Glissando 2010
JE vous embrasse tous.
(Quant à 2010, on en reparlera dans 365 jours. Ou pas.)
vendredi 1 janvier 2010 / 8 grains de sel
JE vous embrasse tous.
(Quant à 2010, on en reparlera dans 365 jours. Ou pas.)
vendredi 1 janvier 2010 / 8 grains de sel
PASSÉE sur ARTE, et repassera le 1er janvier au matin avant une sortie cinéma presque confidentielle, la Blanche-Neige de Preljocaj propose une reine marâtre de cuir et de latex, cuissardes et gants longs, qui terrasse les hommes d'un mouvement impérieux du bras, telle une baguette magique terrifique et inévitable.
Enfant, après avoir vue celle, noire et violette, de Walt Disney, le sourcil exagéré et le regard dur, matérialisation de mes cauchemars de sorcières et méchantes fées, et sans connaître Dolto, j'avais en retour terrorisé mes géniteurs en refusant, pour cause de trauma profond et indélébile, de toucher au chou-rouge qui portait, affirmais-je avec un instinct très sûr des tenants et aboutissants freudiens, ses couleurs (et qu'au titre de légume, je n'aimais pas... le chou, pas la reine). Incarnée par la très belle danseuse Céline Galli (mazette, ces yeux !), cette reine a été voulue domina SM par Gaultier, avec ses manches ballon et son col cages, sa robe à tournure, son corset en bandeaux souples (que l'on retrouve, en version plus esclave dans la tenue mousseline des courtisanes, et aussi chez la marque de lingerie Bordelle). Hautaine, arrogante, altière, cruelle, elle est sublime.
Une autre de mes icônes, qui celle-ci m'accompagne tendrement depuis l'enfance, c'est Alice, qui n'interrogeait pas son miroir, elle, préférant passer de l'autre côté pour voir un chat sourire et prendre le thé avec un lapin. Son pays des merveilles revisité par Rom Devideg, un photographe et illustrateur malicieux, en fait une jeune fille tout à fait majeure, court vêtue façon kawaï, aux bas blancs et chaussures hautes de lolita, à qui les roi et reine de coeur feront découvrir les rougeurs délicieuses de la fessée.
Deux idées du diable au corps, diamétralement opposées et pareillement phantasmatiques. Deux mythes enfantins revisités, avec une bonne dose de surentendus sexuels, pour les adultes.
mardi 29 décembre 2009 / Un grain de sel
IRRÉSISTIBLE regard du soir...
Trop fatiguée pour écrire, mais encore assez vaillante pour rêver.
mardi 17 novembre 2009 / 4 grains de sel
PÉDIATRE sur France-Inter hier, aujourd'hui députée UMP de Paris, Edwige Antier devait manquer d'audimat. Elle a donc décidé de déposer une proposition de loi interdisant la fessée, inscrivant cette interdiction dans le Code civil. "L'article serait lu aux parents lors du mariage." (Sic. Ce qui prouve que dans l'esprit étroit et poussiéreux de cette dame, le but du mariage est avant tout la procréation).
Bon, je sens qu'il est temps de bien faire savoir aux voisins qu'aucun enfant (car cette hypothétique loi concerne leur protection) n'est abrité dans mon appartement.
dimanche 15 novembre 2009 / 13 grains de sel
VISAGE impassible, à peine hautain, un peu détaché, elle trône sur son siège immatériel, oiseau de paradis à la longue queue kimono.
Suspendue, comme on l'est aux lèvres de quelqu'un qui raconte une histoire particulièrement palpitante, sans que les cordes semblent n'y être pour grand chose, plus légère que l'air, corps sublimé par le défi à la gravité, pudique dans son inaccessibilité, elle s'en balance.
On ne sent pas ici le bondage-contrainte mais la poésie des cordes. C'est comme un effet spécial, une machinerie de théâtre, une pose dans un ailleurs peu pratiqué.
Il est un habile maestro du chanvre, elle est une plume sereine. Cette représentation est toute de gentillesse.
vendredi 13 novembre 2009 / 2 grains de sel
J'avais juste envie de faire une pirouette, simplement une phrase, comme une légende.
Tiens, ça me fait penser que je dois aller chez IKEA.
Et puis, revirement. Outre la beauté de la photo, il y a dans cette position une simplicité admirable. Pas de liens, pas de noeuds savants, pas de connaissance shibaristique demandée. Simplement le plus basique des fauteuils, en plastique de jardin, en métal de square, en bois d'école ou en cuir de bureau.
Il n'a pas été designé comme certains pour favoriser le rapprochement entre les couples, il ne prétend pas être chargé de sensualité (il ne l'est pas d'ailleurs, mais il peut le devenir), il n'a aucune esthétique.
Mais une fois la femme lui faisant face, ses cuisses sous les accoudoirs, la poitrine contre le dossier, venue de son plein gré mais pas près de repartir, l'étroite liaison des deux met en valeur la croupe de la femme et le bel intérêt du fauteuil.
Elle si cambrée, lui tout droit, un raffinement de voyeur.
mercredi 11 novembre 2009 / 2 grains de sel
NOUS sommes quelques un(e)s aujourd'hui au pied du mur. Jusqu'à l'overdose.
lundi 9 novembre 2009 / 3 grains de sel
ET si l'on fleurissait, avec créativité, les vivants ? Si l'on veut faire d'une femme un vase, on lui colle un bouquet dans le con, et comme un beauf, on tweete son trophée. Ou alors, on pense ikebana et voilà, au nom de tous les seins.
mardi 3 novembre 2009 / 5 grains de sel
L'UNE bouge, l'autre pas.
Je ne sais comment cette photo a été prise, éventuellement truquée (l'origine du monde qui nous regarde de son oeil sombre...), cela n'a aucune importance. Une photo n'est pas la réalité, elle raconte une histoire qui parfois parle du réel, au plus près. Ou pas.
Et j'avoue ma préférence pour les photos mises en scène, un minimum au moins, un cadrage, la tentative de saisir un instant d'émotion sans parasites, parce que si je vois traîner dans le champ des canettes vides, l'aspirateur ou le paquet de Pampers, ça me gâche le voyage. Grave.
Alors qu'ici, je me balade. C'est une vue que je connais, sans l'avoir jamais vue. Même un miroir ne saurait me la donner (le miroir est souvent le troisième personnage de mes jeux). J'en connais la musique, sifflante, claquante. J'en connais le contact, cinglant, pesant. J'en connais le parfum, tabac, cuir. J'en connais le goût, âcre, salé un peu. Mais jamais je n'ai vu mon corps sous la ceinture.
À son violent mouvement répond l'immobilité quiète de la flagellée. Et avant que le corps ne puisse réprimer sauts, sursauts, tressauts, il y a cette volupté de faire corps avec les coups, de les absorber.
Ou alors, nous sommes à l'orée du premier.
Dans notre théâtre ce sifflement vaut les trois coups.
lundi 26 octobre 2009 / 2 grains de sel
JE t'attends en lisant, mais j'ai un mal fou à me concentrer.
jeudi 22 octobre 2009 / 4 grains de sel
RÉ sol la si♭ ré mi♭... Les six notes de la petite musique si souvent entendue, fredonnée, cette scie qui fait pa da pa da pa pa, résonnent, je reviens sur mes pas, une nouvelle pub Dim passe à la télé, cinq ou six filles en collants, avec des jambes jusqu'aux épaules et de la joie de vivre plein le pa da pa da pa pa.
Considéré comme anti-érotique au possible, et pas seulement dans le monde bdsm, le collant quand il est vu par Dim (et non pas le collant Dim qui est d'une qualité piètre, d'un contact désagréable et d'une tenue nulle, même au rayon bas, ses stay up sont des fall down) est formidablement sexy.
Si en plus, il est transgressif grâce à la psychorigidité de maîtremarquis, trop belle la vie (en collant).
J'ai toujours aimé les collants, qui ont accompagné la libération de la femme, la mini-jupe, le short, le vent fripon sur le pont des Arts... Un collant, c'est être nue mais pas tout à fait. C'est la possibilité de jouer dessus et dessous. Ça ne tient qu'à un fil, ça se déchire comme un rien.
Merci madame, de venir à l'appui de ma démonstration.
dimanche 18 octobre 2009 / 7 grains de sel
C'EST un grain de sel tout frais posé, mais qui est bien plus qu'un commentaire parmi d'autres. Et derrière son anonymat pudique et son discours indirect se cache celui que j'aime. Et qui m'aime. C'est sa version de notre équilibre et c'est bien le moins de lui, de te, laisser la Une.
Question d'équilibre.
Peut-être parlerait-il à la première personne du pluriel,
pour que le je(ux) ait un toi(t), NOUS ...
Je m'imagine ainsi sa version.
TOUT est mieux lorsque l'on est libre.
Mon sadoromantisme, ton masolyrisme
Mon ardeur, ta moiteur
Ma paume rouge, ta peau qui bouge
Mon cœur qui se livre, toi qui t'enivre
Ton avidité, ma convoitise
Ta complicité, mes confidences
Notre faim
Nos envies duelles
Nos clins d'œil
Nos excès
Nos abandons
Notre amour
Alors, tout ce qui est permis NOUS lie.
vendredi 16 octobre 2009 / 3 grains de sel
MES rêves sont bien entendu plus grands que la réalité, tout comme mes fantasmes, mes désirs, mes envies. J'ai les yeux plus grands que le cul, je l'ai dit trop souvent déjà.
Elle aussi, cette coquine cousine un peu vintage, sagement coiffée, qui dans son regard invitant laisse passer l'exquise provocation d'une innocence étonnée. Ses fesses ne laissent aucun doute, elle vient d'en prendre une. Ou deux. Pas une mèche n'a bougé, pas une larme n'a perlé. Son corps est détendu. Ses yeux disent encore, son séant itou. Ses yeux pensent "c'est pour aujourd'hui ou pour demain", ses reins se cambrent. Les deux allument.
Ses prunelles comme ses fesses ont de l'esprit. Et sans doute que l'homme dont on ne voit pas les mains aussi. Sinon, elle ne le regarderait pas ainsi. Irrésistiblement.
lundi 12 octobre 2009 / 4 grains de sel
L'ÉTÉ n'en avait plus que pour quelques heures. Les premières feuilles mortes au sol, les dernières mirabelles rescapées du marché dans un sac en papier. Les nuages qui s'écartent, le store que l'on baisse, et comme une envie de faire l'école buissonnière.
L'heure de la sieste dans des contrées plus méridionales, je m'allonge, provocante. Tu me rejoins rieur. La veille, nous avions joui ensemble en évoquant nos envies du lendemain soir, des cordes comme ci, une tawse comme ça. Rien de tout cela cette après-midi. Tu frappes avec grande force, profitant de mes vêtements. Je ris de bonheur tant ceux-ci répercutent les ondes. Ou alors, dans les champignons sauvages du déjeuner, il y en avait des pas ordinaires.
Je vibre, tu bandes. Je rougis, tu transpires.
Nous sommes à moitié nus et les ondes nous rapprochent, nous relient, tu lèves le bras, je tends ma croupe, tu l'abats, je me creuse, et on recommence, à l'envi, quelle envie.
Je n'ai pas dormi, tu ne t'es pas reposé, je suis repartie en danseuse, tu as gardé longtemps, au creux de la paume, l'empreinte de ma chaleur. Car cette fessée improvisée entre deux obligations au bûcher, était solaire comme la planète jaune qui nous faisait de l'oeil entre les lamelles du volet vénitien.
mardi 22 septembre 2009 / 5 grains de sel
AVANT de m'intimer la tendre recommandation de l'attendre, fesses offertes, il m'a fait jouir, doigts et bouche concentrés sur mon seul plaisir, me faisant chavirer sur le canapé.
Avant de saisir le premier des trois instruments qu'il m'avait demandé de choisir, un chat aux queues tressées, un strap et un paddle de bois, en souvenir de nos jokaris d'enfant, il m'a caressée et enveloppée avec tout son corps en me rappelant combien il m'aimait.
Quand il a laissé tomber sa main, encore nue sur mon cul pas plus vêtu, les murs ont résonné, j'ai bondi, il a rebondi, moi aussi. La joute a été dure, si l'amour rend aveugle, il ne rend pas manchot.
