Rue Bricabrac, bdsm, Inju
© UGC

POUR ceux qui regrettaient (grains de sel d'un billet flemmard) l'absence de scènes de flagellation dans les films mainstream, Inju (que je considère comme grand public puisqu'élu "film Inter" après sa présentation à la Mostra de Venise et ayant droit à ce titre à des spots de pub répétés) vient réparer ce manque.

Inju, c'est un Barbet Schroeder (d'après Edogawa Ranpo), et de la part de l'auteur de Maîtresse, ce Soumise ne vient ni par hasard ni par surprise. Je m'abstiens délibérément de toute critique de ce film, pour décontextualiser "la" scène, et ne parler que d'elle. Ou plutôt des scènes, puisque ce n'est pas celle de flagellation qui m'a le plus troublée

Or donc une femme, aponaise, et qui plus est, une geiko (ainsi qu'on appelle les geishas à Kyōto), suspendue par chevilles et poignets au-dessus d'une table massive que son ventre plat effleure à peine, gagballée et fouettée avec une sévérité qui ne tient pas du grand guignol (car au cinéma, les quelques références au sm tiennent souvent plus du grotesque que du sensuel, de l'érotique ou du réaliste). Schroeder, qui n'a jamais caché sa fascination pour le sadomasochisme, profite visiblement de ce que l'action se déroule au Japon pour adopter l'attitude décomplexée qui convient au lieu. Le plaisir de la jeune femme n'est pas non plus masqué, et elle engueulerait presque son "sauveur" qui interrompt la séance.

À mes yeux, la scène la plus troublante se situe en amont, quand face à Benoît Magimel, Lika Minamoto saisit une longue corde noire qu'elle noue à son poignet (son regard coulé est d'une éloquence excitante), avant de la passer à un premier anneau, puis un second, astucieusement placés derrière la tête du lit, et d'enfin d'enserrer son poignet libre avec l'extrémité. S'allongeant alors, elle attrape la corde entre les deux anneaux, la remet à son amant qui comprend qu'il lui suffit de tirer pour désarticuler sa poupée, pour étirer déraisonnablement son amante.

Rue Bricabrac, bdsm, Inju
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C'est simple, peu banal, c'est typiquement masochiste, je t'apprends à me faire mal, à jouer avec moi, je prends le contrôle, pour que tu me le fasses perdre.

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