Rue Bricabrac

Une autre paire de manches

Quand on (enfin, on, c'est une figure de style) me demande (autre figure de rhétorique, il faut comprendre que parfois, en ville, la conversation tourne autour de ce genre de sujets) quelle partie (quel morceau dirait le boucher) de l'homme je préfère, je suis bien obligée, malgré un goût prononcé pour des cuisses costaudes, de confesser ma préférence pour l'aile.

L'avant-bras, bien plus qu'un entrejambe pompeusement gonflé - remember nos guitar heroes qui marchaient à la (cannette de) Coke (fourrée dans le moule-bite avant de monter sur scène), bien au delà d'épaules supposées protectrices, voire d'yeux qui respirent le gros QI, attire et aimante mon regard. Raisonnablement poilu, un rien nerveux, l'os du poignet saillant, l'ensemble suffisamment musclé, pas comme Popeye, non, mais solide.

Partant de là, de l'avant-bras, le geste le plus érotique que puisse avoir un homme, à mes yeux, est de retrousser ses manches. Lentement. En me regardant, de préférence.

                

L'avant-bras, je l'ai découvert par ce genre d'effeuillage. Et bien entendu, tout cela, une fois de plus, a tout à voir avec la fessée.

Quand ai-je vu pour la première fois un homme retrousser ses manches ? Au cinéma sûrement. Ou plutôt où ? L'avais-je lu dans quelque bibilothèque rose et déjà cent fois refantasmé avant ? Je ne sais plus. Je me demande, tant l'image est encore nette tant de temps plus loin, si ce n'était pas dans ce film allemand scandé par la Marche de Schubert, Die Schöne Lügnerin, avec Romy Schneider et Jean-Claude Pascal. Etonnant que ce film ne figure pas au panthéon des scènes sm cultes, puisque la demoiselle se retrouvait attachée sur un siège bas et sans dossier, sans doute fait exprès pour y recevoir les verges (si je ne me souviens pas trop de travers, la précision était mentionnée). J'ai du le voir aux alentours de mes dix ans. C'est à n'y pas douter un navet majuscule, mais j'aurais alors donné mon nounours, mes livres et ma nouvelle robe pour être à la place de Fanny (le nom du personnage, bien choisi). Le fouetteur et trousseur était le tsar Alexander 1er... J'ai gardé de ce film, outre un goût appuyé pour les avant-bras, un violent penchant pour les robes lourdes et longues qui vous recouvrent quand on les retrousse.

À parler chiffons et cinéma, j'oublie mes avant-bras. Enfin, pas les miens, les siens. Les leurs.

Hier soir, j'ai dîné avec des amis. A côté de moi, un homme sec et mince, dont l'avant-bras se terminait en poignet potelé et doigts boudinés, comme si on lui avait greffé des membres d'un autre corps.

Cet été, j'ai rencontré un contact de tchatte, et sortant d'une chemise à courtes manches, deux avant-bras d'adolescent, duveteux et suaves.

Je n'ai pas besoin d'aller plus loin, aucun des deux ne m'attire. En tous cas, je leur mettrai pas le cul sous la main, je ne pourrais aimer leur cravache, je n'aurais pas envie que mon sexe copine avec le leur. Ils n'ont aucun sex-appeal à mes yeux.

En vérité, quand je trouve beau un homme, c'est que j'aime ses avant-bras.

C'est du fétichisme, sans aucun doute, ou à tout le moins une fixette.

Un avant-bras, c'est la métaphore du corps, c'est une promesse à cinq doigts, c'est donnez moi le bras... et je prendrai tout le bonhomme, c'est une branche à quoi se cramponner quand on se fait basculer, c'est un pouce à sucer pour se consoler d'être chahutée, c'est une main à embrasser parce qu'elle a bien battu. Ou à mordre comme on en redemanderait.

                

Un avant-bras, c'est un avant-programme, des prémices ; une avant-scène, un proscenium ; une avant-garde, un bras armé ; un avant taire, un baillon.

Avant-bras, et celui qui t'accompagne, j'ai l'honneur de demander les deux mains.



Mal (Maime pas)

Mal

Avant-hier, tu m'as fait mal. Du mal qui ne faisait pas toujours du bien, juste du mal.

Je ne sais pas si tu l'as fait exprès, je ne sais pas si j'avais envie de ce type douleur. Peut-être avions besoin de cela tout les deux. Peut-être ai-je fantasmé.

En tous cas, hier matin, je me suis réveillée avec des marques impressionnantes. J'ai essayé de les aimer. Je les ai prises, donc je me suis prise, en photo, et je t'ai envoyé le cliché. Comme un appel au secours, comme un bonjour, comme un au revoir, comme un point, virgule ou final, comme un soupir, comme un silence, comme un non-dit, comme un trop plein. Tu n'as pas répondu. Je ne sais pas si tu as aimé, détesté, gardé, regardé, jeté. J'ai longtemps hésité avant de te l'envoyer, après tout, tu n'as rien demandé cette fois-ci. A vos marques, pas prêt, partons.

J'ai eu très mal mais je ne t'ai pas demandé d'arrêter, j'ai enduré la douleur, j'avais envie d'une punition, j'ai peut-être même inventé une partie de cette douleur, tellement j'avais envie d'expier. Je me disais que tu te vengeais des mots durs que j'avais eu, de la manière dont je t'avais lacéré avec les mots, le seul fouet que je sache manier. J'aurais souhaité que tu ponctues les coups d'un discours sévère, de reproches, parce que j'aurais pu le prendre comme un pardon. Mais tu n'as pas parlé. Tu ne parles pas. Tu pars juste.

Je n'ai pas eu l'audace de te demander ce que tu avais ressenti, si j'étais seule dans ma spirale de culpabilité, ou si nous mimions l'un et l'autre les gestes qui furent les nôtres. Le seul fait que je le pense était déjà une amorce de réponse.

J'ai eu mal comme on a mal quand on se casse. Ce qui me faisait mal, c'était l'amour (ou quelque chose de moins définitif mais un peu pathologique et que pour les commodités du discours, on appellera ainsi) envolé, les sentiments taiseux et la mécanique mimodramatique d'une union qui ne pouvait plus exister.

Et pourtant, je n'ai qu'une envie, c'est d'avoir encore mal par toi, pour toi, tout en sachant que l'autre douleur, celle qui m'habite quand tu n'es pas là, quand je crois que tu m'oublies, quand je perds pied et que je n'ai pas tes bras comme barque, quand mon corps ne peut pas s'arrimer au tien comme une ancre - c'est lourd une ancre, c'est noir aussi -est elle insupportable, crucifiante, sans contrepartie heureuse, sans volupté. Maso oui, martyre non.

Fais-moi mal, s'il te plaît.



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L'oreille
Juke Boxabrac
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La peau
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presque moi
aller Si j'expose mon verso, c'est pour le plaisir d'être jouée. Le masochisme est mon moyen de transport amoureux. Même si parfois je pleure... c'est de vie qu'il s'agit. Et quand tu me fais mal, j'ai moins mal.

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