Rue Bricabrac, bdsm, bondage
photo Mick Luvbight

Il n'aime pas faire rouler les dés, le hasard l'indispose, il dit. Alors, je fais semblant de le croire. Pourtant, c'est drôle, les dés, ça s'additionne, se multiplie, se juxtapose, ça désigne un instrument, ça définit le nombre des coups, ça peut même indiquer leur force, comme le vent, comme les tremblements de terre. On peut tricher aux dés, les coups trichés sont les meilleurs, ils comptent double. Il existe toute sorte de dés plus extravagants les uns que les autres, avec très peu de faces ou au contraire une vingtaine, dans les magasins de jeux de rôles. Ils ont des ravissantes couleurs ambrées, veinées, nacrées. Les vendeurs me regardent d'un air amusé piocher çà et là pour les assortir.
Mais bon, exit les dés, à moins de s'en servir pour apprendre à jongler. Jongleur de dés à l'heure du thé chez Alice, une idée, comme ça.

Alors, j'ai cherché dans un improbable grenier de grand-mère, une boîte à couture, un panier à tricot. J'ai prélevé tous les brins de laine que j'ai pu trouver. Comme pour les dés, j'ai joué des couleurs et des nuances et des matières. Je les ai chacun coupés un deux morceaux inégaux. Le plus petit pour entourer, faveur à saveur de cadeau, qui la cravache, qui le paddle, qui le martinet. Le plus long pour cercler une fesse, enserrer un sein, marquer le haut du dos, trancher une cuisse, signaler un pubis. Mon corps comme une zone militarisée, des collines à prendre, des terres à marquer au fanion de l'envahisseur, un pied à prendre. Il ne lui restait plus, loin de tout hasard (cette part m'appartenant, puisque je prenais les brins au petit bonheur la chance), à refaire les paires, cravacher un sein, fouetter un dos, se jouer d'un sexe avec une tawse.

Dans mes cris, mes larmes, mes supplications, il n'y avait en effet pas de hasard.

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