Après d'autres sons, d'autres jeux, d'autres bonds, d'autres liquides, d'autres liqueurs, nos corps en sueurs pressés l'un contre l'autre, j'ai compris que mon amour avait encore grandi depuis tout à l'heure.
dimanche 20 septembre 2009 / 3 grains de sel
EN ce moment, sur les photos, ce ne sont ni les marques, ni les mains, ni les courbes, ni les déliés qui m'attirent.
Ce sont les regards qui m'aimantent, me subjuguent, me fascinent.
Ce que j'aime chez cette femme dont je ne vois pas réellement le regard sous la paupière amande mais qui me le fait deviner si bien, c'est sa calme résignation, son abandon mystique. Etirée plus que liée, on dirait qu'elle frôle ainsi l'extase.
Ce regard participe à l'implacable beauté et l'érotisme étourdissant de cette image.
lundi 14 septembre 2009 / 4 grains de sel
LE temps d'aller fumer une cibiche dehors, tu m'as laissée, le strap en équilibre, caution de mon immobilité.
Je suis parfaitement détendue, les oreillers sous mon ventre sont autant là pour relever ma croupe que pour favoriser mon bien-être. Un air de printemps souffle sur ce qui reste de piqûre, de brûlure, de meurtrissure, de morsure, et sèche le sucre de tes baisers.
Je n'ai pas le moindre problème à rester sans bouger, à t'attendre et à imaginer le round suivant.
Sinon, gare...
Mais gare à quoi ? À toi ? Ma seule punition, et qui est exclue car ce serait aussi la tienne, même pas cap', consisterait à me relever, me demander de me rhabiller et parler de la crise ou de la grippe.
Que pourrais-tu trouver qui te fasse bander tout en me faisant bondir ?
La tawse écossaise ? Le fouet catalan ? Le latex de Pigalle ?
Oui, certainement, mais après de rares secondes de cri et de colère, je fondrais encore plus, jusqu'au plus profond.
Je crois que je vais bouger.
Pour voir.
dimanche 6 septembre 2009 / 3 grains de sel
LE grand bonheur, c'est tout de même, en première comme en dernière instance, ceci.
(Si quelqu'un sait qui est le photographe, et aussi où l'on trouve ce genre de robe, je prends les infos, c'est d'ailleurs aussi pour cela que j'ai choisi cette photo très très vue, mais cette dame à un derrière tellement spirituel qu'on ne s'en lasse pas.)
mercredi 2 septembre 2009 / 6 grains de sel
QUAND les mains ne sont ni jointes ni enchaînées, elles agrippent parfois la cuisse du d'homme, ou un coussin ou les draps.
Elles racontent, jointures blanches ou dos mordu, une histoire parallèle, qui se passe en des contrées plus méridionales. Hors-champ. Une histoire à deviner, à inventer, à jouer.
mardi 25 août 2009 / 3 grains de sel
JE reçois, en guise de question, cette photo. Stop ou encore ?
Je décide de la sauvegarder, et dans le menu contextuel, je vois que je peux en faire un événement, ou une tâche. C'est amusant. Au programme ce soir, donc...
... Dire stop quand on pense pourvu que ça dure toujours, juste pour que l'autre continue mais en étant averti de que l'on défaille malgré sa gourmandise.
... Dire stop, ou rouge, ou cornouailles, ou police, ou joker, parce que tel est le safeword défini en espérant n'avoir jamais à s'en servir parce que l'autre est suffisamment averti et à l'écoute.
... Dire stop parce qu'on s'emballe et que l'on souhaite que son cœur se calme et que son corps se déflamme, pour pouvoir continuer longtemps sans penser stop.
... Dire stop... non, ne pas dire stop, dire et penser encore, encore, encore. Rebelote et banco. Carte blanche et dix de der.
Encore, s'il te plaît.
dimanche 23 août 2009 / 4 grains de sel
LORSQUE j'ai vu cette photo, elle m'a immédiatement appelée, troublée, invitée. Je me suis demandé ce qu'elle avait de plus que toutes les autres qui mettent en scène dans des lumières plus sophistiquées et avec des angles plus aigus des femmes pareillement offertes.
Le style parfaitement élégant des liens qui laisse supposer une pratique affirmée du bondage ?
L'abandon parfaitement alangui de la jeune femme ?
Ce corps comme un paysage avec ses vallons pleins de fossettes et ses courbes qui donnent envie d'y mettre les mains ?
Les mains, précisément, dont on voit qu'elles n'ont pas négligé les fesses ?
Ce qu'elle a de plus, ce sont deux cordes.
Deux cordes de rien du tout en haut des cuisses qui, sans aller chercher l'écart latéral et l'exhibition gynécologique, leur interdisent de se fermer.
Deux cordes, tout simplement.
lundi 17 août 2009 / 8 grains de sel
IL m'arrive, souvent, alors qu'aucune contrainte ne m'est imposée, matérielle ou injonctive, de joindre ainsi les poignets.
J'allais dire par réflexe. Non, ce n'est pas un réflexe, je n'ai rien d'une chienne pavlovienne qui se met en position (quel numéro déjà ?) quand elle entend le fouet de son maître.
À l'instar des chats, je suis un animal de rites. Et de gestes. Joindre (ou croiser) les poignets est une approbation muette. Elle dit oui, go, zyva, je suis prête, fais comme chez toi, je m'offre, je veux en ce moment être liée à toi, par toi, pour toi.
Et si, par une douleur frôlant l'insupportable avant que la jouissance procurée ne me tempère, je levais un bras comme un drapeau blanc, je le rapproche à nouveau et très vite de l'autre. Ce n'est pas de la soumission, c'est de la complicité. Dans toute la polysémie de ce mot, y compris la juridique.
Nous sommes complices, de mèche, comme mon avant-bras droit est collé au gauche, quand tu me bats d'ailleurs, nous ne faisons plus qu'un, même si nous ne recherchons pas désespérément la fusion, c'est ainsi, très simplement, très logiquement. Nous sommes une libre ligue, pas de vertu heureusement, indissoluble, non déclarée, une association de bienfaisance mutuelle et nous hissons haut nos couleurs. Pas trop tout de même. Ce serait de l'exhibition.
Et si ma tête repose ainsi, les yeux fermés sans besoin de bandeau, c'est que dans mon égoïsme endorphinique, j'ai baissé le rideau. Si tu es très tendre, tout à l'heure, je te raconterais.
jeudi 13 août 2009 / 3 grains de sel
IL y a l'attente, celle du premier coup qui comme l'éclair va libérer l'orage et la tension. Elle noue le ventre, elle coupe les genoux, elle cloue le bec. On a l'impression que les secondes durent des heures, que l'air pèse des tonnes.
Il y a l'attente, celle du premier rendez-vous qui va briser le cyber et le virtuel. Elle rend prisonnier du calendrier, apprend à compter sur ses doigts, amène à scénariser en vain. Quand le moment se rapprochera, les secondes dureront des années, l'air sera aussi dense qu'un iceberg.
Alors, je pense à l'attente, l'autre, je m'étends, je m'étire, je ...
vendredi 7 août 2009 / 14 grains de sel
JE lui ai dit
(... le lui ai-je vraiment dit ou l'a-t-il lu entre mes silences...)
Dessine-moi un fantasme.
Alors, il m'a posé une question
Devant ou derrière les barreaux ?
(À toi... évidemment)
mercredi 5 août 2009 / 2 grains de sel
SE, te regarder dans les yeux, sans ciller ni faillir n'est pas toujours chose aisée. C'est tellement intime, la prunelle. Alors, je me demande si le mieux ne serait pas de tendre l'oreille en attendant tes pas.
samedi 1 août 2009 / Un grain de sel
J'AI toujours aimé les westerns. Et si je ne connaissais pas celui-ci, je l'avais imaginé.
(Un peu plus ici, avec un commentaire 100 % cheap top camembert)
jeudi 30 juillet 2009 / 3 grains de sel
QUE reste-il de nos amours ? Un vieux bondage abandonné, un fantôme dessiné...
mardi 28 juillet 2009 / Un grain de sel
PERDRE la tête oui, mais pas l'heure. Plus élégant qu'une boutade de fils de pub, plus pratique qu'un coucou suisse, très légèrement décadent. Les coups peuvent s'égrener avec les secondes, très exactement.
vendredi 24 juillet 2009 / 3 grains de sel
J'ÉTAIS rompue, il avait la main verte. Comme dans un conte de fée, une plante grimpante, rampante, a servi de lien. De qui suis-je la prisonnière ?
lundi 20 juillet 2009 / 3 grains de sel
SI la terre ne tournait pas, elle pourrait ainsi, après quelques heures de pose, de pause aussi, porter sur son corps les barreaux de sa condition, subsumée au dieu Hélios (ou Surya, ou Mithra, ou Belenos, en matière de paganisme, qu'importent les noms pourvu qu'on ait la lumière). Mais l'astre, pour être un brulant bourreau, est surtout mobile et volatil. Elle ne sera soumise et encagée que le temps d'un cliché.
Et puis s'en va.
Relevée, habillée, encore chaude, elle aura en tête l'idée subtile de la contrainte invisible.
(Merci à O*** pour cette photo, et toutes les autres encore)
lundi 6 juillet 2009 / 4 grains de sel
DAHLIA est une voisine de blogue, une fleur qui pousse parfois dans les grains de sel, une amie et aujourd'hui une écrivaine qui publie son premier roman.
Elle écrit comme elle pense, elle écrit comme on sait qu'elle sait faire quand on la lit depuis un moment, elle écrit comme on parle, elle écrit comme on se venge.
Un jeune écrivain la largue au bout de deux mois par SMS (très tendance). Ils se connaissent depuis peu, mais leurs jeux comptaient triple. Au moins. Pour reprendre la main, la voix et l'ascendant, elle le drogue, le bâillonne, le ligote, et lui balance son ressenti(ment) tandis qu'il se refait le film.
Il se souvient de leurs étreintes vénéneuses, elle lui crache son amour.
J'avais hâte de le lire et je l'ai lu comme il est destiné à l'être, je pense, d'un souffle et un seul, jusqu'à être moi aussi haletante. Je l'ai lu comme si je l'avais écoutée, je l'ai lu comme si on m'avait largué par SMS, je l'ai lu comme si elle m'avait vengée, et j'y pense encore souvent.
C'est d'emprise qu'il s'agit, ce lien invisible qui attache et suspend mieux que les shibaris les plus sophistiqués.
Et je l'ai refermé, excessivement heureuse de connaître cette brune fetish model et aussi black devil (sous des airs angéliques) que les cigarettes noires qu'elle se plaît à fumer.
(Pour les grincheux, oui, j'adore Dahlia et son "Adore", et re oui, l'objectivité n'existe pas.)
jeudi 11 juin 2009 / 3 grains de sel
LA suite et fin du chroma, pour ceux qui rêvent en couleurs.
À vos pinceaux ou ce qui en tient lieu. On a le droit, que dis-je le devoir, c'est tellement plus gourmand, de peindre avec les doigts.
mercredi 3 juin 2009 / 3 grains de sel
COMME promis, voici la première partie du chroma ès sm, né dans des éclats de rire et des bruits de cravache.
À vous d'inventer plein d'autres belles couleurs à peindre sur la peau.
(À suivre)
lundi 1 juin 2009 / 4 grains de sel
J'AI failli titrer ce billet Oulipopo. Et puis je me suis ravisée.
Pas tout à fait.
La preuve.
Il y a dans mon masochisme un goût des contraintes, des belles contraintes. N'ayant guère envie de me prendre pour un punching-ball, les coups ont besoin de cette épice.
La plus simple est un rapide bondage qui me présente ouverte, immobile. Le plus facile aussi. Elle ne me demande aucun effort, elle me repose. Donc ce n'est plus une contrainte.
Plus corsée est celle qui demande une attention de tous les instants, qui frôle l'impossible. La contrainte exigeante. Ma perversion est de trop aimer les perverbes, j'ai le goût de l'oblique, je m'accroche aux acronymes (surtout ceux avec des "Y" branchus), j'aime explorer les lipossibles.
J'avais inventé le jeu du chapeau, qui devient trop facile, mon dos s'est élargi, mes chapeaux ont grandi, je sais tanguer des épaules aux lombes pour rattraper le bibi fricoteur.
