Rue Bricabrac

Embobinée

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photo Craig Morey

Prends ton temps. Le mien t'appartient déjà. Suspends-le, étire-le, dilate-le. Fais-lui ce que tu aimes me faire. Installons-nous dans la durée. Mieux, abolis-le, tue-le, oublie-le, ce temps qui mange notre plaisir.
Il y a tant de mètres de chanvre qui t'attendent, et des bougies tendres à longues mèches.

Mes jambes disparaissent, mes bras aussi, tout comme ma bouche et mes yeux. L'entourage a pris le dessus, je suis dessous, comme une bobèche. Il ne reste visible de moi que les parties les plus redondantes, quatre balles de chair qui bondissent sous le corset des cordes.

Je suis comme dans un cocon prison. C'est réconfortant de ne pouvoir marcher, parler, voir, toucher. Je suis vulnérable et insouciante. Ce qui était le but.

Comme une cible au centre de la pièce, voguant en toupie au gré des mouvements de la corde qui me tient en équilibre, je reçois pareillement désarmée caresses ou claques.
Commence doucement s'il te plaît, échauffe-moi progressivement, surprends-moi d'une mèche sèche, imagine ma peau comme un nuancier dont il faut respecter les degrés, ma chair comme une pâte qui faut travailler en profondeur. Mesure au fur, à la brûlure extérieure sous ta paume, l'endolorissement des muscles.

Je t'en supplie, aide-moi à dépasser l'agacement des premiers coups, emporte-moi dans ton rêve de dom et laisse-toi enlever par les sensations paradoxales, fais-toi du bien en me faisant du mal, fais-moi bien mal, fais-moi ce mal qui fait du bien, qui nous fait du bien, allons vers un épuisement mutuel, un étourdissement commun, jusqu'à ce qu'enfin apaisés, nos corps collés par des liqueurs d'humeur, nos oreilles résonnent encore longtemps de gémissement et de sifflements.

Mais pour le moment, il faut oublier montre et fatigue, et m'enserrer dans cette grosse ficelle pas encore assez douce. J'en ai déjà le tournis.

Emballe-toi.
Embobine-moi.
Emballe-moi.

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Bien enchères

Rue Bricabrac, enchères, Craig Morey, bdsm

Craig Morey, même quand on ne le connaît pas, on le connaît par coeur. Par ses photos de toutes sensualité et beauté qui sont des incontournables des sites bdsm. Celle ci-dessus par exemple, qui illustre combien de sites, combien de blogs, parfois créditée, parfois posée en bannière (en bonne oie que je peux être, la première fois que je l'ai vue, j'ai cru à l'oeuvre du maître des lieux immortalisant sa femme dans la plus savoureuse des poses).
J'en ai récemment empruntées quelques unes pour ma série sur les voiles. Il m'avait très gentiment autorisée à les utiliser gracieusement, comme si ça allait de soi.

Photographe indépendant, il vit exclusivement de son art, comme on dit. Cette année, il a été diagnostiqué puis traité, comme on dit aussi, pour un cancer. Il va mieux, les médecins parlent de rémission, tout le monde, Craig en tête, a bon espoir.

Le système de santé américain étant de qu'il est, c'est côté finances maintenant qu'il y a urgence. Le cancer, en plus d'être mortifère, est cher. À l'initiative de ses amis, une vente aux enchères de ses photos (nouveaux tirages ou publications vintages) aura lieu le 18 décembre prochain, les prix ne seront pas exagérés, loin de là. Ceux qui n'habitent pas Emeryville où se trouve l'atelier de Craig (juste derrière IKEA, on ne peut pas se tromper), peuvent participer par courriel. Ou en profiter pour acheter l'un de ses livres.

Toutes les informations sont ici.
Voilà, c'est dit, pas de mélo, c'est bientôt Noël, et offrir une édition numérotée et signée d'une de ces superbes photos, c'est un double cadeau, pour le récipiendaire et pour le photographe (évidemment, le tampon de copyright ne figurera pas sur l'exemplaire papier). Faire tourner l'info, c'est aussi une idée.
Tout ce qui permet de dire merci à Craig Morey, en somme.

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Mais les voiles (Parce que je le veux bien)

Rue Bricabrac, voile, photo, Craig Morey

© Craig Morey

Avant d'en arriver aux sujets qui fâchent, quand on parle du voile, il y a l'érotisme. Pas forcément consensuel non plus, ce voile-là sait se révéler sensuel. Nous (les femmes chattes ou chiennes, soumises ou maso, sub ou kajira) jouons dans une cour où nos hommes sont souvent voyeurs et nous aiment plus que nues, au-delà d'ouvertes, exposées, forcées, écartées, spéculées (oui, je sais...), bref, exhibées. Pour leurs yeux seuls, pour ceux des autres, sujets de désir devenus objets de fierté (quand pas objets tout court, question de goût, de couleur, de saison, d'envie, d'opportunité). Combien demandent cette nudité (parfois parée de deux ou trois accessoires fétiches de base, talons, bas, collier, plug...) dès la première rencontre, dès avant (tu m'attendras etc.) ou la provoquent très vite, pour la gêne, pour leur plaisir.
Je me prépare, tu me dépares.

