parti, elle prenait des notes. Elle a finalement écrit un livre qu'elle a conseillé à ses parents de ne pas lire. Il, c'est A-Man, un homme un vrai, ça veut dire. Il téléphonait une heure avant d'arriver. Elle achevait sa toilette intensive, préparait la pommade. Ils allaient dans la chambre, pièce du rituel. Elle offrait son cul. Il s'en allait. Une heure après, elle écrivait. «Ma reddition», dit-elle.

Ainsi commence le portrait de Toni Bentley, dans la série "Bêtes de sexe" de cette semaine, en dernière page de Libé. (Que l'on peut lire en ligne pendant encore une semaine)

Je repense, en lisant cette page, à H., qui ne m'a jamais baisée. J'avais refusé son gode, même muni d'un préservatif, il croyait que ma réluctance venait d'un souci viral, alors que je n'aurais su le laisser faire ma connaissance avec un morceau de plastique plutôt qu'un membre de chair, un beau sexe qui avait l'élégance d'être circoncis et d'un joli rose poudre.

Alors, H. militait pour l'enculade, apparemment, si mon vagin ne convenait pas à recevoir ses péniennes pénétrances (parce que les doigts, il ne s'en privait pas, musant en moi comme dans un pot de confiture), mon cul (de soumise) pouvait faire l'affaire.

Comme je n'aime pas les affaires, les petits trafics, j'ai prétexté quelque vieille blessure (authentique) et total trauma (exagéré à frôler le mensonge) pour lui refuser cette porte de sortie. Je ne sais pas pourquoi j'ai mis tant d'ardeur à défendre ainsi ce lieu sans fond qui n'avait rien d'un bastion, et depuis longtemps. Je n'ai jamais eu de forteresse entre les fesses. Un sale petit comportement à la donnant-donnant, ou plutôt pas pris-pas pris.

Le jour (c'est à dire deux ou trois jours après ce soir-là) où il m'a signifié qu'il n'avait plus envie de moi, je me suis fait enculer deux fois. Par deux hommes différents (pas simultanément, faut pas pousser la double pén' dans les orties). Ce n'est sans doute ni intelligent ni intéressant, mais ça s'est passé ainsi. Ces coups de queues étaient ma minable vengeance. Quelque chose d'un peu nul et d'assez plaisant, un peu à la manière de ces paysans français pendant la guerre qui, dit-on, vidaient leurs bouteilles, accompagnant la dernière lampée de chaque d'un "encore une que les boches n'auront pas !"

Ensuite, j'ai entrepris de retrouver cette féminité dont j'ai enfin compris qu'il avait, avec mon consentement... que n'aurais-je fait pour avoir son fouet, amputée.

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L'ours de Léopold

Dans Libération de ce jour, deux articles consacrés à l'ours, que l'on peut trouver en ligne, et un petit troisième, réservé à l'édition papier, "Chassez l'ours, il revient en peluche" qui explique comment l'animal, de symbole on ne peut plus mâle est devenu un ersatz de maman.

Les premières phrases d'icelui n'auront pas échappé aux zélateurs du bdsm puisqu'elle cite largement ce bon vieux SM premier du nom, qui semble-t-il quand il s'agissait de fourrure, ne parlait pas que de Vénus. Le reste est à découvrir, sous la signature de Corinne Bensimon qui raconte en peu de place des tas de choses intéressantes, notamment sur l'origine de l'expression "ours mal léché".

Léopold de Sacher-Masoch s'en délecte, dans les Contes galiciens : la chasse à l'ours, au corps à corps. La bête, défiée, se dresse, pattes écartées, l'homme plonge sur l'animal, couteau pointé vers le cœur, l'ours le plaque contre son torse en une étreine qui enfonce la lame dans l'épaisse fourrure. L'homme a le dos lacéré, il est en sang et victorieux... Sous la plume du fondateur du masochisme, le récit est le prétexte d'une "érotisation de la souffrance", relève le psychologue et éthologue Boris Cyrulnik.

Rue Bricabrac, bdsm, ours

Moi, je dors avec nounours dans mes bras (chanson idiote de dans le temps)... Et l'image de Léopold m'ouvre des portes aux contours obscurs mais aux pénombres voluptueuses.

