Rue Bricabrac

Journée de la gentillesse (soyons veaux)

Rue Bricabrac, bdsm, fauteuil
photo Araki

VISAGE impassible, à peine hautain, un peu détaché, elle trône sur son siège immatériel, oiseau de paradis à la longue queue kimono.

Suspendue, comme on l'est aux lèvres de quelqu'un qui raconte une histoire particulièrement palpitante, sans que les cordes semblent n'y être pour grand chose, plus légère que l'air, corps sublimé par le défi à la gravité, pudique dans son inaccessibilité, elle s'en balance.

On ne sent pas ici le bondage-contrainte mais la poésie des cordes. C'est comme un effet spécial, une machinerie de théâtre, une pose dans un ailleurs peu pratiqué.

Il est un habile maestro du chanvre, elle est une plume sereine. Cette représentation est toute de gentillesse.

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Tous (les) seins

ET si l'on fleurissait, avec créativité, les vivants ? Si l'on veut faire d'une femme un vase, on lui colle un bouquet dans le con, et comme un beauf, on tweete son trophée. Ou alors, on pense ikebana et voilà, au nom de tous les seins.

Rue Bricabrac, bdsm, bondage
D.R.
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Le mari de la pony girl

Rue Bricabrac, bdsm, ponygirl
Mariko Sugawa

CONVERSATION (à peine imaginée) au rayon équitation d'une grande surface d'articles de sports à succursales multiples (ou chez son concurrent direct)

- Bonjour, puis-je vous aider ?

- Je cherche une selle pour ma femme.

- Pour votre femme ?

- Heu pardon, je veux dire pour le cheval de ma femme.

- Quelle taille ?

- 36/38, je crois, pas plus !

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Les bonnes

Rue Bricabrac, bdsm, soubrette
D.R.

À ce qu'il semble, pas de Maid Café à la Japan Expo de cette année (n'ayant pas le courage de me rendre à Villepinte pour faire tache au milieu des manga dolls et des otaku exceptionnellement de sortie, j'ai compulsé le programme dans tous les sens). Les Romanesques devaient avoir mieux à faire.

S'il l'on trouve des vibrations japonaises, un groupe nommé School Food Punishment, et plein de petites mignonnes en exhibition cosplay, il faudra attendre encore pour ces Maid Cafés qui font florès non seulement au Japon, mais en Asie, et en Amérique.

Les serveuses sont habillées en écolières qui se seraient déguisées en soubrettes froufroutantes comme des marquises, elles accueillent les messieurs harassés par leurs journées de travail par des "Bienvenue chez vous, mon maître" ou encore "comment s'est passée ta journée, chéri ?". Elles servent avec une soumission parfaitement codée, et fournissent quelques autres prestations aussi peu sexuelles que d'entonner un chant en karaoké ou se laisser prendre en photo souvenir.

Ici, on est dans le fantasme, un fantasme pas forcément occidental (sinon, il y aurait autant de Maid cafés que de Starbucks), l'Occident préférait les lapins de Playboy. Plus Barbie. Moins fillette. Il paraît que dans la capitale, on peut s'amuser plus avant avec du sm et des fruits à l'heure du goûter.



Manga gadget

Rue Bricabrac, bdsm, bondage

LE contenu et le contenant, raccords. Kawaï et bdsm. Choucard.

Peut-on, une fois l'ouvrage acquis, se glisser dans ce bondage tout fait comme dans un maillot de bain ?

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À Thor et à raison

Rue Bricabrac, bdsm, cosplay
photo Sparr0

DANS le fond, le cosplay, c'est pas pire.

Il ne reste qu'à me dégotter un joli petit costume... J'aurais volontiers choisi une Emily Strange, mais je n'en trouve pas. Alors, comme une gothopouffe sommeille en moi, ce sera quelque chose comme ça.

Et hop, y a plus qu'à jouer avec mes nouveaux amis. Mais jouer à quoi, au fait ?

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Da Dressi Code

Rue Bricabrac, bdsm, dress-code
D.R.

JE comprends bien le fétichisme, beaucoup moins le conformisme. En feuilletant presque conjointement le catalogue des chères tentations d'une boutique chic et les galeries et/ou annonces de mes congénères, je suis surprise par l'uniformité de ce petit monde, dont certains pourtant fraîchement émoulus de la pulsion.
Des femmes, d'une géographie plus ou moins semblable à la mienne, se coupent le mollet avec une moche bottine récupérée soit dans un magasin d'après-skis antédiluviens, soit dans une boutique fetish en plein déstockage, juste pour satisfaire au dress-code (ou aux injonctions du mémètre "mets des bottes, soumise, m'en fous que ce soient des Aigle ou qu'elles aient appartenu à ta tante podagre"). D'autres à qui les cuissardes vont aussi bien qu'une ceinture de bananes à un carlin, lâchent en vagues successives de peau d'orange des bourrelets conséquents. Quant au corset de vinyle, sans doute aussi confortable qu'une sudisette trop serrée, no comment.

