Avec ces yeux là !
IRRÉSISTIBLE regard du soir...
Trop fatiguée pour écrire, mais encore assez vaillante pour rêver.
mardi 17 novembre 2009 / 4 grains de sel
IRRÉSISTIBLE regard du soir...
Trop fatiguée pour écrire, mais encore assez vaillante pour rêver.
mardi 17 novembre 2009 / 4 grains de sel
OÙ à la casserole ?
Entre Arcimboldo et cannibalisme, j'aime ton appétit et ta manière de m'accommoder.
mercredi 28 octobre 2009 / 6 grains de sel
TU m'as envoyé cette photo.
Elle te fait penser à moi.
Sans doute parce qu'elle évoque notre relation.
Une relation sm réussie (et je ne parle pas de la D\s à quoi je ne connais rien) est ce mélange de lien et de liberté (combien d'ouvrages réunissent les mots chaînes ou liens et liberté ou plaisir). Un dosage très exact, parfaitement équilibré, sinon, la relation rompt, et tombe.
Comme pourrait le faire la femme de la photo, qui semble ne tenir qu'à un souffle.
Ce ne sont pas les liens qui lui donnent sa liberté, comme on pourrait le croire, c'est sa liberté de les avoir choisis, pour jouer à l'oiseau, à la Lorelei qui se prendrait pour Icare.
Ce n'est que parce que je suis libre, profondément libre, jouissant de mes mouvements, de mes choix, de mon libre arbitre, que je peux non seulement désirer parfois en abdiquer sans me sentir trahir mon humanité, mais aussi l'accepter, dans ce que cela peut avoir de plus révoltant. Quelque chose, quelqu'un, m'aliénerait, j'en serais incapable. Ce ne pourrait plus être la relation que je veux vivre.
Elle serait faussée, entachée, pervertie. Elle serait vécue pour de mauvaises raisons.
(Par mauvaises raisons, j'entends autre chose que la recherche du plaisir.)
Sur cette photo, sans ces liens si simples, il ne serait pas possible de savourer l'ivresse du vide, la peur de la chute, la chaleur d'un soleil couchant mêlée à la fraîcheur d'un vent debout.
Il n'y a eu besoin de personne pour s'attacher ainsi.
Et c'est parce qu'il n'y a besoin de personne que c'est bon qu'il y ait quelqu'un. C'est ce qui fait que l'on sublime le besoin en désir.
samedi 24 octobre 2009 / 6 grains de sel
J'AI failli titrer ce billet Oulipopo. Et puis je me suis ravisée.
Pas tout à fait.
La preuve.
Il y a dans mon masochisme un goût des contraintes, des belles contraintes. N'ayant guère envie de me prendre pour un punching-ball, les coups ont besoin de cette épice.
La plus simple est un rapide bondage qui me présente ouverte, immobile. Le plus facile aussi. Elle ne me demande aucun effort, elle me repose. Donc ce n'est plus une contrainte.
Plus corsée est celle qui demande une attention de tous les instants, qui frôle l'impossible. La contrainte exigeante. Ma perversion est de trop aimer les perverbes, j'ai le goût de l'oblique, je m'accroche aux acronymes (surtout ceux avec des "Y" branchus), j'aime explorer les lipossibles.
J'avais inventé le jeu du chapeau, qui devient trop facile, mon dos s'est élargi, mes chapeaux ont grandi, je sais tanguer des épaules aux lombes pour rattraper le bibi fricoteur.
Mais des livres, mazette ! Pas un, mais plusieurs. Qui obligent à l'apprentissage, un d'abord, plusieurs ensuite, au repos, en marchant, le cou délié, les épaules basses, la colonne droite. Et qui sait si même une danseuse étoile au premier coup de canne, ou au troisième, dans un souffle sentira l'édifice s'égailler. Et choir.
Plus dure seront les chutes.
Mais chuuuut. Interdiction de crier.
