Saint Va-t-en,'tain ! (au cul, les cœurs)
GRÂCE à la nouvelle égérie Dior la Garde des Sceaux la Ministre de la Justice Maîtresse Rachida, à qui sa meilleure amie d'enfance Cécilia a offert deux coeurs en or blanc et diamants croisés au bout d'un lien de cuir, et au site d'information de pointe (là, je ne suis pas ironique, avec rue89 et Mediapart, Bakchich fait partie des bonnes adresses) qui en rendait compte, j'ai appris que le bijoutier Dinh Van déclinait sa gamme cœurs en menottes, à l'identique.
Ce qui au terme d'une intense cogitation (est-il bien raisonnable de claquer 4 000 euros pour une paire de menottes ? Combien vaut la bague menottes martelées ? T'as pas fini de penser au fric ? Elle retourne quand à la bonne adresse de la place Vendôme, la Garde ?), j'en suis arrivée à un plus petit dénominateur en forme de raccourci saisissant
M(enottes) = C(œurs)
(on remarquera qu'à un puissance 2 près, je suis Einstein, pas moins.)
Ado, déjà, je ne supportais pas les cœurs. Je dormais sur le flanc droit parce qu'un entraîneur sportif (une sorte de Philippe Lucas light) m'avait dit quelques années auparavant qu'il ne fallait pas dormir à gauche, ce serait mauvais pour le cœur qu'on écrase (je pense que cette assertion ne repose sur rien, peut-être la sagesse populaire, mais plus de quarante ans après, je n'en ai jamais retrouvé trace). Je refusais tout pendentif en forme de muscle cardiaque, qu'il soit en verroterie ou en or. J'abhorrais sa cuculterie militante qui rejoignait au panthéon de la guimauve la médaille de Rosemonde Gérard (avec le moins en rubis) et les poupées de Peynet. Je collais, en toutes circonstances, des points sur les I et pas des cœurs. Avec le recul, j'aurais su dessiner, j'aurais volontiers mis des culs, mais côté cul, à part mes fantasmes déjà plus rudes et pink pivoine plutôt que rose bonbon, je n'étais pas encore super éveillée.
L'amour avec des cœurs ne m'a jamais bottée, le pied, je le préfère ailleurs et je le prends autrement. Celui plus vache, avec liens et cravache m'assommait nettement moins en me mettant pourtant K.O.
Les menottes, j'ai dit ici mille fois ce que j'en pensais, trop connoté, flicaille et compagnie. Mais aujourd'hui, elles seront à la fois synonyme et métaphore de toutes formes de liens, qu'ils soient de cuir, de fer, de chanvre ou de soie.
Je porte avec plaisir un cadenas au cou, au bout d'une fine et courte chaîne. Et pas une clef, parce que là encore, la clef est côté cœur, et le cadenas plus cul. La clef des songes, la clef de mon royaume... balivernes. Et puis la clef, je ne l'ai pas encore trouvée.
Il y a encore quelques semaines, j'aurais aimé ce collier, ce bracelet. Mais si, de tendance "coquine" (comme écrit sur le site bijoutier) en glissement de sens, M(enottes) = C(œurs), il va me falloir trouver des nouveaux signes qui flattent ma sexualité, me parlent d'amour, mais n'appartiennent pas à la récupération bourgeoise du SM. (Quoique, la bague stylisée ait du chien.)
(Pour celles et ceux qui y tiennent, on doit trouver à vil prix des bracelets, colliers, boucles d'oreilles menottes dans ces magasins cheaps à succursales multiples tels que "Claire" et autres.)
mercredi 13 février 2008 / 3 grains de sel