Je ne vise pas les amoureux du latex, les adorateurs du cuir. Mais ce fichu code édicté on ne sait même pas par qui et qui, comme tous les ouvrages religieux, privilégie le laid dans la norme et le dogme au beau qui marche hors des clous.

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Et juste au moment où j'écris ces lignes, je tombe sur un magnifique récit qui commence par cette phrase :

La première fois que Julia me reçut chez elle, elle portait, comme nous en avions convenu, un kimono d'intérieur bordeaux, très simple, qui se mariait parfaitement avec son teint pâle et ses cheveux très noirs

(Pour éviter de nouveaux ennuis avec d'autres réincarnations de René Char, je précise que l'auteur de ces lignes et de beaucoup d'autres, puisque son texte en trois parties est une véritable nouvelle, se pseudonymise Kazuo, et qu'il est hautement recommandable, textuellement parlant, pour le reste, je n'en sais rien, et d'ailleurs, il pourrait être mon fils, donc je n'ai aucune vue sur autre chose que ses mots. Fin du déclameur voulu par notre société qui marche sur des oeufs, en plus de courir sur la tête.)

Disposant moi-même de plusieurs kimonos, en ayant toujours aimé la fluidité élégante et la traîne qui oblige à une démarche prudente, je me souviens du plaisir que prenait H*** lorsque je le recevais ainsi, avant de m'agenouiller sur les cordes qu'il n'aurait plus à lier, à proximité d'un plateau de laque sur quoi étaient posés les instruments qu'il avait réclamés, ou qu'il m'avait ordonné de choisir, ou dont je lui faisais la surprise. Il lui suffisait d'un doigt pour me dénuder. Et de deux bras pour me rhabiller à ses couleurs.

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Les couleurs. Précisément. De plus en plus, j'ai envie de sortir du rouge et noir (sauf pour une paire de Louboutin bien sûr), de vomir ces obligatoires en forme de chanson de Jeanne Mas, de préférer un serre-taille chatoyant de couleurs insolites comme le plumage d'un oiseau des îles, d'oser le talon turquoise d'une chaussure parfaite et imaginative, de jouer plus subtilement avec le code subliminal qu'avec les signes ostentatoires d'un passage sonnant et trébuchant dans la boutique de référence. J'ai souvent fait part ici de mon goût du violet, des mousselines, de la toile denim, des jupes à froufrou et des bas courts. Je trouve qu'une peau pivoine ressort tellement belle entre deux jarretelles immaculées, que le sous-texte "innocence" de la couleur blanche s'entrechoque heureusement avec l'insolence affichée des marques de coups assumés. Qu'un académique de danseuse est un premier pas vers le zentaï et permet d'offrir son corps sans donner l'essentiel, de se sceller du plus fin des tissus, de le voir se mouiller de plus en plus large des taches du plaisir. Le corail donne envie de rivaliser avec ses nuances, il faut oser le mordoré, ne pas hésiter à s'envelopper d'un souffle de soie, porter des dessous comme s'ils étaient des tatouages.

Le dress-code est une manière de céder à la mode (fashion soumise), de se rassurer aussi (toi et moi et le ghetto). Dans les clubs (que je ne fréquente pas), le minimum requis est une tenue noire. Donc si je venais avec les dessous ci-dessus, les chaussures itou, une voilette violette, et au lieu d'un collier, une immense broche araignée d'argent aux cristaux adamantins qui me mange le cou, prête à faire le show en me tordant sous des fouets inconnus autant que cinglants, on me refoulerait ?
J'exagère un peu le look perroquet, mais chacune de ces parures a une connotation totalement fétichiste. Stiletto effilé comme un rasoir. Voilette comme Madame veuve Robbe. Serre-taille et string comme tout le monde. Bijou d'appartenance. Une connotation. Pas une ostentation. Et c'est là que ça commence à m'intéresser. Et que j'aimerai que cela, le détournement, la litote, touche aussi mon futur partenaire.

(La lingerie est de Carine Gilson et les souliers de Nicholas Kirkwood.)



