Bien que n'ayant toujours pas maté une seule minute de foot depuis
le début de panem and circenses vont au stade, je suis perméable à tout
ce que j'entends. Comme les exploits de cet anglais qui, mécontent d'avoir été collé voire
plus au maillot par deux adversaires, aurait hier piétiné des
crampons les organes reproducteurs d'un portugais. Ce qui dans la bouche d'un
commentateur sur iTélé a donné "écrasé les joyeuses".
J'avais presque oublié ce mot, si rond en bouche, qui qualifie les
couilles, les boules, les gonades, deux tiers du service trois pièces,
les valseuses me susurre Mélie, les noix (ou les noisettes si on veut
être désagréable). Les joyeuses. Merveille. Admirable vocable.
À force de tremper dans le sm où l'on ne traite le sexe masculin
que de dard glorieux, de sabre défouraillé ou de fier étendard,
et où,
même lorsqu'il est question de les prendre en bouche pour leur prodiguer
cette infusion que les anglais appellent "teabag", jamais le mot
joyeuse ne vient casser l'ambiance hiératique.
Joyeuse, ça doit faire trop école du rire pour un organe noble
qui est prêt à beaucoup de choses, mais certainement pas à ressembler
à un nez de clown (pourtant, c'est rouge et c'est rond, enfin, plus ou moins).
J'en étais là de mes considérations délirantes
autour de ce mot qui me met, c'est son boulot, en joie, quand Monsieur Bélino
m'a fait passer une image de sa considérable bibliothèque à fantasmes
(hélas, anonyme, non commentée mais issue d'un livre qui se nomme
Le musée
des supplices) .
Je la trouve formidable, très Allemagne années trente pour l'impression
de grotesque, presque une esquisse pour une photo de Jan Saudek, quelque
chose d'intéressant dans la position de la dame, la chaise aura du mal à basculer,
quant à l'homme, négligemment accoudé au dossier, il
semble d'humeur badine mais pas plus concerné que cela, si ça
se trouve, il regarde le foot tout en caressant les pulsions maso de la
dame. D'une pierre deux coups, des coups pour un cul, d'une cannée
deux fesses.
Ca me donne des idées pour mercredi prochain, un soir où l'on
pourra faire du son, surtout à Paris, où les deux équipes
en lice ont leurs bruyants supporteurs. Ça va être joyeux.