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Croupe glacée

Près de chez moi, il y avait une librairie d'occasion qui avait tout un rayon série noire, un franc le livre, trois pour en embarquer cinq, et on pouvait les rapporter et les échanger.

J'y ai dévoré tout ce que j'ai pu trouver, entre autres heureusement, de l'oeuvre de Carter Brown, un pseudonyme qui a publié 150 livres, pure pulp fiction, en 15 ans. Ca se lisait encore plus vite qu'il l'avait écrit. Les titres, Croupe Suzette ou Le valseur énigmatique, ne laissaient aucun doute sur les centres d'intérêt du bonhomme.

Je lui dois quelques bons souvenirs de fessées.

Dont une. Une donzelle renversée sur le comptoir d'un bar, les arrières giflés d'importance, et pour finir, dan sa culotte remontée, l'homme verse le contenu d'un seau à glaçon, avant de lui masser le postère. Un chaud froid comme je les aimais, ou comme alors mes fantasmes savaient que j'allais les aimer.

"Un massage de croupe aux glaçons." C'était l'exacte phrase.

Rue Bricabrac, bdsm, glaçons, Carter Brown
photo hundrednorth

"Certes", me dit dominamant quand j'en arrive à ce point de mon souvenir de mauvaise littérature et de masturbations frénétique, "mais tu n'as pas de culotte" (je rappelle aux lecteurs qui arrivent de Mars, le mois ou la planète, qu'hier, à Paris et à 22 heures, il faisait encore dans les 30°).

Heureusement, il existe des tas de moyens de jouer avec des glaçons sans être culottée.

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Martinet (je te plumerai)

"Quant aux martinets, ce sont des aéroplanes toujours sous pression et dont l'hélice tourne sans jamais donner un signe de défaillance." (Cunisset-Carnot, La vie à la campagne, 1914)

Rue Bricabrac, bdsm, martinet

"Martinet aux ailes trop larges, qui vire et crie sa joie autour de la maison. Tel est le coeur. Il dessèche le tonnerre, il sème dans le ciel serein. S'il touche au sol, il se déchire. Sa pause est au creux le plus sombre. Nul n'est plus à l'étroit que lui. Il n'est pas d'yeux pour le tenir. Il crie, c'est toute sa présence. Un mince fusil va l'abattre. Tel est le coeur." (René Char, Fureur et Mystère, 1948)

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All O

Hier, alors que nous échangions des civilités sur MSN, Maxence me dit "c'est bien beau tout ça, dauber les stephen de banlieue, railler les petits marquis, se gausser des DAFS sans syntaxe, affubler les maîtres de haillons, de milli, d'ailleurs, transformer ces pauvres dominants déjà dans le tourment en dogmateurs, mais les O, tu en fais quoi, hein, des O ? Allez ma vieille, sus aux gOurdasses !"

Rue Bricabrac, bdsm, O
Photo Fertraban

Me voilà devant ma page blanche, cherchant quoi dire sur ces O dalisques, belles O bois dormant, innOcentes, annO, O de mer, fleur d'O, et j'en oublie, j'ai même connu sur minitel un monsieur Sourcier qui cherchait son O (en tous cas, s'il ne l'a pas dénichée, il a au moins trouvé VermOt).

Dois-je ressasser qu'O est un personnage de roman, comme Hiéronomus Bosch, Ed Cercueil, Jean-Baptiste Grenouille ou San Antonio. Née de l'imagination fertile et bdsm de Pauline Réage alias Dominique Aury (sans O mais avec AU). O est une femme de papier, quelques pages arrachées à des rêves plus fous qu'une réalité frustrante, un support fait au tour à des fantasmes plus de don de soi que de sadomaso. C'est un mannequin pas vaudou dans quoi on pique des aiguilles, qu'on lacère au fouet, qu'on mène à l'abattage comme une pute de la Goutte d'Or, qui porte l'alliance au sexe. Et Roissy n'est pas un aéroport d'où un aréopage de wanabe soumises partirait au 7e ciel avec un ticket d'embarquement tamponné SS (pour Sir Stephen, ou Super Sado).