Je te queene, tu couines

Rue Bricabrac, bdsm, Harukawa Namio
Harukawa Namio

IL m'est arrivé, à leur demande, de m'asseoir sur le visage de mes partenaires, fussent-ils dominateurs. Pour un 69 bête comme chou ou parfois, juste comme ça. Comme le plaisir me rend un peu tulipe, molle, penchée, je finissais toujours par perdre l'attitude d'assise triomphante qui fait les facesittings réussis (je ne savais même pas un temps que c'était un fétichisme particulier).

En cherchant dans Google ce synonyme de face-sitting dont m'avait parlé F***, queening, voilà (et même kinging, vive les néologismes), je croise des bribes d'annonces (je n'ai pas visité les sites, j'ai juste parcouru les résultats).

j'adore le face sitting,surtout quand c une femme ronde qui s'asseois sur ma face.

Tandis que Wikipedia france me rappelle Otto Rank.

Cette pratique est aussi très présente chez les Fat Admirers (amateurs de femmes corpulentes), qui y recherchent soit une sensation d’écrasement extrême, soit une forme d’humiliation. Et surtout un désir de retour au ventre maternel.

Le livre (publié chez United Dead Artists) qui regroupe des dessins d'Harukawa Namio s'appelle Callipyge. C'est sans doute plus vendeur que stéatopyge, qui caractérise pourtant ces dames aux fesses considérables et à l'opulence généreuse.
Impressionnantes comme les bobonnes bonbonnes de Dubout qui toise et écrasent leur petit mari, hypersexuées comme les pépées poitrinaires de Pichard, elles pratiquent le face sitting avec une imagination débordante et pourraient casser entre leurs fesses la tête de leurs esclaves comme une modeste noisette.
Ce n'est pas du tout ma came, mais alors pas du tout (dominer les hommes à grands coups de cul et de chatte), et pourtant, ces dessins me ravissent. Par la voluptueuse sensualité de ces énormes femmes, par leur plaisir malicieux, par leur corps hors-norme.

J'imagine leur orgasme, à leur image, tellurique.



Vue sur geisha

Rue Bricabrac, bdsm, geisha
© UGC

EN regardant Inju de Barbet Schroeder, et bien que nourrie de cinéma japonais, notamment celui de Mizoguchi (pour rester en thème), j'ai prêté une attention particulière à ses geikos, un oeil un peu plus "technique".

J'ai connu des hommes qui ne cachaient pas leur attirance pour les femmes asiatiques en général, japonaises en particulier, à cause de leur tendance naturelle, disaient-ils, à la soumission. J'ai croisé des femmes qui piaulaient vouloir être maikos, qui se déguisaient en geisha pour faire une surprise à leur maître.

C'est à eux, à elles, que je pensais en voyant ces créatures (comme d'un autre âge tant le rite et le costume sont immuables) s'agenouiller prestement pour ouvrir une porte, rentrer dans une pièce, déposer une tasse, se relevant avec une même aisance gracieuse, comme si ce mouvement (je mets quiconque au défi d'essayer, c'est plus compliqué qu'un télémark, on ne peut s'aider des mains, ça demande de l'entraînement) était aussi simple que lever le bras. Pour tous ces hommes qui adulent la soumission de tous les instants, la femme à genoux est un délice. Et la geisha est l'archétype de la femme à genoux. Ensuite, seulement, vient la pénitente.

La geisha (qui n'est pas une pute, se plaît-on à répéter, même si elle, où plutôt la maxé de la maison de thé et autres plaisirs vend très cher sa virginité) excelle dans les arts de compagnie tels que danser, chanter, arranger les fleurs et servir le thé. Rien qui ne dérange la parole et la geste masculine.
La geisha (qui n'est toujours pas une travailleuse du sexe multiqualifiée même si elle se choisit un protecteur thuné qui lui fera des tas de cadeaux coûteux et se paiera sur la bête si l'envie avinée s'en fait sentir) ne moufte pas, on ne l'entend pas respirer, elle est maquillée jusqu'au masque, entravée dans ses kimonos compliqués qui ne lui permettent que des pas menus et interdisent la fuite.

La geisha d'Inju, qui n'est donc pas une prostituée, se prosterne aux pieds de l'homme qu'elle veut séduire et lui suce langoureusement les orteils, l'un après l'autre, pendant un temps suspendu. C'est cette image précise de la geisha (dont il est certainement très réconfortant pour l'ego de penser qu'elle fait cela par amour et non pour l'argent) que portent, gravée au fond de l'inconscient, les hommes qui rêvent de faire jouir une femme (figée dans des codes ancestraux, frigide de tout sentiment personnel) au chignon laqué et au teint de neige.

Reste à savoir si cette femme existe, même quand une soumise murmure des mots qui se terminent en sha ou en ko.

