Il paraît que la mode est aux interviews sm. Un tenancier de club déclare à Paris
Match que ses "clients sont des poètes", l'un de ces poètes,
précisément, se fait interviewer sur son blog par un journaliste
japonais très
connu par Reporters sans frontières et Google et néanmoins parfaitement
francophone .
Et pendant ce temps, trois drôles de
dames dans la fraîcheur revenue se déhanchaient le cou à la
recherche d'un micro. Heureusement, le réchauffement de la planète
et la fonte de la banquise leur ont apporté une souriante journaliste
inuit, qui une fois débarrassée des ses fourrures, a déballé son
magnétophone et son ordinateur portable, dans un endroit discret et
d'une belle sobriété de la proche banlieue.
photo Wayne Hiebert
Il est onze heures. Dame,
Bricabrac et Méliemélo ont accepté l'interview
d'une journaliste inuit pour un journal d'Iceberg.
Nous tairons l'identité de la journaliste, afin de lui éviter
des représailles, en raison des risques d'avalanches ou de fonte d'igloos
pour peu que l'interview soit trop subversive ou trop chaude.
Nous nous sommes retrouvées dans un Formule 1, mais faute de serveur,
il a fallu que BàB se dévoue pour aller déglinguer une
machine automatique. Un vieux paquet de chips avariées a été offert à notre
Inuit pour la revigorer après un voyage fort long, surtout qu'elle est
arrivée en vélo.
BàB est charmante dans.. dans heu.. comment dire...son poncho polaire
et ses hauts de chausses molletonnées. Elle est confuse, elle pensait
que nous étions dans un Formule I, comme igloo, alors, elle est venue
en dessous, mais en dessous à manches et jambes longues en pur mérinos
thermolactyl. Sinon, elle aurait porté son baby-doll d'interview (en
ce moment, il y a un cycle sixties à la cinémathèque).
Méliemélo a simplement revêtu... quasi rien en fait. Elle
explique qu'elle a hypothéqué ses culottes jusqu'en novembre,
donc elle est en résilles et en petit pagne très court, accompagnée
d'un tout petit oiseau qu'elle n'arrête pas d'appeler King Kong.
Quant à Dame, elle se met à chanter : - Avec mon tralala...
mon petit tralala... ce qui m'évite d'avoir sur moi des castagnettes...
Journaliste Inuit : Très honorée. Vous êtes très
discrètes mesdames. Comment se fesse ?
Méliemélo : C'est tout un art Balthazar.
Dame : se fesse-t-on déjà ?
BàB : Il se fesse qu'avant ma troisième tasse de thé,
je n'existe pas. Surtout sans fessée roborative au réveil.
J.I : Dame, vous considérez-vous comme une maîtresse,
une institutrice ou une dominante ?
Et vous, BàB et Méliemélo, vous considérez-vous
comme des soumises, des surmises ou des tout court ?
Dame : Considérez que je suis une Déesse... Ca ira pour aujourd'hui
!
Méliemélo : Je ne comprends pas la question. Dame, vous ne voulez
pas remettre tout cela en ordre, je vous prête mon King Kong si vous
voulez.
BàB : Tout court ? C'est un peu court. On pourrait dire masochiante
de compétition, souminante avec contrition, et mille choses encore.
(Il arrive ce thé ? C'est quoi ce gourbigloo ?)
(NDLR : le paquet de chips offert à la journaliste a provoqué des
bugs, les miettes s'étant répandues sur le clavier de son portable
et dans les rouages intimes du magnétophone. Tant bien que mal, Babel
Fish fait ce qu'il peut, d'où certaines formules étranges. Normal
: nous étions dans un Formule 1).
J.I : Dame,vous considérez-vous comme une sadique, et vous, BàB
et Méliemélo, diriez-vous que vous êtes complètement
maso ?
Méliemélo : Pas complètement, je veux dire ni con ni
plètes.
Dame : Si je m'en réfère à mon philosophe préféré,
le plus grand de tous les temps... je veux parler de Marcel Chombier... je
serais plutôt une masochiste
qui a mal tourné... de l'autre coté de la manche...
BàB : Moi aussi, je suis de l'autre côté de la Manche,
il y a des fetish shop à Soho, je vous dis que ça. Ma première
canne et mon premier strap viennent de là. Quant à mon masochisme,
je ne vous permets pas de le traiter de replet.
J.I : Dites-moi... Depuis quand êtes-vous tombées dans
la marmite du bdsm ?
Dame : On m'a poussée dans la marmite... Si je le tenais celui-là !!!
Méliemélo : Personnellement, ce n'était pas une marmite
mais une falaise. Est-ce grave si ce n'est pas une marmite ?
BàB : Haaaa, c'était donc une marmite ? Quand je pense que j'ai
lu tous les livres pour comprendre qui et quoi, d'angoisse en culpabilité,
d'autodestruction en Oedipe mal tourné, était le responsable.
