Rue Bricabrac

Résolution 1ère : se remettre au sport

J'EN avais déjà parlé ici, une ou deux fois, cette image qui m'avait marquée fillette, alors que je traversais les Tuileries pour aller chercher un soda au kiosque. En contrebas,un jeune homme (grand garçon ?) tenait un commensal la tête serrée entre ses cuisses, les bras relevés dans le dos, et le fessait.
Comme toutes ces images de la petite enfance, elle est à la fois tatouée et en même temps possiblement parée des couleurs du fantasme. Et si j'y avais imprimé mes rêves ? D'autant que je passe tellement ma vie à réinterpréter la réalité, en mon for intérieur, certes, mais tout de même, que je ferais le pire des témoins.

Quelques décennies plus tard, bien plus tard, je retombe sur la même image. Elle n'a rien de fetish (sauf pour quelques tordus extrapolateurs dont je fais partie). Je ne sais pas si elle est orthodoxe d'un point de vue martial. Ni même si elle relève d'un code, si elle porte un nom et à quelle discipline (à part celle que l'on s'inflige entre adultes consentants) elle appartient. Je m'en fiche un peu, beaucoup.

La pratique me semble bien plus intéressante et excitante. La bagarre, je vous dis, y a que ça !

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Histoire (presque) sans paroles (Part 7)

Rue Bricabrac, bdsm, lit à barreaux
D.R.

JE lui ai dit
(... le lui ai-je vraiment dit ou l'a-t-il lu entre mes silences...)
Dessine-moi un fantasme.

Alors, il m'a posé une question
Devant ou derrière les barreaux ?

Rue Bricabrac, bdsm, lit à barreaux
D.R.

(À toi... évidemment)



Histoire (presque) sans paroles (Part 5)

J'AI toujours aimé les westerns. Et si je ne connaissais pas celui-ci, je l'avais imaginé.

Rue Bricabrac, bdsm,western

(Un peu plus ici, avec un commentaire 100 % cheap top camembert)

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Les bonnes

Rue Bricabrac, bdsm, soubrette
D.R.

À ce qu'il semble, pas de Maid Café à la Japan Expo de cette année (n'ayant pas le courage de me rendre à Villepinte pour faire tache au milieu des manga dolls et des otaku exceptionnellement de sortie, j'ai compulsé le programme dans tous les sens). Les Romanesques devaient avoir mieux à faire.

S'il l'on trouve des vibrations japonaises, un groupe nommé School Food Punishment, et plein de petites mignonnes en exhibition cosplay, il faudra attendre encore pour ces Maid Cafés qui font florès non seulement au Japon, mais en Asie, et en Amérique.

Les serveuses sont habillées en écolières qui se seraient déguisées en soubrettes froufroutantes comme des marquises, elles accueillent les messieurs harassés par leurs journées de travail par des "Bienvenue chez vous, mon maître" ou encore "comment s'est passée ta journée, chéri ?". Elles servent avec une soumission parfaitement codée, et fournissent quelques autres prestations aussi peu sexuelles que d'entonner un chant en karaoké ou se laisser prendre en photo souvenir.

Ici, on est dans le fantasme, un fantasme pas forcément occidental (sinon, il y aurait autant de Maid cafés que de Starbucks), l'Occident préférait les lapins de Playboy. Plus Barbie. Moins fillette. Il paraît que dans la capitale, on peut s'amuser plus avant avec du sm et des fruits à l'heure du goûter.



Yoyo

Rue Bricabrac, bdsm, masturbation
photo ṪṦϘ

M*** s'est approché de mon sexe qu'il a dévoré jusqu'à ce que sa soif s'étanche et que j'arrive à l'orée de l'orgasme.
Là, il s'est éloigné, à posé sa joue contre ma cuisse, a proféré des douces menaces tout en m'empêchant de serrer les jambes, ou de glisser une main.

Quand l'idée de l'orgasme s'est retirée suffisamment loin, il a recommencé le même jeu, mon plaisir à venir comme un yoyo.

Fort - Da.

Pour me faire monter plus vite, il torturait mes seins tout en continuant de jouer de sa langue entre mes lèvres.

Fort - Da

Au bout d'un temps, je ne sais le compter, j'étais languide, pantelante, désarmée. Une crêpe... qu'il a retournée vivement, sèchement. Avec les mêmes conscience et constance, il a fouetté mon verso.

Fort - Oui

Les coups de plus en forts m'ont plaquée contre le matelas, et ces frottements pourtant si légers sur mon sexe agacé m'ont procuré au centuple le plaisir qu'il m'avait refusé.

Fort - Oui



Histoire d'O...nanisme (good vibes)

Rue Bricabrac, bdsm, masturbation
Fauteuil Denis D. Burlet

6 h 37
La pleine lune éclaire la pièce, je me réveille d'un rêve aussitôt oublié, l'orgasme au bord des lèvres, encore palpitantes.

Je me lève, pas somnambule non, mais presque. Je fonce dans le dressing, fouille dans les sacs et dans un demi-sommeil. Non, pas le cône, pas le canard, trop compliqué de remettre les piles, il faut un tournevis, pas le lapin non plus, je ne veux rien introduire, voilà, bon dernier, celui que je cherchais. Puis les piles, dans le bureau, ouf, il y en a deux dans le chargeur.

6 h 42
La lune s'apprête à ficher le camp de mon horizon. Vite un fantasme. Non, pas lui, je n'en veux plus, même en virtuel. Des hommes sans traits, c'est plus simple, et ce fauteuil, qui cache les reins, mais présente fesses et omoplates. L'un fouette, l'autre suce. Aucun intérêt, pas de sophistication. Juste du résultat, de l'efficacité.

Une fois. Deux fois. Trois fois.

7 h 07
Il fait jour. Je peux me rendormir. Décontractée, fantômes chassés, clitoris endolori. Lui et seulement lui.

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Boîte à musique

Rue Bricabrac, bdsm, fouet
photo D.R.

CE n'est pas une robe abîmée. C'est une robe pour cet été. Elle a été imaginée par le jeune créateur Cengiz Abazoğlu. Elle a une soeur presque jumelle, dans tes tons silver.

Je me plais à imaginer que cette robe a été un jour intacte. Que je la portais.

Comme une danseuse de boîte à musique, les talons aussi hauts que rivés sur un podium. Au centre d'une piste de cirque. Au son d'un menuet, une petite musique de nuit, du Mozart, du Lully. Déchirant les arpèges sucrés, sur un rythme plus sauvagement jazz, des lanières sifflent en dièse et lacèrent en sol. Ma parure part peu à peu en lambeau. J'ai le loisir d'imaginer que ce serait ma peau.

Mais ce n'est pas.

De moins en moins protégée, toujours poupée pirouettante, je m'envole en transe, comme un derviche, le cuir se rapproche de ma chair de poule, j'en sens le souffle, les tresses m'effleurent, le trac grandit.

Ça tournoie, le socle et moi, je perds la tête.

Ma robe n'est plus que charpie, et ma peau frisson. Je suis prête à tomber dans les bras du premier qui s'approchera.



Ma fesse (pas vraiment) cachée

Rue Bricabrac, bdsm, fesse cachée

LA suite demain.

Ici.

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Bouche chauffée

Rue Bricabrac, bdsm, divan

LUMINEUSE, cette alternative au divan bouche de Mae West, mais va falloir faire fissa, il n'y en a que deux exemplaires.

(En espérant que l'on peut utiliser des ampoules froides.)

Je ne sais à quelle actrice pensait Louis Durot en inventant ce siège, siliconé d'importance et à la lèvre inférieure si dodue qu'elle en a des faux-airs de soutif pigeonnant.

(Et l'on jouera en pleine nuit, jusqu'à ce que mon corps s'accorde à la couleur du siège, à la chaleur du dossier.)

L'échauffeuse, elle s'appelle, cette bouche sofa.

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La première secrétaire

Elle aspirait après ce secret besoin de souffrance, qui pousse certaines femmes, non point vulgaires par l'éducation, à se soumettre à la poigne robuste d'un maître qui les frappant comme on peut frapper une enfant.


Rue Bricabrac, bdsm, flagellation

PIERRE Mac Orlan qui signait cette Petite Dactylo sous son pseudonyme de jeune fille, Sadie Blackeyes en 1914, considérait que les flagellées de ses romans étaient plus honteuses et excitées si la correction s'apparentait à celle que l'on donne aux enfants. Aujourd'hui qu'on ne fouette plus les enfants et que des lois nationales voire internationales, l'interdisent, et c'est tant mieux, il faut un Jacques Serguine pour tenir semblables langage et pensée.

Autant tout ce qui peut s'apparenter à la pédophilie, fût-elle fantasmée, me plonge dans un malaise révolté, autant cet aspect de la fessée, et partant, de la flagellation, purement régressif me charme (faut-il le redire, je ne l'ai jamais été enfant).

Ce qui appartient à l'enfance dans ce geste dévoyé, c'est (à mes yeux évidemment) l'impuissance, l'impossibilité de se révolter, ou de se révolter en vain et d'appeler un châtiment encore plus appuyé. C'est l'abandon forcé, la sensation que c'est "pour ton bien", la projection dans un no man's land. Et cette superposition enfant/adulte, cette substitution, dans son inexplicable paradoxe est d'un érotisme furieux.



Dessine-moi un fantasme

Rue Bricabrac, bdsm, soumission
photo Masteringdesires

DIS, s'il te plaît, dessine-moi un fantasme... Comme si c'était un vêtement, avec le tissu de ton choix, dans une couleur qui te plaît, et qui serait à ma taille.

Un fantasme comme un cadeau de Noël ou d'anniversaire, pour faire plaisir et surprise à la fois.

Un fantasme que nous pourrions grignoter chacun de notre côté jusqu'à ce que nos bouches se rejoignent et qu'on le dévore alors à belles dents, quitte à nous mordiller un peu au passage.

Dessine-moi un fantasme né de tes rêves et que je pourrais chevaucher sous ta cravache et tes compliments.

Cela m'est égal qu'il soit mal élevé, pas bien fini, encore en devenir. À nous deux, on arrivera à le faire grandir, à lui donner du piquant, du piment, de l'allant.

Je t'attends.

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L'éclipse, un soleil et ma lune

Rue Bricabrac, bdsm, éclipse
photo Walt K

AUJOURD'HUI, du Canada à la Chine en passant par le Groeland, il y a une éclipse totale de soleil. Je me souviens de 1999, du froid saisissant qui m'a donné la chair de poulette tandis le soleil disparaissait progressivement, j'avais pensé aux lunettes, pas à la petite laine.

J'aimerais que nous partions un jour pour une autre éclipse, et que l'on trouve un coin aussi tranquille que celui qui nous accueillit alors, mes amis et moi. Mais là, nous ne serions que deux.

Au premier croissant d'éclipse, tu me déshabillerais.
Au deuxième, tu promènerais une main caressante sur ma peau frissonnante.
Au troisième, ta main se ferait claquante.
Au quatrième, tes doigts joueraient les filles de l'air dans mes puits.
Au cinquième, tu déferais ta ceinture.
À mi-course, ma bouche se ferait lune et ta queue soleil
Au septième, ta ceinture se transformera en lanière sifflante.
Au huitième, mes reins rougeoiront tel un couchant sans nuages.
Au neuvième, tu dessineras des planètes bleues au plus délicat de mes cuisses, au plus rond de mes hanches.
Au dixième, je fixerais tes pupilles d'ébène de mes yeux mouillés.
Au onzième, je ne saurais comment me défaire de tes brûlures.
Quand les deux disques se superposeront, seule ma plainte enchantée crèvera le silence sombre.

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Miscellanées liées de juillet

Rue Bricabrac, bdsm, miscellanées
photo Bela Karel

LE 14 juillet, en accord avec Georges (et P*** C***), je reste dans mon lit douillet. Loin de la ferveur mirlitaire (comme je ne fais pas de parisianocentrisme, je ne me demande pas ici dans quel était je vais trouver la chaussée après que des chars de 56 tonnes l'ont chenillée en cadence) et des feux, je préfère d'autres flammes, d'artifesses évidemment.

Alors je rêve (cet article a réveillé cet ancestrale coutume dont j'entendais parler enfant) de me faire fouetter au sortir du sauna ou du chaudron par deux vigoureux jeunes gens, à Sotchi, bien que le sanatorium Maurice Thorez n'existe plus et avant que la ville soit métamorphosée pour cause de JO d'hiver de 2014.

Ce ne sont pas les JO mais on n'en est pas loin, ce ne sont pas des pony girls non plus mais elles s'en approchent. En queue de cheval et bikini, ces nanas courent sans que personne ne les y oblige. Un comble.

Le prix du sextoy con du mois revient sans conteste à ce con, ce concon, ce concombre. Qui une fois son job acompli ne pourra même pas être recyclé en salade. (À ne pas rater à la même adresse, des chaussons d'un goût exquis, comme la douleur, amusez vos amis, ambiance coussin péteur garantie.)

That's all folks, je retourne à ma couette.

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À quoi on joue ?

Rue Bricabrac, bdsm, captive
photo Ellington

QUAND j'ai commencé à faire mumuse, "pour de vrai" comme disent les enfants, dans les allées vénéneuses du bdsm, Portier de nuit de Liliana Cavani venait tout juste de sortir.

Maître Stéphane qui s'appelait Franck (c'est un running gag, mais oui le tout premier était un mémètre, ce qui m'a permis d'évacuer assez vite le sujet, et tout ce qui pourrait ressembler à un mémètre ou un Stephen) en avait sans doute conçu des idées qui j'espère ne lui étaient pas venus à l'esprit en visionnant Nuit et Brouillard. (Par un de ces drôles de hasards, Cavani a situé l'action de son film quasiment l'année de la sortie du Resnais.)
Un soir, au téléphone, il m'a parlé de tortures et de camps de concentration. Ce qui compte tenu de mon histoire personnelle et surtout de mon rapport très lourd au réel (il aurait été question de gégène et d'Algérie, de rats et de tortionnaires chiliens, de viols et de Milošević, mon sang aurait évidemment tourné de la même manière et dans le même sens) était pour le moins maladroit.
Je sais jouer avec moi, avec ce que je suis (et pas à la soubrette ou à l'écolière), mais je ne sais pas muser avec l'Histoire.

Alors, moi qui ne fréquente ni les clubs, ni les donjons, ni les soirées (et encore moins les goûters), ni le milieu, ni l'empire, ni les sectes, je me suis demandée avec le grand Ingrid Circus (je suis bien sûr ravie de la libération des quatorze otages, mais trop de médiatisation nuit, et quand on sait que nous attend encore la médaille, la béatification in vivo par monsieur Pape, le film, la pièce, les bios... je crains l'explosion de la vésicule, les nausées néphrétiques et frénétiques, la crise de foi - l'absence d'e est volontaire) déclenché la semaine dernière à la veillée, si quelques-uns des fanas de fantasmes à la noix et de scénars à la petite semaine allaient donner des séances très privées d'Ingrid chez les FARC comme ils s'éclataient, il y a 35 ans, avec de très intimes Portier de nuit.
Et je me suis sentie d'un coup pas dans mon assiette.

(Penser à retourner voir La belle captive de feu l'agronome.)

Pour P*** C*** qui se reconnaîtra s'il passe par ici.

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Réalité 3 - 0 Rêve

Rue Bricabrac, bdsm, angoisse
photo Dream Traveler

LA machine à rêve s'est enrayée, prise dans les filets plombés du réel. Petit à petit, ce salaud de réel, avec ses grosses bottes boueuses de para a piétiné la boîte à fantasmes, sur l'air de c'est moi que vlà. Il a posté ses sentinelles au coin des paupières, et dès que l'iris coulisse parce qu'une image lui fait de l'oeil, les cerbères crient "pas de ça ici" et aboient pour chasser les idées rose, pourpre, violette et rouges. Et les rouages du quotidien fuligineux donnent un tour de vis en sus, la fille de l'air manque d'oxygène.
Alors quand je vois une corde, je pense aux pendus, une cravache au prix de Diane et des menottes à Brice Hortefeux. Je ne sais même plus si je vois la queue de mon chat. Pourtant, elle ressemble à un serpent à sonnette.

Cauchemar.