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Inju sans injure

Rue Bricabrac, bdsm, Inju
© UGC

POUR ceux qui regrettaient (grains de sel d'un billet flemmard) l'absence de scènes de flagellation dans les films mainstream, Inju (que je considère comme grand public puisqu'élu "film Inter" après sa présentation à la Mostra de Venise et ayant droit à ce titre à des spots de pub répétés) vient réparer ce manque.

Inju, c'est un Barbet Schroeder (d'après Edogawa Ranpo), et de la part de l'auteur de Maîtresse, ce Soumise ne vient ni par hasard ni par surprise. Je m'abstiens délibérément de toute critique de ce film, pour décontextualiser "la" scène, et ne parler que d'elle. Ou plutôt des scènes, puisque ce n'est pas celle de flagellation qui m'a le plus troublée

Or donc une femme, aponaise, et qui plus est, une geiko (ainsi qu'on appelle les geishas à Kyōto), suspendue par chevilles et poignets au-dessus d'une table massive que son ventre plat effleure à peine, gagballée et fouettée avec une sévérité qui ne tient pas du grand guignol (car au cinéma, les quelques références au sm tiennent souvent plus du grotesque que du sensuel, de l'érotique ou du réaliste). Schroeder, qui n'a jamais caché sa fascination pour le sadomasochisme, profite visiblement de ce que l'action se déroule au Japon pour adopter l'attitude décomplexée qui convient au lieu. Le plaisir de la jeune femme n'est pas non plus masqué, et elle engueulerait presque son "sauveur" qui interrompt la séance.

À mes yeux, la scène la plus troublante se situe en amont, quand face à Benoît Magimel, Lika Minamoto saisit une longue corde noire qu'elle noue à son poignet (son regard coulé est d'une éloquence excitante), avant de la passer à un premier anneau, puis un second, astucieusement placés derrière la tête du lit, et d'enfin d'enserrer son poignet libre avec l'extrémité. S'allongeant alors, elle attrape la corde entre les deux anneaux, la remet à son amant qui comprend qu'il lui suffit de tirer pour désarticuler sa poupée, pour étirer déraisonnablement son amante.

Rue Bricabrac, bdsm, Inju
© UGC

C'est simple, peu banal, c'est typiquement masochiste, je t'apprends à me faire mal, à jouer avec moi, je prends le contrôle, pour que tu me le fasses perdre.

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Etre ton taiko

TANDIS que certaines rêvent d'être des maikos, j'ai envie d'être un taiko (pas trop gros tout de même).

Surtout quand je vois l'allégresse de ces joueurs, jeunes, énergiques, précis, euphoriques.

Leur art de percuter est sosie de mon heur de recevoir. Dans une joie réelle et sans pareille.

Au coeur de ma chair, au plus lointain des muscles, à la moelle des os, la résonnance se propage depuis ma peau tendue. Des notes graves, profondes, tenues en vagues sur quoi je surfe. Des basses comme un sexe qui se faufile, qui remplit, qui fouille.
Dehors, dedans, je ne sais plus, tout comme je confond les sons et les sensations. Un cul, un coup, un cri, une percussion, un oui, un encore, un écho.

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Chausse-trape

Rue Bricabrac, bdsm, Beardsley, Japon, chaussures
Illustration Audrey Beardsley

JE n'ai aucune fascination pour les geishas, pas plus leur maquillage qui dessine la nuque que leur, paraît-il, merveilleux sens artistique et courtisan, sans parler de la soumission, je ne veux pas être maiko, même une heure, juste peut-être parfois une kokeshi, pour quelqu'un de bien précis qui aurait envie de jouer à la poupée.

Mais j'aime porter ces takageta trop hautes qui tiennent sur presque rien, deux étroites lames de bois et qui, sans même besoin d'une longue jupe entravée, forcent la démarche à se faire menue et déséquilibrée. Une marche qui n'a rien à voir avec celle, coutumière, sur stilettos. Il faut se tenir très droite, très prudente, sous peine de basculer (ce qui est un plaisir souvent, mais pas quand le goudron ou le granit sont à l'accueil) en avant.

Moi qui vais vite, je suis alors obligée à la lenteur, à déjouer les chausses-trape des pavés parisiens (il en reste), à prier si je suis en compagnie pour un bras charitable ou à prêter ma taille à l'enlacement protecteur. Je me sens fragile, contrainte, différente, j'entre en dépendance.



Mauvais esprit de nouelle (6)

Allez, on attaque le LEP et on s'envole au Japon. Une des spécialités locales, en sus des origami, maiko, sushi, pachinko, kokeshi... sont les love-hôtel. On y va pour une heure ou deux, ou une courte nuit. Il y en a à thème S&M.

