Rue Bricabrac, bdsm, douleur
photo Ghostlee

JE connaissais "Douleur Exquise" de Sophie Calle, le livre, puis l'installation, la douleur du titre étant celle d'un rendez-vous manqué à New-Dehli, avec un coup de fil en guise de rupture.

Douleur exquise était pour moi un oxymore au même titre qu'intelligence militaire.

Jusqu'à ce que, hier, sur une ordonnance destinée à un radiologue, je lise "douleur exquise à la palpation".
Je me demande si mon masochisme est soudain sorti du bois dont on fait les baldaquins et les paddles, et qu'un traumatisme me procurait ces sensations contrastées et jouissives dont une généraliste finaude aurait compris l'ambiguïté.
Mais non.

Les douleurs ont des jolis noms, même quand elles ne sont pas exquises. Elles peuvent être lancinantes, fulgurantes, térébrantes, pulsatives, pongitives, tensives, erratiques, tormineuses, ostéocopes...

Comme certains rêvent de traverser l'arc-en-ciel, le masochiste sera comblé par un parcours entre toutes ces douleurs, jusqu'à en oublier les noms, mais se souvenant des coups de badine, des chairs écartées, d'un poing dans le cul, d'une pince ôtée après avoir été portée jusqu'à l'anesthésie, d'un fouet qui passe le mur du son avant de s'enrouler, de muscles endoloris, d'un battoir qui tente d'aplatir des rondeurs...
Tout cela est exquis, mais la médecine a plus de vocabulaire.
Lance-moi des piques de feu et de glace, entraîne-moi dans tes ténèbres, fait grimper mon pouls, tambourine-moi de raquettes, étire-moi en long et large, balade-moi dans des contrées incognita, tourmente-moi jusqu'à ce que je me torde, fais-moi osciller contre ton corps...

Comme je préfère l'exquise douleur (l'inversion devient indispensable pour bien différencier) à la douleur exquise, surtout quand elle devient lancinante et qu'à la veille d'un long week-end, les radiologues sont sur répondeurs saturés, je vais bonder bander ma douleur exquise et espérer croiser D*** pour d'exquises douleurs... et beaucoup de succulents plaisirs partagés.

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