Rue Bricabrac

Mythes au logis

Rue Bricabrac, bdsm, Blanche-Neige
© MK2

PASSÉE sur ARTE, et repassera le 1er janvier au matin avant une sortie cinéma presque confidentielle, la Blanche-Neige de Preljocaj propose une reine marâtre de cuir et de latex, cuissardes et gants longs, qui terrasse les hommes d'un mouvement impérieux du bras, telle une baguette magique terrifique et inévitable.

Enfant, après avoir vue celle, noire et violette, de Walt Disney, le sourcil exagéré et le regard dur, matérialisation de mes cauchemars de sorcières et méchantes fées, et sans connaître Dolto, j'avais en retour terrorisé mes géniteurs en refusant, pour cause de trauma profond et indélébile, de toucher au chou-rouge qui portait, affirmais-je avec un instinct très sûr des tenants et aboutissants freudiens, ses couleurs (et qu'au titre de légume, je n'aimais pas... le chou, pas la reine). Incarnée par la très belle danseuse Céline Galli (mazette, ces yeux !), cette reine a été voulue domina SM par Gaultier, avec ses manches ballon et son col cages, sa robe à tournure, son corset en bandeaux souples (que l'on retrouve, en version plus esclave dans la tenue mousseline des courtisanes, et aussi chez la marque de lingerie Bordelle). Hautaine, arrogante, altière, cruelle, elle est sublime.

Rue Bricabrac, bdsm, Alice
Images Rom Devideg

Une autre de mes icônes, qui celle-ci m'accompagne tendrement depuis l'enfance, c'est Alice, qui n'interrogeait pas son miroir, elle, préférant passer de l'autre côté pour voir un chat sourire et prendre le thé avec un lapin. Son pays des merveilles revisité par Rom Devideg, un photographe et illustrateur malicieux, en fait une jeune fille tout à fait majeure, court vêtue façon kawaï, aux bas blancs et chaussures hautes de lolita, à qui les roi et reine de coeur feront découvrir les rougeurs délicieuses de la fessée.

Deux idées du diable au corps, diamétralement opposées et pareillement phantasmatiques. Deux mythes enfantins revisités, avec une bonne dose de surentendus sexuels, pour les adultes.



Sharon et les soumises

Rue Bricabrac, bdsm, politique

EN corset et en couverture de Match, elle triomphe. Désarticulée plus que déhanchée, plastique plus que sexy, Sharon Stone se rappelle à notre bon souvenir avec un look affirmé de tapin domina.

Dommage, elle aurait pu profiter de sa notoriété et de sa capacité à remuer les foules, lancer un appel aux femmes, au rassemblement, affréter des avions charter dans toutes les capitales en direction de l'Iran, du Soudan, débarquer avec des centaines de milliers de meufs et de pédés, habillés sans provocation, mais sans voiles non plus, le string qui dépasse ou le slim moule-bite, le tailleur Chanel ou le polo Lauren, wesh-wesh ou bobo bourge, qu'importe.

Juste pour rappeler, sur ses talons de femme affirmée et prescriptrice, à ceux qui soumettent les femmes au nom d'un machisme religieux et pervers, qui les emprisonnent et les bastonnent parce qu'elles n'ont pas adopté da burka code, qu'ils n'en ont plus pour longtemps à vivre au moyen-âge. Ce serait son plus beau film, plus beau qu'un film.

Mais se faire interviewer par Marc Lévy et retoucher par Photoshop, franchement, c'est indigne. Surtout Marc Lévy.



Livres en tête

Rue Bricabrac, bdsm, contrainte
photo Frédéric Fontenoy

J'AI failli titrer ce billet Oulipopo. Et puis je me suis ravisée.
Pas tout à fait.
La preuve.

Il y a dans mon masochisme un goût des contraintes, des belles contraintes. N'ayant guère envie de me prendre pour un punching-ball, les coups ont besoin de cette épice.