À l'hôtel Adonis d'Osaka, il y a la célèbre chambre 501, très demandée, très rose, dédiée à Hello Kitty (avec chaînes en plus de la chattoune à grosse tête) donc en ce qui me concerne anti-érotique au possible. Il y a aussi une chambre bibliothèque, une autre salle de classe. Ma préférence, forcément, ton sur ton comme je suis, va à la chambre japonaise, et ses beaux liens rouges. (En plus des 100 € de la chambre, hors suppléments divers, compter entre 1 600 et 4 500 € d'avion pour deux, parce que tout seul là-bas, ça n'aurait aucun sens.)

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Mauvais esprit de nouelle (4)

Trouver un beau baillon est presque aussi difficile que de trouver un beau parapluie. Dans les deux cas, la fonction prend le pas sur l'esthétique.

Le baillon-boule donne une bouche de poupée gonflable, la poire d'angoisse fait disparaître la bouche et le mors, le plus beau des trois, cache mal la bave qu'il déclenche. Un joli foulard ou une cravate ont du style, même s'ils n'assourdissent rien.

Et puis un jour vint le baillon bouche. Lèvres de geisha (existe aussi en version ouverte, mais je trouve celui-ci infiniment plus aimable), beaucoup de blanc et une tache de rouge. On l'embrasserait volontiers. (112 €)

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Histoire de pêches

Rue Bricabrac, bdsm, Japon, érotisme

Les weekends pluvieux prennent des couleurs plus accortes quand, sous la couette, on feuillette un gros beau bon livre. Comme celui d'Agnès Giard, L'imaginaire érotique au Japon (chez Albin Michel). Spécialiste autant du sexe zarbi (elle a déjà pas mal écrit sur les fétichismes, et hors la presse main stream, on peut la retrouver sur le site magazine de Dèmonia) que familière du Japon, elle allie les deux. Comme elle est bdsm friendly, et que le Japon ne néglige pas cet aspect de la sexualité, bukkake, shibari et autres pratiques dominatrices ont leur belle part. Certaines plus obscures que les précitées.

"J'ai rêvé plus d'une fois de dépouiller ton visage de sa peau pour te la faire goûter en même temps que mon amertume." (Kobo Abe)

Richement illustré (plus ou moins 25 artistes ont laissé leur empreinte) comme on dit quand on parle d'un livre qui est autant d'images que de mots (et ici, ils ne manquent pas, chaque chapitre comporte en noir et parfois blanc sur rouge, à la la limite de la lisibilité, un glossaire japonais ce qui permettra au touriste, même s'il est incapable de commander un tempura ou de trouver sa rue, de décliner toutes les pratiques sexuelles dans un nippon de qualité, il y a même un précis de prononciation), ce livre appelle le regard sur le texte. On aura beau le feuilleter pour se faire une idée par images interposées, les mots s'imposent vite. Tout est si intrigant, même quand cela touche à des frontières que l'ont croit avoir déjà franchies. Si des images des films d'Ishii, ou des photos d'Atsushi Sakai, des ligotages chaînés de Miyabi Kyudu se rappellent à nos bons souvenirs, le discours que tient l'auteure, qui creuse patiemment et passionnément le pourquoi du comment, est indispensable. Comme la dame a de l'humour, on est loin, très très loin, des cuistreries pontifiantes, et ça se lit comme on voyage dans un pays mi-familier, mi-étranger, en s'extasiant,en frémissant, en poussant des oh, des aaaah, des ha bon, et hé bé.

Et à travers ce parcours qui va des culottes de nymphettes sailor moon aux poupées prostituées, des chiennes très loin des nôtres et des viols simulés, des zentaïs aux travelos, des fantômes aux tabous, du pastel à l'obscur, je me suis laissée aller au tourbillon, attrapant d'une main un lambeau de honte, caressant l'idée de la flétrissure, touchant la fesse d'une sumo sexy...

"Les talons en l'air, les orteils crispés." (Ihara Saikaku)

Le sexe, l'esthétique et la culture sont indissociables, ça ne fait pas mal, chacun éclaire l'autre, sans oublier le bouddhisme et le shintoïsme. Le livre refermé, outre la couche d'érudition tout fraîche qui repeint les neurones au couleurs du drapeau japonais, en rouge sang et blanc culotte petit bateau, avec une pointe de rose pour les fleurs de cerisers et d'ivoire pour le sperme, une floppée de fantaisies sexuelles titille et donne envie de d'acheter des culottes en papier ou une kokeshi (quand je pense que je me demandais pourquoi, depuis quatre mois, je suis attirée par ces poupées de bois).
Oui, fatalement, j'ai aussi vu ce livre par le petit bout de ma lorgnette, plus touchée (à la peau et au cerveau) par les nawashis que les lolitas gothiques. Mais il mérite bien mieux et plus que cela.

