Rue Bricabrac

Contraintes (des griffes et des lettres)

Contraintes

Et s'il y avait quelque chose de commun entre les jeux oulipiens, contraintes sémantiques, et les scènes sm, corps liés, tordus, obligés ? Déjà que les mots et les maux étaient homophones, le texte et le sexe assez voisins...

Tandis que Georges Perec, dans un lipogramme célèbre, omet parmi toutes les voyelles la lettre e, M bande les yeux de S, ne lui laissant plus que quatre sens.

Le breathcontrol s'applique aussi aux textes. Il suffit de les priver d'r et les voilà en anaérobie.

Qu'est-ce que la morale élémentaire, imaginée par Queneau, sinon un déshabillage du texte, voire un effeuillage de l'arbre. L'arbre et le déshabillage, encore des rites qui nous sont chers.

Une séance qui commence et finit par une fessée, et qui entre deux fouettées culmine par un cannage en règle est bien un palindrome, n'est-elle pas ?

Le goût de la contrainte rejoint celui du jeu. Le rend tellement plus excitant. Le jeu trouve son ancre, et devient enjeu. En jouer, enjouée, c'est jouissif.

Mettez une femme à quatre pattes. Nue la femme. Ses pieds peuvent rester chaussés, ses mains sont autorisées à garder les longs gants de soie. Ca ne rendra que le défi plus difficile. Le dos droit. Comme un i couché. Entre les deux omoplates, placez un chapeau. Selon l'humeur, badine, forcément badine, le chapeau sera un solide tricorne de feutre bien campé ou un petit bibi, sisal et tulle, tout en hauteur aérienne, léger comme une plume. Fouettez le cul bombé et les flancs si tendres. Comme il vous sied. A la main, à la baguette. L'essentiel étant que le chapeau reste arrimé, qu'il tangue peut-être mais jamais ne choit. Si cela arrivait, une punition, décidée à l'avance, un six of the best est toujours seyant pour ce genre d'exercice, sans parler de la portée rutilante qu'il dessine sur les chairs enflammées. Et vous aurez plaisir, comment autant de notes, à embrasser les lignes de votre bouche fraîche.

Ce soir, je te ferai un acrostiche.
Et tu exigeras que je compte les coups. A l'envers.

En guise de cadeau, ces holorimes, en thème, envoyées par Monsieur Hache qui, paraît-il, traîne sous le sobriquet de Spirit (et de l'esprit, il en a) ici.

Tous ces talents sur terre, hein ? tous s'étalant sur tes reins,
Haletant, fessant... c’est ça ? Ah, le temps fait sans cesse à
La chair en vie don des cris. Relâche, erre. Envie donc d’écrire !



Flash back

Viergedefer

Loin de ce que sous-entend malicieusement Stéphane, commentateur de mon blog minimaliste d'hier, la Rue Bricabrac est garantie sans pape, laïque friendly et mécréant compliant. Je n'irai donc pas me flageller dans quelque couvent, même du côté de la Chartreuse où l'on fait des liqueurs et du ski de fond, couvent qui d'ailleurs ne voudrait pas de moi.

Pourtant, à la lumière enfumée d'une nomination de fraîche date, je ne peux m'empêcher, fort benoîtement toutefois, de penser à l'Inquisition, et glisser de berger allemand (Il pastorale tedesco ©Il Manifesto) en vierge de fer.

Pour les plus jeunes, la vierge de fer n'était pas une sorte d'ancêtre de Margaret Thatcher en vestale, pour les encore plus jeunes, ce n'est pas qu'un groupe de hard rock mais une cage métallique (ou en bois), aux formes du corps, hérissée à l'intérieur de pointes de métal. Ce supplice était une manière pour les très chrétiens seigneurs religieux ou séculiers des XIe siècles et suivants de se muer en saigneurs pour faire mourir tous ceux qui refusaient de partager leur foi à petit feu et dans d'atroces souffrances (la vierge en question n'étant qu'une manière parmi roue, bûcher etc. d'occire son prochain).