Je suis comme une traction avant sans manivelle.
La manivelle n'est pas loin, pourtant, elle est posée là, à quelques mètres.

Dès que quelqu'un essaye de tourner la manivelle, comme un vieux diesel, je tousse, je crache, je tressaute et je m'affaisse. Le tourneur s'épuise, ne tourne alors que les talons et repart en râlant.

Les branches tortueuses du matériel m'ont enfermée, et je n'arrive plus à m'évader. Engeolée dans les contingences, j'attends le roi des fantasmes dans sa montgolfière, le marchand de salades salaces sur son nuage, un sorcier bien aimant au nez qui s'allonge, un Merlin à machette qui débroussaille la forêt et dérouille la belle au bois durement.

Ce n'est pas un conte de fées, juste un conte d'apothicaire qui aurait une poudre de perlimpanpan pour oublier un peu, beaucoup, à la folie... jusqu'à retrouver le pays d'Onirie.



Lit à rêves

Rue Bricabrac, bdsm, lit à barreaux
photo MHK Annai

C'EST en voyant ce genre d'images que je sais pourquoi je tiens tellement à posséder un lit à barreaux, même si avec des poutres, ça fera très très donjon comme chambre à coucher.

Pour quiconque tutoie un peu le bdsm, ce genre de lit, ce lit de genre barbare, est la chose la plus érotique qui se puisse trouver. Même quand on y dort seul, il est doux d'agripper l'une des barres de métal, y laisser sa main et espérer les rêves orientés dont le laiton voudra bien se faire l'émissaire.

Si par hasard, un innocent vanille passe par ces draps, et qu'un foulard entortillé dans une volute attire son regard, il saura peut-être quoi en faire (l'une des options étant qu'il propose sa cravate pour que sef aire attacher l'autre bras, découvrant l'envie voluptueuse de se faire chevaucher sans défense, en pacha, potent mais impuissant, ce qui n'était pas mon idée initiale, mais c'est le jeu).

Mais si c'était toi, prévenu, imaginatif, marin malin, fer friendly, je frémirais comme jamais quand ta main se posera sur ma cheville. Je suspendrais mon pouls pour que cet instant si fragile, si ténu, s'étire et que chacun de mes sens s'en imprègne comme une éternité de suspens. Ensuite, ça ira vite, trop vite, et je louerais mon lit à barreaux.

Demain, je penserai au baldaquin. Pas tout à la fois. Faire durer le fantasme.

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Histoire d'O...GM

Rue Bricabrac, bdsm, O
photo Eti2811962

O a marqué, au point que certain(e)s se font marquer, pour perpétuer dans leur chair des fantasmes romanesques. O fait encore rêver, dans une villa palladienne pour les vacances pour que résonnent les cris sans peur des voisins. O n'enrage jamais, elle rêve de se donner, mise en croix par quelque Stéphane (qui doit s'appeler Franck). O s'efface doucement de l'imaginaire, mais reste dans le symbolique. Je, toujours terre-à-terre, m'intéresse à la réalité.

Que pourrait être O aujourd'hui ?
Génétiquement modifiée ? Sans aucun doute. Sous GBH pour accepter le parcours d'overabandon et d'esclavage (je n'ai pas relu ce mauvais manuel de bdsm domestique avant d'écrire mes pitreries). Au bord de l'extase quand elle baisse les yeux, prête à se signer avant de se mettre à genoux.
Globalement masochiste ? Ça oui ! Pour accepter le fouet et les colonnes, trouver volupté et jouissance dans la souffrance, réclamer le joug et les meurtrissures. Le féminisme est passé par là, elle (croit qu'elle) assume.
Génialement manga ? Petite poupée livrée prête à bonder, cheveux vifs, hautes chaussettes rayées et culotte blanche, lolita perverse qui se met en bouche une lolipop rouge vif, assortie à ses lèvres, les seins tatoués de roses et de cerises et sa chute de reins d'une guirlande d'épines.

Et Sir Stephen ?
Un ancien patron du MEDEF qui aurait gardé sa berline cuir et ronce de noyer de fonction, des dépendances et de la domesticité, et qui mettrait les dividendes de son golden parachute au service de son vice ? Un jour, il se retrouverait sur You Tube, c'est sûr.
Un internaute assidu inscrit sous des pseudonymes divers sur tous les sites de rencontres possibles, faisant patte de velours chez Meetic et gant de vampire sur joueraveclefantasme.
Un bon père de famille qui s'ennuie au logis, avec une femme qui le délaisse ou qui, en bonne frigide, le traite d'obsédé sexuel quand il veut la couvrir après le dîner. Alors, il lit, il mate, et il se rêve Stephen ou Indiana Jones (le fouet fait le dom). Mais à la vue du sang, il tombe dans les pommes.

Mais Roissy ?
À Roissy, il n'y a plus que les avions qui décollent et les humiliés sont dans des centres de rétentions, entre deux frontières, hors toute loi.

Qu'on colle O à Sèvres, avec le maître étalon, qu'on y repense, émus, comme à ces aimables aïeules qui en ont fait des vertes et des pas mûres, Olympe, Odile, Odette, mais pitié, qu'on casse sa statue, qu'on lui défonce le culte et qu'on n'en fasse plus un rÔle mOdèle.

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Fait soif (de mal)

Rue Bricabrac, bdsm, masochisme, cinéma

FAIS-MOI un plan-séquence, très long, très lent, en noir et lumière.
Pas besoin de motel, ni de caméra. Juste tes mains, tes doigts, des bougies, une bougie.
On est chez moi.
Ou chez toi.
On a froid, tous les deux.
Il faut que ça chauffe, comme au Mexique (ou à Venice, en vérité).
Impressionne mon corps, improvise, double les prises, de judo ou de vilain.
Les jours rallongent, on en prendra quarante s'il le faut.
Vole mon plaisir comme tu as kidnappé mon désir.
Zoome en moi, et qu'importe la focale.
Tes coups sont cut, tu me fais contre-champ, mon chant est diégétique
Tu m'enchaînes et je fonds.
Le festival de cannes va commencer, je vois des flashes à chaque coup, ce n'est pas le tapis qui est rouge.
Je te remercie.



Oh punaise ! Des ronces dans mon corset !

Rue Bricabrac, bdsm, ronces, corset
Gwendelin Artanis

Il a écrit
J'ai un fantasme.

J'ai pensé
Je n'en ai pas qu'un
Je le lui ai dit.

Il a poursuivi
Il faut acheter un corset sur internet

Je me suis demandée
Il a des actions chez Axford ?
et aussi
Qui paye le corset ?

Il ne s'est pas démonté en chemin
Il faut surtout le prendre deux tailles trop petit

Pourtant, je sais bien que
Un corset, c'est fait pour perdre deux tailles, et il faut donc envoyer ses mesures très précises.

Toujours à fond, il a précisé
Il faudra le serrer au maximum après l'avoir garni de ronces, avant mon arrivée.

Dans ma mémoire, ont dansé le soutien-gorge aux punaises, une vieille histoire qui m'avait fait tant rire, mais pas autant que le corset fourré aux ronces.
Et la date de mon rappel de tétanos.

Le fantasme est vraiment la chose au monde la moins bien partagée, avec les sonneries de téléphone mobile peut-être, ceux et celles des autres sont souvent perçues comme un désastre.
(Pour donner un ordre de grandeur, l'opération du délirant monsieur reviendrait à passer d'une taille 44 à une taille 36, en ne comptant pas les ronces qui, si mes derniers souvenirs de chasse aux mûres sont exacts, représentent facilement une demi-taille.)

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Blind date

Rue Bricabrac, bdsm, masochisme
photo Tannager

À peine entré, les politesses d'usage épuisées, alors qu'il me suivait, il a posé une main sur mon épaule pour m'arrêter, a repoussé ma joue alors que je me retournais pour l'interroger, et m'a bandé les yeux.

C'est relaxant, d'avoir les yeux bandés, un premier pas en aveugle vers l'abandon. Un genou se dérobe.

Ses mains ont parcouru ma géographie, de plus en plus exploratrices, de moins en moins légères. Comme si lui aussi était aveuglé et n'avait que ses doigts pour faire ma connaissance.

C'est traquant, des mains comme ça, quand l'ami devient maquignon, l'interlocuteur consommateur. Et mateur. Chair de poule.

Plus rude, il me bouscule, me bascule. Cul, sur le bras du canapé, plus haut que tête, dans les coussins. D'un bras l'autre, le sien, pas si gauche, appuyé en L3 tandis que le dextre adroit glisse le long des cuisses pour me découvrir.

C'est délicieux, ce moment, une sorte d'heure bleue du bdsm, celui du juste avant le premier clair de peau. Pur suspense.

Offensif, il attaque, une main, ou deux, je ne sais, c'est comme la grêle, ça pique, ça bruite. Les paumes deviennent battoirs, lourdes, ça chauffe, ça cuit.

C'est voluptueux, le corps se retrouve en pays de connaissance, imprimé des coups, mu, ému, remué, agité. Chaleur.

Il me posture, s'impose, en impose, m'impose non seulement ses mains, mais sa loi. Côté pile, à poil, angle droit, cambrée, pieds écartés. Il faut compter, ne pas discuter, peut-être pleurer, ne pas mendier ou ce sera à payer.

C'est paradoxal, le corps dit prêt, oui, je me soumets, j'en voudrais plus, mais il se raidit, plie, crie. Encore. Plus fort. Un garçon et l'addition. C'est très bon.

Il me colle, me fouille, me retourne, me tient par les seins, pas seulement le bout des, me fait bouillir, déjà rôtie, m'en bouche un coin, deux, trois. Côté face, il repasse.

C'est fatal, je ne sais plus ce qui fait bien, ce qui fait mal, ce qui est sueur ou pleurs, j'ai des rayures et des griffures, des bosses, mais pas de plaies. Du plaisir.

Il a pris mon pied...

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Pluie de feu

Rue Bricabrac, bdsm, masochisme
photo Nad Iksodas

IL a monté le chauffage pour que je n'aie pas froid. Au bout de quelques minutes, j'en avais presque oublié que j'étais attachée nue sur la banquette neuve, faisant corps avec celle-ci, mes seins et mon ventre confondus avec le cuir cramoisi, membres solidement joints aux quatre jambes du meuble. Je ne pouvais que bouger la tête pour parfois apercevoir ses cuisses. Et puis plus rien, juste l'habituel plancher et les meubles autour. Tandis qu'esseulée et préférant mille fois la pire correction à son inattention, Sibelius étirait les accords de Tapiola dans ma tête, il a mis du Stravinski assez fort, opéra de feu pour un duo volcanique.

Je l'ai tout de même entendu s'approcher, étoile de Diaghilev qui s'échauffe, jouer des deux cravaches comme un dompteur jongleur en coulisse, déployer au lancer les lanières des floggers qui sifflent plus de trois fois, étouffer la percussion des battoirs sur sa cuisse capitonnée de tweed.

Il a ensuite joué doucement avec mes sens. J'ai respiré le cuir, écouté le latex, regardé le bois, léché sa main, frotté mon visage à son entrecuisse. J'ai frissonné, non pas de froid ou de crainte, mais sous les caresses trop exquises. J'ai ronronné sous ses attentions, j'ai essayé d'onduler aussi, mais il m'avait trop bien associé à sa dernière trouvaille, ce banc kitsch, ni de piano, ni d'enfant, un truc de chez Drouot qui aurait pu venir de chez Roméo, des dorures pour une roulure, mais qui était parfaitement à ma taille.

Sans sommation, la cajolerie attendue a traversé mon dos comme un éclair sanglant. D'une omoplate au rein opposé, c'était comme si tous mes sens étaient sortis de leur domestiquage. Des larmes dans mes yeux, un haro de bête, un sursaut qui a entraîné le banc, et une première tache sur le cuir. Pourtant, j'avais souvent eu plus mal. Mais pas depuis longtemps. Ou alors, le déferlement des caresses habiles m'avait ramollie pour que le pain n'en cuise que plus.

Tandis que mon côté face collait, tout en sueur de peur et de douleur, au petit banc, mon verso prenait la couleur du cuir. Ambidextre et sans pitié, il variait l'intensité et la cible de ses coups. J'avais l'impression, pourtant plus immobile qu'une gisante, de tournoyer dans mon corps, d'être un Picasso, la nuque à la place du mollet, de ne plus m'appartenir, mais d'être une nouvelle personne de cabosses et de bosses qu'il sculptait selon ses envies, sans soucis de mes pleurs, les apaisant parfois de baisers mouillés eux aussi, buvant mes larmes pour lécher mes plaies d'embrassades salées, m'offrant des jouissances en entracte, forçant ma bouche tout en la faisant taire.

Quand il n'en eut plus la force, ni l'envie, ou qu'il a senti que j'étais aussi à bout et qu'il me fallait quelque récréation, il m'a détachée, mais en lieu du cocon de son corps, il m'a conduite par les cheveux, fiévreuse de sa correction et la peau portant fort et net la signature de l'heure qui venait de passer, de l'autre côté de la baie vitrée, sous l'averse. Indifférent à mes poings qui cognaient au carreau, sachant que la pudeur m'interdisait de m'éloigner ne serait que de cinquante centimètres pour trouver un pauvre abri, me regardant en souriant.
Quand il se déciderait à me laisser rentrer, ce serait évidemment pour me réchauffer. Recto.

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Etre ton taiko

TANDIS que certaines rêvent d'être des maikos, j'ai envie d'être un taiko (pas trop gros tout de même).

Surtout quand je vois l'allégresse de ces joueurs, jeunes, énergiques, précis, euphoriques.

Leur art de percuter est sosie de mon heur de recevoir. Dans une joie réelle et sans pareille.

Au coeur de ma chair, au plus lointain des muscles, à la moelle des os, la résonnance se propage depuis ma peau tendue. Des notes graves, profondes, tenues en vagues sur quoi je surfe. Des basses comme un sexe qui se faufile, qui remplit, qui fouille.
Dehors, dedans, je ne sais plus, tout comme je confond les sons et les sensations. Un cul, un coup, un cri, une percussion, un oui, un encore, un écho.

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Orgasme synchronisé (l'essentiel, c'est de participer)

Rue Bricabrac, bdsm, Journée Mondiale de l'Orgasme
photo Rumple

DEMAIN, à 7 h 8 précise sur le fuseau horaire de la France, ce sera la deuxième journée mondiale de l'orgasme (présenté ainsi, ça fait très minute de l'orgasme).
En ce qui me concerne, je participerai, avec mon partenaire qui, sauf coup de théâtre de dernière minute, étant soit le canard, soit le lapin (non, je ne suis pas zoophile). Mais pas le cône, on ne s'entend pas.

Pour donner un peu de sens aux vibrations, qui sinon ne font que me chatouiller désagréablement, je me bercerai de quelque fantaisie.

J'ignore quel visage il a, mais il est assez massif pour que je me fasse l'effet à ses côtés d'être une allumette. D'une main, il me couche sur ses genoux, dos sur ses cuisses, enserrant haut mes genoux. Si je me débats, ce que je fais, je ne peux que décoller mes reins et lever plus haut mon cul vers sa large main. Laquelle, dans des bruits mouillés, imprime sa marque sur mes fesses glacées qui prennent de la chaleur en même temps que de la couleur.
La température s'éloigne du centre de gravité, gagne mon sexe qu'il ignore encore, et mes seins que ses doigts fouillent quand ils n'énervent pas les pointes. Une fois celles-ci dures et dressées, il les parcourt de sa paume, et je sens entre mes omoplates que cela lui fait très plaisir.
Il serre un peu plus fort chaque globe, tourne ses mains dans un sens et l'autre, les lâche pour saisir mon sexe d'une main et le chat à neuf queues de l'autre, et...


...
...
...

Je n'ai pas le temps de passer au niveau 2 des sévices, la mécanique étant ce qu'elle est, je jouirai dans un arc et un cri, et comme il sera bien tôt le matin, je me rendormirai.
Si Morphée est bon, il m'enverra la suite.



I'm looking for trouble

Rue Bricabrac, bdsm, bondage, fantasmes
Photo Dominic Vincent

ALORS que je trouvais ma vie sexuelle bien terne, n'ayant d'autre monture que mon vélocipède et mes nouvelles lunettes (les secondes étant indispensables au roulage de nuit, quand tous les myopes voient gris), K*** m'appelle et, sa voix toujours aussi merveilleusement vibrante, me demande ce qui me fait fantasmer en ce moment.