Le titre est un jeu du mot, pêche et fesses, pour des raisons roses et charnues qui sautent aux yeux, portent le même nom : momo.

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Histoire d'O...mbre (XXXB passe son brevet d'expert comptable)

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Il fait moins chaud, mais XXXB, toujours en attente de lendemains torrides, couve toujours son répondeur, fidèle messager des appels non parlés mais passés.
Raccrocher n'est pas jouer, mais la comptable des actes manqués creuse l'absence à coups de petites annonces.
Rien de neuf sous le soleil.

Ah si, un film rarissime (en France du moins) de Masaru Konuma, qui flatte tous nos penchants sm, La vie secrète de madame Yoshino (et qui a beaucoup nourri mes fantasmes quatre saisons, ceux-ci, autour du tatouage).

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© Zootrope Films

avec la très belle Naomi Tani, dite la Marilyn Monroe du bondage, comme le prouve cette image

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Tirs au but

Rue Bricabrac, bdsm, football
Photo Kyle Stauffer

Dans un bordel tokyoïte aux pratiques sm, une nouvelle attraction vient d'être inaugurée, inspirée par le Mondial, si l'on en croit l'hebdomadaire Marianne, qui a récemment consacré tout un dossier au foutchebolle.

D'ailleurs, on s'y est tous mis, au foutchebolle, moi comprise, alors que j'avais en préparation quelque chose sur cet autre jeu de balle, et de raquettes, non, non, pas le tennis, pas même le ping pong, mais le jokari. Il ne va pas tarder, ce n'est que le début de l'été.

A poil et menotté, l'homme est assis sur le sol, les jambes écartées. Debout et affriolante, la dominette, louée pour ce service, a la balle au pied. Sa mission, en marquer trois, des buts, avant que le gardien gardé ne resserre les cuisses. (Qu'on ne lui ait pas solidement attaché les jambes dans cette intéressante position m'échappe, serais-je plus sado que les maxés japonaises ?)

Du coup, on entendra peut-être des messieurs crier "mets-le moi bien au fond". J'ignore si, pour un homme, faire usage de ses bijoux de famille comme d'un punching à balles est jouissif, mais pour une fille, la fille que je suis, les gifles sur le sexe sont un plaisir gourmet.
La première fois que j'ai subi ce traitement, alors que je n'imaginais pas une seule seconde que le pan-pan puisse se pratiquer ailleurs que sur le cul, Maître-Stéphane-qui-en vérité-s'appelait-Franck (ça faisait longtemps...) m'avait recommandé de faire l'acquisition d'une de ces petites culottes en coton côtelé comme en portent les enfants, la marque Petit-Bateau n'étant pas obligatoire. Outre qu'il fétichisait à donf' sur les petites culottes blanches, l'épaisseur et la solidité du tissu préservaient les parties les plus tendres du sexe.
Ainsi protégée et offerte en même temps, j'ai reçu une volée de claques, amorties par la matière certes, mais en même temps, cuisantes d'une douleur diffusée sur la motte et résonnant au plus profond des creux qui traînent en ces endroits. Je suis devenue une adepte jouisseuse des fessées côté face.

Je suggérerais volontiers à la Madame-San qui gère la turne une version hockey pour l'hiver, ouch le palet, et aussi, sport bien connu au japon, un golf, ouille la petite balle dure. Et là, ça risque vraiment de faire très très mal.

Enfant, j'aimais jouer à la balle au prisonnier. Petite et agile, j'étais assez douée pour l'esquive, et je restais souvent la dernière. Pourtant, j'aimais sentir l'impact de la balle sur mon corps. L'un de ces profs de gym, version été qui animaient les clubs de plage, avait imaginé une variation circulaire de la balle au prisonnier. Le dernier resté intouché un certain temps était déclaré vainqueur. C'était terriblement frustrant. Touché, on sortait. Traqué, on restait. Alors le soir chez moi, je m'imaginais seule du début jusqu'à la fin du jeu. De l'enjeu, puisqu'il me fallait échapper le plus possible aux frappes, parce qu'une fois à terre, de cible épuisée je deviendrais la proie passive de tous les hommes qui remplaceraient la balle par leurs mains Et je passerais ainsi, honteuse et heureuse, de mains en mains, fessée jusqu'à l'acmé d'un plaisir qui n'existe même pas dans la vraie vie.