Qu'on veuille par son pseudo appâter le chaland, de la même manière que sur des tchattes vanilles, on s'appellera Chimène ou Roxane sans avoir lu Corneille ou Rostand, je comprends. Mais ces jeunes (ou moins) personnes qui se cherchent quelque analogie avec l'O fondatrice de tous les mythes ont-elles à ce point besoin d'effacer leur identité déjà pâlichOnne derrière une figure aussi emblématique qu'hypothétique ? Mettre les pieds dans l'O comme un rite de passage, s'Ornementer en routarde aguerrie, devenir la zérOïne de son histoire à venir, donner de la cOnfiture aux Stephen...
Quand on s'anOnymise O comme les ânes se nomment Martin.

O est un livre érotique, avec des passages forts et des tunnels casse-pieds, qui puise dans l'imaginaire SM autant que dans la métaphore, et même s'il a l'avantage d'être bien écrit (au contraire de ces médiocres récits qui sortent à raison d'un par an en moyenne, et qui sont torchés avec les pieds), il serait écervelé de le prendre à la lettre, fût-elle la quinzième de l'alphabet. D'ailleurs, le fer à marquer n'est pas fourni avec l'Ouvrage.
(De toute évidence, je suis plus à l'aise à tailler des croupières aux membres du clan de la race des saigneurs, qu'aux pauvres filles qui attendent le prince fouettant.)

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Passe-moi une phrase

Au détour d'une page, d'un livre épargné par le chat en quête de canapés de papier, un dimanche entre bleu et gris, une phrase.

Caresses aveugles, aimantes, corps à corps !
Caresses mordantes, encapuchonnées dans leur fourreau.

Rue Bricabrac, bdsm, Walt Whitman, érotisme
photo Esther G.

C'est ce que j'aime avec les mots, encore plus qu'avec les images, ce sont des clés qui ouvrent des portes qu'on ne savait pas si proches. Bien sûr, voilà longtemps déjà que je me nourris, chaque pouce de peau, chaque parcelle de mon esprit, de la morsure de ce qu'on appelle coup et que j'ai toujours considéré comme une forme de caresse.
Mais à lire Walt Whitman (puisqu'il semble qu'il soit l'auteur de ces lignes), j'imagine des caresses investies d'une vie propre, des caresses comme des épées, des caresses à têtes bien faites, qui comme au kyudô trouvent le coeur de la cible sans le chercher.
Imaginer un mouvement qui cherche la perfection du geste, rituel, égal, métronomique, tandis qu'ondulant et ondoyant, un corps se déplace et se place pour donner du sens au coup qui ne le menace nullement.

Retourner lire, chercher sa pitance, boire l'imagination de l'autre, et en tourner d'autres rêves.
En parler à l'autre, fourrager ce terreau commun, en cueillir les pousses de réalité.

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Tous mes œufs

Les considérations calendaires et le son des cloches (je ne parle pas des dindes des deux sexes qui profitent des RTT et jours fériés pour piapiater), urbi et orbi, sans parler des vitrines des confiseurs, permettent difficilement d'échapper à l'omniprésence de l'oeuf ces jours-ci. Oubliées, la grippe aviaire et le confinement des volailles, des matous et des blondes. Occultés, l'apport calorifère du chocolat et la coquille "cropinzuste" de Calimero. Envolées, l'envie de faire sa maligne en parlant du bœuf ou du n9uf et les vélléités d'originalité.
Je ferai donc l'oeuf et le bdsm dans le même mouvement.

Rue Bricabrac, bdsm, Pâques, œufs
Photo Eggeye : -Ant-
Photo LA is full of interesting people : pinhole

En la jouant intello, clin d'oeil appuyé à Georges Bataille, l'Histoire de l'œil, Simone, les couilles et les œufs. Un bon jour pour relire le sulfureux qui a failli devenir séminariste avant de se passionner pour le lingchi.
En la jouant nympho, avec cet œuf trop pink télécommandé (hélas pas à plus de 5 mètres... à quand le GPS ?) qui vibre au plus profond de son giron, attention à le choisir muni de piles R6 et pas de piles plates façon montre.
En la jouant incognito, avec cette projection d'une pénitente prêt à être sacrifiée, couvée par Pan et Pan, chacun ayant choisi de présenter sa face la plus ovoïde.
En la jouant passio, car après tout, aujourd'hui, c'est un peu sa fête, au petit Jésus fils de dieu...