Mais des livres, mazette ! Pas un, mais plusieurs. Qui obligent à l'apprentissage, un d'abord, plusieurs ensuite, au repos, en marchant, le cou délié, les épaules basses, la colonne droite. Et qui sait si même une danseuse étoile au premier coup de canne, ou au troisième, dans un souffle sentira l'édifice s'égailler. Et choir.
Plus dure seront les chutes.
Mais chuuuut. Interdiction de crier.
[Il n'y a pas une image de Frédéric Fontenoy qui ne m'inspire un désir ou un soupir. Les femmes y sont gainées de bas couture, de corsets, de gants longs, de bondage. Un violon, un miroir, une canne, un plumeau arrangé, une plume de paon tout oeil dehors sont les accessoires. Les références, sans aucune forfanterie, sont aussi bien les frères Klossowski (Pierre et Balthazar dit Baltus), Helmut Newton ou Vincent Van Gogh. Il donne du baroque, du rococo, de la perspective et des lettres au sadomasochisme. Elles sont d'aujourd'hui, elles semblent d'avant-hier. Il fait valser les femmes à la baguette ou les expose sur un lit à barreaux.]
jeudi 28 mai 2009 / 4 grains de sel
TENDER joue avec mes doigts, embrasse leur pulpe, mate dans mon décolleté, plaisante, me fait rire.
Danger fait sonner ses mains sèchement, au rythme de la salsa, à droite, à gauche, mon corps chavire comme l'aiguille du métronome. Clic, clac.
Tender embrasse le creux de mes reins, lèche la plante de mes pieds, joue avec ses doigts.
Danger enlève sa ceinture, la transforme en serpent qui siffle et cingle. Le roulis s'accélère, je ris de bonheur.
Tender me caresse, me fouille avec sa langue, enlace ses doigts aux miens, se perd dans mes seins. J'aime son regard.
Danger pince, tire et tourne. Il mord, il mange, il cannibalise. Il passe sa ceinture autour de ma taille comme un collier tenu serré. Excitant.
Tender fait l'amour avec sa queue, ses mains, ses lèvres, ses cuisses, sa peau, ses soupirs, ses sourires.
Danger a de la sévérité dans le geste, de l'infatigabilité dans le bras, de l'entrain dans le mouvement.
Tender et Danger réunis, il me cache sous son corps, devenant mon écorce tandis qu'en son giron, je palpite.
lundi 18 mai 2009 / 2 grains de sel
GRANDE fan de la série Weeds (en ce moment sur Canal+), j'ai doublement apprécié la scène ci-dessous.
Parce que c'est Weeds, bien sûr. Parce que cela ressemble terriblement aux scénarios que j'espérais adolescente. Avec ici en plus, le trouble (joliment joué par la très délicieuse Marie-Louise Parker) en regardant et en caressant les marques.
vendredi 8 mai 2009 / 3 grains de sel
M*** s'est approché de mon sexe qu'il a dévoré jusqu'à ce que sa soif s'étanche et que j'arrive à l'orée de l'orgasme.
Là, il s'est éloigné, à posé sa joue contre ma cuisse, a proféré des douces menaces tout en m'empêchant de serrer les jambes, ou de glisser une main.
Quand l'idée de l'orgasme s'est retirée suffisamment loin, il a recommencé le même jeu, mon plaisir à venir comme un yoyo.
Fort - Da.
Pour me faire monter plus vite, il torturait mes seins tout en continuant de jouer de sa langue entre mes lèvres.
Fort - Da
Au bout d'un temps, je ne sais le compter, j'étais languide, pantelante, désarmée. Une crêpe... qu'il a retournée vivement, sèchement. Avec les mêmes conscience et constance, il a fouetté mon verso.
Fort - Oui
Les coups de plus en forts m'ont plaquée contre le matelas, et ces frottements pourtant si légers sur mon sexe agacé m'ont procuré au centuple le plaisir qu'il m'avait refusé.
Fort - Oui
mercredi 22 avril 2009 / 2 grains de sel
TRÈS rarement, je trouve une image qui symbolise ma vision du sm. Sans qu'il y ait besoin de mots. Avec ce qu'il faut d'électricité érotique.
En voici une. On peut admirer la statue en pied et en marbre au palais Borghese. Mais ce détail, cet incroyable et violent réalisme qui fait passer la pierre pour la chair, cette longue main de Pluton dans (plus que sur) la cuisse et le flanc de Proserpine au moment de l'enlèvement, me bouleverse.
Syndrome de Stendhal. Sans détour. Après des heures de fascination.
samedi 18 avril 2009 / 6 grains de sel
UN bonjour et puis revient. Il y a 28 ans, presque 30, tes pulsions te faisaient peur, ta femme et tes enfants me faisaient mal. Nous avons terminé les années Giscard ensemble, presque exclusivement indoor, à l'horizontale. Tu es resté l'une de mes deux plus grandes histoires.
Un bonjour et puis revient. À ma rencontre. Je te demande "comment vas-tu ?" et tu m'embrasses à pleine bouche, pleine langue, belles dents, mes cheveux dans ta poigne, ma tête renversée, ton autre main dans mes seins, mes pensées chavirées. Par toi, je suis à nouveau cette "belle petite fille dans l'émotion".
Un tour de périph et puis revient. Je me soûle de ton odeur identique, de tes mains plus sûres, tes cheveux caressent mes cuisses, ta langue passe de mon sexe à ma bouche, je lèche tes doigts. Tu te sers de ta ceinture en esthète. Ma peau est ta toile bayadère.
Deux chevauchées et puis revient. Ta main très doucement a giflé ma joue. J'ai saisi ton poignet. "N'aie pas peur". Je n'avais pas peur. Jamais je n'avais laissé personne me gifler. Pourtant, j'avais déjà envie que tu recommences. Ton autre main, dans mon con, le savait.
Un au revoir et puis revient. Dans mes pensées en cavale, dans mon sexe qui palpite, sur ma peau trop pâle. J'ai rattrapé le virus de toi.
Tu m'érotises, tu m'électrises,tu me creuses, tu me combles.
Reviens encore, j'aime tant te regarder jouir.
(Merci à M*** et à M*** pour leur maîtrise... dans le traitement d'image)
vendredi 27 mars 2009 / 6 grains de sel
À B*** qui me demandait un fantasme, ou un début de scénario, d'envie.
Voilà.
Il ne manque qu'un bandeau pour les yeux. Et son souffle, ses mains, sa peau.
mardi 17 mars 2009 / 4 grains de sel
POUR s'amuser, en regardant la ville blanche, quelques couleurs sur fond noir (merci wordle). Les mots d'un autre, jetés en vrac depuis un cornet à dés, un texte pas tout à fait révélé, un auteur à deviner, à découvrir.
J'ai butiné des extraits de textes numérisés au hasard de Google. Mon coeur, c'est à dire mon con, puisque le plus central giron, a fondu un peu, comme le blanc dehors qui pourtant fouette le visage. Une fois de plus, le pouvoir des mots me réveille.
Alors, des Sadie Blackeyes sont quelque part entre la FNAC et moi.
samedi 7 février 2009 / 3 grains de sel
ILS demandent tous, ou presque, et d'entrée de jeu
Quelles sont vos limites ?
Et bien que péremptoire, mais sans certitudes aucunes, je ne sais que répondre. J'ai bien bricolé une phrase toute faite, "rien qui ne perce ou coupe", "rien qui n'attaque mon intégrité morale et physique" (donc pas de pervers narcissiques ou de pierceurs), mais comme toutes les phrases toutes faites, ça ne veut rien dire. Pas plus que "quelles sont vos limites".
Parler en introït de limites, c'est comme commencer à lire un roman par la fin (je ne parle pas d'un journal, je lis toujours mes journaux en commençant par la fin). Avant d'en arriver aux limites, que ce soit dans le dialogue ou dans les actes, il y a un sacré long chemin à faire.
Celui de l'envie, celui du désir, celui de la quête de la jouissance. Et ce chemin, il se fait à deux, jamais il ne ressemble pas au précédent. La route du sexe, quelle que soit la forme qu'elle emprunte, ce n'est pas le GR 20. Elle se dessine par l'envie de l'autre, le déclic sur un mot, un geste, un regard. Rien de rationnel. Ni de chimique, on ne cherche pas (dans le cas de ces "tchats" destinés à satisfaire une ou plusieurs paraphilies) le meilleur procréateur possible. C'est physique (non, pas au sens bradpittien du terme, quoique...).
Alors, le désir entre dans la danse, et fait basculer par delà le bien et mal, dans cette parenthèse érotique où tout est permis, pour peu qu'il y ait, a minima, du sentiment. Les lignes bougent, comme dirait l'autre. Ce qui était inconcevable devient excitant. Même après 35 ans de sévices dans le (dés)ordre du bdsm (ou quelle que soit la manière dont il convient d'appeler cette envie de souffrir, de s'abandonner, de se prêter à la cruauté de l'autre), j'ignore encore quelles sont mes limites. Je ne sais pas ce que veut dire, dans un contexte érotique, ce mot de limite. En fait, je n'ai pas envie de le savoir. Je trouve cela tarte. Ça oblige à retomber dans une vision sportive de la sexualité. Je ne suis pas la Laure Manaudou du sm et je ne cherche pas un Philippe Lucas. Je suis dans la pulsion, l'intuition, pas l'impulsion. L'impulsivité parfois.
Allez, après les phrases toutes faites, un truisme, c'est la fête : mes limites, je les connaîtrais quand je les aurais atteintes. Mais comme je prends les choses à l'endroit, je ne commence pas par elles. Je commence, à tâtons, du bout des doigts et des tétons à apprendre le corps de l'autre et lui faire habiter le mien. De là, de ces hésitations entre chair et cuir, lèvres et liens, les limites, elles sont comme la ligne d'horizon.
Je suis aussi incapable de dire quelles sont mes limites que de toucher l'horizon, même les jours d'arc-en-ciel.
vendredi 2 janvier 2009 / 8 grains de sel
MA connivence. Tu as besoin que je te l'exprime, affirme, surligne, assure... Tu attends mon approbation de tes pulsions. Tu souhaites mon aval sur ton emprise. Tu veux la certitude de ma reddition sans condition. Pour que tu puisses me lier, je dois briser tes chaînes.
Alors, je te dis combien j'ai envie d'être ton jouet, ta poupée, languide comme un rêve de nécrophile, jouissant intérieurement de cette passivité comme tu ne peux même pas l'imaginer, comme quand on fait l'école buissonnière et qu'on a la double joie de la liberté tout court et de la liberté volée. Je me délecte de ton ravissement évident tout autant que de cacher le mien, jusqu'à ce que, torturée par tes aiguillons caressants ou cinglants, dolente de trop de plaisir, heureuse de tant de douleur, je commence à réagir, à bondir, à fuir malgré moi. Comme si des ressorts invisibles et des moteurs cachés se déclenchaient sous tes assauts.
Je ne suis pas ta victime, je suis ta complice.
Je ne me décrète pas marionnette pour te plaire, j'en rêvais bien avant de te connaître.
Alors, rasséréné, tu m'appelles Poupée, et tu acceptes enfin ce que tu appelles ton scandale et mon obscénité. Tu es un peu tragique, je suis très joyeuse. J'ai envie de t'inciter à aborder à mon corps offert (et non pas défendant) les rives heureuses d'un SM vivant et exultant, avec de vrais cris, de vraies marques, de vraies suppliques. Et les rires de bonheur de notre complétude.
Alors enfin, tu peux me dire, dans un sourire doux
Ma soeur chérie je veux t'utiliser pour mon bon plaisir jusqu'à l'exploitation et ensuite venir observer, attentif et étonné, le résultat dans tes yeux, dans tes cuisses et sur tout ton corps de cette singulière mise en relation.
dimanche 7 décembre 2008 / 6 grains de sel
NOS festins sont mes fesses teintes.
Tu me bats amour, mon dos lacéré adosse ta conviction.
Je pleure pour étancher ta soif.
Ma peau brûle de ton feu intérieur.
Mes rougeurs t'éclairent et t'allument.
Mes cris et mes suppliques te nourrissent.
Nos sabbats sont des balthazars.
Mes marques sont celles de ton affection.
Tes mots sont mes onguents réparateurs.