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Bondage et bandage (de nouveau)

Romain Slocombe, écrivain et photographe, est indéniablement un fétichiste. Ses romans autant que ses photos le clament. Son double de fiction se promène volontiers dans un Japon où fleurissent lolitas pop stars, jeunes filles en uniformes, soumises enchevêtrées dans du chanvre. L'exposition parisienne, Medical Love, à la galerie Hors Sol reprend certaines des images de son livre La Japonaise de St John's Wood (Zulma) et du Femmes de plâtre de Stéphan Lévy-Kuentz (La Musardine)
Il suffit d'une lettre, de laisser tomber le o pour un a, et le bondage devient bandage, pour glisser d'un univers Shibari à celui plus trouble, plus cru, de Ballard et de son Crash. Ces plâtres, perfusion, bandes stériles parlent de fractures, de plaies, d'exsanguination. Des femmes mutantes, chairs meurtries et attelles neuves, les deux en fondus enchaînés. Des femmes qui portent la marque des éclats de verre, des contusions. S'agit-il de chercher l'érotisme dans ces coupures, comme on trouve l'excitation à suivre sur une croupe les rails parallèles d'une canne ?

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photo Romain Slocombe

Aucune, femme bandée, femme bondée, femmes accidentée, femme fouettée, n'est au sens commun femme battue. Les femmes de Slocombe ne sont pas les victimes de violences conjugales, mais une petite voix traumatisante nous dit qu'elles n'ont pas choisi l'accident (même si tout cela n'est que mise en scène, et que les modèles sont reparties démaquillées et sautillantes sur leurs gambettes impecs) alors que les masochistes implorent leur bourreau de les châtier. Alors, on les regarde, gêné.

Elles sont toujours très belles, très calmes, pas douloureuses.

Quand on flirte avec le monde bdsm, forcément, ces images interpellent, sans pour autant séduire.(On aura remarqué que peu se servent du plâtre pour immobiliser alors que c'est très simple et efficace). Le corps malade et le corps sexué ont du mal à se confondre, et bien qu'offertes, ces femmes restent des vestales d'hôpital. Si l'on doit parler de transgression, une transgression douce comme on le dit de certaines médecines, c'est ici qu'on en trouve.

Voir des Slocombe, c'est aussi penser au Japon et à cette fascination des hommes et femmes de la galaxie sm pour ce pays. A cause du bondage, nawa shibari and co ? Oui, sûrement. Et de l'art du tatouage. J'ai été, un an, une erreur de casting dans le paysage d'un dominant qui n'aimait que les japonaises. J'ai toujours trouvé les monomanies, y compris les miennes, suspectes. Quel paradis perdu frôle-t-on au lit des japonaises ?

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photo noqontrol

Aujourd'hui, je croise des femmes soumises qui quand elles ne jouent ni aux chiennes ni au petits chevaux n'ont que deux mots à la bouche, maiko et geisha (et la sortie du très mauvais film de Rob Marshall n'a rien arrangé). En nous rappelant bien que la geisha n'est pas une pute et ne l'a jamais été, mais est une belle et intelligente jeune femme formée (dressée) depuis l'enfance aux arts décoratifs (danse, musique, séduction, bouquets) et de la table (cérémonie du thé, clichés) pour le repos (stipendié, d'où la confusion, elle n'est pas payée pour coucher mais pour divertir, ce n'est pas pareil n'est ce pas !) du guerrier. Un modèle de soumission, à qui on prête chasteté ou passion (toujours pour bien se démarquer de la prostituée, faut pas déconner). Oui, mais qui correspond à une vie de soumission absolue, d'idéal de femme poupée coupée du monde moderne qui la ferme et ne l'ouvre que pour chanter, qui sert le thé à la perfection, qui murmure derrière sa main, sait coudre, peindre, arranger les fleurs, et à défaut d'être voilée, est maquillée comme un masque, aucun sentiment apparent. Portrait de la soumise en nonne pas vierge, caparaçonnée dans d'invraisemblables kimonos dont elle ne peut sortir sans aide, bandée de soie, la marche entravée.

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Masumura, on ne s'en lasse pas

L'été dernier, la reprise de Tatouage de Yasuzo Masumura donnait un coup de projecteur à ce cinéaste connu des seuls amateurs. Son sens sinueux de la perversion est inoubliable. Pour les parisiens et les rennais, pour le moment, deux autres somptueux Masumura sortent, Passion et La bête aveugle.

Passion-© Zootrope Films

Passion (d'après Tanizaki) est tissé autour de la toxique égérie Ayako Wakao, perfection d'ambiguïté, cruelle créature aux airs angéliques qui se sert de sa séduction comme d'une arme létale. Il y a des regards, il y a de la manipulation, il y a du sadisme, le vrai, celui qui bousille les âmes. Mais en dehors de ce personnage de femme très libre, et maîtresse de son désir, rareté pour l'époque et la région, ce n'est pas un Masumura indispensable, juste nécessaire.