Comme quoi, il en est des œufs comme des couleurs, tout est affaire de goût, et d'esprit mal placé.

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Livres en vrac

La matinée se terminait, il y avait un air de printemps et de vacances dans les petites rues autour du square, une somme de papas faisaient rouler poussette, la baguette (de pain, Rétrodor ou Banette) à la main. Ils pourraient presque être mes fils, pour la plupart, ces hommes qui profitaient du ouiquende pour ne pas se raser, souvent beaux garçons, tankés et tendres à la fois.

Rue Bricabrac, bdsm, littérature

Le cauchemar d'Éric Zemmour, ils étaient ! Éric Zemmour, c'est ce journaliste qui généralement écrit sur Balladur ou sur Chirac, et qui s'est le mois dernier piqué d'écrire (Le premier sexe ça s'appelle et c'est Denoël qui s'y colle) et de décrire la désintégration de la société française (les émeutes de novembre, c'est la faute aux néo-gonzesses, je la fais courte) par la dévirilisation de l'homme. Adoptant un discours encore plus réactionnaire que son libéralisme noyé de bonhomie quand il fait le beau chez Bern ou sur i-Télé, tentant d'être aussi provo qu'Alain Soral qui a dit les mêmes âneries que lui 6 ans plus tôt, il prône le retour des femmes à la maison entre couches et cuisine, tandis qu'enfin, les zommes noyés de testostérone pur porc sentiraient leurs couilles repousser (la droite et la gauche, parce qu'il faut deux hémisphères à un cerveau). Dans le monde où vit Zemmour, les hommes - du moins ceux qui ne sont pas des fiottasses - sont devenus des femmes comme, pire même (parce que les valeurs féminines chez Zemmour, c'est serpent, diable, pomme, mal et compagnie), les autres. Son portrait de l'homme en prédateur sexuel me questionne... Serait-il, hors antenne et monde l'édition, l'un de ces Sir Stéphane von DAF der Mastère que l'on croise sur les sites BDSM (BDSM à chanter sur l'air de YMCA pour alléger un peu l'atmosphère et rappeler à Éric Zemmour que les Village Popaul étaient des incarnations des clichés virils, casque, poils, uniforme, moustache, biceps...).

Puisque l'heure est au déballage des rayons de la bibliothèque, deux autres livres de femmes qui frôlent le domaine que l'on aime.

Rue Bricabrac, bdsm, littérature

Angie David qui jouait la maîtresse d'Ivan Attal dans Ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants, cette blonde et diaphane jeune femme aux yeux de chatte, 28 ans au compteur, secrétaire de rédaction de la revue littéraire de Léo Sheer publie chez ce même éditeur Dominique Aury, une biographie d'icelle. Qui est passée à la postérité sous le nom de Pauline Réage, identité qu'elle n'a avoué que peu de temps avant sa mort. Dominique Aury, qui ne s'appelle pas non plus Dominique Aury, aimait les femmes surtout, et quelques hommes. On connaît sa liaison avec Jean Paulhan. Ainsi que son surnom de "nonne des lettres". On apprend par cette conséquente bio d'Angie David qu'elle a "fréquenté" Thierry Maulnier quand elle était dans les jeunesses de (extrême) droite (mais comme dit un personnage dans Le passager du Champ de Mars de Robert Guédiguian, mieux vaut commencer à droite et finir à gauche) et qu'elle a écrit "O" entre la chambre de ses parents et celle de son fils, la nuit, en clandé, sous les couvertures. A lire par tous ceux qui pensent encore que Histoire d'O est une autobiographie à vocation pédagogique et dogmatique, et aussi par ceux que les double voire triple ou même quadruple vies passionnent. C'est en prime formidablement bien écrit.