Tu n'as pas peur des mots, je n'ai pas peur des maux, rimons ensemble, sans oublier d'en rire, comme des enfants pas sages, des ados sauvages. Dans notre outre-monde, univers d'outrance, nous sommes les animaux rois d'une jungle où je t'autorise à jongler avec mon corps.
jeudi 27 novembre 2008 / 10 grains de sel
LES parfumeries à succursales multiples ont le chic pour jouer des codes.
Et non pas des digicodes, puisque c'est une clé chauffée au rouge brillante comme son rubis qui invite à décliner des plaisirs pivoines.
La clé, tout est là.
Je ne suis qu'une serrure. Une serrure dont les ressorts semblent sans cesse en mouvement tant que je ne sais pas les appréhender, tant je ne peux en donner la combinaison, tant personne ne semble pouvoir en trouver la clé.
Passent des hommes qui ne font pas cherrer la bobinette malgré leur souci de ferrer la môminette. Pourquoi pas eux ? Point ne le sais. La vibration n'est pas au rendez-vous, l'onde ne passe pas. Ça ne résonne pas, il n'y a pas de raison.
Un jour, il arrive comme un fol axiome. Mes mots sont dans ses pensées. Ses pensées, je les ai mises en mots avant qu'il ne me les confie. On vogue, euphoriques et incrédules, sur une même vague, en attendant de pouvoir enfin trouver nos désaccords, pour jouer et jouter dans un bras de fer verbal et des éclats de voix.
D'ici là, les deux enfants uniques pourront ensemble commettre l'inceste fraternel rêvé depuis toujours.
Frappe-moi comme si j'étais ta soeur. Baise-moi comme si j'étais ta soeur. Ainsi traitée, je deviendrai vraiment ta soeur, unie à toi dans et par les cris et le foutre.
Je rougirai de plaisir, pas de honte.
mardi 25 novembre 2008 / 3 grains de sel
J'AI fait mentir mon nom de guerre : j'ai rangé ma bibliothèque. C'était un sacré bazar, il faut le reconnaître. Doublé d'un nid à poussière. Trois lombaires au champ d'honneur et la surprise de découvrir mon nez toujours en place malgré des éternuements dignes de la saison des foins plus tard, tomba ma récompense.
Sous la forme de la page 245, une reproduction d'une toile de Molinier, qui essayait de s'échapper d'un petit livre au pâle ocre jaune. Suivie d'un décollement de la 247 : chapitre IV, SADO-MASOCHISME.
Publié en 1971 chez Idées/NRF, il s'agit de l'épuisé Surréalisme et sexualité, de Xavière Gauthier. Je croyais l'avoir prêté, perdu, je l'avais pleuré. Je n'imaginais pas le feuilleter à nouveau.
Ce livre a été essentiel dans ma vie. J'avais presque 17 ans, tous mes fantasmes encore intacts, j'oscillais entre un très précis et douloureux sentiment d'anormalité et un solide sentiment de singularité et d'exception. Ce n'était pas le mouvement féministe qui allait me réconcilier avec cette sexualité tellement différente que personne n'en parlait. La liberté sexuelle n'allait pas jusqu'aux "perversions" (peu de temps avant, faire l'amour sans penser à procréer en était aussi une, de perversion). Et voilà que cette femme, professeure, féministe, militante, abordait, à travers les surréalistes, l'Éros sous toutes ses formes. Bien que j'ai tout lu de la première à la dernière page, certaines parties des 247 et suivantes ont supporté mes masturbations (je n'avais besoin que de lire et de serrer les cuisses, look mom, no hands) quotidiennes.
La croupe frémissante se contractait spasmodiquement.
Et toujours dans le même Desnos
La croupe sonore avait été cinglée par le plat de la main et ses muscles seraient bleus le lendemain.
J'étais fascinée par Luxure, un tableau de Clovis Trouille, et son Dolmancé a affirmé mon goût fétichiste pour les costumes XVIIIe, les costumes masculins.
J'aimais déjà les surréalistes. Ils m'ont aidée à aimer ma sexualité. Je me suis mise à en lire certains en pensant trouver mille et un récits de verges, et j'ai découvert des univers littéraires tellement séduisants.
De ces émois restent des paillettes d'orgasmes et des pages de mots. Et c'est aussi depuis Surréalisme et Sexualité que je sais que sans les mots, les maux ne sont rien.
Je peux faire l'amour comme on fait la guerre. Je peux accepter qu'on me fasse l'amour comme on commet un crime.
Ma madeleine aujourd’hui se prénomme Xavière.
vendredi 21 novembre 2008 / 3 grains de sel
IL n'y a rien de plus délicieux que tendre les verges pour se faire battre.
Sauf peut-être se faire inopinément retourner sur des cuisses solides par un bras rugueux, mais cela n'arrive que dans les rêves.
Tendre les verges, ou quelques roseaux, bambous ou cravache, un peu honteuse parce que tout de même, c'est aussi impudique que, à table, reculer sa chaise et écarter les cuisses en regardant l'homme en face dans les yeux, c'est aussi dévoilant que n'importe quel désir qui se dit, se crie, sans détour.
Tendre les verges, c'est assurer sans susurrer, c'est assumer sans minauder, c'est affirmer sans asservir.
Tendre les verges c'est prendre le risque qu'elles ne soient pas acceptées. Parce que c'est dire à l'autre "Fais-moi ce que je veux".
Il n'y a rien de plus dangereux que tendre les verges pour se faire battre.
samedi 1 novembre 2008 / 3 grains de sel
COMME à chaque fois que je suis over occupée (et préoccupée, cela va généralement ensemble), j'alterne entre le blog de feignasse (souvent truffé de fautes que me corrige aimablement M*** qui insiste pour que je précise qu'il n'est que correcteur et pas corrigeur) et les séances de cinéma.
P*** m'a fait connaître Mr Danger un jour de libido en dessous du niveau de la mer. Une mer moins salée que la morte. Aussitôt, mon désir a fait des bonds. Certes je me serais passée de la blondasse, mais rarement vidéo amateur m'avait fait tel effet. On en trouve d'autres sur le net, mais aucune des filles n'a une aussi jolie coiffure.
jeudi 23 octobre 2008 / 7 grains de sel
En prévision d'une Nuit Blanche (avec des majuscules pour se référer à une manifestation parisienne, et je ne vais pas m'excuser d'habiter la capitale), parce que les photos sont belles dans leur euphémisme, pour la voix grave à souhait du chanteur, avec un petit rien de son à la Kat Onoma. Et par flemme, as usual.
Et pour que reviennent les désirs.
samedi 4 octobre 2008 / 2 grains de sel
IL m'est arrivé, à leur demande, de m'asseoir sur le visage de mes partenaires, fussent-ils dominateurs. Pour un 69 bête comme chou ou parfois, juste comme ça. Comme le plaisir me rend un peu tulipe, molle, penchée, je finissais toujours par perdre l'attitude d'assise triomphante qui fait les facesittings réussis (je ne savais même pas un temps que c'était un fétichisme particulier).
En cherchant dans Google ce synonyme de face-sitting dont m'avait parlé F***, queening, voilà (et même kinging, vive les néologismes), je croise des bribes d'annonces (je n'ai pas visité les sites, j'ai juste parcouru les résultats).
j'adore le face sitting,surtout quand c une femme ronde qui s'asseois sur ma face.
Tandis que Wikipedia france me rappelle Otto Rank.
Cette pratique est aussi très présente chez les Fat Admirers (amateurs de femmes corpulentes), qui y recherchent soit une sensation d’écrasement extrême, soit une forme d’humiliation. Et surtout un désir de retour au ventre maternel.
Le livre (publié chez United Dead Artists) qui regroupe des dessins d'Harukawa Namio s'appelle Callipyge. C'est sans doute plus vendeur que stéatopyge, qui caractérise pourtant ces dames aux fesses considérables et à l'opulence généreuse.
Impressionnantes comme les bobonnes bonbonnes de Dubout qui toise et écrasent leur petit mari, hypersexuées comme les pépées poitrinaires de Pichard, elles pratiquent le face sitting avec une imagination débordante et pourraient casser entre leurs fesses la tête de leurs esclaves comme une modeste noisette.
Ce n'est pas du tout ma came, mais alors pas du tout (dominer les hommes à grands coups de cul et de chatte), et pourtant, ces dessins me ravissent. Par la voluptueuse sensualité de ces énormes femmes, par leur plaisir malicieux, par leur corps hors-norme.
J'imagine leur orgasme, à leur image, tellurique.
vendredi 26 septembre 2008 / Un grain de sel
JE n'en avais pas vue depuis longtemps. Sauf parfois, en passant dans des arrondissements conservateurs où il y a encore des soeurs Papin bonnes, suspendues à la devanture des drogueries, mais de là à descendre de vélo... Alors, tandis qu'elle trônait en compagnie d'une douzaine d'autres, dans un magasin où je faisais des courses, je l'ai achetée. Je ne suis pas bien sûre qu'elle fasse beaucoup d'usage.
La dernière, et la première aussi pour cet usage, un peu plus fine, n'avait pas tenu cinq coups, cassée nette. C'était quelque part dans les années 90. Je ne pense pas que le marché de la tapette à tapis en osier se soit amélioré et bonifié. Pourtant, c'est le meilleur remède contre les acariens. Secouer les couettes, les oreillers, battre les tapis. Et la moquette ? On l'éradique. Ou on la fume. Revenons à nos moutons, enfin, non, justement, ce n'est pas pour les moutons. Mais pour mon croupion.
H*** qui avait du biceps, du triceps et du deltoïde n'a fait qu'une brève volée de la tapette numéro 1.
Je ne sais pas encore qui usera de la numéro 2 ni si le manche (un peu tordu) tiendra bien l'homme.
Mais j'aimerai qu'en souvenir de cette enfance où je m'imaginais solidement arrimée à la grille pivotante du jardin, près de l'escalier qui menait à la buanderie, à la place des tapis que l'on battait alors, avec ardeur, je puisse rougir à loisir sous l'osier tressé, et garder quelques jours des marques de bretzel sur les brioches.
samedi 20 septembre 2008 / 3 grains de sel
POUR ceux qui regrettaient (grains de sel d'un billet flemmard) l'absence de scènes de flagellation dans les films mainstream, Inju (que je considère comme grand public puisqu'élu "film Inter" après sa présentation à la Mostra de Venise et ayant droit à ce titre à des spots de pub répétés) vient réparer ce manque.
Inju, c'est un Barbet Schroeder (d'après Edogawa Ranpo), et de la part de l'auteur de Maîtresse, ce Soumise ne vient ni par hasard ni par surprise. Je m'abstiens délibérément de toute critique de ce film, pour décontextualiser "la" scène, et ne parler que d'elle. Ou plutôt des scènes, puisque ce n'est pas celle de flagellation qui m'a le plus troublée
Or donc une femme, aponaise, et qui plus est, une geiko (ainsi qu'on appelle les geishas à Kyōto), suspendue par chevilles et poignets au-dessus d'une table massive que son ventre plat effleure à peine, gagballée et fouettée avec une sévérité qui ne tient pas du grand guignol (car au cinéma, les quelques références au sm tiennent souvent plus du grotesque que du sensuel, de l'érotique ou du réaliste). Schroeder, qui n'a jamais caché sa fascination pour le sadomasochisme, profite visiblement de ce que l'action se déroule au Japon pour adopter l'attitude décomplexée qui convient au lieu. Le plaisir de la jeune femme n'est pas non plus masqué, et elle engueulerait presque son "sauveur" qui interrompt la séance.
À mes yeux, la scène la plus troublante se situe en amont, quand face à Benoît Magimel, Lika Minamoto saisit une longue corde noire qu'elle noue à son poignet (son regard coulé est d'une éloquence excitante), avant de la passer à un premier anneau, puis un second, astucieusement placés derrière la tête du lit, et d'enfin d'enserrer son poignet libre avec l'extrémité. S'allongeant alors, elle attrape la corde entre les deux anneaux, la remet à son amant qui comprend qu'il lui suffit de tirer pour désarticuler sa poupée, pour étirer déraisonnablement son amante.
C'est simple, peu banal, c'est typiquement masochiste, je t'apprends à me faire mal, à jouer avec moi, je prends le contrôle, pour que tu me le fasses perdre.
jeudi 4 septembre 2008 / 2 grains de sel
CETTE image me fascine.
Je me demande pourquoi. Je ne supporte pas plus les cols roulés qu'une main sur ma gorge. Parfois, je suis sur le point d'arracher mon collier, une chaîne et son charm made in Tiffany's.
