Rue Bricabrac, bdsm, masochiste
photo John Santerineross

ÇA n'a pas raté. Y en a un qui me demande "Vous êtes masochiste ? Jusqu'à quel niveau ?"
(Et trois autres ont suivi avec des questions du même tonneau, c'est la rentrée sur les sites sm, y a un lâcher de nouveaux dont la candeur déconcerte.)
J'avais commis un blogue, y a longtemps, dans l'exubérance de la jeunesse (celle de mon blogue) et d'un nouveau sujet à traiter. Le sm n'est pas un sport de compétition, ça devait s'appeler. Ce n'est pas non plus un sport tout court. Alors, je ne sais pas jusqu'où je vais, ni à quelle vitesse, ni quelle est l'équation parfaite pour me conduire à l'orgasme. Je ne sais pas combien je suis maso. Je sais juste que je le suis.
C'est peut-être un adjuvant pour les uns, un mode de vie pour d'autres, un succédané de suicide pour des rares.
Si je savais ce que c'est pour moi, je le dirais en quelques phrases lapidaires. Mais je ne le sais toujours pas. Je sais que ce n'est rien de tout ce que je viens d'évoquer, ou alors tout cela ensemble, et à bas bruit, et bien refoulé, parce que je ne me sens rien de tout cela.
C'est la forme qu'a prise ma sexualité il y a terriblement longtemps, quand je ne savais même pas ce qu'était la sexualité, la forme, les trucs en chismes et les mots à plus de deux syllabes.
C'est un jeu, parfois dangereux, toujours excitant. C'est une parenthèse terriblement physique qui me détourne un moment de la réalité. C'est la quatrième dimension. C'est un rollercoaster. C'est la peau à l'envers. C'est les nerfs au bout du bout de la tension. C'est la fusion des corps. Ce sont des résonnances qui s'enlacent. C'est une vibration qu'aucun diapason ne donne. C'est un anneau de Moebius, douleur et douceur, qui est pile, qui est face, bien fol le dira.

Alors, à quel niveau, sincèrement, qu'est-ce que j'en sais !(Et ce que m'en bat l'oeil, surtout...) Si le masochisme est un moyen de transport (amoureux, si possible), ce n'est sûrement pas un ascenseur. Un aérotrain, peut-être.