[Il n'y a pas une image de Frédéric Fontenoy qui ne m'inspire un désir ou un soupir. Les femmes y sont gainées de bas couture, de corsets, de gants longs, de bondage. Un violon, un miroir, une canne, un plumeau arrangé, une plume de paon tout oeil dehors sont les accessoires. Les références, sans aucune forfanterie, sont aussi bien les frères Klossowski (Pierre et Balthazar dit Baltus), Helmut Newton ou Vincent Van Gogh. Il donne du baroque, du rococo, de la perspective et des lettres au sadomasochisme. Elles sont d'aujourd'hui, elles semblent d'avant-hier. Il fait valser les femmes à la baguette ou les expose sur un lit à barreaux.]
jeudi 28 mai 2009 / 4 grains de sel
QU'IL fait chaud, déjà trop pour moi. À l'ombre et en wi-fi, plutôt que sur des sentiers ensoleillés, je traine de page en page, je m'entoile au rythme de maître Google.
Ici, John propose un stage. Pour ceux qui ne peuvent y aller, une minute de howto manier le fouet. Pour l'entraînement, je recommande l'un de ces sièges (délicieusement surnommés en honneur de la famille Jackson, même si Germaine n'est pas encore en vue), aucun risque de le manquer. Mais non, il n'est pas gros, il est "rond".
Puisqu'on est dans les vidéos, une autre sur une performance bruxelloise. C'est nettement plus décoincé chez les Gelbes. Étonnant que la France et sa capitale soient aussi peu friandes du sm qui se montre.
Alors passe une envie fugace d'être à San Francisco, d'arriver au bureau le casual friday en tisheurte rouge pétard, de participer à la marche (fessier battu et cravaches battantes) de Folsom Fair, en toute impudeur et en cuir brillant.
Là-bas aussi, en septembre, il fera chaud, mais heureusement, il y a les vents de la baie. Pour le moment, désir de fermer les volets, et de n'avoir que les martinets comme ventilateurs, et ensuite, peau cuisante contre un ventre dur.
Si bougies il doit y avoir, ce seront celles de massage (la paraffine pour vanilles), mais quid de la cire devenue huile ? Fige-t-elle si on ne la masse pas ? Il fait décidément trop chaud pour des brûlures.
Alternative... Se prendre pour une femme fontaine, un glaçon dans le con, et le désaltérer, sa bouche à la source.
Source chaude, car le recto aussi se fouette et se froisse sans jamais s'offusquer.
Trop assommée pour faire, juste bonne à rêvasser. Du rêve tiède, ni coruscant, ni adamantin. Du rêve de premières chaleurs.
À moins de chariboter en lisant les tweets pas vraiment tease de Dita la strippeuse.
dimanche 24 mai 2009 / Rien à dire ?
UN bonjour et puis revient. Il y a 28 ans, presque 30, tes pulsions te faisaient peur, ta femme et tes enfants me faisaient mal. Nous avons terminé les années Giscard ensemble, presque exclusivement indoor, à l'horizontale. Tu es resté l'une de mes deux plus grandes histoires.
Un bonjour et puis revient. À ma rencontre. Je te demande "comment vas-tu ?" et tu m'embrasses à pleine bouche, pleine langue, belles dents, mes cheveux dans ta poigne, ma tête renversée, ton autre main dans mes seins, mes pensées chavirées. Par toi, je suis à nouveau cette "belle petite fille dans l'émotion".
Un tour de périph et puis revient. Je me soûle de ton odeur identique, de tes mains plus sûres, tes cheveux caressent mes cuisses, ta langue passe de mon sexe à ma bouche, je lèche tes doigts. Tu te sers de ta ceinture en esthète. Ma peau est ta toile bayadère.
Deux chevauchées et puis revient. Ta main très doucement a giflé ma joue. J'ai saisi ton poignet. "N'aie pas peur". Je n'avais pas peur. Jamais je n'avais laissé personne me gifler. Pourtant, j'avais déjà envie que tu recommences. Ton autre main, dans mon con, le savait.
Un au revoir et puis revient. Dans mes pensées en cavale, dans mon sexe qui palpite, sur ma peau trop pâle. J'ai rattrapé le virus de toi.
Tu m'érotises, tu m'électrises,tu me creuses, tu me combles.
Reviens encore, j'aime tant te regarder jouir.
(Merci à M*** et à M*** pour leur maîtrise... dans le traitement d'image)
vendredi 27 mars 2009 / 6 grains de sel
À vous les jeunes gens qui pensent transgresser (enfin, là, y en a eu un, mais tellement flou dans sa tête que ça ne veut plus rien dire) ou m'honorer en me choisissant comme objet de vos attentions, passez votre chemin.
Je ne peux pas imaginer un seul instant me faire dominer par quelqu'un qui pourrait être mon fils. Un jeune homme a pour moi les mêmes atours qu'un soumis : aucun.
