Je me souviens avoir, non pas choqué, dépité plutôt un ou une correspondant(e) en avouant un jour mon profond désir d'être vaincue. Je suis venue, j'ai été vue, j'ai été vaincue. Cette envie de rendre les armes est l'un des moteurs, depuis toujours, de mes tendances bdsm. Elle l'est toujours, aussi vive qu'au premier jour, même si je peux aujourd'hui assumer pleinement mes pulsions et n'avoir aucune honte à me mettre à quatre pattes, à tendre la croupe, à réclamer encore, à dire plus fort... à plus fort que moi. Alors que dans chaque recoin de ma vie, professionnel, amical, privé, je fuis les conflits, les rapports de force (sachant que la vie en société ne permet hélas pas de les éviter en permanence), les abus de pouvoir, autant dans l'arène de sexualité, je les appelle de tous mes vœux.

lutte, Jarek Kubicki, bdsm, Rue Bricabrac

Je ne suis pas soumise (a priori). Je suis maso (et encore, très petite joueuse par rapport à toutes celles qui se font brûler, marquer, percer, coudre... et qui en jouissent avec ardeur). Pourtant, tandis que je prends les larmes, je rêve d'être soumise de force, mais seulement après une haute lutte. Je consens à ce que l'on me fasse violence. J'aspire à un corps à corps sans concession. Je ne suis pas chienne, j'espère être chatte, mais j'aspire à ce qu'un homme, par la manière dont il me traite, bien et mal donc, me rende à un état animal. Je ne suis pas bonne comédienne, je ne sais pas jouer la louve ou la biche, alors je reste une femme, le cerveau en éveil, le radar en alerte, voyeuse de mes exhibitions, la manette de contrôle à portée de menotte. Certains gestes et certaines pratiques d'aucuns jours, me font perdre pied et prendre patte. Quand mon corps malmené, excité, épuisé, cajolé, fouillé, cambré, branlé, courbé, est convaincu de s'incliner, quand il n'a plus d'autre choix que d'acquiescer. Bien sûr, à défaut, je me peux m'offrir pour un sourire de connivence, pour une promesse de correction, pour une poigne dans mes cheveux.

J'en parlais il y a quelques jours avec un homme délicieux, Ozzz, que je croise dans ma cour de récré préférée. Il dit ces choses-là très bien (il parle, clavarde, très bien, en vérité)

"Nous partageons, je pense, la même envie celle de se faire soumettre plutôt que d'être soumis. Ce n'est pas l'état de soumission qui est plaisant ...quoique... mais le passage de l'homme à l'animal en ce qui me concerne du sujet à l'objet, de la raison à l'instinct."

et aussi

"Personnellement, si m'avouer battu est un délice j'aime à me battre de toutes mes forces qu'importe la victoire tant que la bataille fut belle."

Une belle bataille qui me permettra de m'inféoder, un combat dur pour que je file doux, une escarmouche pour qu'à la fin de l'envoi, je me couche.

La lutte me subjugue. L'idée d'un cercle d'où il est interdit de sortir sous peine de punitions terribles, la conscience de courir en rond en vain jusqu'à l'épuisement, la définition d'un lieu de tous les possibles, gémir ma défaite quand, après longue joute, les épaules touchent terre. Plaisir ineffable que de mordre la poussière encore plus que l'oreiller, subir démembrée de fatigue et déjà moulue de coups, les lanières piquantes et le lourd paddle, me plonger dans ces espaces où je m'évade sans m'égarer parce que tu m'as mis la peau à l'envers.

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