Rue Bricabrac, bdsm, an 9
photo Silvergrey

ILS demandent tous, ou presque, et d'entrée de jeu

Quelles sont vos limites ?

Et bien que péremptoire, mais sans certitudes aucunes, je ne sais que répondre. J'ai bien bricolé une phrase toute faite, "rien qui ne perce ou coupe", "rien qui n'attaque mon intégrité morale et physique" (donc pas de pervers narcissiques ou de pierceurs), mais comme toutes les phrases toutes faites, ça ne veut rien dire. Pas plus que "quelles sont vos limites".

Parler en introït de limites, c'est comme commencer à lire un roman par la fin (je ne parle pas d'un journal, je lis toujours mes journaux en commençant par la fin). Avant d'en arriver aux limites, que ce soit dans le dialogue ou dans les actes, il y a un sacré long chemin à faire.

Celui de l'envie, celui du désir, celui de la quête de la jouissance. Et ce chemin, il se fait à deux, jamais il ne ressemble pas au précédent. La route du sexe, quelle que soit la forme qu'elle emprunte, ce n'est pas le GR 20. Elle se dessine par l'envie de l'autre, le déclic sur un mot, un geste, un regard. Rien de rationnel. Ni de chimique, on ne cherche pas (dans le cas de ces "tchats" destinés à satisfaire une ou plusieurs paraphilies) le meilleur procréateur possible. C'est physique (non, pas au sens bradpittien du terme, quoique...).
Alors, le désir entre dans la danse, et fait basculer par delà le bien et mal, dans cette parenthèse érotique où tout est permis, pour peu qu'il y ait, a minima, du sentiment. Les lignes bougent, comme dirait l'autre. Ce qui était inconcevable devient excitant. Même après 35 ans de sévices dans le (dés)ordre du bdsm (ou quelle que soit la manière dont il convient d'appeler cette envie de souffrir, de s'abandonner, de se prêter à la cruauté de l'autre), j'ignore encore quelles sont mes limites. Je ne sais pas ce que veut dire, dans un contexte érotique, ce mot de limite. En fait, je n'ai pas envie de le savoir. Je trouve cela tarte. Ça oblige à retomber dans une vision sportive de la sexualité. Je ne suis pas la Laure Manaudou du sm et je ne cherche pas un Philippe Lucas. Je suis dans la pulsion, l'intuition, pas l'impulsion. L'impulsivité parfois.

Allez, après les phrases toutes faites, un truisme, c'est la fête : mes limites, je les connaîtrais quand je les aurais atteintes. Mais comme je prends les choses à l'endroit, je ne commence pas par elles. Je commence, à tâtons, du bout des doigts et des tétons à apprendre le corps de l'autre et lui faire habiter le mien. De là, de ces hésitations entre chair et cuir, lèvres et liens, les limites, elles sont comme la ligne d'horizon.

Je suis aussi incapable de dire quelles sont mes limites que de toucher l'horizon, même les jours d'arc-en-ciel.

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