Rue Bricabrac, bdsm, bondage, fantasmes
Photo Dominic Vincent

ALORS que je trouvais ma vie sexuelle bien terne, n'ayant d'autre monture que mon vélocipède et mes nouvelles lunettes (les secondes étant indispensables au roulage de nuit, quand tous les myopes voient gris), K*** m'appelle et, sa voix toujours aussi merveilleusement vibrante, me demande ce qui me fait fantasmer en ce moment.

Rien de bien neuf, toujours cette même envie d'y être sans y être, yeux masqués, poignets et chevilles entravés, oreilles bouchées. Pas d'ordres, pas d'action, que de la manipulation.
Nous sommes convenus d'un donnant/donnant gagnant/gagnant. Il me donnera des conseils professionnels dont j'ai besoin, et je le payerai en nature, en me livrant à ses fantaisies, sans le droit d'en refuser la moindre.

Sur ce pari en paroles, nous raccrochons, et tandis que sans doute il se branle, je rêvasse.

J'ai envie de bagarre, de baston, d'insolence. Je veux pouvoir me jeter à la tête d'un homme, je veux des joutes verbales, je veux des bras de fer intellectuels. Je veux être peste, chipie, saleté. Je veux le gifler, le puncher, le tacler. Je veux l'énerver, le pousser à bout, péter son flegme. Je veux sa colère, sa violence, sa revanche.

Je me vois défaite, suspendue au plafond par un pied, les épaules au sol. Je ne crie plus. J'attends la correction.

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