En la regardant, je sens le contact râpeux de la corde.
Je passe ma main sur mon cou, caressante pour l'adoucir. Je suis étonnée de ne pas sentir sous mes doigts l'empreinte du chanvre dont l'odeur brute m'envahit.
Je pense aux femmes dites girafes qui m'inquiétaient quand j'étais enfant.
Ce n'est pas un livre d'ethnologie là, ni l'exploitation touristique d'une tribu, mais une image fetish. Doublement. Contrainte, déformation. Dérangeante, attirante.
Accepter de souffrir pour l'art.
L'art comme jouissance.
Le bel alibi, aussi. (Cette bouche pulpeuse si sereine.)
vendredi 29 août 2008 / 2 grains de sel
DU dragée à la cerise, de courbes en rondeurs, du pneumastique à l'élastique, de tam-tam en courroies, voilà qui donne envie de confier ses ballons à des mains joueuses et expertes, et aussi dures pour colorier, douces pour ne pas abimer, métronomées pour donner le tempo, rythmées pour produire de la musique, sportives pour les services volées, audacieuses pour jouer à plus qu'à la balle, investigatrices pour n'avoir pas peur des failles, rebondissantes pour remettre cela, plébéiennes pour froisser, peintresses pour talocher, boulangères pour pétrir, osées pour aller de l'avant, étrangères pour dépasser les frontières, nouvelles pour aborder l'automne avec des couleurs rousses.
Entre autres.
samedi 23 août 2008 / 2 grains de sel
AUJOURD'HUI, du Canada à la Chine en passant par le Groeland, il y a une éclipse totale de soleil. Je me souviens de 1999, du froid saisissant qui m'a donné la chair de poulette tandis le soleil disparaissait progressivement, j'avais pensé aux lunettes, pas à la petite laine.
J'aimerais que nous partions un jour pour une autre éclipse, et que l'on trouve un coin aussi tranquille que celui qui nous accueillit alors, mes amis et moi. Mais là, nous ne serions que deux.
Au premier croissant d'éclipse, tu me déshabillerais.
Au deuxième, tu promènerais une main caressante sur ma peau frissonnante.
Au troisième, ta main se ferait claquante.
Au quatrième, tes doigts joueraient les filles de l'air dans mes puits.
Au cinquième, tu déferais ta ceinture.
À mi-course, ma bouche se ferait lune et ta queue soleil
Au septième, ta ceinture se transformera en lanière sifflante.
Au huitième, mes reins rougeoiront tel un couchant sans nuages.
Au neuvième, tu dessineras des planètes bleues au plus délicat de mes cuisses, au plus rond de mes hanches.
Au dixième, je fixerais tes pupilles d'ébène de mes yeux mouillés.
Au onzième, je ne saurais comment me défaire de tes brûlures.
Quand les deux disques se superposeront, seule ma plainte enchantée crèvera le silence sombre.
vendredi 1 août 2008 / 2 grains de sel
ÊTRE attachée, c'est épuisant.
Je lutte contre ces liens qui m'empêchent de te toucher, de me toucher, de me mouvoir. Mais pas de m'émouvoir.
Je peste contre ces cordes qui me râpent, m'écorchent, m'obligent à me soumettre. Pourtant, elles sont mon bel alibi.
Je mords mon mors, mes dents sont devenues de lait, mes muscles sont courbatus, ma révolte ne gronde plus.
Je suis à bout, pas tabou et prête à tout.
dimanche 22 juin 2008 / 4 grains de sel
C'EST en voyant ce genre d'images que je sais pourquoi je tiens tellement à posséder un lit à barreaux, même si avec des poutres, ça fera très très donjon comme chambre à coucher.
Pour quiconque tutoie un peu le bdsm, ce genre de lit, ce lit de genre barbare, est la chose la plus érotique qui se puisse trouver. Même quand on y dort seul, il est doux d'agripper l'une des barres de métal, y laisser sa main et espérer les rêves orientés dont le laiton voudra bien se faire l'émissaire.
Si par hasard, un innocent vanille passe par ces draps, et qu'un foulard entortillé dans une volute attire son regard, il saura peut-être quoi en faire (l'une des options étant qu'il propose sa cravate pour que sef aire attacher l'autre bras, découvrant l'envie voluptueuse de se faire chevaucher sans défense, en pacha, potent mais impuissant, ce qui n'était pas mon idée initiale, mais c'est le jeu).
Mais si c'était toi, prévenu, imaginatif, marin malin, fer friendly, je frémirais comme jamais quand ta main se posera sur ma cheville. Je suspendrais mon pouls pour que cet instant si fragile, si ténu, s'étire et que chacun de mes sens s'en imprègne comme une éternité de suspens. Ensuite, ça ira vite, trop vite, et je louerais mon lit à barreaux.
Demain, je penserai au baldaquin. Pas tout à la fois. Faire durer le fantasme.
dimanche 25 mai 2008 / 10 grains de sel
SUIS-JE seule à voir ici notre amie l'immarcescible soumise, se branlant comme une petite fille sur son crazy horse, jusqu'à laisser au sol une flaque de ses humeurs intimes (que je me garderai de nommer cyprine), dont elle glissera quelques gouttes derrière le lobe, comme si c'était du champagne.
La gaine ne fait plus scandale et les ligues de vertu étaient trop occupés à enquiquiner une marque de matelas qui avait eu l'heur, parmi cinq affiches, d'en imaginer une avec deux hommes lovés l'un à l'autre en plein sommeil, pour s'offusquer de cet explicite jusqu'au risible spot porno-chiquissime de David LaChapelle.
Uro, masturbation, sm, femme fontaine, n'en jetez plus !
Bada bing bada boum, piece of cake for sure, et la musique donne certes envie de s'élancer et de chevaucher un étalon, à condition que celui-ci tienne la cravache. Et ne fonde pas trop vite.
dimanche 11 mai 2008 / 7 grains de sel
JE voulais, pour signaler la remise en forme (et en formes) des dessins de Waldo sur le site de Karen, en choisir une.
J'y suis depuis hier soir. Je n'arrive pas à me décider. Il y a celles qui me rappellent des souvenirs, fesses zébrées comme un problème de géométrie, pattes en l'air d'oiselle épinglée et plumée, escapades champêtres de pas sainte y touche. Il y en a d'autres qui me donnent envie de ne faire, en sueur, qu'un avec un cheval d'arçon, d'être fouettée au pilori, de passer de mains en mains.
C'est qu'il y en a 600, tout rond, bien rangée, tellement évocatrices, avec toutes les nuances du rouge, même celles qu'on ne connaissait pas.
On dit que choisir c'est renoncer. En voici une, au plaisir de ne jamais renoncer.
vendredi 9 mai 2008 / 7 grains de sel
FAIS-MOI un plan-séquence, très long, très lent, en noir et lumière.
Pas besoin de motel, ni de caméra. Juste tes mains, tes doigts, des bougies, une bougie.
On est chez moi.
Ou chez toi.
On a froid, tous les deux.
Il faut que ça chauffe, comme au Mexique (ou à Venice, en vérité).
Impressionne mon corps, improvise, double les prises, de judo ou de vilain.
Les jours rallongent, on en prendra quarante s'il le faut.
Vole mon plaisir comme tu as kidnappé mon désir.
Zoome en moi, et qu'importe la focale.
Tes coups sont cut, tu me fais contre-champ, mon chant est diégétique
Tu m'enchaînes et je fonds.
Le festival de cannes va commencer, je vois des flashes à chaque coup, ce n'est pas le tapis qui est rouge.
Je te remercie.
samedi 3 mai 2008 / 2 grains de sel
LA première mi-temps était terminée. La seconde ne commencerait pas avant que nous n'ayons dîné.
J'étais étourdie de trop d'euphorie, engourdie de trop de folies.
Tandis que je m'habillais, chaque pas me rappelait à quel point il avait été très exactement dur, tellement méticuleusement dur que c'en aurait été effrayant si cela ne me faisait pas jouir au point que je ne puisse penser à autre chose qu'à recommencer.
Justement, j'y pensais.
Comme si je ne pouvais pas attendre deux heures avant qu'il ne torture ma chair meurtrie. Alors, je me suis rapprochée de lui, la main sur l'ourlet de ma jupe, l'autre sur son épaule, et ma bouche à son oreille, j'ai réclamé à mi-voix une fessée, juste une fessée, sur ses genoux, à main nue.
One for the road, please.
L'air amusé, il a accepté sans mégoter, à peine un sourcil levé.
Jupe remontée, culotte baissée, le front sur son mollet, l'escarpin arrimé, je savourais l'inconfortable position.
Le premier coup s'est chargé de me rappeler que j'avais été totalement déraisonnable. J'étais déjà très cuite, sensible comme si ma peau avait été passée à l'émeri et mes muscles à l'orgue de barbarie. La gourmandise est un vilain défaut martelait sa main. Preste, leste. La jupe était froissée, les souliers envolés, la culotte déchirée, mes cuisses immobilisées, mes bras impuissants.
J'ai demandé grâce, en vain.
Une dérouillée, voilà ce qu'il m'infligeait. Avec une joie que j'avais de plus en plus de mal à partager.
Il ne s'est arrêté que quand mes sanglots ont bouillonné.
J'avais espéré un petit post-scriptum au premier round, un apéro au second, une de ces fessées entrelacées de caresses, un petit jeu coquin comme des points de suspension, mi-figue mi-raisin, sucré salé, ni fugue ni raison, doux comme un rêve humide, piquant comme du piment, mais d'Espelette. Une mignardise.
Mais il n'était pas du genre mignon, les demi-mesures étaient ce qu'il abbhorait le plus, alors il m'a prise à mon propre jeu.
Et je l'ai aimé follement pour cela.
mercredi 23 avril 2008 / 3 grains de sel
PARFOIS, je me sens double, comme si une partie de moi s'excentrait un peu, drôle de vertige désagréable, perte de point. Je suis une et deux, pas schizo, non, en écho qui ne résonne ni ne raisonne.
Alors, je te demande d'allumer une bougie et de me redessiner, une et une seule. Le feu qui me contoure et me cerne me réunit, ramène le sosie fugueur au giron. Monos à nouveau, je peux t'aimer.
Souvent, je me rencogne au fond de moi, dans un tréfonds planqué, une cave intime, inaccessible, ma peau, mes muscles, mes entrailles comme armure, pire qu'un mur. Plus rien ne m'atteint, ni les cris, ni les mots, surtout pas les sourires.
Alors, je me livre à tes coups, et ce n'est (presque) plus du jeu. Les outrages des lanières font tomber lentement les barrières. L'enfant effrayé s'apprivoise et se déterre de sa cachette pour que tu puisses le bercer.
Il y a des soirs, pas forcément de pleine lune, où je sors de moi, sorcière vociférante et éructante, méduse mal embouchée, toute de douleur et de haine. Le dos gros, les cheveux en bataille, les ongles menaçants.
Alors, tu m'entoures de cordes et d'affection, m'attachant étroitement en silence avec une immense patience. Tu bouches mes yeux, réunis mes poignets, fait jaillir mes seins, sépare mes lèvres, affine ma taille, arrondit ma croupe. Ainsi contenue, je te laisse m'aimer.
dimanche 13 avril 2008 / 3 grains de sel
À peine entré, les politesses d'usage épuisées, alors qu'il me suivait, il a posé une main sur mon épaule pour m'arrêter, a repoussé ma joue alors que je me retournais pour l'interroger, et m'a bandé les yeux.
C'est relaxant, d'avoir les yeux bandés, un premier pas en aveugle vers l'abandon. Un genou se dérobe.
Ses mains ont parcouru ma géographie, de plus en plus exploratrices, de moins en moins légères. Comme si lui aussi était aveuglé et n'avait que ses doigts pour faire ma connaissance.
C'est traquant, des mains comme ça, quand l'ami devient maquignon, l'interlocuteur consommateur. Et mateur. Chair de poule.
Plus rude, il me bouscule, me bascule. Cul, sur le bras du canapé, plus haut que tête, dans les coussins. D'un bras l'autre, le sien, pas si gauche, appuyé en L3 tandis que le dextre adroit glisse le long des cuisses pour me découvrir.
C'est délicieux, ce moment, une sorte d'heure bleue du bdsm, celui du juste avant le premier clair de peau. Pur suspense.