Rue Bricabrac, bdsm, littérature

Le pire pour la fin, le plus drôle aussi. Une dame Chloë des Lysses, spécialisée dans l'égérisme et le traité coquin mais mal documenté vient de pondre une espèce de Reader's Digest sadien. Chloë des Lysses, ça fait pseudo d'esthéticienne, faut dire qu'elle écrit pire que certaines épilent. En tous cas, de la même façon qu'Éric Zemmour considère les femmes comme des sous-hommes, Chloë Machin n'est pas loin de penser la même chose puisqu'elle livre chez Scali (c'est un autre qui l'a écrit, elle a supervisé, on ne rigole pas) Sade revu et corrigé pour les filles (qui ne sont évidemment pas cap' de le lire en version originale. Perso, j'attends la version remix pour les blondes.) est largement parsemé d'images, de fun et d'un psycho-test. Tout de même, attention, avant d'investir dans ce chef-d'oeuvre, lire préalablement La fessée pour les Nuls ainsi que Cravache pour tous et Gode pour les autres.



Comme un nuage

Parmi les sites qui jonglent avec les mots, les signes, le sens, que je fréquente autant que possible, sans les avoir mis en lien dans le souci de laisser ce blogue dans un pâturage au plus près du bdsm, il y a Technologies du langage. À Jean Véronis qui l'anime, on doit (entre autres, il n'y a que des pépites chez lui) le Nébuloscope qui permet à partir d'un mot, masochisme en l'occurrence, de construire un nuage des référents les plus fréquents (la couleur, la graisse et le corps des caractères permettent un classement selon les répétitions).

Au-delà de la ludicité évidente (trop fort le coup d'assis, du banc, du parc et des photos) , il y a de quoi réfléchir (quel est le rapport de nécrophile avec la choucroute ?). L'amour, le jeu, la relation, le corps, les coups, la souffrance(ceux-là au plus bas niveau, m'enfin !!!), sont évidents. L'angoisse, dont la psychanalyse a montré les connexions avec le masochisme, est elle aussi reléguée en bas de tableau, avec les maîtres (chic) et les sens (franchement...). Petite, peur, sexuelle, discussions, blague, nom, tout mon portrait. En orange gras, je hurle, pyromane (à moins que la bougie ne soit ainsi décrite) et zoophile (mon chat peut témoigner qu'il n'y a rien entre nous, que de l'amitié) ! Tueur dépasse suicidaire, et j'espère que les seconds, nombreux dans la confrérie, ne rencontreront pas les premiers, tout au plus des pervers (au sens propre du terme, pas au galvaudé) qui veulent en faire leur chose. Ou alors, qu'ils aillent faire cela chez skyblog.

Les nuages changent de forme et de contenu selon les jours, allez donc dessiner le vôtre, et dépiautez les mots. C'est un strip-tease tout aussi jouissif que la sensuelle sensation de la soie d'un string qui glisse jusqu'aux chevilles.



Histoire d'E (une punition)

Un lecteur de ce blogue, gougnaffier par intermittence et cuistre à ses heures, m'a fait grand reproche, non point d'un solécisme, pour une fois, mais d'une omission de subjonctif, qui, à cause d'un malheureux heu, non, e, oublié, devenait un indicatif présent, coupable de son courroux.
Comme il est un ami de la famille (bdsm, bien sûr, qui comme chacun sait est une grande famille, un ancien compagnon de route mais pas porteur de valise de la blogueuse et le complice d'une soirée à trois), il m'a enjoint de prévenir dominamant pour qu'il me corrige en conséquence.
Et pour marquer le, enfin, les coups, il a surtout courriellé, cafté grâce aux électrons, à dominamant (à qui l'impératif du subjonctif était passé largement au dessus des oreilles). Lequel a donc décidé de m'infliger une punition pour manquement à la syntaxe (j'ai tenté de réfuter son habilitation, puisqu'il ne s'agissait point de syntaxe mais de grammaire, mais la loi du plus fort étant ce qu'elle est, mes arguments manquèrent vite de muscle).
Peu importe.
Ce qui compte, c'est la punition. Non point en nombre (plus ou moins cent coups de cravache ?) ou en plaisir (après une coupe aux ciseaux de mes boucles intimes, un gamahuchage en règle). La punition (pu-ni-ti-on, syllabes érotisantes, mmmmm) en soi comme le sel de la raclée, les trois poivres de la tournée. La punition exclut le safeword, la punition ne se discute pas, la punition se subit. Les mêmes attentions sous couvert de punition sont mille fois plus succulentes, cent fois plus mordantes, dix fois plus inéluctables. J'ai une âme de pénitente, je jouis du châtiment, sans la moindre once de mysticisme.
Autour du mot punition dansent d'autres concepts, autant de saveurs, de couleurs, d'exhausteurs. Tenir la position, c'est un grain de cumin. Faire acte de contritionn deux brins de coriandre. Ne pas se révolter, cinq lamelles de gingembre. Se laisser sermonner, une gousse de cardamome. Les épices de la punition ensoleillent mon corps.
J'aime les piments. Alors, quand résonne le mot punition, tion, tion, tion... en écho j'entonne provocation, tion, tion, tion... répétition, tion, tion, tion... jusqu'à ce que je ne me rende même plus compte de l'extrême douleur dont je te fais l'exécuteur.

