Complètement timbrée !

Complètement timbrée ! mardi 27 mai 2008

Rue Bricabrac, bdsm, petites filles modèles

D.R.

JE faisais de l'ordre. Non, même pas. De l'ordre, la bonne blague. Je cherchais un papier, la garantie de tel appareil pseudo électronique, ou le téléphone de je ne sais qui, ou une recette, quoique, une recette, ça m'étonnerait. Enfin, je brassais du papier dans des tiroirs foutoirs, des classeurs déclassés, des trieurs en vrac

Et puis, même pas sous papier cristal, je ne suis pas philatéliste pour un sou mais totalement fétichiste, j'ai exhumé ces deux timbres de la fin des francs, quand La Poste rendait un hommage naïf à la Comtesse de Ségur. Camille... souvenir... et surtout, pas modèle mais si souvent battue et punie, Sophie Fichini. J'en avais acheté des kilomètres, et deux sont restés, dans un coin, en mémoire de mon enfance.

La comtesse de Ségur, en bibliothèque rose, a été mon tout premier auteur érotique. Alors que je ne savais même pas que c'était de l'érotisme. J'avais 6 ans, je ne jouais pas à la poupée, je bouquinais tant que je pouvais, et c'est dans ces pages-là que j'ai dû apprendre, comprendre, désirer les punitions.

1. manioc, le mercredi 28 mai 2008:

Moi aussi, la comtesse de Ségur m'a également appris à désirer les punitions, et au même âge. Mais j'en ai été très vite consciente, et surtout j'ai aussi vite compris que c'était quelque chose qu'il fallait absolument taire et enfouir.... pendant très longtemps, jusqu'à la liberté de l'adulte.

Réponse de Bricabrac le vendredi 30 mai 2008 à 13:10

Je crois que nous sommes nombreux (ses) dans ce cas. Mais moi, j'alimentais mes fantasmes livre après livre, je n'ai jamais compris qu'il fallait enfouir, je n'en parlais pas autour de moi mais j'espérais, je guettais des situations.

BàB

2. insoumis, le samedi 31 mai 2008:

Je ne saurais plus dire quand j'ai découvert la Comtesse de Ségur mais ce dont je me souviens, c'est que "Les malheurs de Sophie" m'avait laissé un malaise sur lequel je n'ai pu mettre des mots qu'en le relisant une fois adulte.
D'une part, Sophie a quelque chose d'un peu nunuche, un côté Bécassine qui me gêne. D'autre part, elle est terriblement sadique la petite et son personnage donnerait raison à Sibony quand il écrit, et s'écrit, dans "Perversions" : "Quels sadiques, ces masos !". Cela me plonge dans des exercices d'introspection sans fin.
Dans la Collection Rose de ma soeur, j'ai dévoré "Le Club des Cinq" avec une fascination précoce pour le personnage de Claude (George), cette petite "headstrong" rebelle. J'en ai cherché des comme elle pendant toute mon enfance.
Mais concernant mes fantasmes masochistes de corrections, le choc absolu fut de découvrir au collège, le passage sur la fessée dans "Les Confessions" (à l'époque, on lisait les oeuvres en version intégrale et cela avait du bon). J'ai lu, relu, rerelu. Je n'en croyais pas mes yeux. Mon trouble n'a pas été lié à une quelconque excitation mais à un sentiment simple et réconfortant : je n'étais donc pas le seul...
D'une certaine façon, pour un ado, cela change tout.

Réponse de Bricabrac le samedi 31 mai 2008 à 14:24

Je me souviens de ce sentiment de solitude, puis de celui qui m'a permis de comprendre que je n'étais pas seule. Je me souviens aussi de Rousseau. Bien sûr. Comment ne pas ! Mais c'est chez Candide, donc Voltaire, que j'ai gardé en mémoire qu'il fût fessé en cadence. Cette cadence m'a accompagnée tellement que j'ai sûrement alors un peu shunté le message de l'auteur.

BàB