Rien de bien neuf, toujours cette même envie d'y être sans y être, yeux masqués, poignets et chevilles entravés, oreilles bouchées. Pas d'ordres, pas d'action, que de la manipulation.
Nous sommes convenus d'un donnant/donnant gagnant/gagnant. Il me donnera des conseils professionnels dont j'ai besoin, et je le payerai en nature, en me livrant à ses fantaisies, sans le droit d'en refuser la moindre.

Sur ce pari en paroles, nous raccrochons, et tandis que sans doute il se branle, je rêvasse.

J'ai envie de bagarre, de baston, d'insolence. Je veux pouvoir me jeter à la tête d'un homme, je veux des joutes verbales, je veux des bras de fer intellectuels. Je veux être peste, chipie, saleté. Je veux le gifler, le puncher, le tacler. Je veux l'énerver, le pousser à bout, péter son flegme. Je veux sa colère, sa violence, sa revanche.

Je me vois défaite, suspendue au plafond par un pied, les épaules au sol. Je ne crie plus. J'attends la correction.

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Robbe se Grille

Rue Bricabrac, bdsm, Alain Robbe-Grillet, roman

VENDU sous scellofrais, le nouveau Robbe-Grillet ironiquement, mais justement titré "Un roman sentimental" se présente doublement capoté. Car une fois la fine pellicule de plastique déchirée, c'est un ouvrage non massicoté qui expose son papier crème et épais. Comme plusieurs générations ont perdu l'habitude de ces ouvrages dont il fallait patiemment couper les pages verticalement et horizontalement, l'éditeur a collé un sticker sur la couverture recommandant pour cette dépucellisation l'usage d'un instrument coupant plutôt que ses doigts.

Vient le dilemme : couper patiemment l'ensemble puis lire ou couper au fil de la lecture. Si l'on choisit la première solution, il faut prendre garde à ne pas lire en même temps, une phrase ici, trois mots là. Dans le cas de la deuxième, il faudra éventuellement réfréner son impatience lectrice pour soigneusement séparer les feuillets. On peut aussi choisir une troisième voie, celle du voyeur, et lorgner entre les fentes. Ce qui irait assez bien avec ce livre.

Sulfureux, évidemment. Provocateur, pas moins. Attendu, pour qui connaît l'auteur. Vieux cochon, vu le sujet. Admirable, quelle écriture ! Repoussant, à l'heure du politiquement correct. Bourratif, par répétition. Fatiguant, par overdose de références.

Robbe, dont personne n'ignore le goût pour les tableaux vivants et les fantasmes à propos des jeunes filles, connaît son sm sur le bout des doigts, des sensations, des mots. Il ne manque aucun motif du genre, depuis les sacrifices des jeunes et belles filles chrétiennes par des Romains qui ont dû inspirer la future sainte Inquisition (les vie, et surtout les morts des saintes consignées et compilées par quelque moine pervers peuvent rivaliser sans peine avec ce roman sentimental, sang et mental) jusqu'à l'éducation des filles par leur père et les poupées vivantes. On y fouette, et les coups se nomment cinglons. On y enconne, et le sexe féminin s'appelle sadinet. On y passe de l'Histoire aux contes de fées qu'une Annie Rice n'oserait jamais même penser, se cantonnant à la fantasmagorie proprette. Ici, c'est sale, suintant, barbare, excessif, exagéré.

"Ensuite ma fine lanière de cuir raide s'est abattue dans l'entrejambe selon diverses orientations. La peau, fragilisée par les flammes ayant léché le pubis, la vulve et l'intérieur des cuisses, a tout de suite ruisselé de sang."

C'est du fantasme, juste du fantasme, du fantasme bimaniaque (pédophile et sado-masochiste), mais du fantasme. Qu'il faut impérativement cliver de la réalité. Je ne pense pas que le pédophile de base ait jamais lu Robbe-Grillet, que le maîtraillon à la con qui pense qu'"Histoire d'O" est la nouvelle bible non plus, et que Robbe n'est pas Matzneff. C'est une fiction (où ne manque aucun des thèmes déjà traité dans le roman ou le film par ARG), pas un récit.

Dire que c'est sublimement écrit est un euphémisme. Et quoiqu'on pense de ce livre, il y a quelque chose de troublant : il ne donne pas une seule seconde envie de se branler. Et si on se trouvait devant un authentique ouvrage subversif ? Un pied de nez d'un vieillard qui sait que le temps lui est compté ?

Je n'ai aucune réponse, je ne suis pas sûre de souhaiter recommander ce livre (ou alors à certains, rares, qu'il n'étouffera ni ne choquera ainsi qu'à Marcel, pour la qualité sensuelle du papier et parce qu'en ce moment, il doit ruminer dans les embouteillages), mais je suis heureuse qu'il ait été écrit.



Chéri, plaque-moi !

Rue Bricabrac, bdsm, machisme

ÉRIC Zemmour, journaliste politique au Figaro et chez Ruquier, qui partage avec Jean-Michel Aphatie un anti anti-sarkozisme prononcé et un physique de traître de comédie (oui, c'est mal de se moquer du physique des gens, je sais, mais je serais directeur de casting, je les embauche pour le prochain Astérix dans le rôle des frangins Felonix et Foderchix), est un frêle petit bonhomme réactionnaire qui ne supporte pas les papas poules et les femmes (vé)libérées. Pour la faire courte.

Sa dernière sortie remonte au 1er octobre, dans ELLE, qui est vraiment bonne fille d'inviter ce sinistre sire (sauf à le considérer comme une sorte de clown repoussoir), à propos de rugueubi et d'homme rugueux. Chabal Powa ! Et là, le Ricounet se débonde.

Mais les femmes se moquent, au fond, du rugby. Et pourquoi faudrait-il considérer comme bien en soi qu’elles s’y intéressent ? (...) est au contraire la bête, le mâle hirsute, qui fait tomber les femmes à la renverse ! (...) Il va bouter les Anglais hors de France, peut-être. Alors, bien sûr, il fait frissonner les femmes.

Si j'avais en commentaire d'un joli post de Dame, imaginé quelques secondes être un ballon entre les mains des Blacks, c'était du fantasme. Une envie de me faire plaquer (pour une fois que ce serait source d'agrément) , de laisser l'empreinte de mes seins dans le sol, de sentir le poids des muscles et le choc des mains. Je ne me suis pas pour autant précipitée sur le terrain pour me fourrer entre leurs pattes. Je n'ai d'ailleurs pas regardé le match, ni aucun autre, pas plus que je ne regarderai celui de soir. Je n'entends rien aux règles, et par-dessus tout, je vomis cette ambiance panem & circenses qui veut que l'humeur d'un pays ("nous avons gagné, marqué, buté..." dit le beauf qui a tout perdu) soit accordée à celle des coups de pieds d'une équipe tricolore, il y aurait beaucoup à dire... Mais je ne suis pas autiste, et j'ai une vague idée de la géographie d'un rugbyman. Et je ne suis pas sûre qu'un néanderthalien like donnera aux femmes l'envie d'être dominées (ce qui ne veut pas dire se prendre une bonne fouettée et autres délictueux délicieux jeux de vilains, mais dans l'acception zemmourienne rester au foyer et au four, sortir au supermarché ou au bras de son époux), sauf peut-être dans ces obscurs fantasmes de viol dont elles ne seront pas fières. (Oui, Ricounet and Co, le viol est un tel cauchemar dans l'esprit des femmes, qu'elles l'aient été ou pas, que si on le fantasme, c'est avec une icône pipole, dans une suite de palace et le rouge post-orgasmique au front aussi.)

Enfin, je ne connais pas personnellement Madame Chabal (pas plus que Madame Zemmour, même si mon illustration est insultante pour cette dernière) mais rien ne dit que ce petit bout de femme haute comme trois ballons ne mène pas son grand mâle par le bout de la mèche.
Car je suis sûre qu'Annick Chabal n'a pas épousé son Sébastien parce qu'il était son fantasme, mais parce qu'elle avait envie de faire un bout de chemin avec lui, dans la norme. Car un fantasme, Ricounet, ça ne s'épouse pas. On joue avec. Juste.

 

Il convient de ne pas confondre Éric Zemmour avec Éric Zemmour®, coiffeur marque déposée sur la côté d'Azur (where else ?).



Lynch et Louboutin dans le même chausson

LE rouge, celui du théâtre, des lampes ON AIR, du sang et du lipstick, pourrait être leur point commun. Celui des bouches des actrices pour l'un, celui des semelles de souliers parfaits pour l'autre.

Rue Bricabrac, bdsm, chaussures, fetish
Photos David Lynch - Chaussures Christian Louboutin

David Lynch et Christian Louboutin font Fetish commun à La Galerie du Passage (dans ce lieu exquis qu'est le passage Véro-Dodat). Pour les photographies du premier, le second a réinterprété la torture-shoe jusqu'à doter un escarpin purpurin d'un talon pic à glace de 26 cm, au-delà même de la possible longueur d'un pied 40 monté sur chausson pointe.
Les chairs très blanches de deux danseuses du Crazy, au cou de pied cambré comme une chute de reins, émergent d'ombres palpables comme le cinéma du réalisateur en regorge.
On est à la fois en terre familière, fascinante et dans un autre monde, fantasmatique, fétichiste.

La fashion week ? Ha oui, la fashion-week... À part les pirates de Jean-Paul Gaultier aux bustiers ceintures et poignards en guise d'épingles à chapeau, plus Jack Sparrow que Bounty, mais de quoi réveiller tous les souvenirs d'enfance portés par un cinéma friand du genre, pas grand chose à signaler, des pastels, du pop-art, des fleurettes.



Un marcel nommé désir

J'AI demandé à Marcel, l'autre jour, alors qu'il venait de garer son camion dans une rue de piétonne et de chasser à coup de lattes un roquet qui compissait sa roue, s'il savait que le tricot de peau (comme dit si délicatement dans un portrait de Libération, la ministre Christine Albanel, agrégée de lettres modernes, je n'avais pas entendu cette expression depuis longtemps, rien que pour ça, grâce soit rendu à Tsarkozy de l'avoir nommée à la Culture) homonyme se traduisait en anglais par "wife beater". Évidemment, Marcel n'en savait rien, c'est un révolutionnaire qui chie à la raie de l'impérialisme tazunien.

Rue Bricabrac, bdsm, marcel

Sur l'affiche d'Un tramway nommé désir, enfin, sur certaines affiches, Marlon Brando porte le marcel sérieusement déchiré et sa musculature est dessinée comme par Michel-Ange. Dans le film, je ne l'ai pas revu depuis un moment, c'est mauvais pour mon coeur, son t-shirt (nommé ainsi à cause de sa forme en T) est maculé, trempé de sueur, marquant des pectoraux très touristiques et dispensant phéromones et testostérone à la tonne, l'écran n'empêche rien. Son t-shirt dis-je, car possédant des petites manches. Point de marcel. Pourtant, wife beater, il l'était sans aucun doute dans le film. (Des féministes grondent là-bas que c'est un scandale d'appeler ainsi un maillot de corps). Comme quoi, l'habit ne fait pas forcément le moine. Si le marcel bien dégagé derrière les aisselles porte ce nom aux USA, c'est en référence à leur quart-monde WASP (oxymore ?), les whites trash. Mais la mode, Jean-Paul Gaultier et Gymnase Club sont passés par là, et le maillot marcel se retrouve, depuis qu'il n'est plus utilisé pour des raisons d'hygiène et de pudeur sous une chemise (cachez ce torse poil que je ne saurais voir et gardez votre transpiration pour vous), en vêtement à part entière, symbole gay (avec la petite manche est plus classe sauf si on veut faire le kakou avec ses triceps) ou prolétaire (marcel congépé).

Marcel m'harcèle, chantait Boby mais dans deux chansons différentes (la harceleuse avait deux l, et Marcel le masculin n'était pas un intellectuel, mais ça m'arrange mieux comme ça pour mon jeu de mots à deux balles)... Je ne fétichise ni sur les marcels, ni sur les wife beater, mais un beater en t-shirt pourquoi pas, s'il a la bestialité brute d'un Brando ? Pour le plaisir de courir des doigts sur un biceps et de remonter sournoisement sous la manche, sentir le jeu des muscles à l’aveugle. En matière de deltoïde comme d'entre cuisses, en cacher un peu de nuit pas.



Clap de faim

Rue Bricabrac, bdsm, fessée
photo Shadowjumper

Voilà longtemps que cela ne m'était pas arrivé. Je ne fantasme que rarement sur les acteurs, je le faisais à 6 ans, à 12, à 18, faute d'un imaginaire encore assez développé ou de manque de support valable dans mon quotidien. J'ai dû le faire à trente. Le fantasme a beau être un magnifique pays de fées où tout est possible, j'ai besoin d'un minimum de réalisme. D'un champ du possible. Je suis terre-à-terre.

Et puis il y a quelques jours...
C'était un film. Un film de pas grand-chose. Un film qui est passé dans tout un tas de festivals mineurs, mais nombreux et qui y a récolté des prix. Un film qui s'il avait américain plutôt que briton et réalisé par un metteur en scène chevronné et pas par un débutant serait passé à la trappe. Un film, quoi, pas méchant, pas déshonorant, pas crapuleux, pas racoleur. Un film de plus. Soudain, au détour d'une scène, un homme plein de cheveux gris, mais plus jeune que sa chevelure, un regard bleu qui traverse la salle, un sourire qui donne envie de pleurer tellement il est franc. Pas même sûr qu'il est acteur, sans doute un voisin, un technicien, quelqu'un de la production, venu dépanner le temps de deux séquences et quatre mots pas plus.

Je suis moite, je m'éveille, je m'évade. Je sens ses mains qui font la connaissance de mes contours, qui dégrafent ici, dézippent là, soulèvent plus bas. Il n'y a plus que lui et moi, un scénario écrit encore plus vite qu'un Bulle Caisson. C'est fou ce qu'on peut faire en peu temps, avec presque rien. Voilà une ceinture qui n'en finit pas de tanner une peau fine qui n'a rien d'un cuir récalcitrant. Et chaque coup de lanière est comme un coup de queue, il atteint le juste centre de mon corps. Comme aucun coup, de main ou de bite, ne le fera jamais.
Ses cuisses m'emprisonnent et évidemment, elles sont un étau parfait, confortable et inéchappable. Ses mains viennent parfaire ce que la ceinture a oublié. Ma tête résonne du plus beau des bruits, et je pars en transe comme dans une cérémonie vaudou. Les ondes me parcourent des orteils qu'elles chatouillent à la pointe des cheveux qu'elles font dresser. Mon corps danse un truc pas répertorié, bien plus remuant que le tecktonik, plante plissée, paume plate, taille anguille, hanches ivres.
Venus de nulle part, de ses yeux peut-être, des cingleries succulentes attaquent mon dos, des doigts par dizaines malaxent mes seins, des tentacules d'incube caressent dehors dedans, je ne sais plus. Je suis juste un corps qui jouit, enfin, qui se la raconte.
Je n'en finis pas de décliner mes dadas, je n'ai pas plus le sens du temps que de la mesure, la raison n'a rien à faire ici, je frotte mes sens (à défaut d'autre chose) comme une lampe d'Aladin, je m'invente des septièmes ciels à répétition, des cordes volantes, des tapis dans quoi on m'enroule, je deviens un tapis, une corde, une liane vivante, une peau vibrante. Nous ne sommes plus que trois, lui, moi et le fantasme qui entretient la flamme.

Fin brutale comme un réveil. La lumière est revenue, je me frotte les yeux, pas la peine de me demander quel était le film. Et la photo de mon partenaire malgré lui n'est même pas sur internet.

Quand j'entends quelques accords de Light my fire, ou la voix de Leonard Cohen, je ressens une mise à feu assez similaire.



Ca ne s'oublie pas (tu parles !)