Rue Bricabrac, orties, punition
photo Desaparacida

Et si, pour chatouiller le démon et le grand rapporteur, je tentais un pléonasme redondant ? Quand bien même ce serait une périssologie. Ca va chercher dans les combien, une périssologie ?

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Clichés avec un B comme Boutoir

Rue Bricabrac, bdsm, boutoir, clich´s

Nous avons vu précédemment que les chattes de soumises étaient toujours dégoulinantes.
Saïda s'interrogeait sur ce mystère.
Pas seulement elle.
Un début de réponse ici peut-être :

"je jouis fortement entre ses coups de butoir entre mes reins"

Le lecteur aura rectifié de lui-même, c'est de boutoir qu'il s'agit, le butoir (quoique chez les corroyeurs, les deux sont synonymes, avec même une possibilité en buttoir) étant en l'occurrence le col de l'utérus. On passera aussi rapidement sur l'entre et l'entre de peur de rester coincé entre le rein et le butoir, ce qui nuirait à la dégoulinance et plus si entente. L'essentiel étant de saisir que Mister Mètre la met bien profond, qu'il soit TBM ou ordinaire, avec une rigidité bien élevée, un entrain fougueux et par derrière (De quelle porte s'agit-il ? Le mot butoir m'a fait, à tort, penser au con, le cul fait tout autant l'affaire, et à terme, entre pubis et fesses, le boutoir bute... ).

Donc le coup (de rein, entre ses reins, je vais et je viens, entrez ou sortez mais arrêtez ce va et vient ridicule...) ne peut-être que de boutoir. Saluons au passage celui qui sur son blog a osé le délicat oxymore "sous mon tendre boutoir". Un boutoir, donc, comme dans "Boutons les Anglois hors de France".

Un peu de lexicologie :

BOUTOIR, subst. masc.
A. VÉN. Extrémité de la tête du sanglier (groin et canines) et par extension du cochon, de la taupe, etc. servant, selon l'animal, à fouiller le sol, à attaquer ou à se défendre (cf. PESQUIDOUX, Chez nous, 1923, p. 1). Le boutoir du cochon (CUVIER, Leçons d'anat. comp., t. 2, 1805, p. 661). Os du boutoir. Petit os qui donne de la fermeté au groin (cf. CUVIER, Leçons d'anat. comp., t. 2, 1805, p. 80).
Coup de boutoir
1. Fig. Coup violent, attaques brusques et répétées, qui ébranlent l'ennemi. Les pertes et le trouble causés à la VIIIe armée par les coups de boutoir de l'ennemi (DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1954, p. 256).
2. Fig. et fam. Trait d'humeur, paroles rudes et blessantes. Les coups de boutoir de Flaubert (E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1872, p. 881) :