La plus simple est un rapide bondage qui me présente ouverte, immobile. Le plus facile aussi. Elle ne me demande aucun effort, elle me repose. Donc ce n'est plus une contrainte.

Plus corsée est celle qui demande une attention de tous les instants, qui frôle l'impossible. La contrainte exigeante. Ma perversion est de trop aimer les perverbes, j'ai le goût de l'oblique, je m'accroche aux acronymes (surtout ceux avec des "Y" branchus), j'aime explorer les lipossibles.

J'avais inventé le jeu du chapeau, qui devient trop facile, mon dos s'est élargi, mes chapeaux ont grandi, je sais tanguer des épaules aux lombes pour rattraper le bibi fricoteur.

Mais des livres, mazette ! Pas un, mais plusieurs. Qui obligent à l'apprentissage, un d'abord, plusieurs ensuite, au repos, en marchant, le cou délié, les épaules basses, la colonne droite. Et qui sait si même une danseuse étoile au premier coup de canne, ou au troisième, dans un souffle sentira l'édifice s'égailler. Et choir.

Plus dure seront les chutes.
Mais chuuuut. Interdiction de crier.

[Il n'y a pas une image de Frédéric Fontenoy qui ne m'inspire un désir ou un soupir. Les femmes y sont gainées de bas couture, de corsets, de gants longs, de bondage. Un violon, un miroir, une canne, un plumeau arrangé, une plume de paon tout oeil dehors sont les accessoires. Les références, sans aucune forfanterie, sont aussi bien les frères Klossowski (Pierre et Balthazar dit Baltus), Helmut Newton ou Vincent Van Gogh. Il donne du baroque, du rococo, de la perspective et des lettres au sadomasochisme. Elles sont d'aujourd'hui, elles semblent d'avant-hier. Il fait valser les femmes à la baguette ou les expose sur un lit à barreaux.]



Miscellanées liées de décembre

Rue Bricabrac, bdsm, parano

JE ne vois pas pourquoi, alors que les magasins sont ouverts et achalandés ce dimanche, je ne reparlerai pas de la crise. Le Times présente comme une panacée la french maid, celle qui fait tellement fantasmer les Anglais : "Bend over, Fifi !" (dans les fantasmes des Anglais adeptes de la discipline domestique au sens ancillaire, la petite bonne frenchie s'appelle de préférence Fifi). De quoi devenir vénale ? Non, ce n'est pas le fond de l'article. Ce sont des propos de Laurent Wauquiez sur les emplois de service avec super discount sur les impôts, tenus avant l'arrivée de l'arrogant sinistre de la "Relance" (si j'en avais, je me les boufferais). Et puis à mi-article, on apprend que la femme de ménage d'aujourd'hui ne porte plus la petite robe noire, le tablier blanc et le plumeau. Pour Fifi, il faudra continuer d'aller dans les urinoirs des pubs, elle prend la position contre quelques dizaines de £.

À défaut de porter le corset sévèrement lacé dans le dos, celui-ci ne demande qu'à se pencher vers l'avant ("Bend over, Fifi", again) ou à lever le pied, et satisfait mon goût pour les grolles oversized, vélocipède oblige.
En revanche, je ne suis pas sûre que le dessin du vibromasseur Touché™ (marque qui aime le rose et le mauve plus que les forains des stands à guimauve, qui a collé un rasoir dans un vibro, et une couronne sur un autre, ces Hollandais fument vraiment du bon gazon) apporte quelque plaisir supplémentaire en chassant sur les terres du laçage tous azimuts dont Chantal Thomass fait son miel.

De la canne à sucre dont elle a fait son nom, on garde la canne et quelques breloques. Pour annoncer la couleur et la pliure, tout est bon. Je l'aime chaud, au cul. Nobody's perfect, surtout pas moi. J'ai trop lu les liaisons dangereuses pour me contenter d'un missionnaire et puis dodo.



