Rue Bricabrac, bdsm, tranquillité
photo Christian Marogg

Que cherchez-vous dans le bdsm ?

JE n'ai pas réfléchi. J'ai répondu, immédiatement, instinctivement.
La tranquillité !
C'est le mot. Au-delà de l'abandon, du lâcher-prise, du subspace (dont il faudra bien un jour se demander si ce n'est pas du bourrage de crâne de soumise ou de la légende urbaine de dominateur), de la jouissance, de la transe. La tranquillité. En toute simplicité.

Quand, et cela est arrivé suffisamment souvent dans ma vie (c'est à dire 5 ou 6 fois) pour que je pense que cela puisse encore arriver une 7e (et dernière ?), je rencontre un d'homme qui colle, aussi singulières soient nos relations (je n'ai jamais croisé deux fois le même type de d'homme, même si dans les grandes lignes, et je n'ai jamais reproduit un scénario type, même si...), je trouvais cette tranquillité. Celle d'un moi qui aurait oublié l'angoisse, le contrôle, l'inquiétude, le spleen. Celle d'un ça repu temporairement. Celle d'un surmoi aux abonnés absents.

Quiétude de me remettre entre ses mains, entre ses liens. La jouissance de mon corps devenait sienne. Mes mots (criés ou pleurés ou murmurés) étaient ceux qu'il avait envie que je dise et qui fusaient, ordonnés par ses impulsions, scandés par ses pulsions. Mes rires, mes soupirs, mes prières également.

Sérénité de voir mes pensées tourbillonner sans aucun sens, m'envoyant des images écarlates comme un soir de fête, déchirant de leur lumière bordélique mes yeux clos, tournoyant tant et plus que j'en perds la tête, tandis que mes sens s'affutent.

Calme sous la douleur qui me remplit, me nourrit, me surprend, m'attise, m'aiguise, qui m'aspire dans sa spirale vicieuse et délicieuse, que j'essaie d'apprivoiser, à la rencontre de quoi je vais, qui est immédiatement suivie d'une bouffée de volupté mouillée.

Lui appartenir ? Je ne sais pas. Je ne crois pas cela possible. Gardons raison. Mais ne plus m'appartenir, ça oui, j'en suis sûre. Redevenir ce que je n'ai jamais été et que je ne peux donc nommer. Ni enfant, ni animale, même si ça peut y ressembler.

Tranquille.
Enfin apaisée.
Jusqu'à ce que les flammes renaissent et réclament un feu plus infernal pour s'éteindre.

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