Rue Bricabrac

Un jour sans

Rue Bricabrac, bdsm, mannequin
Myla Kent

DE plus en plus souvent, des envies comme ça, être sage comme cette image, animale comme cette représentation, pas de bois mais de ce plâtre qui se laisse battre sans s'émouvoir, juste assez fragile pour avoir droit à tous les (autres) égards, une poupée aux yeux qui ne se ferment pas quand on la couche et à la bouche prête à feuler si on la touche.

Prête pour une histoire sans paroles, sans pensées, sans affects.



Un zeste de frangin

Rue Bricabrac, bdsm, inceste

LES parfumeries à succursales multiples ont le chic pour jouer des codes.
Et non pas des digicodes, puisque c'est une clé chauffée au rouge brillante comme son rubis qui invite à décliner des plaisirs pivoines.

La clé, tout est là.

Je ne suis qu'une serrure. Une serrure dont les ressorts semblent sans cesse en mouvement tant que je ne sais pas les appréhender, tant je ne peux en donner la combinaison, tant personne ne semble pouvoir en trouver la clé.

Passent des hommes qui ne font pas cherrer la bobinette malgré leur souci de ferrer la môminette. Pourquoi pas eux ? Point ne le sais. La vibration n'est pas au rendez-vous, l'onde ne passe pas. Ça ne résonne pas, il n'y a pas de raison.

Un jour, il arrive comme un fol axiome. Mes mots sont dans ses pensées. Ses pensées, je les ai mises en mots avant qu'il ne me les confie. On vogue, euphoriques et incrédules, sur une même vague, en attendant de pouvoir enfin trouver nos désaccords, pour jouer et jouter dans un bras de fer verbal et des éclats de voix.
D'ici là, les deux enfants uniques pourront ensemble commettre l'inceste fraternel rêvé depuis toujours.
Frappe-moi comme si j'étais ta soeur. Baise-moi comme si j'étais ta soeur. Ainsi traitée, je deviendrai vraiment ta soeur, unie à toi dans et par les cris et le foutre.
Je rougirai de plaisir, pas de honte.

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J'ai chaud de toi

Rue Bricabrac, bdsm, chaleur
MFayre

JE lui parlais des coups et des caresses, ces deux faces, pour moi, d'une même action.
A l'exception près qu'un jeudi après-midi, en buvant un thé à la menthe avec des amies en sortant du hammam, on peut dire à la cantonade "mmmmm, je n'ai qu'une envie là, c'est de rentrer et que mon amoureux me couvre de câlins pendant des heures" et elles approuveront ce désir. En revanche, si je dis la même chose en manifestant mon envie qu'il profite de ma langueur molle pour me rouer de coups jusqu'à ce que je sois vraiment moulue, alors là, je n'ose penser à ce qui traversera leurs regards. (Si ça se trouve, j'ai tort, elles pensent à la même chose.)

Il m'a dit

Dans les deux cas, on entoure. Et il y a de chaleur.

C'est cela.

J'étais éteinte, tu m'as embrasée d'une étreinte. Tes mots qui caressent laissent imaginer combien cinglants seront les coups, et il me faut rêver que ta cruauté future sera à l'aune de ta tendresse présente.

Il m'a dit

Je veux vous voir doulheureuse.

J'aime tes mots valises. Je t'ai parlé du sac à malices resté dans le boxe, des crémaillères, des tawses, du chat à neuf queues et de l'autre à rayures, et de l'ex-baba cool qui travaillait si bien le cuir.

Il m'a dit

Tout en moi te tutoie.

Moi aussi, je l'avoue, à vous-toi, cela faisait un moment que je te tutoyais, comme une évidence.



Madeleine est revenue

Rue Bricabrac, bdsm, surréalisme
Luxure - Clovis Trouille

J'AI fait mentir mon nom de guerre : j'ai rangé ma bibliothèque. C'était un sacré bazar, il faut le reconnaître. Doublé d'un nid à poussière. Trois lombaires au champ d'honneur et la surprise de découvrir mon nez toujours en place malgré des éternuements dignes de la saison des foins plus tard, tomba ma récompense.

Sous la forme de la page 245, une reproduction d'une toile de Molinier, qui essayait de s'échapper d'un petit livre au pâle ocre jaune. Suivie d'un décollement de la 247 : chapitre IV, SADO-MASOCHISME.
Publié en 1971 chez Idées/NRF, il s'agit de l'épuisé Surréalisme et sexualité, de Xavière Gauthier. Je croyais l'avoir prêté, perdu, je l'avais pleuré. Je n'imaginais pas le feuilleter à nouveau.

