Rue Bricabrac, bdsm, masochisme, Gilles Deleuze
Klaus Kinski dans la Vénus à la Fourrure

HIER, conversation au sommet avec dame Bas Bleu (dompteuse de hérissons de son état, entre autres). Elle remet notre cher Bataille sur le tapis. À cause de moi, elle l'a relu de pied en cap sans y trouver la phrase, "je préfère être touchée que vue, et vue que parlée", que je citais il y a quelques mois. Elle recherchait le contexte, elle a fait chou blanc.

Cela dit, elle l'a relu avec plaisir, et son Prince qui était de passage en a profité.

D'où sort donc cette phrase, si ce n'est de l'œuvre de Bataille ? Je demande à M'sieur Googleman, mon fidèle secrétaire, mon indéfectible maître, mon indispensable mémoire.
Queude.
Rebelote en omettant le "je préfère".
Et là, bingo !

La pudeur n'est pas liée à un effroi biologique. Si elle l'était, elle ne se formulerait pas comme elle le fait : je redoute moins d'être touchée que vue, et vue que parlée. Que signifie alors cette conjonction de la violence et de la sexualité dans un langage aussi abondant, aussi provocant que celui de Sade ou de Masoch ? Comment rendre compte de cette violence qui parle d'érotisme ? Georges Bataille, dans un texte qui aurait dû frapper de nullité toutes les discussions sur les rapports du nazisme avec la littérature de Sade, explique que le langage de Sade est paradoxal parce qu'il est essentiellement celui d'une victime.

Il s'agit de Deleuze, dans les premières lignes de son Introduction à Sacher-Masoch, parlant de l'algolagnie, puis se référant à Bataille. Et mon neurone ne s'est souvenu que de Georges, oubliant de rendre à Gilles ce qui lui appartenait.

J'aime que l'algo soit lagnie et pas seulement philie. Car si j'aime la douleur, c'est quand elle est voluptueuse. Inutile de penser me faire prendre mon pied en marchant dessus. Ni en visant mon tendon d'Achille à l'heure du backlash.
Et là, je languis de l'algie.