Quant à cette phrase qui se voudrait un compliment dans la bouche d'un trentenaire "mais j'aime les femmes mûres"* est le pire repoussoir qui soit (avec les hommes mariés, ceux qui refoulent du goulot et ceux qui ont un prépuce "à la Reiser").
Quand je dis dominer, ce n'est évidemment pas juste le geste, mais l'ensemble. J'ai besoin, en toute histoire qui impliquera le sexe, d'un lieu commun. Et ce lieu commun, l'histoire y participe. Mon âge (qui ne me pose pas de souci particulier contrairement à celui de certaines donzelles de 28 ans qui sont persuadées que passée, même pas la ménopause, mais seulement la quarantaine, elles ne seront plus qu'un tas de mou imbaisable) ne ressort que quand un gamin me propose de venir me frotter à son corps plein de sève et de fraîcheur musculaire. Face à lui, je réalise quand j'avais son âge, il n'existait pas. Je me dis que si on allait faire des courses ensemble, on le prendrait pour mon fils. Ou un gigolpince. La différence d'âge est une douve infranchissable.
Un jeune est comme l'arthrose, il me fait me sentir vieille. Un quadra est mon commensal. Pourtant, je suis bien plus âgée que lui.
Et aussi soit séduisant le jeune homme, il lui manquera quelque chose qui n'arrive aux hommes qu'après 40 ans, voire 45. La masculinité, les épaules, l'épaisseur. Je vois longtemps l'enfant dans l'homme, et les enfants m'ennuient.
Les gérontes aussi ! Je ne suis pas rendue.
Et pourquoi pas blette, tant qu'on y est ? Ou framboise ?
jeudi 5 février 2009 / 7 grains de sel
À force de chercher une clef dans une botte d'annonces, à croiser des dominateurs dans leur tête, des sadiques affligés du syndrome de Peter Pan, des grands autistes, bref, tout ce qui fait le miel de celle qui a peur de s'engager tout en souhaitant trouver un peu de paix affective, j'ai blindé mon corps (et pas seulement mon cul). Comme savent faire les femmes, point besoin de ceinture de chasteté ou de ligature des lèvres. En me rendant ce corps haïssable. En détournant mon regard des miroirs. En traitant de margoulin celui qui peut lui trouver du charme.
Je ne sais ce que sera la semaine prochaine (que les optimistes appellent l'année, comme si du côté de minuit, une coupure épistémologique étroitement liée à une révolution copernicienne par la pensée magique et quelques rimes pauvrettes, teuf, oeuf, boeuf). Je ne pense pas que Manpower m'enverra le roi de la pince coupante (c'est bien connu, les noeuds, surtout les gordiens, ça se tranche dans le vif, quitte à écorcher au passage, pas de pénélopisme qui vaille).
J'ai peine à croire à des lendemains qui chanteront Johnny fais moi mal, et qu'une maso à côté de sa peau pourra satisfaire les désirs de renarcissisme des hommes blessés par la crise.
J'ignore encore si mon prochain (domin)amant sera jeune (c'est à dire la trentaine, pas 45 ans) avec une queue aussi vigoureuse que ses bras, et comme je n'aurais rien à lui dire, je le sucerai souvent. Ou alors, un vieillard en chant du cygne qui quoique présentant un début de Parkison et des taches rousses sur les mains (tout le monde ne peut porter les mitaines et les bagues de Lagerfeld pour masquer ces signes qui ne mentent pas, eux) prétendra avoir 57 ans. Ou le plus doux et sensible des travestis, consolateur et cravacheur, pour une relation d'une ambiguïté au trouble attirant.
Ce que je sais, c'est que s'il ose dire "je t'aime", ma réponse sera "au revoir."
Ce que je crains, c'est que la clef restera bien cachée et moi très aveugle.
samedi 27 décembre 2008 / 2 grains de sel
En prévision d'une Nuit Blanche (avec des majuscules pour se référer à une manifestation parisienne, et je ne vais pas m'excuser d'habiter la capitale), parce que les photos sont belles dans leur euphémisme, pour la voix grave à souhait du chanteur, avec un petit rien de son à la Kat Onoma. Et par flemme, as usual.