Et le rapport avec le sm ? Ayant lu ici et là, de la part de pratiquants purs et durs, je vous le jure, que la punaise, en garniture de fond de culotte ou accessoirisant un soutif non plus push up mais pin in, était furieusement tendance, je me suis dit que pour être dans le vent poussé par les cloches, autant ressortir tout de suite la bonne vierge de Nuremberg, quitte à lui limer une lichette les crocs aux pointes léthales pour rester dans les limites de la légalité.

Les tortures, médéviales ou contemporaines, ont leurs zélateurs dans la grande et diverse communauté sado-masochiste. Je me souviens, sur des groupes de discussions anglophones, quand dans un Iran retourné à l'âge de fer, des ayatollahs faisaient fouetter en stade public des pauvres hères coupables de vol ou d'adultère, d'avoir joué au cerf volant ou omis de laisser pousser leur barbe assez long, des images floues de ces ignominies circulaient avec passion. Je me demande s'ils cachent les rapports d'Amnesty dans le rayon enfer de leur bibliothèque de puritains en goguettes.

Dans ces macabres mises à mort, moi qui ne crois en rien, surtout pas en dieu, je n'ai jamais aperçu la langue pointue d'Eros, seul les grimaciers chicots de Thanatos.



Oui ou non

Ouinon

Quand j'étais môminette, haute comme trois pommes, j'entendais une blague en vogue.

Quelle est la différence entre un diplomate et une femme ?
- Quand un diplomate dit oui, il veut dire peut-être. Quand il dit peut-être, cela signifie non. Mais un diplomate ne dit jamais non, ce ne serait pas un diplomate.
- Quand une femme dit non, il faut entendre peut-être. Quand elle dit peut-être, cela signifie oui. Mais une femme ne dit jamais oui, sinon, ce ne serait pas une femme.

Derrière le sexisme effronté de la devinette et de ses réponses, derrière ce que ces sous-entendus ont légitimé comme viols, se pose déjà la question du oui ou du non.

Pour un oui, pour un non, c'est un caprice. C'est aussi une pièce de Nathalie Sarraute, une pièce dont les acteurs principaux, quand ils se nommaient par exemple Sami Frey et Jean-François Balmer, échangeaient une soir sur deux leur rôle.

H. 2 Eh bien, c'est juste des mots...
H.1 Des mots? Entre nous? Ne me dis pas qu'on a eu des mots... ce n'est pas possible... et je m'en serais souvenu..
.

Comme si le oui et le non étaient interchangeables, versants d'une même pièce (de théâtre, mais aussi de monnaie, ou jeton de casino). Pile c'est oui, face c'est non. Ou vice versa. Bien sûr, la vie, le sm ou le vote ne se réduisent pas un oui ou un non. Pourtant, au bout de l'épure, c'est la plus petite commune dichotomie. À prendre ou à laisser. En haut ou en bas. Fromage ou dessert. Oui ou non.

Catherine Ringer chante...
Chou
Andy
Dis-moi oui
Andy
Chou
Andy
Dis-moi oui
Chéri

Dans nos (sé)vices, ces jeux avec tour de vis qui nous font monter la douleur sur le bout de la langue, crier non, hurler oui, comme on demande encore, comme on supplie jamais, fait partie de l'émotion. C'est bien pour cela que le niet définitif se formulera par un rouge (ou quelqu'autre safeword suffisamment éloigné des phonèmes de l'instinct).
Pas à l'ordre du jour question de savoir si la femme est diplomate ou non. Il faut l'entendre. Par la peau, par les pores, par la pulpe des doigts. Non ne veut jamais dire oui. Non n'est pas non plus synonyme de stop.

Et voilà que Louise Attaque entonne aussi son refrain
tout ça pour un oui pour un non
je traîne encore sans intuition
pour un oui pour un non
je traîne encore mes contradictions

Il est un temps, celui de la pudeur, celui de la jeunesse, celui du trouble intact, celui de l'inhibition, celui de l'entrée en sm, où tout le corps pense oui mais le son ne sort pas, la censure veille au grain de voix. Alors, comme il faut bien dire quelque chose, parce que le plaisir est trop fort, parce qu'on se souvient de cette blague idiote, c'est un non qui émerge comme une plainte. Un non qu'il ne faudrait pas bousculer beaucoup pour qu'il devienne un oui. Un non qui ne demande qu'à grandir, qu'à apprendre à être un oui.