La cage de la liberté

Photos Vogue
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"LA femme se sent tellement libre qu'elle remet la cage" dit Jean-Paul Gaultier à propos de sa dernière collection qui a vu plusieurs robes porter la crinoline dessus, comme ces dessous qu'il y a 20 ans il avait transformés en vêtements de ville.
Le corset se montre, et ce faisant, protège, révèle.

La femme aussi ne peut se soumettre que si elle se sent libre (certaines, plus à fond que d'autres, ne se sentent jamais aussi libres qu'enchaînées ou qu'encagées, libres de ne plus agir, libres de ne plus penser). Sinon, elle ne se soumet pas, elle est soumise, au sens d'opprimée. Elle subit, dans une douleur diffuse qui n'a rien d'excitant.

Porter le corset dessus et non dessous, le clamer au lieu de le cacher, le revendiquer au lieu de le rejeter, est une manière d'affirmer ses choix.
Mais sera-t-il pour autant confortable et seyant ? Et enverra-t-il le bon message ?



Oh punaise ! Des ronces dans mon corset !

Rue Bricabrac, bdsm, ronces, corset
Gwendelin Artanis

Il a écrit
J'ai un fantasme.

J'ai pensé
Je n'en ai pas qu'un
Je le lui ai dit.

Il a poursuivi
Il faut acheter un corset sur internet

Je me suis demandée
Il a des actions chez Axford ?
et aussi
Qui paye le corset ?

Il ne s'est pas démonté en chemin
Il faut surtout le prendre deux tailles trop petit

Pourtant, je sais bien que
Un corset, c'est fait pour perdre deux tailles, et il faut donc envoyer ses mesures très précises.

Toujours à fond, il a précisé
Il faudra le serrer au maximum après l'avoir garni de ronces, avant mon arrivée.

Dans ma mémoire, ont dansé le soutien-gorge aux punaises, une vieille histoire qui m'avait fait tant rire, mais pas autant que le corset fourré aux ronces.
Et la date de mon rappel de tétanos.

Le fantasme est vraiment la chose au monde la moins bien partagée, avec les sonneries de téléphone mobile peut-être, ceux et celles des autres sont souvent perçues comme un désastre.
(Pour donner un ordre de grandeur, l'opération du délirant monsieur reviendrait à passer d'une taille 44 à une taille 36, en ne comptant pas les ronces qui, si mes derniers souvenirs de chasse aux mûres sont exacts, représentent facilement une demi-taille.)

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La France en haut

Rue Bricabrac, corset, bdsm

J'avais, au risque de déclencher une bronca et me faire brocarder pour être prête à n'importe quoi pour la saveur d'un bon mot, à parler de la France en haut, autrement dit des jolis petits tops (top n'étant ici pas pris comme contraire de sub dans le langage bdsm d'outre Atlantique) qu'une soumise ou une domina peuvent avoir envie de porter (histoire de rester dans le ton général du lieu, si c'est pour passer en revue les caracos de l'été prochain, il y a sûrement des blogs qui font cela mieux que moi). Autrement dit des corsets. Tel celui-ci, brocard on s'en serait douté, d'un rouge qui va avec l'humeur du jour, en ces temps de flammes et de colères.

Rue Bricabrac, chaussures, bdsm

Et puis, si c'était en talons hauts ? Histoire de découvrir les ébouriffantes créations de Vicente Rey, fichtrement fétish, qui manie la plume et le métal pour des stilettos menaçants en apparence, doux comme de l'agneau (en quoi ils sont doublés) au pied. Pour les parisiennes, il tient boutique rue des Tournelles. Ca vaut le détour, vraiment.

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L'oreille
Juke Boxabrac
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La peau
Présentation

presque moi
aller Si j'expose mon verso, c'est pour le plaisir d'être jouée. Le masochisme est mon moyen de transport amoureux. Même si parfois je pleure... c'est de vie qu'il s'agit. Et quand tu me fais mal, j'ai moins mal.

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