Et pour que reviennent les désirs.
samedi 4 octobre 2008 / 2 grains de sel
IL a mordu ma bouche, il l'a tordue entre ses doigts avant d'y remettre les dents, ne la relâchant que quand mes cris devenaient trop stridents.
Pour tenter de l'oublier plus vite, j'ai mis de l'immortelle* sur chacun des bleus qu'il m'avait laissés avant de partir.
Ma bouche enflammée avait envie de l'appeler.
Il y a des hommes qui ne se retournent pas. Mieux vaut se mordre les lèvres.
*Hélichryse, mais c'est moins joli
dimanche 3 août 2008 / Un grain de sel
FAIS-MOI un plan-séquence, très long, très lent, en noir et lumière.
Pas besoin de motel, ni de caméra. Juste tes mains, tes doigts, des bougies, une bougie.
On est chez moi.
Ou chez toi.
On a froid, tous les deux.
Il faut que ça chauffe, comme au Mexique (ou à Venice, en vérité).
Impressionne mon corps, improvise, double les prises, de judo ou de vilain.
Les jours rallongent, on en prendra quarante s'il le faut.
Vole mon plaisir comme tu as kidnappé mon désir.
Zoome en moi, et qu'importe la focale.
Tes coups sont cut, tu me fais contre-champ, mon chant est diégétique
Tu m'enchaînes et je fonds.
Le festival de cannes va commencer, je vois des flashes à chaque coup, ce n'est pas le tapis qui est rouge.
Je te remercie.
samedi 3 mai 2008 / 2 grains de sel
COMME tu en es friand, et que je ne suis pas abonnée aux bons tuyaux, je t'avais proposé de regarder ensemble un porno SM.
Sans t'en dire plus, sans t'expliquer mon idée, pour ne pas t'effaroucher.
Je ne suis pas, comme beaucoup de femmes, attirée par les films X. J'en ai vu des mythiques, à la grande époque, avant même la loi de 76. J'en ai croisé, furtivement, le samedi soir sur Canal. Je n'en cherche pas sur Internet, je n'achète pas de DVD. H*** m'avait en son temps apporté une de ces VHS compil d'amateurs qui se vendaient alors sous le manteau du manteau même, à demander gentiment au caissier du sex-shop et qui sont aujourd'hui terriblement populaire sous le nom de gonzo. (H*** n'aimait pas plus les films mis en scène et joués que les accessoires qu'il ne fabriquait pas lui-même.)
L'image était pourrie, mais pas autant que le son, ça doit faire partie du plaisir, so snuff, un homme à l'érection molle fouettait sa femme indifférente accrochée aux patères du vestibule. Avance rapide. Une autre femme, les poignets arrimés aux chevilles, elles-mêmes maintenues par un écarteur présentait son cul à la cravache stridente de son mari qui la marquait avec un entrain vigoureux. Malgré le noir et blanc pisseux, on voyait la couleur et le relief. Entre les cris et les sifflements, on entendait un bébé chialer dans la pièce à côté.
Stop. Eject. Plus envie de jouer. Malaise.
Alors, quand tu m'as avoué être grand consommateur de porno, j'ai pensé qu'avec toi je pourrais réaliser ce que le bébé avait empêché. Non point discuter de la valeur d'un plan, de la justesse d'une image, de la profondeur du champ ou de la morale d'un travelling, mais mimer ensemble, autant que possible, ce qui se passait sur l'écran.
Une sorte de karaoké très sexe, très sm, très synchronisé. Des figures imposées, et ainsi, ton imposition des mains, presque naturellement, en riant un peu aussi.
Comme un jeu.
Car tout cela est jeu.
dimanche 27 avril 2008 / Rien à dire ?
PRENDRE, juste prendre.
Donner peut-être, j'espère, mais je n'ai pas envie de m'en préoccuper, en creux, par rebonds, malgré soi, parce que l'autre se sert, parce qu'il trouve son compte.
Pas de parité, du partage évidemment, mais essentiellement de l'égoïsme. Forcené.
Attachée ou pas, cela m'est égal. Ce qui compte, c'est de recevoir. Tout ce qui m'a manqué depuis des semaines, des mois, des années.
T'oublier comme je m'oublie aussi, n'être que peau et muscles, cyprine et larmes, nerfs et cordes vocales.
Ne pas t'entendre, juste te sentir.
Ne pas te parler, éventuellement te supplier.
Être bâillonnée, qu'importe.
Les yeux bandés ou pas, ils seront fermés.