Chauffe, Michel !
C'est une poupée qui fait non, non, non, non
Toute la journée elle fait non, non, non, non
Personne ne lui a jamais appris
Qu'on pouvait dire oui

Et un jour, qui peut-être un soir, à la faveur de la nuit et de son obscurité complice, dans le noir, on ne m'entend pas crier, dans un éclat libérateur et caracolant, le ton rauque et sauvage, le fouet claque, si parfaitement, si exactement, si terriblement, que le corps tétanisé comme par un coup de foudre exprime enfin ce oui. Oui, ça me fait diablemement mal. Oui, j'adore ça. Oui, j'en veux encore. Oui, j'espère que tu sauras t'arrêter avant que je n'ai à dire non.
J'ai envie de ne te dire que oui, de n'être en situation de ne formuler que ce oui de compagnie, de confiance et de connivence, et jamais le non, glas de la réalité, qui me ferait redescendre des cimes aiguës où le oui me transporte.

Quant au 29 mai, c'est une autre histoire, et rien de ce qui n'est écrit ci-dessus ne s'applique au référendum.



Fi du Saint Frusquin

Saint Frusquin

Puisque cette époque semble refuser le respect de la laïcité, je propose que nous, adeptes des liens serrés et des positions contrariées, des tourments de la chair et des bleus aux fesses, posions notre petite pierre à l'édifice.

Désormais, ne parlons plus de croix de Saint-André, signes ostensibles, ostentatoires et obsessionnels d'un rappel à une religion. Ne remplaçons par pour autant cet ustensile bien pratique par une étoile, une croix (encore) de Lorraine (Vishnou goes bdsm ?) ou quelques triskells pas commodes (ha tiens, et une commode ? Pratique... mais on s'éloigne) non plus (mon manège à moi...).

A la manière des grands brûlés de la langue, adeptes de cette novlange dite poliquement correcte qui a fait des vieux des seniors et des noirs des blacks (infiment plus branchouille que gens de couleurs), je lance le laïquement correct.

Exit donc la croix de Saint-André. A la place, parlons d'X mural (la lettre de tous les supplices et autres vices), d'estrapade (pour l'escalade de la douleur), de battants pour battus, de fourches patibulaires, de pilori new age...

Les fourches patibulaires, voilà qui nous vient de loin, du temps des carcans et des gibets, de l'âge de pierre de la justice, ça rappelle son Claudel (période post rencontre avec dieu derrière un pilier de Notre-Dame, on n'en sort pas), son Aloysius Bertrand (Gaspard de la nuit). Ca empeste hélas toujours un peu l'encens(oir).

Hum.

Patibule. Emballé, c'est pesé, ça sonne bien. Comme fibule, celle qui retient mon dernier voile et que j'ôte pour toi. Comme mandibule, celle qui laisse sa marque elliptique dans mon derme cramoisi. Comme libellule, celle que tu prends dans tes filets de chanvre et d'attention. Patibule, non, ce n'est pas ridicule du tout.

Et surtout, ne pas ommettre de la poser à l'envers. C'est mutin.


Photo Delf

Reste à savoir s'il ne faudrait pas aussi, pour cause d'homophonie, s'attaquer au mot sein. Lequel ne manque en revanche pas de synonymes.



Pisciculture

Poisson d'avril

Dans la flemme de chercher l'origine exacte de l'expression to be slapped with a salmon et tout en voulant rester dans le thème poissonneux de ce début d'avril, j'ai trouvé cette carte d'un goût absolument exquis, d'un humour sophistiqué et glacé et résolument anglophone.

Je l'ai "empruntée" sur un site qui est une mine de cartes électroniques fetish.



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L'oreille
Juke Boxabrac
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La peau
Présentation

presque moi
aller Si j'expose mon verso, c'est pour le plaisir d'être jouée. Le masochisme est mon moyen de transport amoureux. Même si parfois je pleure... c'est de vie qu'il s'agit. Et quand tu me fais mal, j'ai moins mal.

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Les mots
Flash-back
À lire
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L'oeil
Des images pas sages
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Voici un module Flickr utilisant des photos publiques de Flickr comportant le(s) tag(s) bdsm. Cliquez ici pour créer votre module.
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Le cliquodrome
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