Rue Bricabrac, bdsm, baguette, Vélib

J'AI sauté sur l'occasion et sur la selle, et je me suis abonnée dès les premiers jours à Vélib, trop contente de pouvoir me déplacer en dehors des heures de pointe tout en faisant du sport (22 kilos, faut les traîner, surtout sur des plats montants) sans avoir le souci de posséder un deux-roues, de me le faire piquer, de ne pas savoir où le ranger ni le réparer.

N'empêche, il y a une erreur quelque part.
Les voitures je crois.
C'est incroyablement effrayant une auto, surtout quand on les frôle (ou plutôt l'inverse) de près. Ce n’est pas le pot de terre, c'est le pot de verre, une cycliste... surtout si elle est un peu gauche. Tenir sa droite dans ces conditions, c'est pas commode.

Je cherche donc des accompagnateurs plus aguerris que moi pour m'entraîner un peu, et surtout m'entourer en bonne garde prétorienne. C'est cela ou me lever le dimanche matin pour aller apprendre à faire du vélo au Parc de la Villette. Ce qui est peu vexant parce que je sais faire de la bicyclette (même si depuis que papa a enlevé les stabilisateurs, ça c'est un peu gâté, je me suis rattrapée en passant des vacances sans quasiment descendre de selle).
Mais contrairement à l'adage, j'ai un peu oublié.

Le rapport avec le SM ? C'est que ça fait mal au minou, presque autant que quand I*** m'empoigne et tord.
En fait, il n'y a pas de rapport, c'est juste pour rester en charte. Et passer cette carte postale du temps jadis.

Oui, évidemment que j'ai pensé que comme pour d'hypothétiques footings à la campagne, le fait de savoir que je suis suivie par quelque dhomme muni d'une baguette serait un stimulus qui me ferait rouler droit et vite (et vive la "poussette")! Mais c'est tout sauf réaliste.
Le principe de réalité m'ennuie de plus en plus.

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Gnaveu !

Rue Bricabrac, bdsm, Dior, Haute-couture 2007/2008

IL y en a eu des défilés, un vrai carrousel, du prêt-à-porter, de la haute-couture, la femme, l'homme, encore la femme, des créatures, des anniversaires, 20 ans ici, 60 ans là, et des créateurs, mais je n'ai rien gardé, même pas ce défilé d'un jeune invité, dont j'ai le nom sur le bout de la mauvaise mémoire, vers la fin de la fashion week, en rouge et noir... Ça intéresse qui encore, à part Jeanne Mas ? Je n'ai pas envie de ressembler à un mauvais site perso SM avec des couleurs volées à Stendhal.

En revanche, celui-ci, je le veux !

Délicieusement androgyne, hommage à Picasso, il paraît, avec le masque pour le carnaval ou l'anonymat, la taille corsetée serrée au dessus du pouf qui annonce un vrai cul, et ces losanges à qui il ne manque que d'être amovible. Le premier ôté, à la charge de monsieur de colorer la peau en rose. Le suivant, pas forcément son voisin, il obtiendra une teinte plus rouge du bout de la cravache, méthodique. Un troisième losange et les baguettes réclament du bleu mais n'obtiennent que du pourpre. Et ainsi de suite.
Le corsaire enlevé, l'arlequinade sera sur la peau, sur les cuisses et les fesses, ombrées par ce joli faux-cul qui semblera bien pâle.
Avec le loup, il essuiera les larmes.
Avec une lame, il dénouera le corset.

Quant au chapeau, on le réservera pour un autre jeu. Six indices : quatre pattes et deux omoplates.



Histoire d'O...nanisme (Le pont, l'arc et la pince)

Rue Bricabrac, bdsm, masturbation
photo Esther G.

MES pieds et mes mains sont solidement ancrés au sol, formant un carré pas plus large que ceux en soie que les dames chics se nouent au cou ou à l'anse de leur sac.
Mais je ne suis pas chic, je suis froissée, ramassée sur moi-même, en vrac, les coudes et les genoux selon des angles étranges. Je suis à peine habillée, une veste kimono courte, trop courte.
Un pouce dans mon sexe, les doigts rivés sur ce mont trop charnu, trop bonne prise, il me soulève dans une douleur impérieuse, fouillant et pinçant d'un même geste, jusqu'à ce que mon corps soit arqué comme un pont japonais. Le chat et ses queues effleurent mes seins, flattent mes flancs, cinglent mes reins.
Je ne peux me laisser aller, la pince est implacable, le bras infatigable, je reste tendue, creusée, tremblante, je voudrais tant m'enchiffonner en boule au sol, les musclent tirent, il m'étire tant et plus, et frappe maintenant mon cul de son autre main.
A-t-il alterné, ai-je hurlé, qu'importe, c'était mon cinéma, et je me souviens, avant que la jouissance ne m'emporte, d'une bouche avide au plus intime, suçant mon clitoris comme si c'était une minuscule queue à décalotter pour l'atteindre au plus sensible.

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Compulsion de répétition (Cherche donneur)

Rue Bricabrac, bdsm, fessée, rituel, Red Charls
photo Red Charls

JE suis dans un grand désordre en ce moment, ce qui n'a rien d'anormal après la conclusion de quelques années de fidélité et de train-train à la loco de plus en plus poussive. Je porte mieux que bien mon pseudo. L'un me dit volage, l'autre parle de dévergondage, alors que je ne cherche qu'à ranger un peu tout ça, la vie, les sentiments, enfin, non, ranger des sentiments, cela ne rime à rien... J'essaie de les exprimer, les retrouver, les exalter. Je suis donc à la fois en vrac et dans une insatiabilité totale. Empiler ou multiplier les vacataires, c'est un peu comme sucer des pastilles à la menthe (je dis ça, mais je déteste la menthe en pastilles), c'est de l'instantané, effet immédiat et puis s'en va. Reviendra peut-être, mais pas de double effet kiss ou cool. De l'instant, pas du temps. C'est le Nes' de l'expression.

Ça va et ça vient, la vieille antienne, et me revient un fantasme aussi ancien que l'antienne. Ce devait être une punition jadis. Ça n'a pas besoin de l'être aujourd'hui. Ce pourrait être juste une expérience sensuello-scientifique. Physique. Ou chimique. Je les confonds toujours toutes les deux. Alors les deux. Pendant une semaine, du lundi au dimanche, du samedi au samedi, du mercredi au mardi, qu'importe le départ pourvu que l'arrivée soit cuisante, ou pendant 20 jours comme les 6 jours TBM (hum, le neurone plus solide que la peau... TBM ne signifiant pour une fois pas Très Bien Monté mais Très Bon Marché comme on dit dans le grand magasin le Plus Mal Nommé de la capitale), être fouettée, cravachée ou fessée, c'est à définir (je vote pour fessée) comme le nombre de coups ou le temps chrono de la chose, matin et soir. Des coups régulièrement administrés comme ceux d'une horloge à balancier qui ne sonnerait que deux fois par jour.

Régulièrement. Comme passent les trains dont les locos fonctionnent. Comme les TGV qui regardent enfin vers les marches de l'Est. Très Grande Volée.

Je suis curieuse de savoir à quel moment je pourrais retrouver ce mélange de peur et d'envie, et que le non l'emporte sur le oui, mais que je m'oblige à la résignation. Tout à l'heure parce que c'est écrit, décidé, d'ailleurs, c'est mon idée. Pas d'évitement, de sauve qui peut, de dérobade.
D'y penser, à froid, en amont, est terriblement excitant et j'en fonds d'avance, je quitte l'état solide à très grande vitesse. La première, la deuxième, la qtroisième, la quatrième... tournée serait délicieuse, forcément, et l'attente du prochain rendez-vous (celui où il est prévu que je me rende d'avance, en position, cambrée, tendue, constellée de marques, non seulement j'assume mais je mendie) énervante tant le temps sait se dilater sans qu'on ne lui demande rien.

Et ce qui fait partie de cette même excitation, c'est le doute, l'inconnu. À quel moment cela va-t-il devenir très douloureux ? Est-ce que ce rituel va me permettre de retrouver des sensations oubliées, que l'immersion dans le sm a émoussées ? Cette peur que je ne ressens presque plus jamais, cette peur délicieuse de quelqu'un (qui reste à trouver, qui accepte de partager ce rite, que cela excite autant que moi, qui ait cette disponibilité... la cohabitation n'étant pas une option, je sais, ça fait un peu fessée 30'...) en qui j'ai par ailleurs toute confiance... Je l'appelle, cette peur délicate qui noue le ventre et qui ne disparaît que dans les claques salvatrices.

Ce serait comme une pièce de théâtre, comme un concert plutôt, plus de sons que de paroles, la répétion à quelques détails près d'une identique partition.

Je crois que ça prend tout son sens, y compris ceux qui m'echappent, de sens, dans la répétition.



La baballe à Garros

Rue Bricabrac, bdsm, chienne, tennis

QUE fait la Société Protectrice des Enfants ? N'est-ce pas scandaleux, révoltant, de voir ces pas encore ados, tétanisés sur la ligne blanche, les pieds comme dans des starting blocks, le cul en l'air, guettant la fin de l'échange pour aller vite vite ramasser les balles. Il paraît même que c'est un honneur que d'être choisi par la FFT pour cette tâche ingrate et épuisante mais qui permet de voir les joueurs de près. Trop de la balle !

Tandis que cette petite chienne si fashion (chapeautée comme il faut rue François 1er) est toute dressée à ça, et en prime, elle remuera la queue, ce qui est toujours bon à prendre (à ce qu'on m'a dit, je ne parle que par ouïe dire, puisque je suis plutôt ouille-aille que ouah-ouah).

En ces temps de ace, smash, vlan, haaaan, j'aime m'imaginer suspendue à une haute branche tandis que munis de paddles, deux vaillants gaillards se renvoient mon corps via le train-arrière, imprimant des jeux, set et match hauts en couleurs. A concurrencer la terre battue.

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Color Dolor (Rouge mon corps)

Rue Bricabrac, bdsm, corps, rouge
photo Ken Wronkiewicz

CHANGER les piles ça change la vie ! L'avantage de la masturbation, c'est qu'elle permet un cinéma permanent sans aucun des chocs et barrières de la réalité. Pour clore cette semaine que j'ai voulue rouge, comme mes joues d'ado l'étaient en mai 68 par trop d'excitation devant tout ce qu'il se passait, comme les drapeaux qu'on voit de moins en moins, comme mon cul, mon sexe et mes seins quand un infatigable s'en occupe, j'ai envie de parler des flammèches vives qui dansent dans ma tête quand le vibro envoie ses beats technos sur ma corde sensible. (Et que le cas échéant, j'ai absorbé quelques substances psychotropes de couleur complémentaire. Non, il ne s'agit pas d'absinthe...)

Rouge mon corps qui tournoie sous les coups de deux voire trois hommes, poignets attachés au plafond, je suis une toupie qu'ils se renvoient et je perds la tête et e nord, sauf quand parfois, une main dont les doigts s'insinuent en moi m'immobilise. La tournée continue à l'intérieur. Rouge !

Rouge mon corps immobilisé par un bondage savant qui ne me laisse aucune latitude tandis que ma longitude et mes protubérances sont méticuleusement frappées, avec l'instrument qui convient, et dont, derrière le bandeau, j'essaie en vain de deviner la nature pour me préparer à la brûlure. Rouge !

Rouge mon corps trop pétri, trop pincé, trop mordu, trop giflé, trop bonne pâte que j'ai laissée entre tes mains pour que, deux heures durant, foi de montre suisse, tu le traites à ta guise, femme-objet désirante et gémissante, une même modulation de transe pour toutes sortes de sensations. Rouge !

Rouge mon corps comme une bûche embrasée, irradiant en aura d'une chaleur insolite, dans la torpeur de l'après châtiment, la peau tant tannée qu'il suffit de l'effleurer pour que je sursaute et que les câlins cuisent pour le meilleur. Rouge !

Rouge mon corps, encore, toujours, tout rouge.

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Bons becs d'Esparbec

Rue Bricabrac, bdsm, Esparbec
La liseuse par Azraël

PAR hasard, j'ai retrouvé K*** il y a deux semaines. Cela faisait bien onze ans... De sa belle voix grave, dont il sait si bien jouer, enjôleur, allumeur, joyeux perturbateur, après les nouvelles d'usage, nous sommes repartis sur nos lectures, nos envies, nos jeux pas encore passés à l'acte.

Un peu moins en cale sèche qu'il y a un mois, mais encore un peu poussive, je lui ai confié avoir de nouveau envie d'être lectrice, sous la cravache ou la badine, voire les mains, dans une certaine position que j'affectionne, d'un texte érotique que je découvrirai à la lecture, sans pour autant baisser le ton ou l'interrompre de cris, fussent-ils de plaisir.

Entre Hummmm et Mmmmm, la voix en mode vibrato baryton basse, K*** me parle d'Esparbec, hétéronyme auteur de romans X, que je ne connaissais pas.

Commande-le, lis-le, ce n'est pas exclusivement sm, mais tu vas te branler comme une petite folle...

Rue Bricabrac, bdsm, Esparbec

En trois clics chez mon dealer de prédilection, je récupère trois ouvrages du dit Esparbec, et deux jours plus tard, je me lance non point dans Amour et Popotin, au titre attirant (en ce qui concerne les illustrations de couv', pas de jaloux, ce ne sont que popotins rondelets, culs tendus, proses convexes...) mais dans La foire aux cochons, une sorte de Fantasmasia chez les ploucs vicelards.
Roman pornographique, c'est écrit dessus. Tels sont invariablement présentés tous les romans d'Esparbec. Et pareillement que K*** est un érotomane qui connaît tout ce qui peut encourager ses contondances priapiques, dessins, livres, vidéos... Esparbec est un pornographe. Il insiste là-dessus. Et en effet.
Je n'avais pas lu (ou entendu) le mot cramouille (qui rime avec mouille, pas de cyprine ici) depuis des lustres. Espaerbec n'est pas chic. Il n'a que foutre de la périphrase. En revanche, chez ces affreux, sales et méchants façon parodie de la littérature de gare (et de lard) américaine, tout est laid, vicieux, tordu, sale et truculent, hénaurmément. Inceste, viol, domination, tout y passe et tout le monde passe à la casserole, les filles avec leurs pères, les femmes offertes à d'autres par leur mari, les institutrices et les pasteurs. C'est de la collection rosse.

Bref, cela n'a rien à voir avec les érotiques élégants, les confessions de fausses jeunes filles ou les trucs mal écrits à la va-vite, mais avec leur comptant de bites couilles poils fouets. Esparbec a une truculence et un style étonnant de crudité sans jamais être vulgaire, même s'il est d'une grossièreté parfois roborative. Les sexes des femmes ne sont pas des coquillages nacrés, ni des puits d'amour, ls liqueurs ne sont pas poivrées ou iodées. Les béances sont couleur sang et sentent la moule pas toujours fraîche. Autant pour les sexes des messieurs, triques certes, mais mal lavés. Bref, la pornographie qui se revendique comme telle, qui ne veut pas de la joliesse, qui prend la chair comme elle vient, de la plus fraîche à la plus blette. Surtout, ça jouit à chaque page.

Et c'est là qu'on voit que le livre, les phrases, ont quelque chose de proprement magique, c'est qu'on (je) n'a plus besoin des mains pour se branler. Quelques phrases lues, alanguie sur le flanc, les cuisses qui se serrent, une fois, deux fois, trois fois tout au plus, et c'est parti. Le canard reste là, à regarder de ses yeux ronds, muet et au repos.



Sur scène

Rue Bricabrac, bdsm, théâtre
Old School Fetisch Ballett by Thomas

CETTE idée, envie serait plus exact, m'était venue en voyant, au zapping seulement hélas, un petit bout d'une émission (si quelqu'un sait de la quelle il s'agit, merci de m'écrire) au son de flamenco où une (des ?) femme(s), s'agenouillait avant de s'allonger, longue jupe relevée, sur les genoux d'un percussionniste qui marquait le tempo à paumes que veux-tu sur ses fesses.
En écrivant ces lignes, j'entends ce son, plus onctueux que de coutume, de caisse claire. Être ce cul, un soir seulement...
J'ignore si douleur il y avait, je ne sais ce qui se passait dans la tête de ces hommes et de ces femmes, s'il y avait quelque chose des performances de Félix Rückhert dans l'air. Mais je n'oublierai jamais ces images, fantasme fait chair.
Quelques jours, mois, ans, on s'en fiche, plus tard, au théâtre de la Colline, dans une pièce allemande dont j'ai tout oublié, du titre au metteur, sauf cette femme qui donnait quelques coups de martinet sur la croupe, dûment pantalonnée, de son partenaire.
Les percus déculottées s'y sont superposées.