Prendre, juste prendre, prendre avec insatiabilité, prendre jusqu'à ce que chair se fende.
Confortablement offerte, lovée, nichée, encocoonée.
Durement fouettée, cravachée, dilatée, pincée.
Délicatement caressée, sucée, léchée, bue, embrassée, entourée, câlinée.
N'existent plus que tes lèvres, tes doigts, tes dents, tes poings... ta queue si tu y tiens. Aujourd'hui, je saurais m'en passer. Demain aussi d'ailleurs. Parce que demain, il y aura une suite, à l'identique, sur mon corps meurtri.
Je n'aurais aucune attention, je veux qu'elles soient toutes pour moi.
Je suis un objet, c'est-à-dire une machine, à jouissance.
C'est moi qui jouis.
C'est toi qui me fais jouir.
Il faudra que tu t'en contentes.
Ensuite, je n'aurais toujours pas ouvert les yeux, je m'endormirais au creux de toi, sous ta bienfaisante protection, comme dans un ventre. Si tu veux te branler sur mes reins, ne me réveille pas.
vendredi 14 mars 2008 / 12 grains de sel
JE regardais une comédie américaine des années trente, peu importe le titre, ou les acteurs, ou le scénario. C'était une de ces comédies bâties sur le même patron, lui séducteur presque sur le retour (45 ans de l'époque, faut penser en anciens francs genre), elle quasi-suffragette donc vieille fille (30 ans à tout casser). Dès la première séquence, ils se chicorent. Alors, le spectateur se carre confortablement dans son fauteuil parce qu'il sait qu'ils sont en train de tomber amoureux comme on disait alors pour parler de désir charnel.
Et puis, à mi-film, ils dansent ensemble, malgré. Il a posé une main sur sa taille, l'autre à plat sur sa paume, comme font les prisonniers et leurs femmes à travers la vitre des parloirs. Close-up sur ces mains. Il plie la sienne, enserre ses doigts. La magie a eu lieu, les corps se sont reconnus, les peaux se sont aimantées, les phéromones ont taillé une de ces discrètes bavettes dont elles ont le secret.
Dans l'électricité tellurique de ce geste ténu, il y a l'ouvrage de la séduction.
Quelques heures après, en retournant sur les terres qu'on espère giboyeuses de mon tchat habituel, j'ai encore rajouté des bricoles, en deux temps, à mon annonce.
Voilà en fait ce qui manque aux tchats sm, c'est la séduction (cela dit, je ne sais pas ce qui se passe sur les autres, sans doute la même chose). La partie mes-phéromones-téléphonent-à-tes-phéromones et ma-bouche-a-soudain-envie-de-baiser-l'intérieur-de-ton-poignet est évidemment shuntée par la forme même, virtuelle. Ce pourrait avoir lieu lors d'une rencontre, sauf que pour certains, faut pas déconner, on est pas là pour ça, ça étant séduire, évidemment. Il semble que l'on soit plus dans la mathématique que dans la rhétorique. Et puis 1+1 = je te vois dans l'heure est nettement plus fainéant compatible que titillons-nous, jouons au chat et à la souris, créons le désir.
Le désir, bordel !
(spécial dédicace à J*** qui sait ce que signifie avoir envie d'un cou(p) pour nicher son nez)
lundi 3 mars 2008 / 14 grains de sel
Je ne sais pas si après trois ans et demi d'abstinence, je peux, je sais, encore désirer une femme. Une femme, il faut s'en occuper. |
Moi je suis plus frustre. Désirer un homme, ça veut dire me branler en pensant à lui. (Et pas à un acteur ou au facteur.) |
(Tchéky Kario, change rien, j'arrive !)
samedi 1 mars 2008 / 3 grains de sel
L'AVANTAGE de vivre seule et de refuser toute forme de concucohabitation, c'est que non seulement on peut garer ses seins les soirs de saint va-t-en 'tain, mais encore que quand le désir nie, cela reste entre soi et soi.
Comment font-elles, les soumises à temps plein ou les expertes des relations longues distances quand un 15 février, sans même une migraine ou des menstrues, elles n'ont pas envie. Pas envie qu'une main les effleure, pas envie d'engloutir un sexe égoïste (les sexes, quelque soit le leur, de sexe, sont toujours égoïstes), pas envie de frémir à la vue d'un battoir, de mouiller au premier sifflet du bullwhip. Même pas envie de faire semblant, de dire que oui, je suis ta chose, ta miss Piggy, oui j'aime ça, la cravache et les crachats, les coups fourrés et le cou étranglé, encore, plus vite (surtout plus vite, qu'on en finisse et rapido).