Et c'était une marmite. Pourtant, je ne suis pas très bonne cuisinière.
Je brûle tout. Alors le chaud aux fesses, ça vient
de la marmite aussi ?
J.I : Est-ce que pour vous, le sm est un jeu, un match, un poème épique,
un drame, une manière de vivre mais pas d'être, une façon
d'être mais pas de
vivre, un jeu de lego, un spectacle de son et lumière, une épopée
fantastique etc ?
Dame : C'est avec grand intérêt que j'ai écouté votre
question... je vais tacher d'y répondre...
Méliemélo : Je me tâte. Me tâtant je me sens, me
sentant je me retâte. Ca me fait du bien après une question aussi...
aussi complexe. Parce que là tout à coup, je me sentais plus.
BàB : Oui. Définitivement oui.
J.I : Vous jouez la nuit, le jour, ou bien le jour et la nuit ? plutôt
en été ou en hiver ? Avec quoi ou qui de préférence
?
Dame : Vous couperez au montage, c'est beaucoup trop intime... Il s'avère
que je joue avec un jouet quand il me tombe dans la main... hummmm...
Voyez ma main... et mes ongles ... "Jet-Set" de l'Oréal...
parce que je le vaux bien !
Méliemélo : LA jour. Et lE nuit. Les quatre saisons, j'aime
assez, mais sans lardons.
BàB : Tout cela est une question d'hémisphère, finalement.
Or je suis aussi méridionale que septentrionale, culinaire que poitrinaire,
et les crépuscules sont aussi beaux que les aubes, mais en moins tôt.
Et puis qu'importe l'heure, du moment qu'on a les heurs.
J.I : Le bdsm pour vous, c'est profond ou à la surface ?
Dame : suis-je obligée de répondre ! Ah la profondeur des sentiments
dans le bdsm!! hummmm... mais je m'égare... Vous n'avez que des questions
cochonnes
vous !!
Méliemélo : C'est impossible de répondre. Je ne sais
pas nager, si bien que lorsque j'ai un seul cheveu dans l'eau je me crois déjà en
apnée. Si je dis que c'est une bande de Moebius, ça vous réconforte,
dites... l'Inuit ?
BàB : Tout dépend, c'est de la physique. Une canne, une badine,
une lanière fine, c'est superficiel. Un battoir, un paddle, c'est profond.
Ensuite, il y a la question de la force, du FX et de MC2. Je peux demander
l'avis du public ?
J.I : Avec toute l'expérience que vous avez aujourd'hui, avez-vous
encore des tabloïdes ? Je voulais dire des... tablatures, des taboulés...
non... des tabous pardon ... (ça c'est Babel qui débloque)
Dame : quels tabous ? c'est quoi un tabou ? Au secours Méliemélo
et Bricabrac !!
Méliemélo : Vous pouvez répéter la question ?
BàB : Emballer le taboulé dans un tabloïd ? Jamais de la
vie. En revanche, j'essaie de piquer un totem au Quai Branly pour mettre dans
le living et m'y faire attacher. (J'ai bon ?)
J.I : Et vos préférences ?
Dame : (s'adressant à son jouet à ses pieds, qui n'a pas perdu
un mot de l'interview) : Tu crois qu'on peut lui dire à ce curieux ?
Méliemélo : King Kong... tu as des préférences
? On te cause !
BàB : J'ai trouvé, c'est une chanson de Julien Clerc ! J'adore
ce jeu.
J.I: Quel livre emporteriez-vous sur une île déserte ? mais
déserte hein... rien... pas un igloo, pas un crabe. Rien.
Dame : "Oui-Oui et le petit train fantôme"... J'adore les
histoires qui font peur...
Méliemélo : "Les cent culottes" du Professeur Masorovitch
Sadikvarius, mais dans la version symphonique.
BàB : "Maître Robinson et son valet Vendredi" ou la
domination à l'usage des poissons.
J.I: Votre vie sans le sm... c'est possible ? ou c'est pas possible ?
Dame : C'est possible, si mes voisins me permettent de les fouetter...
Méliemélo : C'est surtout que je me demande comment le sm pourrait
vivre sans moi.
BàB : J'essaime partout, moi. Comme la rousse.
J.I: Il paraît que dans le sm il ne faut pas de poil. Moi personnellement
c'est normal, il fait froid chez moi, je dois me couvrir donc je ne me rends pas compte. Mais vous ? Vous en dites quoi ? Poil ou pas ?
Dame : Tout le monde à poil ici !
Méliemélo : Je ne parlerai qu'en présence de mon avocat
! Prêtez-moi une culotte BàB !
BàB : À poils. Et avec le cul rouge. Comme les guenons. C'est
ce qui plaît aux hommes, les vrais.