Rue Bricabrac, bdsm, ceinture
D.R.

L'UNE bouge, l'autre pas.
Je ne sais comment cette photo a été prise, éventuellement truquée (l'origine du monde qui nous regarde de son oeil sombre...), cela n'a aucune importance. Une photo n'est pas la réalité, elle raconte une histoire qui parfois parle du réel, au plus près. Ou pas.
Et j'avoue ma préférence pour les photos mises en scène, un minimum au moins, un cadrage, la tentative de saisir un instant d'émotion sans parasites, parce que si je vois traîner dans le champ des canettes vides, l'aspirateur ou le paquet de Pampers, ça me gâche le voyage. Grave.

Alors qu'ici, je me balade. C'est une vue que je connais, sans l'avoir jamais vue. Même un miroir ne saurait me la donner (le miroir est souvent le troisième personnage de mes jeux). J'en connais la musique, sifflante, claquante. J'en connais le contact, cinglant, pesant. J'en connais le parfum, tabac, cuir. J'en connais le goût, âcre, salé un peu. Mais jamais je n'ai vu mon corps sous la ceinture.

À son violent mouvement répond l'immobilité quiète de la flagellée. Et avant que le corps ne puisse réprimer sauts, sursauts, tressauts, il y a cette volupté de faire corps avec les coups, de les absorber.

Ou alors, nous sommes à l'orée du premier.
Dans notre théâtre ce sifflement vaut les trois coups.

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