Le non-désir, ça se raconte comment ? À l'autre, mais aussi à soi ? Ça s'écrit avec quels mots ? Ça se parle avec quels trémolos ?
Dire j'ai le non-désir de toi, et de toi aussi, et de toi encore. Pas juste de toi, donc. Mais de toi quand même.
J'ai le désir d'avoir du désir, pourtant, mais le désir n'est pas au rendez-vous.
R*** m'envoie une photo. Ses débuts, non pas en photo, mais dans cet érotisme qui est le mien (et celui de quelques autres). On en parle. Le dé pointe son museau, le sir à failli suivre. Un soupçon d'identification, d'envie de cet abandon, de ce presque sommeil. Il a su capter que le SM n'était pas qu'une gymnastique à visée orgasmique. Mais un moyen de transport érotique.
Je n'ai pas choisi le SM, il m'a choisie. On va dire comme ça. Sans le vouloir, j'étais tombée dans des pratiques qui promettaient (et tenaient) une sexualité pyrotechnique, des jeux longs et lents, un rollercoaster de préliminaires tellement plus intéressants que la conclusion, quand bien même, ce point d'orgue qui met sur le flanc, n'est pas sans mérites. D'ailleurs, ces coups et caresses me convenaient si bien que la pénétration m'a longtemps indifférée. Jusqu'au jour où je ne l'ai pas été, tout le temps de ma liaison avec H***. Depuis, j'ai besoin de me faire fourrer, bourrer, de m'imaginer comme ce flipper où je jouais jeune fille, avec les ouvriers de l'imprimerie d'à côté, et aussi les déménageurs d'en face, et dont les mouvements de bassin violents et sans équivoque resteront dans mon panthéon des fantasmes anciens.
L'un de ceux-là, qui m'ayant acceptée dans leur cercle (on dépensait en général une seule pièce pour jouer pendant les deux heures de la pause prandiale, c'est dire qu'on était bons et qu'on avait aussi du bol à la loterie) avaient oublié que j'étais de l'autre sexe, ou un autre, mais doté du bon déhanché de pelvis et d'une paire de pognes mahousses, me ramènerait-il mon désir égaré ? Désir de toi, ou d'un autre, ou d'un plus lointain.
Le SM est-il soluble dans le quotidien et la routine ? Une petite fessée et au lit ! Bondage et branlette, 20 minutes sévices compris. Vite, un orgasme, on ne va pas y passer le réveillon.
Le train-train comme si on avait un train à prendre, merdalors.
Si, justement, on va y passer du temps. Et même du temps, avant le temps. Un petit mot des jours avant. Des promesses la veille. Des injonctions, des murmures. Des longues phrases, des ordres brefs. Comme on ferait un château de sable, on construit le désir du rapport. Pour innerver la peau, pour embraser la tête, pour mouiller les yeux.
Le désir, SM ou pas, est un partenaire exigeant. Il réclame mille attentions, un zeste de mise en scène, quelque chose d'un peu dramatique, des accessoires, de l'imagination, de la conviction. Et alors, comme Boeing Boeing ou La cantatrice chauve, on peut jouer la pièce quelques dizaines d'années. Avec la même chaleur.
Voilà, le non-désir, ça ne se dit pas. C'est comme le non-être. Il faut évoquer l'absent.
J'avais pourtant envie d'écrire sur le non-désir, celui qui ne s'écrit jamais parce que c'est un repoussoir.
Peut-être que pour effleurer mon non-désir, il suffit de ne pas lire ce texte.
(Trop tard)
vendredi 15 février 2008 / 11 grains de sel
Si j'expose mon verso, c'est pour le plaisir d'être jouée. Le masochisme est mon moyen de transport amoureux. Même si parfois je pleure... c'est de vie qu'il s'agit. Et quand tu me fais mal, j'ai moins mal.
Si vous souhaitez m'écrire, il suffit d'ouvrir votre courrielleur préféré, et d'adresser le tout à b.ricabrac chez free, en france. (On a le brouilleur de robot qu'on peut, logiquement, les humains devraient décoder.)