Offensif, il attaque, une main, ou deux, je ne sais, c'est comme la grêle, ça pique, ça bruite. Les paumes deviennent battoirs, lourdes, ça chauffe, ça cuit.
C'est voluptueux, le corps se retrouve en pays de connaissance, imprimé des coups, mu, ému, remué, agité. Chaleur.
Il me posture, s'impose, en impose, m'impose non seulement ses mains, mais sa loi. Côté pile, à poil, angle droit, cambrée, pieds écartés. Il faut compter, ne pas discuter, peut-être pleurer, ne pas mendier ou ce sera à payer.
C'est paradoxal, le corps dit prêt, oui, je me soumets, j'en voudrais plus, mais il se raidit, plie, crie. Encore. Plus fort. Un garçon et l'addition. C'est très bon.
Il me colle, me fouille, me retourne, me tient par les seins, pas seulement le bout des, me fait bouillir, déjà rôtie, m'en bouche un coin, deux, trois. Côté face, il repasse.
C'est fatal, je ne sais plus ce qui fait bien, ce qui fait mal, ce qui est sueur ou pleurs, j'ai des rayures et des griffures, des bosses, mais pas de plaies. Du plaisir.
Il a pris mon pied...
lundi 7 avril 2008 / 3 grains de sel
PRENDRE, juste prendre.
Donner peut-être, j'espère, mais je n'ai pas envie de m'en préoccuper, en creux, par rebonds, malgré soi, parce que l'autre se sert, parce qu'il trouve son compte.
Pas de parité, du partage évidemment, mais essentiellement de l'égoïsme. Forcené.
Attachée ou pas, cela m'est égal. Ce qui compte, c'est de recevoir. Tout ce qui m'a manqué depuis des semaines, des mois, des années.
T'oublier comme je m'oublie aussi, n'être que peau et muscles, cyprine et larmes, nerfs et cordes vocales.
Ne pas t'entendre, juste te sentir.
Ne pas te parler, éventuellement te supplier.
Être bâillonnée, qu'importe.
Les yeux bandés ou pas, ils seront fermés.
Prendre, juste prendre, prendre avec insatiabilité, prendre jusqu'à ce que chair se fende.
Confortablement offerte, lovée, nichée, encocoonée.
Durement fouettée, cravachée, dilatée, pincée.
Délicatement caressée, sucée, léchée, bue, embrassée, entourée, câlinée.
N'existent plus que tes lèvres, tes doigts, tes dents, tes poings... ta queue si tu y tiens. Aujourd'hui, je saurais m'en passer. Demain aussi d'ailleurs. Parce que demain, il y aura une suite, à l'identique, sur mon corps meurtri.
Je n'aurais aucune attention, je veux qu'elles soient toutes pour moi.
Je suis un objet, c'est-à-dire une machine, à jouissance.
C'est moi qui jouis.
C'est toi qui me fais jouir.
Il faudra que tu t'en contentes.
Ensuite, je n'aurais toujours pas ouvert les yeux, je m'endormirais au creux de toi, sous ta bienfaisante protection, comme dans un ventre. Si tu veux te branler sur mes reins, ne me réveille pas.
vendredi 14 mars 2008 / 12 grains de sel
JE regardais une comédie américaine des années trente, peu importe le titre, ou les acteurs, ou le scénario. C'était une de ces comédies bâties sur le même patron, lui séducteur presque sur le retour (45 ans de l'époque, faut penser en anciens francs genre), elle quasi-suffragette donc vieille fille (30 ans à tout casser). Dès la première séquence, ils se chicorent. Alors, le spectateur se carre confortablement dans son fauteuil parce qu'il sait qu'ils sont en train de tomber amoureux comme on disait alors pour parler de désir charnel.
Et puis, à mi-film, ils dansent ensemble, malgré. Il a posé une main sur sa taille, l'autre à plat sur sa paume, comme font les prisonniers et leurs femmes à travers la vitre des parloirs. Close-up sur ces mains. Il plie la sienne, enserre ses doigts. La magie a eu lieu, les corps se sont reconnus, les peaux se sont aimantées, les phéromones ont taillé une de ces discrètes bavettes dont elles ont le secret.
Dans l'électricité tellurique de ce geste ténu, il y a l'ouvrage de la séduction.
Quelques heures après, en retournant sur les terres qu'on espère giboyeuses de mon tchat habituel, j'ai encore rajouté des bricoles, en deux temps, à mon annonce.
Voilà en fait ce qui manque aux tchats sm, c'est la séduction (cela dit, je ne sais pas ce qui se passe sur les autres, sans doute la même chose). La partie mes-phéromones-téléphonent-à-tes-phéromones et ma-bouche-a-soudain-envie-de-baiser-l'intérieur-de-ton-poignet est évidemment shuntée par la forme même, virtuelle. Ce pourrait avoir lieu lors d'une rencontre, sauf que pour certains, faut pas déconner, on est pas là pour ça, ça étant séduire, évidemment. Il semble que l'on soit plus dans la mathématique que dans la rhétorique. Et puis 1+1 = je te vois dans l'heure est nettement plus fainéant compatible que titillons-nous, jouons au chat et à la souris, créons le désir.
Le désir, bordel !
(spécial dédicace à J*** qui sait ce que signifie avoir envie d'un cou(p) pour nicher son nez)
lundi 3 mars 2008 / 14 grains de sel
TU penses que les courbes attirent plus coups et caresses que les mornes plaines qu'on aurait juste envie de fesser.
Je suis de l'avis contraire, je pense qu'un corps androgyne aux frêles os si proches de la peau appelle un toucher plein de tact, un frôlement de plume, des chatouilles d'aigrette, tandis que des géographies plus joufflues réclament de la pogne, de la poigne, du pétrissage.
En fait, tu rêves, mais tu ne sais pas.
Tu as vu bien des films, lu encore plus de livres, plus que moi qui n'en connais presque pas, mais qui vis cela, cahin-caha, depuis toujours.
Parfois, tu passes dans ma rue, et tu regardes par le trou de la serrure, puis tu t'éloignes, tu t'interdis comme si j'étais un casino (et tu peux prendre l'acception italienne).
On s'est enfin parlé dans un éclat de rire, pour tout à fait autre chose, on a fini par se croiser et se crocher. Aux antipodes du bdsm. Mais avec moi, mais avec toi, on y revient toujours. Surtout avec moi.
photo Erospainter
Je t'explique que coups et caresses, comme pleins et déliés, les creux et les monts, c'est la même chose. Seule change l'intensité. La main se lève, et retombe. Vitesse, force, appui. Les neuf queues du chat caressent aussi bien que dix doigts et font vibrer un corps comme un violon en quête de maître. Deux doigts froissent un téton jusqu'à le rendre cliton ou le pincent dans un tour cruel. Et ainsi avec un foulard de soie, une cravache, la mèche ou le manche du fouet, les lèvres et les dents.
Du moment qu'il y a un homme et une femme, un Adam et une Eve qui ont envie de faire un chemin sensuel en oubliant le divan, le ça et les autres. En apprivoisant l'enfer qui en vérité est le seul paradis sur terre qui se puisse trouver.
Laisse aller, c'est une valse, à mille temps au moins, et ce soir on improvise.
Je me demandais ce qui te ferait plaisir pour ton anniversaire. Je te l'ai demandé en espérant la réponse. Un rendez-vous. A date.
Avec plaisir.
Et c'est en rougissant que je t'écris qu'au cours de ce rendez-vous, au long cours j'espère, tu auras carte blanche. Ce pourra être du thé vert ou des bleus en forme de main. Ou ce qui te siéra. Sans boîte ni bolduc, je m'offre.
mardi 26 février 2008 / 5 grains de sel
IL a monté le chauffage pour que je n'aie pas froid. Au bout de quelques minutes, j'en avais presque oublié que j'étais attachée nue sur la banquette neuve, faisant corps avec celle-ci, mes seins et mon ventre confondus avec le cuir cramoisi, membres solidement joints aux quatre jambes du meuble. Je ne pouvais que bouger la tête pour parfois apercevoir ses cuisses. Et puis plus rien, juste l'habituel plancher et les meubles autour. Tandis qu'esseulée et préférant mille fois la pire correction à son inattention, Sibelius étirait les accords de Tapiola dans ma tête, il a mis du Stravinski assez fort, opéra de feu pour un duo volcanique.
Je l'ai tout de même entendu s'approcher, étoile de Diaghilev qui s'échauffe, jouer des deux cravaches comme un dompteur jongleur en coulisse, déployer au lancer les lanières des floggers qui sifflent plus de trois fois, étouffer la percussion des battoirs sur sa cuisse capitonnée de tweed.
Il a ensuite joué doucement avec mes sens. J'ai respiré le cuir, écouté le latex, regardé le bois, léché sa main, frotté mon visage à son entrecuisse. J'ai frissonné, non pas de froid ou de crainte, mais sous les caresses trop exquises. J'ai ronronné sous ses attentions, j'ai essayé d'onduler aussi, mais il m'avait trop bien associé à sa dernière trouvaille, ce banc kitsch, ni de piano, ni d'enfant, un truc de chez Drouot qui aurait pu venir de chez Roméo, des dorures pour une roulure, mais qui était parfaitement à ma taille.
Sans sommation, la cajolerie attendue a traversé mon dos comme un éclair sanglant. D'une omoplate au rein opposé, c'était comme si tous mes sens étaient sortis de leur domestiquage. Des larmes dans mes yeux, un haro de bête, un sursaut qui a entraîné le banc, et une première tache sur le cuir. Pourtant, j'avais souvent eu plus mal. Mais pas depuis longtemps. Ou alors, le déferlement des caresses habiles m'avait ramollie pour que le pain n'en cuise que plus.
Tandis que mon côté face collait, tout en sueur de peur et de douleur, au petit banc, mon verso prenait la couleur du cuir. Ambidextre et sans pitié, il variait l'intensité et la cible de ses coups. J'avais l'impression, pourtant plus immobile qu'une gisante, de tournoyer dans mon corps, d'être un Picasso, la nuque à la place du mollet, de ne plus m'appartenir, mais d'être une nouvelle personne de cabosses et de bosses qu'il sculptait selon ses envies, sans soucis de mes pleurs, les apaisant parfois de baisers mouillés eux aussi, buvant mes larmes pour lécher mes plaies d'embrassades salées, m'offrant des jouissances en entracte, forçant ma bouche tout en la faisant taire.
Quand il n'en eut plus la force, ni l'envie, ou qu'il a senti que j'étais aussi à bout et qu'il me fallait quelque récréation, il m'a détachée, mais en lieu du cocon de son corps, il m'a conduite par les cheveux, fiévreuse de sa correction et la peau portant fort et net la signature de l'heure qui venait de passer, de l'autre côté de la baie vitrée, sous l'averse. Indifférent à mes poings qui cognaient au carreau, sachant que la pudeur m'interdisait de m'éloigner ne serait que de cinquante centimètres pour trouver un pauvre abri, me regardant en souriant.
Quand il se déciderait à me laisser rentrer, ce serait évidemment pour me réchauffer. Recto.
dimanche 24 février 2008 / 3 grains de sel
L'AVANTAGE de vivre seule et de refuser toute forme de concucohabitation, c'est que non seulement on peut garer ses seins les soirs de saint va-t-en 'tain, mais encore que quand le désir nie, cela reste entre soi et soi.
Comment font-elles, les soumises à temps plein ou les expertes des relations longues distances quand un 15 février, sans même une migraine ou des menstrues, elles n'ont pas envie. Pas envie qu'une main les effleure, pas envie d'engloutir un sexe égoïste (les sexes, quelque soit le leur, de sexe, sont toujours égoïstes), pas envie de frémir à la vue d'un battoir, de mouiller au premier sifflet du bullwhip. Même pas envie de faire semblant, de dire que oui, je suis ta chose, ta miss Piggy, oui j'aime ça, la cravache et les crachats, les coups fourrés et le cou étranglé, encore, plus vite (surtout plus vite, qu'on en finisse et rapido).
Le non-désir, ça se raconte comment ? À l'autre, mais aussi à soi ? Ça s'écrit avec quels mots ? Ça se parle avec quels trémolos ?
Dire j'ai le non-désir de toi, et de toi aussi, et de toi encore. Pas juste de toi, donc. Mais de toi quand même.
