Rue Bricabrac, bdsm, nostalgie

NOSTALGIE, nostalgie, quand tu nous tiens...
Sur les sites de rencontres bdsm, quelques vieux de la vieille qui ont enfoncé des roses dans l'urètre de Molinier ou qui ont assisté aux premiers sermons de Madame Robbe se répandent en lamentations amères.

Où est-il ce temps où des gens du monde vanille claquaient leurs SICAV en Minitel tant le niveau intellectuel des discussions sur les 3615 JEFOUETTE était élevé ? Et même pas pour coucher ! Car du Marquis divin aux jeunes hégéliens, il n'y avait qu'un pas qu'on franchissait sans besoin de pony-girl et, une fois attaché à la conversation, on ne voyait plus le temps passer avec la philosophie. Parfois, des atomes se crochaient et l'on invitait l'autre à un thé au logis (ce jeu de mots à 2 balles n'est même pas de moi, il est de Messiaen). Alors qu'aujourd'hui, si l'on croise un Marquis (ou un Vidame, mais les pauvres entendent vît dame et pensent travelo, les paltoquets !), le mieux qu'on puisse en faire, c'est de l'inviter à dîner un soir où François Pignon ne sera pas libre.

Je vous le dis, le SM c'était mieux avant.

Avant que Cosmo, Elle et Marie-Claire n'interviewent la soumise de référence, si blonde et jolie comme une fée de contes dans s a guêpière immaculée et ses bas blancs, avant que des lycéennes plus belles que toutes les lolitas du monde littéraire s'offrent corps et âmes et plume à des hommes en bottes à la voix grave et la cravache chic.
Ah, jadis ! Quand on se retrouvait, dans des appartements cossus de notables et gradés de ce monde, avec des dames habillées d'uniforme à tournure de gouvernantes victoriennes et les cheveux coiffés d'une voilette, si ça se trouve, c'est Jeanne, mais si, vous savez bien, la femme de l'agronome ! Quand on se faisait bourriquer par des messieurs replets à la queue courte, mais au long CV et au portefeuille encore plus rond que leur bedaine. Des psys renommés venaient conjurer leur complexe de castration tandis que des acteurs et des politiques ne se masquaient même pas, on était entre gens du monde, du même, celui de la connivence et du silence, et pas des gazettes et de l'internet haut débit pour tous ou presque.

Aujourd'hui, n'importe quel sagouin bercé par ses fantasmes et une violente envie de baiser peut se déclarer dominateur, avec une cravache en plastique acheté dans une enseigne sportive à succursales multiples. N'importe quelle pétasse contrefaite en surpoids conséquent qui trouve une paire de bas autofixants en XXXL et qui dispose d'une webcam peut s'offrir à des maîtres qui craignent leur épouse. Il y a même des couples qui se forment, et qui s'aiment, et qui durent, sans avoir été bénis par sainte Berg ou l'un des curés de saint DAF. Si ça se trouve, il la fouette mollement sans lui arracher les chairs ou des cris, il ne lui a jamais cousu le sexe (il a peur du sang, le jean-foutre), elle a discrètement craché sa semence après l'avoir sucé même pas à fond et elle lui jure qu'il a une grosse queue alors que comme tout le monde, il affiche quand il est aux taquets les 15 cm réglementaires de la moyenne nationale. Et s'il lui offre des boules de geisha, il a les a commandées chez Concorde.

Comme dans le métro depuis qu'il n'y a plus de première classe, il faut fréquenter cette populace mal éduquée qui ne sait pas faire un bondage selon les règles de l'art, qui ne possède pas de donjon secondaire, et qui parfois même, pouah, ignore ce qu'est un rosebud ou un bukkake.

Le sm est tombé bien bas, mes amis. On ne dira jamais assez fort le mal que Chantal Thomass lui a fait en sortant des menottes en dentelle.
3133t roxe ! Mainstream sux !

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