Comme un et un font deux (à ce qu'on m'a dit), ces séquences ont tant tournoyé dans ma tête et nourri je ne sais combien délires masturbatoires, glissant progressivement vers des contrées plus exposées, reconstituant de leurs lambeaux rebrodés des patchworks flambants neufs. Comme je ne suis pas dramaturge, juste parfois dramatique, je suis allée au plus simple.
Imaginons une ambiance sorcières de Salem. Un de ces théâtres modernes avec grand et profond plateau, salle gradinée, impression de vertige d'un côté, de mur de l'autre. Au proscenium se passe l'action, et toutes les lumières y convergent. Côté jardin, entrent un bourreau masqué, armé d'un fouet et sa future suppliciée, en robe à capuche de pénitente. Il arrache le vêtement dans le clair-obscur de cette partie de la scène, légèrement en retrait, au bord des coulisses. Il attache solidement la femme à des montants de bois. Je suis cette femme, inconnue du générique. Seuls lui et moi savons que les coups sont portés, et que la rougeur qui envahit mon côté pile, mon côté fesse, mes omoplates, n'est nullement le résultat d'une poursuite écarlate balayant mon dos, qu'il n'y a aucun trucage façon sang de chez Max Factor dans le manche du fouet, aucun jeu dans mon corps qui se tord, dans mes cris étouffés pour ne pas empêcher le dialogue de rester audible. Mes râles, mes larmes, mes rages se contentent de marquer en contrechant les cinglements de plus en plus durs.

Je m'exhibe ainsi et je crie mon masochisme en faux-jeton, devant une foule qui ne sait ni ne saura rien de moi. Qui me prendra pour une figurante partie avant les saluts, une doublure corps sans nom, alors que dans une loge, mon bourreau aux mains soudain légères et soignantes, pommade chaque boursouflure, ne lésine pas sur l'arnica, passe de la glace sur la brûlure.
Et peut-être, parce que mon émotion devient palpable, me fait jouir avec deux doigts. Il n'en faut pas plus.

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Teaser

Rue Bricabrac, bdsm, chaînes, oeil, clé

UN aperçu, pas vraiment une histoire de l'oeil, mais un clin d'icelui, du travail de Chênes.
Et un petit bout de moi, pour la première fois ici.

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Tableaux plus que vivants

Rue Bricabrac, bdsm, Pierre Klossowski, Roberte

BEAUBOURG accroche les "Tableaux Vivants" de Pierre Klossovski, un titre dont l'écrivain, peintre à ses heures, dans un style radicalement différent de son frère Balthus, disait être tautologique.

Pierre Klossovski, ce sont mes années d'études, ses essais d'abord, sur Neitzsche et Sade, et puis de fil en aiguille, les érotiques, La révocation de l'Édit de Nantes, Les lois de l'hospitalité, Roberte ce soir... Il y a suffisamment de ressources sur Internet et en librairies (notamment la réédition de la revue Arc qui lui avait été consacrée, aux éditions inculte) pour que je ne joue pas les cuistres mauvais pédagogues de surcroît en pérorant sur son oeuvre philosophique, érotique et picturale. Sauf à dire que je suis en arrêt devant son style, et que de m'y replonger me ravit.

Klossowski, plus près de la peau, la mienne, c'est sa relation à Denise, sa femme, dont le troisième prénom est Roberte, et sous l'épiderme de qui il va chercher les fantasmes de son double à lui, Octave, le vieux mari.

Et ses dessins, découverts d'abord dans une édition originale des éditions de Minuit puis dans une expo, à Saint-Germain, sans doute. Un dessin a quelque chose d'ingrat, de pas immédiatement aimable, peu flatteur, mais attirant.

Me voilà à Beaubourg, au quatrième étage, quittant l'escalator et la vue sur Paris sous le soleil pour des grands formats mythologiques. Diane, Judith et Lucrèce ont les traits de Roberte, tout comme dans les romans, elle a certaines qualités de ces héroïnes. Soudain, un peu kitsch en 3D, sculptée en résine par Jean-Paul Réti, d'après les dessins de Pierre, Roberte, aux barres parallèles.
Flash-back et surcharge émotionnelle.
J'avais, je ne sais plus, moins de 20 ans sûrement, je lisais Roberte ce soir, députée bien mise et rigide, et ici mise en scène par son mari, humiliée, fustigée, empoisonneuse (je mélange peut-être plusieurs titres dans ma machine intime à remonter le temps), forcée au plaisir et le prenant de belle manière, sous ses airs hautains et outragés.

J'en ai un peu assez du mot "trouble", mais tout le trouble ressenti alors est revenu, poussé par un vent qui le décuplait.

Ce trouble parce que j'ai retrouvé très exactement mon fantasme originel, plus ou moins né quand je savais à peine lire et que Klossowski écrivait ses érotiques. Roberte a des postures paradoxales. Elle repousse ses tourmenteurs tout en jouissant en silence de leurs affronts. J'ai tellement envie qu'on me force à cette jouissance que je suis masochiste.
Enfin, je crois.



La ligne claire

Rue Bricabrac, bdsm, douleur

Dans la bande-annonce d'un film de Raphael Sibilla, No Body is Perfect, un documentaire sur les fantasmes hélas visible seulement en Suisse, semble-t-il, un primitif moderne tient ces propos :

Il n'y a pas de souvenir de la douleur

Juste avant lui, un autre adepte des mêmes pratiques (suspension par la chair même) dit que la douleur lui apporte les mêmes sensations que le sexe.

J'écoutais cela en repensant à des commentaires récents, tout en m'interrogeant sur cet oubli de la douleur.

Voulait-il dire qu'elle se confond tellement avec plaisir que ce n'est que ce dernier dont on se souvient ? Dans le masochisme tel que je le vis (ou essaie en tout cas), j'ai un total souvenir de la douleur, et de sa fusion, quand ce miracle se produit. Oui, je trouve que cela tient d'une chimie fragile et en aucun cas du stoïcisme ou de la résistance, chimie étant bien le mot puisque le mélange existe quand les endorphines sont de la partie, endorphines plus difficiles à faire surgir du corps qu'un lapin d'un chapeau.

Je me souviens très exactement de toutes les fois où j'ai basculé dans un ailleurs où j'étais consciente qu'il y aurait dû avoir douleur alors que je ne ressentais qu'éblouissement euphorique.

Mais je ne suis pas un primitif moderne...

Dans le film, enfin, sa bande-annonce toujours, il y a des belles promesses de bougies sur poitrine offerte et un trop rapide aperçu d'une flagellation d'une femme suspendue. Que ce doit être bon d'être ainsi écartelée en araignée, entre sol et plafond, fesses et fente à hauteur des yeux de l'autre, et cinglée/balancée tout à la fois, sans poids ni foi.

Presque à la fin de la bande-annonce, cette citation de Tahar Ben Jelloun

On est tous à la recherche d'une frontière, une ligne claire entre le rêve et la réalité

Ma ligne claire, je l'espère, ressemble à la marque d'une cravache.

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La louve et l'agneau (Duende)

Rue Bricabrac, bdsm, duende, envie
photo emsterb

Je termine l'année avec entre mes lèvres (non, pas celles-ci) une envie dingue. Juste comme ça. Une envie énorme, excessive, énervée. Un vide à combler. Une envie duende. Comme si le cerveau n'avait pas son mot à dire. Pourtant, il en a sous la semelle, l'inconscient, si j'en crois ces rêves dont je ne me souviens pas, mais peuplés d'hommes connus (Dominamant, M*** avec qui j'ai longuement parlé hier) et inconnus. Etais-je une guitare et ses cordes à la fois, attendant d'être pincée et frappée, des menottes en guise de capodastre ?

L'excitation m'a prise avant que tu ne me dises, hier soir, ces mots à maux que j'aime entendre, que tu ne délivres, pudeur ou stress, que trop rarement. Pendant que l'agneau, ou du moins son épaule, mijoterait (trois heures, selon ta recette), j'allais, ou plutôt mes fesses, cuire aussi. Sans oublier, au mitan de la nuit et du passage dans l'année électorale, notre traditionnelle "grosse" (douze douzaines, et non pas une amie enrobée venue tenir la chandelle) de happy slappy new sexy year.

Plus d'une fois, j'aurais voulu me branler, décharger cette tension qui grandissait et grandit encore, fourrer le premier jouet venu dans ma chatte, jouir et jouir encore, comme une mécanique emballée. Pas même besoin de broder une historiette, clitoris + vibro = orgasme. Simple comme 1 et 1 font 2. Et je me rendormais en franchissant un cercle supplémentaire dans des rêves salés soufrés sucrés. Aucun ne m'a conduite au plaisir. Morphée n'a pas été généreux.

L'excitation mûrit de plus en plus, se nourrissant d'elle-même, et à quelques heures de ta venue, comme une vierge folle, je ne me touche pas, j'attends tes mains, ta bouche, ta queue, je laisse cette chaleur agaçante monter dans mes reins, mes seins. Je trépigne intérieurement, je suis en amadou, déjà amadouée, presque animale. Je pourrais t'ouvrir, me mettre à quatre pattes, te tendre le cul comme une chatte qui n'en peut plus, pour que là, dans le couloir, tu m'embroches et me cingles.
Que l'agneau se débrouille, qu'il attende sur le carreau, et que tu me balances, me badines, me barattes.

Ensuite, ensuite seulement, on pourra commencer la fête.
Et demain, demain seulement, je te lirai le dernier Jacques Serguine.

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Maso Musidora

Rue Bricabrac, bdsm, zentaï
photo Suya1978

Le temps fraîchit et mon zentaï, après des péripéties retardatoires frustrantes, est enfin arrivé. Va-t-il me tenir chaud en attendant que je brûle décidément trop ? Cette mince frontière de tissu va-t-elle faire de moi une autre un peu différente, une Masodora, une ratte d'hôtel prise au rets ? Pourrais-je me laisser mieux aller sous ce masque intégral ?

Je ne verrai rien, sauf la lumière. Je sentirai tout, l'amplification du nylon. Je serai moi, évidemment, plus loin, plus proche. Je serai là et ailleurs, en moi, pour toi.
J'aime cette idée de tour d'ivoire en spandex noir.

Rue Bricabrac, bdsm, zentaï
photo Suya1978

Tandis que je parcours de la pulpe des doigts le lycra soyeux et crissant, réfrénant mon impatience, j'attends que tu sois là pour l'inaugurer, pour que ce soit quelque chose à nous, à deux, je me demande comment tu vas appréhender mon corps ainsi moulé, dissimulé autant que provocateur, appelant tes mains, interdisant tes doigts (les onze, oui), acceptant tes dents, refusant ta langue.

Tu ne verras ni mes pupilles ni ma peau. Tu ne sauras quel feu m'étreint, ou quel froid me saisit. Te serais-je alors vaguement étrangère ? Comment et combien seront tes coups quand leurs marques ne seront plus là pour te servir d'indicateurs ? Vas-tu le lâcher, soudain désinhibé par mon allure de jouet lisse ? Auras-tu au contraire des attentions de lady face à de la bone china ?
J'aimerais entendre tes désorientations.

J'ai hâte de cette surprise, quand tu me feras sortir de ma gangue, et que tu savoureras le spectacle abstrait de notre combat à l'aveugle, de ce trouble jeu. Avant d'incliner la psyché pour que j'en profite.

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Une fessée éolienne

En feuilletant la toile, j'ai trouvée une de ces images qui riment forcément avec pas sage.

Rue Bricabrac, bdsm, fessée

Comme je n'ai pas le temps d'écrire un billet, même à l'encre sympathique, je la colle comme en miroir d'une autre, déposée il y a deux ans presque pile poil. Etre ainsi, une fois seulement, soulevée de terre, fessée à en perdre ses escarpins, chef caché mais fondement exposé dans le soleil d'une jupe plissée.

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Il faut qu'une porte

Rue Bricabrac, bdsm, portes, inconnu
photo Face It

Ce pourrait être un rêve récurrent qui emprunterait la forme d'une scène d'Alphaville. Un couloir, des portes. Derrière chaque porte, un tourment, un bourreau, sans doute. Les portes sont les mêmes, en tout cas vierges de tout indice. Mais l'inconnu qu'elles cachent est à chaque fois différent.
Dans les jeux bdsm, et j'insiste sur le mot jeu, l'inconnu est un acteur majeur. Il mériterait presque une majuscule pour le différencier du petit inconnu, être humain ou niaiserie. L'inconnu polymorphe dont je parle n'a ni chair, ni sang, ni coeur, ni os.
Qui ? Toi (ou un autre, qui te représente).
Quoi ? Une exquise souffrance.
Comment ? Quand ? Pourquoi ? Par qui ? L'inconnu est là. L'inconnu, cet immatériel compagnon qui dans sa besace abrite pêle-mêle bandeau, piment, silence. L'inconnu tient la chandelle, en lâche 36, souffle le frisson. L'inconnu, artificier des surprises, champion du contre-pied, coquin de la fausse piste.

(Ce soir, serais-je rudement attachée à la massive table du salon comme un papillon épinglé sur du feutre ? Vas-tu me fendre avec ton sexe ou ta main ? Me brûler à la badine ou à la bougie ?)

Mais dans un corridor, avec tant de (ou même trois seulement) portes à ma disposition, j'ai l'illusion, et le poids, du choix. Un choix en aveugle, mais un choix.
Et si la pièce est vide, vertige de damiers noirs et blancs, c'est moi qui serait en échec.

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Envie d'été et d'être (Narcisso Summer Show the end)

Rue Bricabrac, bdsm, été, chaleur
photo Jim Duvall

Que chaque pouce de ma peau soit comme une corde, pincée ou frappée. Que chacune de ces petites parcelles sensibles soit sonore. Musique des soupirs ou des points d'orgues, des cris et des râles. Au musicien d'écrire sa partition sur ma chair. A moi de la servir sans fausse note. Je veux solfier tes tourments, chanter tes tortures a carnella.
Joue-moi, s'il te plaît !

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Envie d'été et d'être (Narcisso Summer Show part twelve)

Rue Bricabrac, bdsm, été, chaleur
photo Schrammphotography

Revenir en arrière, à hier, non, avant-hier, jadis encore plus que naguère. Pas pour la jeunesse et sa beauté du diable, pas pour refaire l'histoire, non, pour retrouver la timidité d'antan.
J'ai toujours vu clair en moi, mes penchants, mes pulsions. Je ne les ai jamais niées, je n'en ai jamais tiré aucune fierté, j'en ai juste fait mes alliées.
Mais il fut un temps où je n'osais dire mes désirs, nommer mes plaisirs, même en complice compagnie, où mes fantasmes étaient peuplés d'obligation de me découvrir, d'avouer, de cracher le morceau dans un cri s'il le fallait. Je m'enivrais de mots aussi simples que fessée ou cravache, je défaillais quand je voyais un homme retrousser ses manches (d'où mon goût pour les boutons de manchettes et leur cliquetis ténu), je faisais une symphonie de la musique d'une ceinture brûlant ses passants.
Pourtant, jamais je n'aurais su demander "frappe-moi". Dans les labyrinthes compliqués de mes scénars entre scène et sm, se cachaient derrière chaque haie un magnétophone qui avait enregistré mes pensées, le fouet de celui qui me ferait enfin hurler "oui, encore". Je savais dire "je t'aime" mais pas "j'aime ça".
Moi qui parlais tant, si facilement, je ne savais pas déclarer mes desiderata. Ma pensée était preste, leste et vagabonde, ma parole était pieds et poings liés et éros bâillonné. Et je pouvais imaginer mille jeux conduisant, de la manière ferme et forte, à l'aveu cuisant. Etre obligée de dire. Extorquer chaque syllabe, impitoyablement. Ne pas se satisfaire d'un babil.

