Il ne fait pas froid. Pourtant, j'ai la chair de poule qui picote ma peau nue.

Je ne sais pas si tu es encore là. Déjà là. Toujours là.

Comme tu me l'as demandé, j'ai bandé mes yeux et mis de ridicules bouchons d'oreilles. Je me suis ensuite menottée les mains dans le dos et j'attends.

Si tu es là, tu ne fumes pas.

Je ne sais pas ce que j'attends.

Je sais qui j'attends. Toi.

Je sais ce que j'espère. Toi, ta main, claquant sur moi, fouillant en moi, tes doigts à lécher, ta queue à bouffer, la cravache en guise de dialogue, plus vite, plus loin, plus fort.

J'ai horreur de ce vide, de cette position de godiche, du temps qui se dilate, une minute vaut une heure.

Je compte les secondes.

Je me mets à rêver.

À ce que tu me feras. Ou pas.

À ta bouche qui dévore aussi bien mes lèvres avides que mon oeil froncé caché.

À tes mains qui tranforment le s en d, sévice en délice.

Ça doit faire deux heures. Non, une demi-heure.

Je t'appelle. A peine un murmure qui s'échappe de ma bouche.

J'ai soif. Pas que de toi.

Je recompte les secondes. Les mois. Les siècles.

Je tourne sur moi-même.

Je te prie de te manifester.

Tu aimes l'opéra. Je chante la part de Leporello. Faux.

Si encore tu étais un fumeur compulsif.

Ce n'est plus de la chair de poule, c'est la toison d'un hérisson apeuré.

Et si j'attaquais la reine de la nuit ?

Je me laisse glisser sur le sol et me roule aussi ronde et lisse que possible.

C'est là que ton fouet claque, libération qui m'arrache un cri de surprise et de douleur.