... Magloire sentait l'amertume de son compagnon et il ne trouvait pas les mots nécessaires. Cependant comme ils approchaient de l'étable, il insinua : On a causé de vous, Monsieur le Supérieur, dans toute la Lorraine. L'autre répondit d'un coup de boutoir : Dans toute la Lorraine! Que dites-vous? dans toute la France! ...
BARRÈS, La Colline inspirée, 1913, p. 117.
3. P. métaph. [En parlant du cœur] Synon. de battement. Les coups de boutoir de mon cœur (F. SAGAN, Bonjour tristesse, 1954, p. 25).
B. TECHNOL. Outil utilisé par divers artisans (qui le poussent de la main) : par le maréchal ferrant pour parer la corne, par le corroyeur pour bouter* les cuirs, ou par le sabotier pour creuser les sabots. Synon. boute-hache (cf. boute, rem.).
Rem. Attesté dans la plupart des dict. gén. du XIXe et du XXe siècle.
PRONONC. ET ORTH. : []. Synon. but(t)oir écrit avec 1 ou 2 t dans les dict. généraux.
ÉTYMOL. ET HIST. 1. 1361 « instrument de maréchal-ferrant » (Inv. de Hues de Caumont, A. Pas-de-Calais, A, 513 dans GDF. Compl.); 2. 1611 boutouer « extrémité du groin du porc, du sanglier » (COTGR.); 1680 boutoi (RICH.); 1690 boutoir (FUR.).
Dér. de bouter* étymol. 1; suff. -oir*.

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Le TLFI ignore donc le sens figuré et sexuel du coup de boutoir (pourtant employé au XXIe siècle par Christine Deviers Joncourt, jeune talent des scènes littéraire et musicale françaises, dans une allusion à un certain Roland D., qui l'a définitivement faite basculer dans son lit en lui tordant le téton, c'est dire si elle s'y connaît en matière de b...) Le fait que ce même dictionnaire fasse allusion, collusion plutôt, entre boutoir et ennemi, me ravit, moi qui essaie depuis des lustres de mettre au point la théorie de l'ennemi sexuel. Il nous apprend que le boutoir n'est pas un bélier mais un groin (de sanglier, qui comme chacun sait est un gros cochon...sauvage) et que bouter signifier pousser, retour au corroyeur cité plus haut, au maréchal-ferrant, à l'épinglier, et même aux botanistes.

Bien sûr, je pourrais chuter là en rappelant que peu importe le boutoir, pourvu qu'on ait l'orgasme. Mais non. Je poursuis ma croisade visant à bouter le boutoir hors des écrits érotiques (ou supposés tels). Car, comme disait l'autre nez, on pourrait dire bien des choses encore. Se souvenir du pal, ce supplice dont il est convenu de dire qu'il commence bien et finit mal ; en appeler aux animaux avec ou sans cornes ; pourquoi pas, parler de corne, quelle abondance... ; la chevalerie recèle un vocabulaire varié et flatteur pour l'homme, épée, lance... ; plus rustique, le gourdin peut faire la blague ; les poètes d'antan aimaient le vit, vite, vite, ton vit que je vive ! ; comme la petite robe noire, la queue est indémodable, un classique qui a sa place partout. Et pour finir, osons (en renouant avec les fontaines déjà évoquées) un "viens tsunamiser ta jetée dans mon estuaire". L'imagination au pouvoir, et au feu les coups de boutoir !

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Histoire d'O...puscule (Frappe-moi ! de Mélanie Muller)

Ceint d'une bande rouge, de celles qui permettent de signaler que le livre vient de recevoir le Goncourt, ou qu'il a été écrit par le Goncourt de l'an passé, si ce n'est qu'ici, le bandeau est inamovible, parti prenante de la couverture, incapable de servir de signet, condamnant le roman à être lu d'une traite, se présente un nouveau texte de soumise, Frappe-moi ! de Mélanie Muller (Editions Blanche). En noir sur rouge, à côté de la photo de Mélanie, brune au carré, raie de côté, sourire esquissé, là pour bien nous signaler que sous le nom de Muller M. ne se cache pas un de ces écrivains mâles appointés par les maisons d'édition pour écrire des livres érotiques au féminin, trois titres : Histoire d'O, Le lien, Frappe-moi ! Avec les dates, 1954, 1993, 2005. Ce qui laisse supposer deux choses. La première, c'est que pendant quarante ans, aucun texte de soumise n'est pas paru. L'île retournera à l'oubli dans lequel il baigne déjà et hélas. La seconde, et en faisant abstraction des qualités (ou absence de qualités, on ne raisonne-là qu'en termes médiatiques et chiffres de vente), c'est qu'on tient la sainte famille, la trilogie parfaite, Pauline la mère, Vanessa la fille, et Mélanie, la sainte spirituelle.