Aujourd'hui, je sais, nue et marquée, regarder un homme droit dans les yeux, lui tendre la cravache, aller acheter des fouets, quémander la sentence, manifester mon approbation.
Je pourrais faire semblant, jouer à la pudique précieuse, rougir avant qu'on ne me touche, baisser les yeux et la voix, murmurer des borborygmes avec une peine feinte. Ca n'amuserait personne. Surtout pas moi. Si j'aime les masques, la mascarade m'insupporte.

Alors, je fantasme ce jour sur le temps d'avant, celui où il était plus facile d'être fouettée que de prononcer ce mot précis, celui où mes envies étaient bridées par le vocabulaire, celui des mille et une manières espérées de trouver mon maître des mots. J'aimais ce trouble merveilleux, ce délicieux vertige, ce combat entre la honte et l'envie, cette soumission au verbe, ce plaisir de la honte bue, cette légèreté d'après la confidence. Peccavi, confesseur, drôle de lexique.

Cela n'a rien à voir avec des tabous, ni des barrières à placer de plus en plus haut. C'est une forme d'innocence. L'innocence, ça ne sert qu'une fois. Alors, bien sûr, on trouve d'autres premières fois.
Mais j'ai tant aimé celle-là que je l'aurais voulue perpétuelle.

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Envie d'été et d'être (Narcisso Summer Show part eleven)

Rue Bricabrac, bdsm, été, chaleur
photo Disthymya

Toujours la poupée. Encore l'appartenance. Le corps morcelé qui pointe à nouveau le bout de son nez. Ma règle de trois (et plus si affinités).
Cassée en quatre pour mieux, après, me retrouver. La douleur comme un ciment réunificateur. A chacun sa partie, peu m'importe. Il y a un fil rouge. Ou bleu.

(Ma peur de masochiste, c'est d'en découvrir les clés. Il y a des mois, je lisais un texte court d'une jeune femme soumise. Lapsus occulaire. J'ai lu "j'expiais". Elle disait "j'expirais". Je lisais il y a quelques jours un récit d'une autre femme soumise. Elle disait bel et bien "j'expiais", expliquant comment elle se servait de la main d'un homme qu'elle n'aimait pas pour la délivrer des indélicatesses - ai-je entendu péché ? - de sa vie quotidienne. Je n'aimerais pas être dans la culpabilité. Mais je veux bien admettre l'angoisse.)

Il y a donc des morceaux de moi qui sont à disposition. Je suis l'alouette, bec cloué, presque plumée, en attente des coups de bâton. Ne me ménagez pas, mangez-moi, quel manège. Je n'ai plus besoin d'être attachée. (C'est trop facile d'être attachée, c'est confortable, on a tout loisir de se regarder subir. Mais c'est si délicieux.) Je suis détachée, dans tous les sens du terme. Détachée de moi surtout. C'est l'usage qu'on fera de moi qui me réunifira, qui rendra un ce corps aux quatre coins.

Dans la boîte d'un magicien, sans trucage, sans épée. Quatre séquences. Pour ne faire qu'une, sans illusion.

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Envie d'été et d'être (Narcisso Summer Show part ten)

Rue Bricabrac, bdsm, été, chaleur

La fessée, ce n'est pas son but premier. Ni dernier. La machine sert à applaudir. Mais comme j'ai la vue basse et le fantasme haut, à peine aperçue cette vingtaine de mains gantées de cuir blanc, animées par des ressorts qui m'échappaient, j'ai pensé à une formidable machine à fesser, qui n'aurait de sens que si derrière le guidon du vélo il y avait un homme que j'aurais choisi, et non pas comme instrument mécanique de plaisir solitaire.
Il suffirait d'enlever les aimants, de placer les manches autrement, de bidouiller les bitoniaux, de...
Je n'y connais rien en vérité. J'ai passé un moment formidable et drôle sous la nef du Grand-Palais devant les machines du Grand Répertoire (dont une à soulever les jupes, une autre à jouer du djembé en roue...) dont beaucoup devaient tout à la troupe, ingénieux ingénieurs inclus, du Royal de Luxe.

Vingt mains, je rêve... Si seulement...

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Envie d'été et d'être (Narcisso Summer Show part eight)

Rue Bricabrac, bdsm, été, chaleur
photo David Mendelsohn

Etre une proie. Pour avoir suscité une ire contagieuse, non plus seulement de mon dominamant mais aussi de toute la fratrie, parentèle, invités.
M'enfuir dans un parc, assez grand pour courir loin, suffisamment clôt pour ne pouvoir s'échapper.
Me cacher, entendre les branches qui craquent, me fondre avec le paysage, m'aplatir dans une théorie de fossé, me rouler dans un fourré, me coller à un tronc. Retenir ma respiration.

(J'ai toujours regretté de ne pas avoir de grands frères, trois ou quatre pas moins. Pour qu'ils me tourmentent.)

Les bruits la nuit. Ces petits riens amplifiés par l'obscurité et la peur. Le vent, les effraies, les feuilles. Une écorce sèche, un roncier agressif.
Alentours, une battue.
Lasse, je fais comme les enfants, les autruches et les chats. Je cache mon visage, pensant faire disparaître tout le corps, devenir invisible.
Se faire avoir, bien sûr, toujours.
Bientôt, la battue, ce sera moi, trophée de celui qui m'aura trouvée. Qui pourra ou non me partager.

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Envie d'été et d'être (Narcisso Summer Show part seven)

Rue Bricabrac, bdsm, été, chaleur
photo Urbantracks

Prêtée, pour deux heures ou deux jours.
Offerte mais pas lâchée, sûrement épiée.
Ce que je ne sais pas, pas encore, c'est ce tout ce qu'il me fait sera reproduit à l'identique par tes soins.
Maniaque jusqu'au nombre de doigts enfilés, jusqu'à placer ta canne dans les traces de la sienne. Pour la beauté de la répétition, tu déroges à tes habitudes. Mais là, c'est toi, bien toi, même si les gestes étaient ceux d'un autre.
Pour l'assurance de la parfaite mise en mime, tu m'interroges. Malheur si je me trompe.
Transformée en cadeau, mais pas sans cerveau. Je serai réifiée un autre jour. Vivement.
En attendant...
...Prêtée, tourmentée, bissée.
Applaudie.
Des deux mains.

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Envie d'été et d'être (Narcisso Summer Show part six)

Rue Bricabrac, bdsm, été, chaleur
parfum Nez à Nez

N'être qu'histoire d'olfaction, privée de tous les sens sauf celui-là. Les mains dans des moufles fetish, les yeux bandés, les oreilles bouchées, les lèvres scellées.
Evidemment solidement attachée.
Je n'ai pour seule antenne que mon nez qui me signale ta présence, quand l'air se charge de ton odeur, qui sent le mistral de la lanière avant que le fouet ne fasse son office cuisant, qui renifle ta sueur quand tu t'approches échauffé, qui en vient à distinguer le cuir neuf d'une cravache de celui plus tanné d'un paddle.
Mon nez me conte des histoires russes et huileuses, des légendes d'arbres en sève et de vieux chêne. Mon nez sait qu'avec les effluves d'un tabac rude si peu pain d'épice, à peine miellé, c'est l'attente qui recommence. Il a tout loisir, un peu gêné, de s'enivrer de mes propres humeurs, luxure et musc mêlés.

(Merci pour ce parfum au si joli nom jeu de mots, qui cache derrière Sade et son ambre fort peu décelables, l'un comme l'autres, des fragrances de fraises des bois très mûres, presque tagada, complètement caramélisées, sucrées comme un palais de bonbecs.)

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Envie d'été et d'être (Narcisso Summer Show part five)

Rue Bricabrac, bdsm, été, chaleur
photo Victoria Rogers

Jouer à la châtelaine. Celle qu'on malmène. Qui troque le brocard pour la bure. Qu'on traite à la dure.
Perdue aux dés, aux cartes, sur un pari stupide ?
Même dégradée, ne jamais oublier de rester altière et fière. Droite comm un I sous la voûte et les coups. Un peu hautaine même, qui sait.

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Envie d'été et d'être (Narcisso Summer Show part three)

Rue Bricabrac, bdsm, été, chaleur
photo Colin Bailey, modèle Collette

Sortir dégoulinante de l'eau comme on le ferait d'une couche, vêtue d'un drap, collé par endroits, absent à d'autres, plissé ou transparent. Etre battue jusqu'à ce que le tissu soit sec et la peau bouillante. Avec le battoir chiné au vide-grenier sur les parties les plus cossues, avec le cent lanières ailleurs.
Jouir du bruit, des claques qui font floc, du corps qui devient flaque, des coups qui fliquent chaque parcelle.
Jamais sèche dans ces conditions.
Mais être néanmoins rejetée au lac.
Pour me rafraîchir.

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Envie d'été et d'être (Narcisso Summer Show part two)

Rue Bricabrac, bdsm, été, chaleur
photo ChishikiLauren

Pleurer de rage encore plus que de douleur. Me faire dominer comme on dompte. Arriver à te détester au moins une fois. très fort. T'obliger à dépasser mes artifices, mes armes et mes charmes. Jusqu'aux larmes.
Pleurer de bonheur plus que de souffrance.
T'aimer encore plus pour cela.

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Envies d'été et d'être (Narcisso Summer Show part one)

Rue Bricabrac, bdsm, été, chaleur
photo Sint

Pouvoir, savoir dire à ce presque inconnu, si séduisant sans qu'on sache vraiment pourquoi, qui devise d'un ton léger, pour qui la vie semble n'être qu'une bulle amusante, "j'aimerai tant que vous me fouettiez" (en pensant mais n'osant pas rajouter "sans vous départir de ce sourire, s'il vous plaît.").
Sur le ton, à peine plus troublé, voilé, rauque, qui serait d'usage pour un anodin "Allons donc au cinéma, le Champo repasse Violence et Passion à deux pas d'ici."

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Jeux de plage



Dis, tu veux faire quoi toi quand tu seras grande ?
Rue Bricabrac, bdsm, jokari Balle de jokari; bien sûr!

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Croupe glacée

Près de chez moi, il y avait une librairie d'occasion qui avait tout un rayon série noire, un franc le livre, trois pour en embarquer cinq, et on pouvait les rapporter et les échanger.

J'y ai dévoré tout ce que j'ai pu trouver, entre autres heureusement, de l'oeuvre de Carter Brown, un pseudonyme qui a publié 150 livres, pure pulp fiction, en 15 ans. Ca se lisait encore plus vite qu'il l'avait écrit. Les titres, Croupe Suzette ou Le valseur énigmatique, ne laissaient aucun doute sur les centres d'intérêt du bonhomme.

Je lui dois quelques bons souvenirs de fessées.

Dont une. Une donzelle renversée sur le comptoir d'un bar, les arrières giflés d'importance, et pour finir, dan sa culotte remontée, l'homme verse le contenu d'un seau à glaçon, avant de lui masser le postère. Un chaud froid comme je les aimais, ou comme alors mes fantasmes savaient que j'allais les aimer.

"Un massage de croupe aux glaçons." C'était l'exacte phrase.

Rue Bricabrac, bdsm, glaçons, Carter Brown
photo hundrednorth

"Certes", me dit dominamant quand j'en arrive à ce point de mon souvenir de mauvaise littérature et de masturbations frénétique, "mais tu n'as pas de culotte" (je rappelle aux lecteurs qui arrivent de Mars, le mois ou la planète, qu'hier, à Paris et à 22 heures, il faisait encore dans les 30°).

Heureusement, il existe des tas de moyens de jouer avec des glaçons sans être culottée.

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Scène de ménage

Je ne sais plus très bien ce qu'il s'était passé. Les causes sont floues. J'avais été méprisante, exaspérante, arrogante, empoisonnante, insultante, blessante. Je m'étais emmurée de mauvaise foi, drapée de provocation, caparaçonnée d'hystérie. J'avais été pénible, tempestueuse, dévergondée. J'étais malheureuse et je cachais cette peine derrière de l'agressivité. Je n'arrivais à lui dire ce que je voulais que par des périphrases haineuses.

"Je vais te donner vingt coups de cravache. Vingt seulement, oui, pas cinquante, pas cent. Mais chacun d'eux sera appliqué de telle manière que tu t'en souviendras longtemps."

Au mot cravache, j'ai frissonné. C'est toujours comme ça. Si le mot badine est amusant, ceinture familier et canne confus, le mot cravache porte en lui le cinglant et le cruel de l'instrument. Ce sont deux syllabes qui éructent. Et puis des quatre, la cravache est un outil de dressage, sans conteste, qui brise les pouliches les plus rétives. Le mot résonnait tant en moi, courait dans mes veines, que j'en ai oublié de tenter un pardon.

"Pour cela, je vais t'attacher solidement à ce fauteuil. Et te bâillonner, parce que je n'ai même pas envie d'entendre tes cris."

Hypnotisée, je me suis déshabillée moi-même, sans même plus chercher d'arguments de défense. Je n'aurais pas cru que l'on puisse à ce point d'étroitesse faire corps avec le cuir. Peau contre peau, mais laquelle était la mienne ? La plus claire, mais je n'étais pas en position de l'apprécier. La moins tannée, mais plus pour longtemps.

Il a frappé, en prenant tout son temps, et pareillement son élan. Je sentais l'air déplacé par son corps quand il avançait prestement de deux pas et pivotait, plutôt que de lancer seulement le bras. Sans aucun doute le swing était parfait. D'ailleurs, la matière était déchirante comme un fer. Mes hurlements emplissaient ma tête, j'essayais de compter, à rebours, je ne sais plus pourquoi, maîtriser encore un peu, même le supplice. Son souffle à chaque effort ne faisait qu'un avec le sifflement de la cravache et le bruissement de sa volte. Il me faisait mal contre lui aussi. C'était un duel à deux perdants. (Ou deux gagnants, qui sait ?) Je n'étais pas habitée par la douleur, c'était au-delà, à peine si elle laissait encore la place pour autre chose, pour ma pensée ou pour ma respiration.

Les coups se sont arrêtés, bien après que le temps s'est détraqué et la raison a démâté.

"Je viendrai te détacher plus tard."

Dans le silence soudain insolite, il n'y avait plus que la brûlure et moi, en tête à queue, le cul en tête. Quand les larmes se sont tues, quand j'ai ouvert les yeux, j'ai vu que le lourd Chippendale avait glissé d'un bon mètre.

Rue Bricabrac, bdsm, punition
Photo Magic Zyks
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La saga des marques

Rue Bricabrac, bdsm, Vanité

David Bailly, Vanité aux portraits

Tu as dégrafé le col du lourd manteau Dior, que John m'avait offert à l'issue de la party d'après-défilé, il y a deux mois. Dans un souffle froissé, la faille de soie sombre rebrodée par Lepage s'effondra en vagues successives autour de mes mules Louboutin (Où étaient-ce mes Manolo, je ne me souviens plus, tant j'étais fascinée par la lourde chevalière aux armes de ta famille qui armurait ton auriculaire.) J'ai frissonné, la cheminée et son feu attisé était trop loin dans ce salon si grand, aux proportions de ton hôtel particulier de la villa Montmorency. Je n'avais pour toute parure que le tanga rouge de Sabbia Rosa, que tu m'avais offert à Florence, pour le Nouvel an, selon cette coutume italienne qui veut qu'une culotte rouge apporte du bonheur pour toute l'année. Le bonheur, et le rouge, c'était pourtant ta cravache Hermès qui allaient me le prodiguer...

J'imagine qu'en lisant les lignes qui précèdent, vous vous demandez si j'ai passé le ouiquende devant Fashion-TV en perfusions, ou alors si j'ai trop léché d'envie les pages glacées de Harper's Bazaar, une ivresse mythomane m'en montant à la tête. D'ailleurs, j'ai abrégé, ne parlant pas des huiles rares, argan et onagre, dont ma masseuse m'avait ointe pour rendre ma peau la plus douce possible en prévision de cette soirée, ni même de ma coiffure made in Tony and Guy London, ou encore, de ce sac Lacroix vintage que j'avais disputé à Sharon la semaine passée, sur Rodeo Drive. Et encore moins de notre escapade éclair à Kyoto pour ce petit boui-boui où les sushis sont incomparables.

