Rue Bricabrac, bdsm, chiennes
D.R.

LE Prince Fessant étant toujours aux abonnés absents en raison de congépés ou de burn-out, je continue d'enfiler de la verroterie glanée ici et là, mais surtout là.

si tu es vraiment une chienne: 06 XX XX XX XX
domixxxx presente-toi cruement

Je lui ai illico répondu d'un terriblement spirituel (je me demande où je vais chercher tant de pétillante créativité) :

Ouah ouah

Il a pris cela pour une approbation. Je ne sais plus ce qu'il a dit comme énormité, sans doute voulait-il des précisions sur ma chiennerie ou mon tour de cou... J'avais déjà filé.

Quel beau spécimen ! Un mémètre à poil dur dans une liquette de popeline qui attend sa chienne-chienne à oualpé pour le sucer jusqu'à la dernière goutte. Il rêve de laisse, de collier, de gamelle, de cul en l'air, de chaleurs sur son doigt brûlant. Son site préféré, c'est Wanimo plutôt que Demonia.

Je me souviens, quand avec mon amie C***, on attrapait des hoquets de fou rire à se moquer de cette engeance, les mémètres autant que les chiennes. On commençait invariablement nos courriels et coups de fil par un ouah ouah sonore et bien senti, et en guise d'au revoir, on se gratifiait de quelque "te prends pas les pieds dans ta laisse". Ça nous amusait comme des gamines. Notre méchanceté n'allait pas plus loin.
Quand je lis des annonces ou des messages à des chiennes adressées, recherchées, espérées, je me demande qui a commencé. Le mec ou la poulette ? Le chasseur ou la levrette ? Les responsabilités sont comme d'habitude partagées*, les hommes qui pensent qu'ils sont dans le move quand ils prennent la métaphore pour parole d'Évangile et réalité tangible, les femmes quand elles éprouvent le besoin d'incarner leur désir d'animalité, comme si leur corps ne pouvait en l'état y satisfaire. Est-on dans la reproduction d'un cliché entretenu comme une flamme sacrée dans le seul souci d'être bien dans l'attente de l'autre ? (Si je montre de l'humour, de la tendresse, je vais passer à côté de prospects potentiels. Si je mime la chienne, j'aurais du fouet. Si je donne dans le stéréotype, j'aurais un cheptel.)

*On oublie trop souvent qu'il faut être deux - parfois même trois - pour faire un couple. Fut-il canin.

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