Rue Bricabrac, bdsm, captive
photo Ellington

QUAND j'ai commencé à faire mumuse, "pour de vrai" comme disent les enfants, dans les allées vénéneuses du bdsm, Portier de nuit de Liliana Cavani venait tout juste de sortir.

Maître Stéphane qui s'appelait Franck (c'est un running gag, mais oui le tout premier était un mémètre, ce qui m'a permis d'évacuer assez vite le sujet, et tout ce qui pourrait ressembler à un mémètre ou un Stephen) en avait sans doute conçu des idées qui j'espère ne lui étaient pas venus à l'esprit en visionnant Nuit et Brouillard. (Par un de ces drôles de hasards, Cavani a situé l'action de son film quasiment l'année de la sortie du Resnais.)
Un soir, au téléphone, il m'a parlé de tortures et de camps de concentration. Ce qui compte tenu de mon histoire personnelle et surtout de mon rapport très lourd au réel (il aurait été question de gégène et d'Algérie, de rats et de tortionnaires chiliens, de viols et de Milošević, mon sang aurait évidemment tourné de la même manière et dans le même sens) était pour le moins maladroit.
Je sais jouer avec moi, avec ce que je suis (et pas à la soubrette ou à l'écolière), mais je ne sais pas muser avec l'Histoire.

Alors, moi qui ne fréquente ni les clubs, ni les donjons, ni les soirées (et encore moins les goûters), ni le milieu, ni l'empire, ni les sectes, je me suis demandée avec le grand Ingrid Circus (je suis bien sûr ravie de la libération des quatorze otages, mais trop de médiatisation nuit, et quand on sait que nous attend encore la médaille, la béatification in vivo par monsieur Pape, le film, la pièce, les bios... je crains l'explosion de la vésicule, les nausées néphrétiques et frénétiques, la crise de foi - l'absence d'e est volontaire) déclenché la semaine dernière à la veillée, si quelques-uns des fanas de fantasmes à la noix et de scénars à la petite semaine allaient donner des séances très privées d'Ingrid chez les FARC comme ils s'éclataient, il y a 35 ans, avec de très intimes Portier de nuit.
Et je me suis sentie d'un coup pas dans mon assiette.

(Penser à retourner voir La belle captive de feu l'agronome.)

Pour P*** C*** qui se reconnaîtra s'il passe par ici.

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