J'ai le désir d'avoir du désir, pourtant, mais le désir n'est pas au rendez-vous.
R*** m'envoie une photo. Ses débuts, non pas en photo, mais dans cet érotisme qui est le mien (et celui de quelques autres). On en parle. Le dé pointe son museau, le sir à failli suivre. Un soupçon d'identification, d'envie de cet abandon, de ce presque sommeil. Il a su capter que le SM n'était pas qu'une gymnastique à visée orgasmique. Mais un moyen de transport érotique.
Je n'ai pas choisi le SM, il m'a choisie. On va dire comme ça. Sans le vouloir, j'étais tombée dans des pratiques qui promettaient (et tenaient) une sexualité pyrotechnique, des jeux longs et lents, un rollercoaster de préliminaires tellement plus intéressants que la conclusion, quand bien même, ce point d'orgue qui met sur le flanc, n'est pas sans mérites. D'ailleurs, ces coups et caresses me convenaient si bien que la pénétration m'a longtemps indifférée. Jusqu'au jour où je ne l'ai pas été, tout le temps de ma liaison avec H***. Depuis, j'ai besoin de me faire fourrer, bourrer, de m'imaginer comme ce flipper où je jouais jeune fille, avec les ouvriers de l'imprimerie d'à côté, et aussi les déménageurs d'en face, et dont les mouvements de bassin violents et sans équivoque resteront dans mon panthéon des fantasmes anciens.
L'un de ceux-là, qui m'ayant acceptée dans leur cercle (on dépensait en général une seule pièce pour jouer pendant les deux heures de la pause prandiale, c'est dire qu'on était bons et qu'on avait aussi du bol à la loterie) avaient oublié que j'étais de l'autre sexe, ou un autre, mais doté du bon déhanché de pelvis et d'une paire de pognes mahousses, me ramènerait-il mon désir égaré ? Désir de toi, ou d'un autre, ou d'un plus lointain.
Le SM est-il soluble dans le quotidien et la routine ? Une petite fessée et au lit ! Bondage et branlette, 20 minutes sévices compris. Vite, un orgasme, on ne va pas y passer le réveillon.
Le train-train comme si on avait un train à prendre, merdalors.
Si, justement, on va y passer du temps. Et même du temps, avant le temps. Un petit mot des jours avant. Des promesses la veille. Des injonctions, des murmures. Des longues phrases, des ordres brefs. Comme on ferait un château de sable, on construit le désir du rapport. Pour innerver la peau, pour embraser la tête, pour mouiller les yeux.
Le désir, SM ou pas, est un partenaire exigeant. Il réclame mille attentions, un zeste de mise en scène, quelque chose d'un peu dramatique, des accessoires, de l'imagination, de la conviction. Et alors, comme Boeing Boeing ou La cantatrice chauve, on peut jouer la pièce quelques dizaines d'années. Avec la même chaleur.
Voilà, le non-désir, ça ne se dit pas. C'est comme le non-être. Il faut évoquer l'absent.
J'avais pourtant envie d'écrire sur le non-désir, celui qui ne s'écrit jamais parce que c'est un repoussoir.
Peut-être que pour effleurer mon non-désir, il suffit de ne pas lire ce texte.
(Trop tard)
vendredi 15 février 2008 / 11 grains de sel
TANDIS que certaines rêvent d'être des maikos, j'ai envie d'être un taiko (pas trop gros tout de même).
Surtout quand je vois l'allégresse de ces joueurs, jeunes, énergiques, précis, euphoriques.
Leur art de percuter est sosie de mon heur de recevoir. Dans une joie réelle et sans pareille.
Au coeur de ma chair, au plus lointain des muscles, à la moelle des os, la résonnance se propage depuis ma peau tendue. Des notes graves, profondes, tenues en vagues sur quoi je surfe. Des basses comme un sexe qui se faufile, qui remplit, qui fouille.
Dehors, dedans, je ne sais plus, tout comme je confond les sons et les sensations. Un cul, un coup, un cri, une percussion, un oui, un encore, un écho.
vendredi 1 février 2008 / 2 grains de sel
J'AVAIS un jour, intitulé un billet Maso chic ?, en réaction (comme quoi, la réaction, c'est toujours mauvais, seule vaut l'action) à la parole psychanalytique "posture masochique".
Guère plus avancée sur ma posture (le plus souvent, au propre comme au figuré, dans celle de la dinde qui se fait farcir, croupion frétillant dans un cas, cul désolé dans l'autre, invariablement pointé vers un mâle dominant, un indice, dans le deuxième, il porte des talonnettes et n'a, en ce qui me concerne, aucune ambition sexuelle), je m'aperçois, qu'Utena en soit remerciée, qu'un sex-shop douillet propose des toys (tout de suite, en anglois, ça passe mieux) pour maso-chic.
Il y a bien plus d'un tiret qui me séparer de ce chic-là (le mien n'étant qu'un tribut un peu pitoyable aux jeux de mots à deux balles - JDMA2B - digne des derniers billets Verm'O). Je n'ai jamais été tentée par les menottes gold (encore moins baby rose ou aubergine), même pas pour me rendre à un cocktail mondain histoire d'être ton sur ton avec les chocolats de l'ambassadeur, et les martinets qui ne font presque pas mal m'ennuient.
Moi, je veux avoir mal. Pour de vrai. Bien mal, comme je le dis souvent, et mal bien. J'assume que je puisse, parfois, pleurer de douleur (quand bien même je dois reconnaître qu'à chaque fois que j'ai pleuré, c'était plus par amour, par culpabilité ou une raison tierce, mais jamais par la douleur pure, car personne n'aurait voulu cela, en vérité, pleurer de douleur, c'est bon pour la littérature). Je ne veux pas jouer à faire semblant. J'accepte sans peur ni pudeur de porter les marques de ces jeux dangereux. Je veux haïr, dans un bref éclair, celui dont j'aime les tracas. Je ne sortirai pas de mes gonds, de mes nerfs, de mes muscles, de ma chair, de ma peau, si on me fait juste "un peu" mal. Je n'en serais que rapidement frustrée.
Masochic oui, j'assume la pirouette, mais je ne suis pas maso-chic. Mon masochisme, qui remonte presque à avant le vocabulaire, est indissociable de l'érotisme. Et l'érotisme, ce n'est pas chic (d'ailleurs, le porno-chic est un oxymore). C'est trop vivant, trop grouillant, trop puant, trop mal élevé pour être chic. Ce n'est pas non plus "un peu", mais trop. C'est une affaire d'odeurs, de fluides, de rictus, de borborygmes. Quand j'implore la pitié, ce n'est pas du cinéma, du chiqué, du cliché. Quand je crie, je ne tiens pas la note, je ne fais pas d'harmonie. Quand je me tords, je ne me demande pas si la photo sera bonne. D'ailleurs, on ne fait pas de photos.
samedi 26 janvier 2008 / 6 grains de sel
TU ne me connais pas.
Tu ne connais pas mon corps.
Tu me connais un peu, parce que tu poses beaucoup de questions, auxquelles je réponds volontiers. Nous savons tous les deux qu'il n'y a que les réponses à être indiscrètes.
Tu ne connais de mon corps que cette partie que tu découvres et qui occupe ton champ quand je verse sur tes genoux.
Tes paumes ont ce claquement plein des mains habituées aux arts martiaux, elles ont le sens du rythme et me donnent le tempo.
Je prends la mesure de ton sexe, flèche de silex au gland velours.
Tu connais des brèves parties de mon corps.
Je ne connais qu'à peine de ta chair.
Tu découvres mon dos, mes orteils.
Je caresse ton nombril, ton torse.
Tu m'échauffes, je te liquéfie.
Je suis rouge jusqu'aux joues, dis-tu.
Mes doigts courent dans ta toison.
Ma peau ne t'a pas encore dit grand-chose.
Je cherche ton odeur.
On n'ose, on ose, sans au secours.
Nous sommes nus, allongés côte à côte.
Me connais-tu un peu mieux ?
Que sais-je déjà de toi ?
mardi 22 janvier 2008 / 2 grains de sel
ACCOMPAGNÉE par JM***, intéressé autant que moi par le sujet, nous nous sommes glissés à une heure creuse dans "L'enfer" de la BNF, espérant débusquer cet "Éros au secret" (lequel est sorti du zonzon en 1969, non pas pour cause d'année érotique, mais dans la foulée du décrispement post soixante-huitard et n'est plus qu'une cotation pour faciliter les recherches). L'interdiction, assez exceptionnelle, aux moins de 16 ans, a créé autour de la BN curiosité, effervescence et affluence.
L'affluence, c'est ce qui pouvait arriver de pire, cet enfer en est un, non pas tant en termes de fréquentation (en ce qui me concerne, plus les gens vont dans les musées, quels qu’en soient les thèmes, plus je trouve cela agréable), mais de contemplation.
"L'enfer" demande à être vu de près. Beaucoup d'ouvrages fragiles sous vitrines contre lesquelles il est interdit de se vautrer, et dont la distance gêne autant les myopes que les presbytes (ça fallait quand même le faire !). Des photographies coquinettes format cartes de visite ou des estampes aux détails subtils aux murs.
Le lieu est rose et pourpre, des écrans passent des films cochons du temps du muet, "La religieuse de Diderot" ou "Histoire d'O" (chercher la faute de goût). À côté d'un manuscrit autographe de Sade, une lettre de son fils qui ne sait pas que papa est en prison. Quelques curiosas, on peut les compter sur les doigts de la main, dans une petite baraque, avec au mur (rose) peint en (pourpre) quelques instruments accrochés sans trompe-l'oeil, une tawse qui semble calquée sur un toy en forme de main, une cravache qui a l'air d'un petit fouet et un knout qui ne ressemble à rien.
En fait, c'est une exposition sociétale en trois parties. Les héros, les éditeurs, les écrivains. Une sorte de lecture en creux de la censure. Le temps des éditions closes, des livres factices, des premières de couverture trompeuses.
Je me souviendrai des tampons rouges signalant l'origine du livre, don, saisie, ou inconnu. D'une nonne béate visitée par des diables qui sucent ses doigts de pied, mordent ses seins, ouvrent son sexe ("Le ravissement de soeur Marie-Alacoque" du magnifique Félicien Rops), et dans une encyclopédie érotico-coloniale, d'un missionnaire introduisant profondément sa religion. Des rapports de police sur l'activité des bordels et des horizontales, d'une prime gravure de Dali, du fouet, par un "Traité", présenté comme un aphrodisiaque externe, de l'expression "édition adoucie", tellement plus jolie qu' "édulcorée" (comme le sucre à la saccharine). De deux photos (pas assez) licencieuses de femmes travesties en hommes sur les genoux de leurs compagnons. Et l'envie d'en lire plus de Gaston Vincennes ("L'amour fouetté"), d'en voir plus d'Achille Devéria.
Et puis, en addendum, une correspondance tellement agréable autour, très autour, de cet événement avec E***.
vendredi 4 janvier 2008 / 2 grains de sel
Comme il y a de fortes chances pour que la vie ne soit pas mauve tous les jours en 2008, on en reprendra bien une petite volée.
Chauffe, Marcel !
mercredi 2 janvier 2008 / 2 grains de sel
MAGNANIME et généreux, sachant dans quels âge et lieu de glace je me trouvais, froidure dehors, panne de chauffage dedans, tu as tout laissé choir pour venir me réchauffer.
Tu es arrivé, j'étais au téléphone, un ami s'inquiétait de la température. Je m'apprête à couper en l'informant qu'un ami réchauffeur venait tout exprès en expert de débarquer, pyromane de ma chair. "Tu peux lui dire que tout à l'heure, tu seras proche du coup de soleil".
Descente du sac à malices, ceintures de judo en guise de cordes, à la recherche de l'attache idéale, essais esthétiques, ta moue, mes mains en prière, ma chair de poule, ton sourire moqueur.
Je grelotte. Je suis nue, étirée entre plafond et plancher, pas assez serrée pour ne pas trembler, pas assez bâillonnée pour ne pas maugréer.
Dans ton inaltérable bonne humeur, tu donnes du chat, du fouet, de la badine, tu as les queues allègres, mais mes ronchonnades ne s'arrêtent pas, il m'en faudrait mille ensembles, sur chaque centimètre carré de ma peau, pour remonter mon thermostat rétif. Je renâcle, je rouspète, je n'arrive pas à savourer les coups.