Ce livre a été essentiel dans ma vie. J'avais presque 17 ans, tous mes fantasmes encore intacts, j'oscillais entre un très précis et douloureux sentiment d'anormalité et un solide sentiment de singularité et d'exception. Ce n'était pas le mouvement féministe qui allait me réconcilier avec cette sexualité tellement différente que personne n'en parlait. La liberté sexuelle n'allait pas jusqu'aux "perversions" (peu de temps avant, faire l'amour sans penser à procréer en était aussi une, de perversion). Et voilà que cette femme, professeure, féministe, militante, abordait, à travers les surréalistes, l'Éros sous toutes ses formes. Bien que j'ai tout lu de la première à la dernière page, certaines parties des 247 et suivantes ont supporté mes masturbations (je n'avais besoin que de lire et de serrer les cuisses, look mom, no hands) quotidiennes.

La croupe frémissante se contractait spasmodiquement.

Et toujours dans le même Desnos

La croupe sonore avait été cinglée par le plat de la main et ses muscles seraient bleus le lendemain.

J'étais fascinée par Luxure, un tableau de Clovis Trouille, et son Dolmancé a affirmé mon goût fétichiste pour les costumes XVIIIe, les costumes masculins.

J'aimais déjà les surréalistes. Ils m'ont aidée à aimer ma sexualité. Je me suis mise à en lire certains en pensant trouver mille et un récits de verges, et j'ai découvert des univers littéraires tellement séduisants.
De ces émois restent des paillettes d'orgasmes et des pages de mots. Et c'est aussi depuis Surréalisme et Sexualité que je sais que sans les mots, les maux ne sont rien.
Je peux faire l'amour comme on fait la guerre. Je peux accepter qu'on me fasse l'amour comme on commet un crime.

Ma madeleine aujourd’hui se prénomme Xavière.



Dans quelle étagère ?

Rue Bricabrac, bdsm, masochiste
photo John Santerineross

ÇA n'a pas raté. Y en a un qui me demande "Vous êtes masochiste ? Jusqu'à quel niveau ?"
(Et trois autres ont suivi avec des questions du même tonneau, c'est la rentrée sur les sites sm, y a un lâcher de nouveaux dont la candeur déconcerte.)
J'avais commis un blogue, y a longtemps, dans l'exubérance de la jeunesse (celle de mon blogue) et d'un nouveau sujet à traiter. Le sm n'est pas un sport de compétition, ça devait s'appeler. Ce n'est pas non plus un sport tout court. Alors, je ne sais pas jusqu'où je vais, ni à quelle vitesse, ni quelle est l'équation parfaite pour me conduire à l'orgasme. Je ne sais pas combien je suis maso. Je sais juste que je le suis.
C'est peut-être un adjuvant pour les uns, un mode de vie pour d'autres, un succédané de suicide pour des rares.
Si je savais ce que c'est pour moi, je le dirais en quelques phrases lapidaires. Mais je ne le sais toujours pas. Je sais que ce n'est rien de tout ce que je viens d'évoquer, ou alors tout cela ensemble, et à bas bruit, et bien refoulé, parce que je ne me sens rien de tout cela.
C'est la forme qu'a prise ma sexualité il y a terriblement longtemps, quand je ne savais même pas ce qu'était la sexualité, la forme, les trucs en chismes et les mots à plus de deux syllabes.
C'est un jeu, parfois dangereux, toujours excitant. C'est une parenthèse terriblement physique qui me détourne un moment de la réalité. C'est la quatrième dimension. C'est un rollercoaster. C'est la peau à l'envers. C'est les nerfs au bout du bout de la tension. C'est la fusion des corps. Ce sont des résonnances qui s'enlacent. C'est une vibration qu'aucun diapason ne donne. C'est un anneau de Moebius, douleur et douceur, qui est pile, qui est face, bien fol le dira.

Alors, à quel niveau, sincèrement, qu'est-ce que j'en sais !(Et ce que m'en bat l'oeil, surtout...) Si le masochisme est un moyen de transport (amoureux, si possible), ce n'est sûrement pas un ascenseur. Un aérotrain, peut-être.



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L'oreille
Juke Boxabrac
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La peau
Présentation

presque moi
aller Si j'expose mon verso, c'est pour le plaisir d'être jouée. Le masochisme est mon moyen de transport amoureux. Même si parfois je pleure... c'est de vie qu'il s'agit. Et quand tu me fais mal, j'ai moins mal.

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Les mots
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