En vérité, je me contente de parodier quelques récits authentiques (non point que je crois un traître mot de ce qui se trouve dans ces témoignages prétendument vécus mais ils existent bel et bien, quelque part sur la toile, et ne sont pas nés de mon cerveau fashion et malade).

D'ailleurs, en voici des extraits. C'est un homme qui signe.

O ferme les yeux, s’installe plus confortablement sur le cuir marron du canapé. Elle a retiré ses hautes bottes cavalières en cuir marron, cadeau d’Guillaume chez Hermès lors de son dernier week-end avec lui à Paris, et porte la tenue exacte qu’il a exigée ce matin et qu’elle a sagement enfilé devant lui, docile et silencieuse : une jupe de tweed beige chinée MAX MARA, légèrement trapèze et s’arrêtant juste au dessus du genoux, un pull à col roulé en cachemire blanc, qui moule parfaitement sa poitrine et sous lequel elle est nue, des bas de soie crème retenus par un porte-jarretelles blanc, LA PERLA, ainsi qu’une toute petite culotte blanche en dentelles, assortie.

On dit qu'un bon maître laisse des marques. C'est le cas. Elles sont même majuscules, c'est dire si c'est capital. On remarquera le souci du détail, la "jupe de tweed beige chiné". Hélas, on ne sait pas si le cashmere est trois ou quatre fils. Le lecteur reste sur sa faim. En même temps, c'est bien de garder du mystère.

Rue Bricabrac, bdsm, saga des marques

Allez, ça continue.

Elle sourit en regardant son poignet gauche et le cadeau de Guillaume: un bracelet d’esclave Hermès, en cuir marron incrusté de larges plaques d’or, dont l’une comporte un large anneau. Elle l’a reçu quelques jours auparavant, et se souvient avec une excitation naissante du moment ou Guillaume le lui a passé, dans la boutique, devant une jeune vendeuse blonde et hautaine, qui n’a rien perdu du ton sec du Maître pour sa soumise lorsqu’il lui a ordonné de tendre son poignet.

Le Maître est généreux (toutes ces dépenses sont peanuts pour lui) et connaît les bonnes maisons. En tous cas de nom. Et il est indéniablement, à ses propres yeux, un homme de goût. Et d'argent. Rien n'est trop beau pour lui, il lui faut le meilleur.

Le visage contre le sol, O ne voit rien de ce qui se passe derrière elle, elle reconnaît pourtant le bruit de la machine à expresso professionnelle que son Maître, grand amateur de café, à rapporté d’Italie au début de l’hiver.

Ce n'est pas possible, c'est un pastiche, à ce stade de précision, on est dans le fantasme. Et sa cuisinière 8 feux, il en parle quand ?
George Clooney, sort de ce corps et remballe ta Nespresso !
Toujours du même gazier, une autre histoire, d'un semblable tonneau. Cette fois-ci l'homme est à son bureau, en loupe d'orme évidemment.

Sur le grand lit est étalée une robe de soirée en soie noire, qu’elle reconnaît pour être un modèle Armani, et deux paquets, l’un est une boîte à chaussures de couleur noire, sur laquelle le sigle PRADA est inscrit en bleu, et l’autre un petit sac de papier blanc luxueux, DIOR.

Pourquoi Armani n'a pas droit aux majuscules ? C'est vrai que les robes Armani, hein, franchement quand on voit ce que fait Dolce et Gabbana ou alors, un Versace grande époque, avant que Donatella ne reprenne les rênes de la maison. Mais bon, je serais de chez Giorgio, j'enverrais mes avocats.
Allez, un petit coup d'autoportrait pour la route.

Elle jette alors un regard rapide sur sa tenue, le costume gris sombre, cintré, la chemise bleu pâle, la cravate en soie rouge sombre, les boutons de manchettes en argent qui dépassent de la veste, les chaussures en veau velours noir, probablement sur-mesure. Elle apprécie en femme de goût l’élégance des matières, l’impression de luxe qui se dégage de sa tenue. Une élégance qui n’est pas excessive, ne subit aucun diktat de la mode, mais au contraire celle d’un homme qui ne cherche rien à prouver, ni à afficher, celle d’un homme vraiment sûr de lui, frisonne-t-elle agréablement en se dirigeant vers le lit.

(On appréciera à sa juste valeur l'"homme qui ne cherche rien à prouver, ni à afficher...")
Les enfants ont des amis imaginaires, il n'y a donc pas de raison que les adultes ne se projettent pas dans des rôles magnifiques...
Ce qui affleure, dans ces descriptions, c'est qu'on reste dans le papier glacé, dans le name dropping, dans les signes extérieurs d'appartenance à une classe aisée, très aisée, dans les fantasmes de fauché donc (sur des forums, je ne sais où, j'avais lu un début de discussion sur "un maître peut-il être chômeur" et/ou "un dominant doit-il être blindé" La réponse, en résumé et entre les lignes, était "oui". Le monsieur qui se gargarise des marques doit être de cet avis, et s'évade au pays magique de Chanel et de Choo). Jamais cet homme, dans ses récits, ne parle du corps et de ses humeurs. Son kif, ce sont les signes extérieurs de richesses. Quand on lui parle d'ISF, il a un début d'érection. Sa soumise est une chimère, elle aussi livrée en boîte, enveloppée de papier de soie crissant, avec la marque dessus, non, pas celle du fouet, du fer ou feu. Le bdsm aseptisé est né, dans des habits du dimanche.

Rue Bricabrac, bdsm, Red Charls, marques
photo Red Charls

Ta ceinture n'est pas de chez Gucci, et pourtant, je porte avec une joie endolorie ses marques. Et quand elles auront disparu, tu m'en feras des nouvelles, sans bolduc autour, avec juste la pointe de la langue qui en suit le dessin quand la brûlure devient intolérable.

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La palme se réveille

Rue Bricabrac, bdsm, palme
Photo Gernot Poetsch

Tandis que je papotais aimablement avec Monsieur Belino (celui qui ne manque pas de se prétendre inculte dans tous les commentaires qu'il laisse ici, avec l'assurance de ceux qui savent qu'ils ne le sont pas, enfin, pas plus que cela...), ce farceur me propose un sujet de blog, dresser la liste de ses dominateurs/trices ou soumis(es) de prédilection, pêchés dans le vaste vivier de nos pipoles.

Je renâcle un peu, cela me rappelle trop les "par quelle vedette de cinéma aimeriez-vous être fessé/fesser" de mon vieux forum américain soc.sexuality.spanking, qui correspond plus ou moins à la liste des acteurs/trices les plus sexy publiée par le magazine People ou alors vire à une espèce d'outing genre "Jack Nicholson est des nôtres".

Mais Monsieur Belino n'en a cure, et profitant de ce que Madame Belino ne s'occupe pas des choses informatiques m'envoie son "...and the winners are :

Hors donc, voici mon palmarès des dames que je me verrais bien tourmenter dans mes fantasmes pervers, lubriques et people.

  • Médaille d’or : Sandrine Kiberlain. Je perçois cette jeune personne comme la synthèse de l’emmerdeuse paumée. Elle se laisserait faire avec un air d’ennui chic. Ferais des apparitions, disparitions imprévisibles dans ma vie sexuelle, sans rien n’y comprendre et moi non plus. Mon film de référence : Rien sur Robert.
  • Médaille d’argent : Joan Collins. Il y a un plan de flagellation dans Terre des Pharaons qui a certainement beaucoup influencé mon orientation.
  • Médaille de bronze : Bilie Holliday. Celle la, je la tiendrais avec la came, suivant mes humeurs, se serait chant ou dressage. Quel salaud !
  • Nominée : Elisabeth Guigoux. Encore une fois, une fragilité magnifiquement feinte m’émeut. Il me semble que cette dame se fiche éperdument de se qu’elle nous dit, pense à toutes autres choses et en particulier aux mêmes que moi.

Forcément, je me pique au jeu, et je me livre à mon tour à l'exercice. Voici quelques messieurs qui me raviraient s'ils portaient la main sur moi.

  • Hors concours : Marlon Brando en 1944, quand il tournait d'infects navets pour la Warner qui le tenait par contrat, et était au sommet de sa beauté animale. Heureusement pas encore Parrain, mais avec quelque chose encore de Kowalski. Doublement hors-concours puisqu'à voir les films qu'il a réalisé, l'homme est clairement un masochiste. Possibilité de repli sur Robert Mitchum ou Burt Lancaster.
  • Médaille d'or : Harvey Keitel pour l'ensemble de son oeuvre, de Fingers à Taking Sides, en passant par Bad Lieutenant, Holy Smoke et La leçon de piano, dont l'infra-texte D/s est d'une limpidité parfaite. Là encore, le côté brut(e) de décoffrage du monsieur n'est pas à démontrer.
  • Médaille d'argent : Autre animal de scène, hélas, il ne joue plus Shakespeare pour la décentralo mais Les rois maudits version Josée Dayan, Tchéky Kario. Râblé, solide, sauvage, sombre et une voix très blanche.
  • Médaille de bronze : Puisqu'on parle de voix, celle de Sami Frey me ferait faire n'importe quoi. Et aussi ses yeux si noirs qu'ils absorbent la lumière jusqu'à l'inquiétude.
  • Mention spéciale à Anthony Higgins dans Meurtre dans un jardin anglais, à l'érotisme D/s indéniable (les 12 contrats imposés), à condition qu'il garde sa perruque et ses manchettes. J'ai toujours aimé les films en costumes et l'idée de me faire trousser n'y est pas étrangère.

À vous de jouer !

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Madonna en amazone et Kajira go home

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On remplace le cheval par un homme, la cravache change de main, et je pars au septième ciel sans même passer par les étages intermédiaires. Cette image, c'est du concentré de mes fantasmes, des vêtements déchirés, à la cravache j'espère (je projette, la série de photos montre Madonna en amazone domptant le cheval, peu prompt à se laisser faire), des corps en sueur, la sciure du cirque, le corps qui se rend et s'abandonne.

Rue Bricabrac, bdsm, Madonna

Cette photo de Madonna, extraite d'une série réalisée par Steven Klein pour la prochaine livraison du magazine top glam W, m'est tombée sous les yeux en lisant l'un de mes petits péchés acidulés du moment, Touche-Sexy, qui donne tous les liens qui permettent d'aller voir une partie de ce portofolio. Pour la totale, attendre le 19 mai et la sortie du magazine.
Touche-Sexy comme son nom l'indique, n'est pas spécifiquement sm, mais furieusement sexy, et pas avare de beautés dénudées entrecoupées d'infos fashion. Donc à référencer par tous ceux qui trouvent que ça manque de femme à poil ici (ou dans la rue, si j'en crois les innombrables requêtes Google qui aboutissement chez moi avec les mots clés "nue dans la rue" ou sa variante, "en string dans la rue".

Pour comprendre pourquoi je n'arrive pas, viscéralement, à accepter la situation d'esclave et autres fantaisies goréennes, même entre adultes consentants, même juste le mot, voir ici. Ou .

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Maison de plaisir

Je n'ai jamais eu de maison et j'ai cette nostalgie. Ce n'est pas proprement a room on my own qui me préoccupe, ça je l'ai, je suis assez ourse pour avoir toujours su la créer, mais a house on our own.

Une maison de jeu, ni casino ni bordel, même si le hasard et la luxure en seraient les mânes. Une maison qui n'existe pas, une maison de carabosse, sortie d'un conte de fée, poussée dans un arbre, perchée sur une falaise, sans maman Bates empaillée au sous-sol tout de même, avec des poutres et de la paille, avec un sauna et un moulin à eau, ou à vent, avec des caves bien sèches, sans voisins mais avec verdure, avec un manège sans chevaux, avec un lit à baladaquin, couette de pur duvet et mille oreillers, avec du cachet et sans folklore.

Il ne s'agit pas d'aménager une cave comme les pas tristes pensent que Sade le faisait, ni de tranformer le grenier en donjon.

C'est juste qu'en la visitant, en y habitant en rêve, je puisse me dire, en passant dans le minuscule bureau, que je pourrais y être attachée serrée à la chaise, condamnée à écrire mes futurs sévices, Shéhérazade à l'envers qui vend sa peau avant de la faire tanner, sachant qu'il n'est pas question de baguenauder quelques clichés éculés ou de me contenter d'un minimum syndical sm, tu me lies, te me fouettes, tu me sautes, je suis rouge, je mouille, je jouis. Il faut que je trouve autre chose que les folies de la veille, des situations qui te feront bander illico et t'étonneront longtemps. Alors j'imagine des supplices lointains, lents, lourds.

Détachée de ma chaise d'écrivante, je ne serais que mieux attachée au grenier, riche de poutres qui permettent toutes les suspensions, pas avares d'anneaux qui m'écartèleraient pour m'offrir en presque apesanteur, de la plante des pieds (frappe-moi) à la racine des cheveux (tire-les). Je pourrais m'imaginer sur la roue qui baigne dans l'eau, un peu plus bas.

Rue Bricabrac, bdsm, maison, rêve

L'eau à proximité, c'est important aussi. D'une main ferme sur ma nuque ou autour de mon bras, avec une colère feinte, retenue ou irréelle, tu m'y jetterais, pour calmer mes brûlures, pour faire taire mes insultes, pour refroidir ces globes que je frotte contre ta queue mal à propos. Et pour ne plus m'entendre te dire que je te fais durcir, et que j'aime ça. Ou alors, pour ton simple plaisir de me sécher avec quelque chat aux trop nombreuses queues, et remplacer chaque goutelette loupe par des points pourpres persistants.

Il y aura un parc, assez vaste pour nous éloigner du monde, assez cosy pour ne pas s'y perdre, assez feuillu pour crier contre l'écorce des arbres, pour que l'odeur de cuir se mélange à celle de mousse, pour que tu puisses me chasser et que j'aie loisir de me cacher, mais jamais de m'enfuir définitivement, pour que tu me trouves la nuit tombée, tant mes frissons trouent le silence. Un végétation riche et variée, où j'irais, penaude et ravie, cueillir les instruments du châtiment, coudre ou bambou, saule ou roseau, et gare s'ils sont trop doux. J'éplucherais soigneusement, de mon Laguiole à crosse de nacre rouge, les verges pour me faire battre, que je t'offrirais les yeux baissés pour ne pas que tu voies ma jubilation honteuse. Je les laisserais dormir dans un seau d'eau vinaigrée pour leur donner ce cinglant effrayant.

Dans la grange, il y a un tonneau dont j'épouse facilement la courbure, des stalles où l'on réinventerait la balle au prisonnier, mais avec une engêolée et une chambrière. S'échapper sans le pouvoir, jusqu'à l'épuisement, la reddition, les derniers coups sans grâce, les plus douloureux, les plus libérateurs, et l'amour dans la paille, qui pique et irrite mon corps nu et à vif. Je ne m'en accroche que plus à toi, vissée à ton sexe, à ton col, à tes hanches.

Le lit à baldaquin conjugue la menace et le bien-être. Quatre totems pour prendre toutes les couleurs et des draps de lin blanc pour s'étirer, se lover, faire les rêves qui nourriront le récit du lendemain. A moins qu'à cru sur l'accoudoir d'un Chesterfield de la bibliothèque, je ne te lise, sous tes attentions diverses, quelques passages de textes libertins.

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La couleur de mon plaisir

Si je devais donner une couleur à mon plaisir, ce serait évidemment le rouge. Les rouges. Ils ont de si beaux noms qu'on aimerait à chacun leur associer une émotion, la peur crierait en cramoisi, l'attente rongerait son corail, la douleur exploserait en flashs amarantes.

Le rouge, c'est ce qui me saute aux yeux quand tu les fermes d'un bandeau, un bordeaux, presque noir tandis qu'un autre rouge, trempé du blanc de la frayeur, comme celui des roses sans passion, me monte aux joues, et pigmente mes aréoles d'un sienne plus soutenu. Un garance inhabituel colore mes lèvres que je mords, d'impatience, d'appréhension, de désir qui n'ose se dire. Ce flux d'hémoglobine qui vient me chauffer le giron me fait les mains de neige et les pieds de glace. Pour un peu, ils seraient bleus (mais on le sait, ce jour, même le bleu est rouge).