La bête aveugle-© Zootrope Films

Beaucoup plus dans les thèmes qui nous passionnent, c'est à dire le plaisir dans la souffrance, La bête aveugle (d'après la encore un roman, cette fois-ci de Edogawa Rampo, Masumura qui avait comme ami de lycée Mishima, a un goût très sûr en matière de choix littéraires) franchit un pas de plus dans la cruauté et le cannibalisme. Conte carnivore sur le narcissisme, une mannequine (non plus Ayako Wakao mais Mako Midori, au look très Marie Quant) qui n'existe (et ne jouit, sans doute) que du regard des autres, est kidnappée par un sculpteur aveugle (qui habite chez maman et dans un décor fellinien/saint-phallien). Mais ses mains ont des yeux, et savent trop bien morceler les corps. Il y a quelque chose de terriblement érotique dans les rapports entre le modèle et l'artiste, on le sait. Mais ici, c'est tordu, malade, paroxistique, infiniment sensuel, c'est l'érotisme vu comme une tubéreuse venimeuse qui exhale ses parfums, ses poisons.

Marebito - © Celluloid FilmsSortie nationale en revanche pour un nippon plus mineur mais qui explore les mondes de la peur et du voyeurisme, sur le mode de l'horreur et du surnaturel, Marebito de Takashi Shimizu. Juste en guise d'apéro.

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Erogs (friponnes nippones)

Erogs

C'est la nouvelle folie japonaise. On les appelle les erogs, contraction on l'aura deviné d'erotic et de blog.

Généralement, on y trouve des portraits aguicheurs de ravissantes jeunes femmes (qui font souvent tout pour avoir l'ai mineures) en écolières ou à oualpé (mais avec les orifices soigneusement floutés souvent, codes locaux obligent), en maillot mouillé ou en dessous dentelles, avec socquettes tire-bouchon ou porte-jaretelles.
Le bdsm, même si minoritaire, n'est pas oublié.

Exhibitionnistes sans fards, ces erogs sont aussi pour ces filles une manière de se lâcher et de proposer à des boyfriends potentiels une autre image que celle polie, lissée et policée que la société japonaise impose. Et le fossé, comme on le voit, entre l'insipide social et la sensualité cyber, est immense.

Ces erogs vont sembler bien innocents à des yeux occidentaux aguerris par des piments plus corsés. Il y a pourtant chez ces innocentes perverses une charge érotique et des promesses échauffantes...

Si le besoin d'une traduction se faisait sentir, les non-japonisants auront évidemment recours au poisson Babel, imparfait mais secourable. Ceux qui préfèrent l'aventure n'ont qu'à cliquer au petit bonheur la chance.
Parlant de clic, il suffit de titiller le mulot sur chaque image pour être transporté illico sur l'erog kivabien.



De bandage en bondage

De bandage en bondage

Quand Romain Slocombe prend des photos, ses modèles sont des jeunes japonaises en baby-doll ou en dessous chic, clouées sur un lit d'hôpital ou un fauteuil roulant par de nombreux plâtres et bandages. Suprême délicatesse, certaines ont un bandeau sur l'oeil. Dans cette esthétique de la blessure (supposée), il cousine avec le Ballard de Crash.

Quand Romain Slocombe écrit des polars, il met en scène un autre lui-même, Gilbert Woobrooke, photographe anglais nippophile, fétichiste et spécialiste du cul au Japon, comme il le dit lui-même. Aucun lieu louche ne lui est inconnu. Parfois, il n'écrit pas de polars, mais on retrouve toujours son oscillation entre bondage et bandage, chanvre ou velpeau, du moment que ça attache. (Ca tombe bien, façon ton sur ton, son écriture est très scotchante, l'animal a du talent.)

On trouve sur la toile pas mal de lianes à lui consacrées. En voici quelques unes.

  • Pour voir quelques extraits de films
  • Pour lire des critiques de ses livres
  • Pour voir d'autres photos



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L'oreille
Juke Boxabrac
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La peau
Présentation

presque moi
aller Si j'expose mon verso, c'est pour le plaisir d'être jouée. Le masochisme est mon moyen de transport amoureux. Même si parfois je pleure... c'est de vie qu'il s'agit. Et quand tu me fais mal, j'ai moins mal.

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Les mots
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À lire
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L'oeil
Des images pas sages
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Voici un module Flickr utilisant des photos publiques de Flickr comportant le(s) tag(s) bdsm. Cliquez ici pour créer votre module.
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