Spirituelle ? C'est encore à voir. Mélanie Muller, nous dit la quatrième de couverture, a trente ans (sur le site de Sous le Manteau, qui partage un Franck Spengler avec les Editions Blanche, elle en a 28...) et est peintre et sculpteur, à Strasbourg. Frappe-moi ! est son premier roman. (Roman qui revient donc souvent, en gros en couv', en petit en quatrième, ce n'est pas un récit...) L'esprit, dont sont souvent dépourvues ces phrases où les membres sont turgescents, les seins des pommes juteuses et le ciltoris une perle.
(Perso, au premier sexe qui turgesce, j'ai envie de balancer le livre et de passer au suivant.)
Une fois de plus, il s'agit d'une oie qui rencontre (minitel, réseau ?) un vieux (je schématise, elle a vingt ans et des brouettes, il a la quarantaine fatiguée, si fatiguée qu'elle pourrait être une cinquantaine, et mystérieuse, forcément mystérieuse). Il semblerait d'ailleurs que le maître de circonstance ne soit pas un de ces sado qui hantent les soirées mais que ce soit la femme, pas non plus partie dans le trip "soum cherche militaire", qui fasse poindre (ou jaillir comme on turgesce) ces pulsions du fin fond de son inconscient. Ils font la tournée des popotes et des clichés en vigueur dans ce genre d'écriture. Parfois, quand entre deux chapitres, Mélanie Muller, sur la page de gauche, glisse deux phrases brèves en incise, on sent très fort, très clair, très bien, cet amour aphasique. Quand elle sort toute la panoplie des parfums, des saveurs, des fragrances, des odeurs pour parler de sa cyprine (acacia, miel, thé... j'en ai oublié) ou de son sperme, façon oenologie, on repart se perdre dans des méandres chichiteux.

Etrangément, plus elle parle de chair, plus le texte se désincarne dans la convention.

Finalement, Frappe-moi ! de Mélanie Muller, ce n'est jamais qu'une démarque des Carnets d'une soumise de province de Caroline Lamarche ( aussi dans une collection blanche, mais celle de Gallimard), le sens et la plume en moins.

Seul réconfort de lectrice, à la fin...
(attention, spoiler)

Et c'est un merveilleux soulagement. Pour le lecteur.

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De bandage en bondage

De bandage en bondage

Quand Romain Slocombe prend des photos, ses modèles sont des jeunes japonaises en baby-doll ou en dessous chic, clouées sur un lit d'hôpital ou un fauteuil roulant par de nombreux plâtres et bandages. Suprême délicatesse, certaines ont un bandeau sur l'oeil. Dans cette esthétique de la blessure (supposée), il cousine avec le Ballard de Crash.

Quand Romain Slocombe écrit des polars, il met en scène un autre lui-même, Gilbert Woobrooke, photographe anglais nippophile, fétichiste et spécialiste du cul au Japon, comme il le dit lui-même. Aucun lieu louche ne lui est inconnu. Parfois, il n'écrit pas de polars, mais on retrouve toujours son oscillation entre bondage et bandage, chanvre ou velpeau, du moment que ça attache. (Ca tombe bien, façon ton sur ton, son écriture est très scotchante, l'animal a du talent.)

On trouve sur la toile pas mal de lianes à lui consacrées. En voici quelques unes.

  • Pour voir quelques extraits de films
  • Pour lire des critiques de ses livres
  • Pour voir d'autres photos



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L'oreille
Juke Boxabrac
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La peau
Présentation

presque moi
aller Si j'expose mon verso, c'est pour le plaisir d'être jouée. Le masochisme est mon moyen de transport amoureux. Même si parfois je pleure... c'est de vie qu'il s'agit. Et quand tu me fais mal, j'ai moins mal.

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Les mots
Flash-back
À lire
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L'oeil
Des images pas sages
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Le cliquodrome
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