Le simple contact de ton doigt qui caresse mon bras, dessine l'épaule, frôle la nuque, musarde entre les omoplates, affleure les reins, laisse son trait nacarat sur ma chair nacrée, promesse de grenadine et d'andrinople. J'ai hâte de teintes plus soutenues, de rubis en pluie, de grenat en vrac, mais pour rien au monde je ne renoncerai à ces effleurements légers comme des pétales de pivoines qui me font trépigner, haleter, supplier, sans un mot, mais en ordonnant à mon corps d'ondoyer vers toi pour que tes mains n'y tiennent plus, et que tu consentes à verser des alcools plus forts. Je danse et tu me cadres. J'ai cette obscénité du mime impérieux qui se fracasse à tes euphémismes.

Encore plus blêmes que mes mains, ce sont mes articulations, contractées par trop d'attente, toutes de nervosités et d'envies enfermées. Mes pensées sont cramoisies, j'aimerai, un deux trois, aller au bois, cueillir des coquelicots, quatre cinq six, manger des écrevisses, sept huit neuf, voler une flambée de fraises, cerises, groseilles, framboises bien mûres. Mon corps est là, pour toi, il est ta scène, tu es le metteur, fais de ma peau un rideau de théâtre, passe-velours ou pourpre, selon ta force, ton humeur, ton plaisir. C'est la nuit noire, et tu as jusqu'à l'aurore pour lui donner les couleurs de notre arc-en-fiel monochrome.

Adoube-moi d'ultra-rouge, contamine-moi de ton feu intérieur, laisse ta part d'ombre devenir vermeille, sers-toi de ma chair pour brûler tes démons, frappe-moi de tes coups de sang, pacifie-toi au son de mes rugissements.

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Installation d'Annette Messager photographiée par *Christine
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Clichés avec un B comme Bas

Une soumise digne de ce nom, même si elle déroge à la règle 539 alinéa 4 de la loi sadienne révisée en 2002 par maître_DAF_69 (rien de sexuel, il est lyonnais), et porte le string (d'aucuns l'auraient vue avec un panty amincissant acquis à la téléboutique) pour n'avoir pas totalement la fesse à l'air si un vent frippon se mêlait de météo, la soumise donc, porte des bas qui montent haut. Jamais, tremble carcasse, de collant, qui dans le monde bdsm, fait un peu figure de diable dans un bénitier. Un maître qui voit un collant c'est un peu comme Dracula accueilli à l'aéroport de Zakopane par des catins anémiquesqui lui passeraient au cou des tresses d'ail. Il se défait, se décompose, se délite. Il fait pschittt.

Un maître digne de ce nom (par exemple Sire Stéphane d'Aubervilliers) donnera donc des ordres en ce sens à sa soumise.

"Mets des bas résilles avec autofictions"

Rue Bricabrac, bdsm, bas, clichés
photo lines in the sand




Mais qu'est-ce donc que ces bas auto-fictions évoqués dans un journal trouvé au coin de la toile ? La marque préférée de Chistine Angot ? Dim aurait-t-il tué la littérature ? Ou alors, sommes-nous en présence d'un lapsus calami ?
Un "bas avec des autofictions" serait-il un bas enjolivé pour le bien-être du lecteur, ces bas que nous portons toutes et tous dès qu'il s'agit de narrer une aventure, de manière à ce que l'on ne sache plus si c'est rêve ou raison, fiction ou désir ? Est-ce toute narration porte fatalement des bas auto-fictions ? Est-il l'accessoire nécessaire pour se bander les yeux et oublier que ces jeux autoritaires sont bel et bien réalité la plus pure, la plus dure ? Ou un masque de Zorro pour mieux se montrer sans être reconnue.



Mes longues jambes gainées dans la soie d'une paire de bas avec autofiction, je m'avançais vers lui, les cils baissés mais fière.
Ce qui a une autre classe que
Je tricotais mollement des gambettes, la cuisse flasque et le rimmel pas net.
CQFD.

Je les aime bien ces bas-là, dans ce qu'ils disent du récit (érotique en l'occurrence), de nos blogues, de nos jambes, de nos hommes.

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Un violon sur le toi (Nam June Paik)

En apprenant la mort de Nam June Paik, l'un des grands artistes à avoir fait de la vidéo un art, je suis allée sur son site comme on part en pèlerinage, non point pour hommager un mort, mais pour aller marcher sur les traces de mes souvenirs. Les images, comme les musiques, sont de formidables machines à remonter le temps. Un extrait d'une émission téléphonique des années soixante entendue hier vers 14 heures, et je revois instantanément la cuisine en biais de l'appartement rue de M., la pâte à tartiner au sésame qu'affectionnait mon père, le formica bleu ciel de la table, et sur le frigo, un transistor. En feuilletant les images de Nam June Paik, c'est à Beaubourg, avec ce jeune homme aux cheveux blancs qui cachait un micro dans sa manche, que je suis transportée.

Rue Bricabrac, Nam June Paik, violon, fantasme

Nam June Paik n'a rien à voir avec le bdsm, à ma connaissance, et je m'en fiche. Je n'ai pas besoin de "role model" pour sentir mieux dans ma peau tannée. De toutes façons, je vois, dans mes bons jours, du bdsm partout, et nulle part dans les mauvais. Aujourd'hui doit être un bon jour, parce que cette image me parle.

De ma conversation silencieuse avec cet homme (Nam June Paik en vérité) de dos, qui tient au bout d'une corde un demi-violon (ou alors je me fais berner par la perspective), affleurent des bribes d'idées fixes, des bulles d'obsessions. Cette disproportion physique entre l'homme et son violon (donc la femme) que je fantasme dans mes relations (d'où mon goût pour un Ranxerox, capable de soulever et fesser une femme sous son bras, ou n'importe quel géant de passage, même si au quotidien, le géant est ingérable). L'instrument comme en laisse lâche, le dos de l'homme, cette nonchalance fausse, la corde fait plusieurs tours dans ses mains tout de même pour être sûr de ne pas la perdre, l'attente dans l'attitude, s'il avance le violon tombe, à moins qu'il ne promène son instrument comme un fou sa brosse à dents. La perspective encore se joue de moi, il est sur des marches, face à cette grande porte à toute petite serrure, quelle en est la clef, le sanglot du violon, les soupirs de la maso ?
C'est cela la vraie question. Non pas tant de savoir ce qui attend derrière la porte, mais où est la clef.

Nam June Paik a aussi fait quelques installations mémorables autour du violoncelle. Et de la violoncelliste.



La chambre rouge

Comme on reçoit des cartes postales de vacances, j'ai reçu ce dessin d'Azraël, qui a toujours cet aspect hyperréaliste que donnent les outils 3D et toutes ces sortes de choses dont j'ignore jusqu'au nom. (Pour voir les autres dessins d'Azraël qui sont dans ma rue, il suffit de cliquer sur la rubrique qui porte son nom.)

Azrael, bdsm, Rue Bricabrac

J'aime particulièrement cette image parce qu'elle arrive après un long silence. Et qu'elle parle de désir (et de plaisir), du désir d'un homme, du désir de cet homme. Il me raconte une soumise dans une chambre rouge, chambre de mise à feu de mise en feu, chambre de flamme que l'on déclare, chambre de femme qui se consume.
La femme est ce qu'on pourrait appeler une soumise, mais dans sa pose, elle est aussi tigresse que chatte. Elle rampe et tend la croupe, son corps est corseté (ou cuirassé ?) et ses muscles sont bandés. Il y a du ressort dans ses doigts et ses épaules. Le fouet, posé à ses côtés, l'a mise à terre. Elle n'en reste pas moins altière. Le prochain coup pourrait la relever, rugissante, tenant tête à son bourreau et amant . A moins qu'ainsi cambrée, provocante autant qu'offerte, elle réclame son dû.
Je ne connais pas cette femme, mais j'aime la manière dont Azraël l'a capturée. Je ne la connais pas, mais je me reconnais en elle.

J'aime comme il parle de son désir. J'espère que la belle fauve le nourrira encore longtemps.

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A l'affût

Oui, il y a eu Angélique, les pirates et les indiens. Et la comtesse, Sade et la vieille O. Gwendoline et La guerre des boutons. Les déclencheurs littéraires, cinématographiques, picturaux des pulsions sm sont innombrables.

Et un jour, il y a Barry Lindon. Les baguettes, ce soldat qui passe au pas entre ses camarades qui le flagellent avec cette baguette qui sert à nettoyer le canon de leur fusil.

Et parlant de canon, c'est sur son affût qu'on allongeait, pour les châtier, corporellement évidemment, les dissipés, les réfractaires, les de travers. Après la grande vergue, cet affût m'a fait rêver. J'y ai repensé, en allant, pour la première fois, j'avoue ne pas fréquenter avec plaisir la chose mirlitaire, je ne fantasme même pas sur l'uniforme, mais sur la gauche, on y expose des arts tout ce qu'il y a de civil, aux Invalides. Encore plus que des cendres, on y trouve des canons, des canons, des canons. Il y en avait même un à ma taille. Il y avait grand soleil aussi.

Je veux un affût, je veux un chevalet, je veux un spanking bench, un cerisier, quelque objet un peu rude avec quoi faire corps.

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Quand il ne reste que la peau

Il ne fait pas froid. Pourtant, j'ai la chair de poule qui picote ma peau nue.

Je ne sais pas si tu es encore là. Déjà là. Toujours là.

Comme tu me l'as demandé, j'ai bandé mes yeux et mis de ridicules bouchons d'oreilles. Je me suis ensuite menottée les mains dans le dos et j'attends.

Si tu es là, tu ne fumes pas.

Je ne sais pas ce que j'attends.

Je sais qui j'attends. Toi.

Je sais ce que j'espère. Toi, ta main, claquant sur moi, fouillant en moi, tes doigts à lécher, ta queue à bouffer, la cravache en guise de dialogue, plus vite, plus loin, plus fort.

J'ai horreur de ce vide, de cette position de godiche, du temps qui se dilate, une minute vaut une heure.

Je compte les secondes.

Je me mets à rêver.

À ce que tu me feras. Ou pas.

À ta bouche qui dévore aussi bien mes lèvres avides que mon oeil froncé caché.

À tes mains qui tranforment le s en d, sévice en délice.

Ça doit faire deux heures. Non, une demi-heure.

Je t'appelle. A peine un murmure qui s'échappe de ma bouche.

J'ai soif. Pas que de toi.

Je recompte les secondes. Les mois. Les siècles.

Je tourne sur moi-même.

Je te prie de te manifester.

Tu aimes l'opéra. Je chante la part de Leporello. Faux.

Si encore tu étais un fumeur compulsif.

Ce n'est plus de la chair de poule, c'est la toison d'un hérisson apeuré.

Et si j'attaquais la reine de la nuit ?

Je me laisse glisser sur le sol et me roule aussi ronde et lisse que possible.

C'est là que ton fouet claque, libération qui m'arrache un cri de surprise et de douleur.



Calendrier de l'avant (Pour meubler l'attente)

1) Une clairière dans une forêt, où entre chênes et saules, un tronc couché, souvenir de la grande tempête, ferait un cheval d'arçon très convenable, trop bas, mais tellement rugueux.

2) Rajouter à l'écarteur deux bracelets pour les poignets de manière à les fixer près des chevilles.

3) Une femme aux yeux bandés attachée par les poignets au centre d'une pièce, légèrement frissonante, autant à cause de la fraîcheur de la pièce que de l'attente du fouet qui va la réchauffer.

4) A genoux, assise sur mes pieds, dos rond, tête au sol, les mains près des chevilles, le pan d'un kimono relevé sur les reins, une cravache à proximité, un grand silence.

5) Une femme attachée écartée sur une cheval d'arçon, avec pour seul paysage, posée au sol, la canne qui va la châtier cruellement.

6) Deux jumeaux grands et forts qui prennent en sandwich une femme au corps zébré, ses mains attachées derrière le dos de celui qui lui fait face. L'autre a gardé un fouet en main.

7) Des larmes, comme des bijoux de douleur et de bonheur. Un don.

8) Des mains dont les doigts se prennent pour des cordes et qui serrent un sein jusqu'à en faire une grenade trop mûre. (Et qui laisseront leurs marques de longs jours...)

9) Le jeu du chapeau : la femme à quatre pattes, un chapeau posé sur les omoplates. Elle est fouettée, si le chapeau tombe, c'est la punition assurée.

10) Un sablier comme arbitre. Le temps de caresses sera gagné par un temps identique de coups. Combien de temps pour arriver à la jouissance ?

11) Retirer à la cravache toutes les goutelettes de cire rouge qui pollockisent seins et fesses.

12) Tu te réveilles pour le trouver enchevêtrée de chanvre, à la parallèle de ton corps allongé, et pris encore dans les filets du sommeil, tu vois que je ne suis pas tout à fait à portée de tes bras.

13) Obliger la punie à préparer l'intrument de son châtiment : chercher en forêt une baguette de coudre par exemple, et en retirer soigneusement l'écorce.

14) Des fesses très blanches, on ne voit qu'elles, et un feutre pour dessiner les lignes où tomberont les coups. A quoi pense-t-on pendant que le crayon passe et repasse ?

15) Passer un pack de gel glacé sur les fesses jusqu'à ce qu'elles soient plus que froides. S'empresser de les réchauffer vivement. Recommencer autant de fois que nécessaire. Peut se faire avec les seins. Ou le sexe.

16) Aller nuitamment couper quelques jeunes sujets dans les plantations de bambous qui font le joint entre trottoirs et immeubles neufs. A utiliser de suite.

17) Attacher, par la même corde que les seins, les poignets réunis derrière les omoplates, les bras passant par dessus la tête.

18) L'homme est chevauché par la femme à qui il imprime rythme et mouvement en la dirigeant exclusivement par les seins sévèrement empoignés.

19) Attachés tout autour d'elle, des ballons gonflés à l'hélium, comme s'il y avait un anniversaire. Et ses fesses, comme un autre ballon qui jouerait à Philippine. Parfois, le martinet fait éclater un ballon, et elle sursaute plus que si les lanières l'avaient frappée.

20) Elle est écartelée sur une table, il est à califourchon sur elle, et suce, pince, mord et tord ses tétons si bien et longtemps qu'elle en jouit.

21) Elle fait semblant de dormir, alanguie, molle, sans nerfs ni muscle, poupée de chiffon qu'il lui faudra réveiller, animer, aviver.

22) Le 69 serait banal s'il ne lui emprisonnait la tête entre ses cuisses et la taille entre ses deux bras, jusqu'à ce que lui aussi ait la bouche comme pénétrée par son sexe.

23) Son corps nu, en partie ligoté, en pleine neige. A lui de le maintenir à température.

24) Une loge de théâtre, l'homme derrière la femme lui martyrise les seins sans qu'elle ne puisse manifester douleur au risque de voir 500 paires d'yeux la fixer. Quand il la fera jouir, ce sera le même silence obligé. Au fait, l'a-t-il attachée à sa chaise ?

25) On dirait que ce serait Noël et que le père Fouettard arriverait avec tout un démoniaque attirail de bois, de chanvre, de cuir, de métal mais aussi de velours, de soie, de satin, de plumes, dans sa hotte pour jouer une version particulière des douze coups de ma nuit.

26) Il l'oblige à définir elle même ce que sera sa punition, en le regardant dans les yeux, et à intelligible voix. Pour cela, il tient fermement sa tête entre ses mains.

27) Ils dorment enlacés, lui encore en elle. Croit-on. C'est du velours qui l'attache à lui, poignet à poignet, cheville à cheville.

28) Elle est attachée en croix. La croix est mobile. Selon son envie, il a ses seins ou son sexe à portée de mains, d'yeux, de pinces.

29) Elle est nue, fors des longs gants de satin. Elle réunit ses bras dans son dos pour qu'il puisse coudre ensemble les deux gants, brisant ses défenses.

30) Elle est écartée au plus large, à plat ventre sur le lit, ses fesses zébrées qui lui rappellent ses seins marbrés. Assis à quelques centimètres, il fume une cigarette avec vue.



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L'oreille
Juke Boxabrac
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La peau
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presque moi
aller Si j'expose mon verso, c'est pour le plaisir d'être jouée. Le masochisme est mon moyen de transport amoureux. Même si parfois je pleure... c'est de vie qu'il s'agit. Et quand tu me fais mal, j'ai moins mal.

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