Toy Story

Dans tout homme, fût-il dom, il reste un môme qui a beaucoup torturé ses Mécano et ses Lego...

Ensemble, nous avions fait une descente chez le fournisseur officiel du monde bdsm de la capitale, non, non, pas Leroy-Merlin, ni Bricorama, pas plus que le sous-sol du BHV, l'autre, avec ses sacs en plastique noir monogrammé.

Plus raisonnable que moi, en quantité en tous cas, tu avais opté pour un collier associé par chaînes à des menottes et des pinces. L'aspect modulable de l'objet t'était apparu immédiatement. Pendant ce temps, je me disséminais. Cette longue corde si douce en chanvre noir. Des doubles menottes chevilles/poignets. Des pinces dont je n'avais même pas remarqué qu'elles réclamaient des tétines bien plus arrogantes que les miennes.
Comme des gosses, on avait tout essayé le soir même, une orgie gadgetière. Ce n'est pas pour rien qu'on parle de nos jouets. Ils le sont, avec tout ce que cela suppose de ludique.
Ce qui n'empêche pas la douleur ou l'extase, la transe ou les pleurs.

Hier soir, outre ta cravache au joli bruit et au manche chantourné, tu as sorti du sac malicieux ce collier aux accessoires que tu m'as passé au cou, d'une main tendre qui démentait l'autre qui m'emprisonnait les cheveux. J'ai aimé plier la nuque et entendre, clic, sentir, schlouf, la boucle se refermer.

Au lieu de rester docile quand tu enserrais mon poignet droit du bracelet de cuir, je t'ai fait remarquer qu'il était bien trop lâche, plus à la taille d'une cheville. Sans penser que la chaîne n'avait rien d'élastique. Dans d'autres contextes plus vanilles, on appelle cela tendre les verges pour se faire battre. Quelques œillets enfilés sur leur tige plus tard, j'étais dans cette position assez désagréable (et vaguement ridicule, ou qui l'aurait été sans tes yeux brillants comme des escarboucles) du croupetons couché, grenouille à peau blanche coassant sous les coups et couinant sous les caresses, t'offrant dans un même cadre restreint mes seins, mon sexe, mon cul. Et tu ne te privais pas d'user des uns et des autres, me basculant parfois jusqu'à ce que ma bouche adopte ta queue, mes mains libres pouvant appuyer sur tes boutons les plus sensibles, sans tâtons sur tes tétons.

Trouvant sans doute que tout cela était trop paisible, que je supportais de mieux en mieux les crocs des pinces, tu as détaché leur chaîne de mon cou pour la fixer à l'une de mes chevilles. Plus encore qu'avant, tout mouvement du pied devenait périlleux, je n'avais même plus mes quelques centimètres de latitude. Sans parois aucune, j'étais enfermée dans une boîte virtuelle de plus en plus étrécie.

Quand les pinces les plus redoutables, celles que je n'ai jamais supportées aux mamelons, ont attaqué mes lèvres, les autres ont été bien vaines pour empêcher le cri.

Et en même temps que cette douleur fulgurante qui se concentrait de part et d'autre de mon sexe ouvert, une formidable excitation m'a envahie alors que je me mordrais les lèvres. Tu n'as pas pu ne pas me voir me liquéfier. J'étais calme, emplie de bonheur, haletante, et mouillée, si mouillée.

Et quand tu m'as fait jouir avec ta bouche, je suis restée ainsi roulée-boulée, dans l'impossibilité de me détendre, de m'arc-bouter, de m'étoile-de-merriser, ne palpitant qu'à un seul et unique endroit. Supplice dans le supplice.