Tu me détaches, je fonce sous la couette en jouant des castagnettes avec les dents, les cuisses et les doigts tandis que tu me contres à pleines mains, pour d'autres percussions moins mesquines. Là commence un jeu entre aïe et toi, rire moi, le chat et la couette, la chatte et tes coups. Tu me découvres, tu claques, je me retourne, m'enfouis, je ris, je crie, tu recommences, tu bisses triples et quadruples, j'expose mes zones les plus fragiles en masquant les plus frileuses. Je sursaute, tu me plaques, je me cache, tu me débusques, j'ai le fou-rire, tu gardes ton sérieux.
J'ai fini par avoir très chaud, j'étais un peu pompette aussi de trop de rigolade.
Comme après un grog. Ou trois.
jeudi 27 décembre 2007 / 2 grains de sel
COMME chaque année, au fur et à mesure qu'on approche de Noël, je me sens agressée, j'ai hâte que cela finisse. La joie factice, le faux faste bling bling, la débauche de triglycérides en vitrine, le gâchis absolu que cela représente me flanque la nausée.
Par chance cette année, une surcharge de travail m'a tenue écartée des prémices de la "fête". Laquelle n'a pas le bon goût de tomber un dimanche, ça ferait du deux en un, allez hop, pesé (lourd), emballé (bolduc), plié (kitsch), et on en parle plus. Il ne restera plus qu'à zapper le Nouvel An, et c'en sera fini, les jours rallongeant, on pensera à l'été en ouvrant les cartes de voeux.
Je n'ai pas envie d'un conte de Noël (je parle de Nicolas et Carla pour faire monter les stats ? Naaaan...). Je n'ai pas envie qu'un géronte mal sapé en surcharge pondérale manifeste s'agite dans ma cheminée. Je n'irai pas chez Mickey chercher le sorcier (contrairement à, non, j'ai dit que je n'en parlerai pas).
Tout au plus aurais-je envie de m'offrir. De me déguiser en cadeau. Passive, offerte, à déballer, du bout des gants au shorty, du chapeau aux babies.
Fermer les yeux, ouvrir la bouche pour accueillir le bâillon. Accepter les poses comme un jouet mécanique. Obéir aux ordres comme un robot.
Exceptionnellement, faire le chandelier et la chandelle. Être flambée et le flambeau.
Clignoter, un coup tu m'allumes, un coup je hurle.
Bégayer des mercis.
Mendier la pitié.
Prier pour être insérée.
Alors, je ferais l'ange et l'agnelle, tu n'auras plus les boules, ma fesse de minuit sera rôtie à point et mes caresses seront juste un peu piquantes pour te redonner de l'ardeur.
(La robe "Christmas Couture" réalisée par Oriane Fischer, Margaux Aroug et Soo-Rim Kim , étudiants d'Esmod International, a été primée le 4 décembre dernier.)
dimanche 23 décembre 2007 / 5 grains de sel
DEMAIN, à 7 h 8 précise sur le fuseau horaire de la France, ce sera la deuxième journée mondiale de l'orgasme (présenté ainsi, ça fait très minute de l'orgasme).
En ce qui me concerne, je participerai, avec mon partenaire qui, sauf coup de théâtre de dernière minute, étant soit le canard, soit le lapin (non, je ne suis pas zoophile). Mais pas le cône, on ne s'entend pas.
Pour donner un peu de sens aux vibrations, qui sinon ne font que me chatouiller désagréablement, je me bercerai de quelque fantaisie.
J'ignore quel visage il a, mais il est assez massif pour que je me fasse l'effet à ses côtés d'être une allumette. D'une main, il me couche sur ses genoux, dos sur ses cuisses, enserrant haut mes genoux. Si je me débats, ce que je fais, je ne peux que décoller mes reins et lever plus haut mon cul vers sa large main. Laquelle, dans des bruits mouillés, imprime sa marque sur mes fesses glacées qui prennent de la chaleur en même temps que de la couleur.Je n'ai pas le temps de passer au niveau 2 des sévices, la mécanique étant ce qu'elle est, je jouirai dans un arc et un cri, et comme il sera bien tôt le matin, je me rendormirai.
Si Morphée est bon, il m'enverra la suite.
vendredi 21 décembre 2007 / 3 grains de sel
J'ATTENDS.
Encerclée par mes pensées, attentive à chaque bruit, à l'affût du moindre son.
Je n'ai pas envie de te désobéir.
Je n'ai pas envie de subir ton ire.
Mes mouvements sont mesurés, à peine si mon souffle soulève mes flancs. Je reste en position, comme tu l'as ordonné.
Ainsi, j'entre dans ton jeu. Et ça me plaît.
Je m'oblige à l'obéissance.
Mais ce n'est pas dans ma nature. Intérieurement, je piaffe.
Je m'agite du chapeau. Je ne peux m'empêcher de scénariser ce qui va suivre. Je m'accroche non pas à un fil rouge, pas plus au fil du rasoir, mais à l'une ou l'autre lanière.
Aucune, je pense, ne conviendrait pour le premier coup. J'ai le désir de ta main, d'elle seule, qui d'un même mouvement, caresse, flatte et frappe. Et reviens pour cingler, de son dos sec.
Moi, je retiens soudain mon souffle, je suis envahie par les ondes de ce que je viens d'imaginer. Pourtant, rien ne s'est produit.
Deux ou trois coups de main plus tard, il sera temps de sortir la panoplie, de jouer des cuirs, des cordes et des bois, de faire tonner les caisses, heu, les fesses, de faire rouler le tambour.
Les hommes sont lents à la détente. Tu joues du suspense alors que ma peau, mes humeurs, mes fantasmes s'énervent et m'envoient des décharges. Je me retourne, un "Alors !" ou "S'il te plaît", je ne sais, au bord des lèvres.
Sois mon envie.
vendredi 30 novembre 2007 / 5 grains de sel
J'ATTENDS.
Entourée des souvenirs d'autres hommes, de ceux d'avant, forcément, de moi avec eux, de mon corps sous leur coupe.
Je n'ai pas envie de dénicher "le dernier en mieux".
Je n'ai pas envie de retrouvailles, le re est de trop.
Mes hommes avaient sans doute tous des points communs, le premier étant de me plaire, les autres relevant du divan, mais aucun n'a jamais ressemblé au précédent.
Ainsi, à chaque fois, tout était à réinventer.
J'étais toutefois moins oie, plus chatte.
Mais invariablement débutante. Débutante ès eux.
Je découvrais leur odeur comme leur grammaire, leurs ordres et leurs manières, leurs hasards et leurs lanières.
Aucun, je crois, ne cherchait en vérité quelqu'un comme moi. Et pourtant, ils sont restés, revenus, on a dansé en mesure, on s'est caché derrière les mêmes buissons.
Moi, je laissais faire le hasard et les atomes. S'ils se crochaient, ça marchait.
Deux ou trois étaient embarrassés par les souvenances que je pouvais garder, dont ils étaient friands, par voyeurisme souvent, par compétition une fois.
Les hommes me sont comme des gommes, quand ils sont là, possessifs et conquérants, ils effacent de leur peau, de leurs mains, de leurs mots, la mémoire des hommes dans la tête, les muscles et les pertuis des femmes.
Sois mon oubli.
mercredi 28 novembre 2007 / 4 grains de sel
WALDO est un obsessionnel joyeux, un dessinateur compulsif, un fesseur de paume et de pointe de plomb. Comme d'autres cliquent, il croque. Des pin-up callypiges aux lunes invariablement rousses, des libertines renversées aux globes cinglés, des petites dames coquettes carrément rougissantes.
C'est délicieusement érotique et évocateur, ça donne envie de lever le bras ou de retrousser la jupe, de faire des bêtises ou dire des sottises, de basculer sur des genoux ou un bureau. Ça donne envie. Tout court. Très fort.
Jusqu'à présent, on pouvait voir les dessins de Waldo sur son écran. Aujourd'hui, pour les Parisiens, il suffit de passer dans une jolie librairie de la rue Lacépède, pour les découvrir sur papier, avec les vraies couleurs. Et en prime, la maison de poupée si minutieuse, si délicieuse, pour adulte fétichiste et fortuné, est exposée et en vente. (On peut en voir quelques images sur le blogue de Mélie, ici et là, et encore là. Mélie, qui m'a fait découvrir Waldo, est aussi la préfacière du beau catalogue que les amateurs peuvent commander à l'adresse ci-dessous.)
Ensuite, dit la femme qui avait envie d'être une poupée, je rentrerai chez moi où m'attendra un homme en chemise, manches retroussées, premier bouton du col ouvert. Il me demandera de lui raconter ce que j'ai vu, scrupuleusement, sans omettre aucun détail. Si j'oublie quelque chose, je serais fouettée avec la ceinture. Si je n'oublie rien, on jouera aux tableaux vivants. J'aime bien jouer à qui perd gagne à tous les coups.
Librairie de Fabrizio Obertelli, 8 rue Lacépède 75005 Paris, jusqu' au 9 décembre.
Horaires d'ouverture : de 14 h 30 à 19 h. Tél : 01 47 07 18 42/06 74 89 16 06
(XXXB qui a publié hier attendra donc demain, Waldo, c'est tout de même nettement plus intéressant et nourrissant.)
mercredi 14 novembre 2007 / 6 grains de sel
JE ne le vois pas. Cela ne me dérange pas. Je sais à quoi il ressemble, je l'ai vu tout à l'heure. Assez pour savoir que je n'ai pas peur de lui.
Il a relevé ma robe sur mon visage.
J'ignore s'il l'a fait pour m'humilier (dans ce cas son but n'aura pas été atteint) ou pour prendre ses aises avec mon corps sans souci de croiser mon regard.
Je ne crois pas qu'il sache à quel point cela m'est confortable.
C'est une première fois. Les premières fois sont fragiles, délicates, maladroites. Trop parler avant les fait ressembler à des actes chirurgicaux codifiés. Ne pas parler du tout est anxiogène. Sauf dans ces cas de plus en plus rares où l'on se croise, s'attire, trouve un coin tranquille, arrache les vêtements, fait sauter l'autre comme une crêpe ou prend ses couilles en bouche en dégrafant nerveusement sa chemise, ou un autre de ces clichés de cinéma qui adore les quickies réussis. Dans la vraie vie, c'est qui vive et quant-à-soi .
C'est une première fois, mais les échanges d'avant ont permis de savoir qu'aucun de nous deux n'avait une personnalité fracturée ni une psychose délétère. Il a le sens du jeu.
Je suis nue, comme ses mains. Il muse à sa guise. M'emprisonne les poignets. Ne libère mon visage que pour chercher ma bouche. Je ne le connais pas, mais il parcourt en topographe mon corps. Je ferme les yeux sous la robe. Je suis heureuse de n'avoir pas à voir. Je suis tout aux coups, je peux presque compter les lanières. Comme les volutes de ses câlins.
Il joue avec une corde, entravante, excitante, qui me caresse et me retient, me frotte et m'affole.
Il joue.
Sans corde aussi.
Je suis toujours sous ma robe, réfugiée comme dans une cabane en haut d'un arbre dont on a retiré l'échelle, presque détachée de mon corps, mais pourtant parfaitement réceptive à chaque stimulus, parfois suppliante, toujours gémissante, reconnaissante...
Reconnaissante parce qu'à un moment, puis deux, trois peut-être, je me suis envolée dans cette bulle nacrée où je flotte, libre comme jamais, avec mon sexe et son plaisir comme un centre de légèreté, des sensations orgasmiques frémissantes, qui se rapprochent, me lèchent, s'en vont pour mieux revenir, me fond croire à l'explosion naissante, se retirent encore. Je suis une grève, chaque nanomètre de mon corps comme un grain de sable mouillé, je n'entends plus rien que le bruit de ma peau, l'appel de mon sexe, le chant de mon clitoris.
Il me parle peut-être. Il me touche sûrement.
C'est une première fois avec ce que ça a d'inaccompli, de trop court, de non dit. Avec des soupirs à la place de merci, des cris brefs au lieu de pitié réclamée, un bras de fer pour rire, mais pas seulement. C'est une première fois avec un premier cadenas qui s'ouvre.
C'est une première fois qui donne envie d'une deuxième.