Rue Bricabrac, voile, photo, Craig Morey

© Craig Morey

Mais combien aussi connaissent ce trouble du presque vu, de l'entrevu, du promis mais pas tout de suite, de l'échantillon aguicheur. A poil, Salomé n'aurait jamais obtenu la tête de Jokanaan. Au bout de sept voiles, c'était dans la poche, ou plutôt, sur un plateau. T'obliger à m'éplucher pour trouver la peau, à ébouriffer trop de tissu, à fouiller soie et mousseline, c'est comme te faire monter l'escalier, ce meilleur moment de l'amour. Je me cache, un peu, si peu, pour mieux me découvrir, pour mieux te laisser me découvrir. Le vêtement, le voile, c'est le papier autour du cadeau, la pochette crissante de la surprise scellée. Certains très beaux bondages font bien comprendre qu'il suffit de cacher ceci pour mieux révéler cela. Dans cette optique, non seulement j'accepte le voile, mais encore je le réclame.
Pour nous, je prend le voile, le chanvre, le cuir, le satin...

Rue Bricabrac, masque, photo

photo Raven69637

Le voile peut aussi me permettre de voir sans être vue, il se fait alors masque ou voilette, éventail à la rigueur. Il met mon visage dans le flou, et ne laissera voir que ce que je cache à la ville, mon corps. On ne me reconnaîtra pas, il ne figure pas sur mes pièces d'identité, il ne fait pas partie de ma façade sociale, il est comme un pseudonyme qui recouvre mon patronyme. Si un jour, je devais aller à une soirée, dans un club, ce ne serait pas à visage découvert. Qui sait même, tellement peu voyeuse que je suis, si je ne voudrais pas avoir aussi les yeux bandés. Comme les enfants, ce que je ne vois pas ne peut pas m'atteindre. Surtout, je n'ai aucune envie d'être le témoin des regards des autres sur moi, fussent-ils appréciateurs. (Je ne reviendrai pas sur les bienfaits du bandeau qui dans les jeux de cire ou de fouet potentialise la surprise, attise la peur, renforce les sensations et m'isole dans un monde où je suis seule.)
Le voile ici est transparent.

(À suivre...)

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Mais les voiles (intro)

Rue Bricabrac, voile, photo, Craig Morey

© Craig Morey

Comme toutes les photos de Craig Morey, cette femme cagoulée d'arachnéenne dentelle est magnifique. Elle a du mystère, un regard droit, une pose hiératique, on peut croire qu'elle a elle-même posé ce voile, au dessin que je vois moucharabiehs bien qu'il soit fleuri, sur ses cheveux, ses lèvres, ses yeux, son cou, pour que sa nudité n'en surgisse que plus claire, que plus chair. Ou la danse terminée, les six premiers voiles déjà au sol, elle s'apprête à ôter ce dernier rempart qui livrera ce qu'elle a de plus secret, à celui qui lui fait face.

En même temps, cette envoilée calme et fière me renvoie, je ne peux faire autrement, à d'autres tchadors, à de connues cagoules, à des bandeaux, à des masques, à des cornettes, à des burqas, à des suaires...

Rue Bricabrac, voile, photo, Craig Morey

© Craig Morey

Cacher la tête des femmes se retrouve, à la louche, dans deux grandes catégories de la population, on va dire comme ça. Les extrémistes religieux (et qu'importe le grade de celui qui porte la calotte, curé ou rabbin, imam ou pope) et les dominateurs. Et ça m'interroge. Très fort. Je ne veux pas faire d'amalgame, d'assimilation hâtive. J'ai juste envie d'un slalom entre tous ces voiles, du foulard d'Audrey Hepburn aux princesses du Golfe en virée chez Sephora, des perruques des juives pieuses aux vénitiennes le temps d'un carnaval, de Belphégor à Kismet.

Pourquoi cacher le visage d'une femme ? Les talibans (et assimilés) vont parler de pudeur (et leur peur ?), de religion (bidon). C'est, on l'a compris, de négation qu'il s'agit. Les doms vont parler d'humiliation, de vulnérabilité, de privation. On s'approche. Les femmes juives orthodoxes se rasent la tête, encore une manière de mettre dieu à la sauce d'un homme qui ne cherche qu'une seule chose, rendre sa femme la moins désirable (à l'autre ? à lui ?) possible. J'ai aussi vu des soumises ainsi rasées, pour être les plus nues possible, le moins parées. Je m'interroge sur la sensualité du partenaire, fût-il phrénologue. Mais là, c'est une autre histoire, on ne cache plus le désirable, on montrer l'indésirée.

Rue Bricabrac, voile, photo, Craig Morey

© Craig Morey

Souvent , on voit les yeux, cela vaut mieux, pour que la femme cachée puisse tout de même voir où elle va. Les yeux miroir de l'âme, la vieille antienne ; les yeux bordés de khôl ou de kajal des beautés en tchador et en sari qui savent d'un battement de cil sur leurs amandes sombres envoûter les hommes. Il y a clairement quelque chose qui se passe par rapport à la tête (qu'on appelle aussi le chef). Les mariées lèvent le voile une fois qu'elles appartiennent au mari. et les communiantes. Les élégantes, naguère, ne sortaient jamais sans chapeau, agrémenté parfois d'une voilette. On cache les cheveux comme métaphore du corps.

Tant que tu ne vois pas ma tête, tu ne me vois pas, tu n'as pas à me regarder. Tant que je suis derrière un masque, je peux voir sans être vue.
Alors, qui décide du voile ?

(À suivre...)

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L'oreille
Juke Boxabrac
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La peau
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presque moi
aller Si j'expose mon verso, c'est pour le plaisir d'être jouée. Le masochisme est mon moyen de transport amoureux. Même si parfois je pleure... c'est de vie qu'il s'agit. Et quand tu me fais mal, j'ai moins mal.

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