Rue Bricabrac, bdsm, miscellannées
photo Donna Trope pour Christofle

LE gros Douillet s'est offusqué des anneaux de RSF. On lui a cassé son beau symbole olympique, ses anneaux toucouleurs, son monde meilleuR. Il faut dire qu'au niveau visuel, il a fait très fort, Ménard (ou plutôt les créatifs de l'agence Alice qui ont dessiné ces menottes en quintette). J'attendais que les flicards, fort nombreux hier pour protéger le VIIe arrondissement de l'irruption des lycéens qui réclament inlassablement des profs et des options, c'est dire leur dangerosité, ne protestent à leur tour contre ce détournement de l'un des attributs majeurs de leur fonction. Mais non, rien. Alliance muet. Pas plus de son du côté du club des poètes de Cris et Chuchotement (oui, interviewé par Elle ou Match, Monsieur Pascal le tenancier avait déclaré "tous mes clients sont des poètes", on ne s'en lasse pas) non plus. Je suis sûre que cette après-midi, autour du buffet gratuit de gâteaux, on ne verra pas un seul fanion "touche pas à mon fetish".

Parlant de poulets, les nombreux CRS et gendarmes mobiles croisés hier (non, je n'habite pas le VIIe, je me contente d'avoir parfois à le traverser, même quand les forces de l'ordre s'installent dans mes pistes cyclables et me laissent passer d'un air plein de commisération pour une plouquesse à deux roues), portaient, entre autres coquetteries à la ceinture, un masque à gaz leur battant la fesse. J'ai alors regardé de plus près ce terrorisant sextoy en vente chez nos amis britons. Je m'interroge sur l'usage. Qui dit masque à gaz, dit gaz. Qui dit tuyau, dit conduite. Qui dit gode dit intromission. Cette chose hybride est-elle destinée à obliger la porteuse à respirer les pets cherchés à même la source ? C'est une version bdsm de Pereflat ? Je reste perplexe. (Sur le même site, on trouve aussi la poupée gonflable E.T. à trois seins et toute verte. Jouissons sans entraves !)

Une autre histoire d'ann...O, loin de celle qui parle d'un monde pourrave. Le très bourge Christofle, agrandit sa gamme et la vante par une image du plus beau porno chic, empruntant la métaphore chevaline jusque-là propre à Hermès, sellier aux origines, et surtout, calquant son visuel sur celui des images de pony-girls. Le mors au dents, oui, mais en argent massif. La chalande de la rue de Passy va frémir en déposant sa liste de mariage. C'est autre chose que du Guy Degrenne, palsambleu ! Hue cocotte !

Le pompon du mois, question grosse déconne, c'est ce sublime site qui explique comment réconcilier une âme chrétienne et un corps bondé. C'est grand. Merci de croire en Dieu, c'est toujours un plaisir de rigoler avec vous, les mecs. Le pire, c'est quand il est dit que les rapports de D/s s'apparentent assez à ce que la Bible dit du mariage : car c'est rigoureusement exact. L'oppression de la femme par l'homme, c'est cela la D/s, rien que cela. Je ne sais pas comment ils vont s'en sortir avec les dominatrices et leur soumis, même dans le cadre du mariage, parce que sur ce coup, la Bible n'a pas trop moufté, mais avec un peu de talent herméneutique, ça doit pouvoir se faire en trois coups de cuiller sur le popotin. Il va falloir attendre que le site se soit étoffé pour s'en repayer une tranche. Idem pour le sadomasochisme. Sans doute un rapprochement avec les châtiments corporels comme juste expiation des fautes de la meuf qui a fait cramer le rôti ou pris une prune en dépassant la limitation de vitesse. Sur une page voisine, des adeptes ont lu les Écritures et s'ils y ont trouvé tout ce qu'il faut pour condamner l'inceste, la bestialité, l'homosexualité et tout le tralala, ils n'ont rien trouvé qui bannisse le BDSM. Gloria et amen, fouette mon fils. (Il faudrait penser à les mettre en contact avec la fille de Moshe Dayan, Yael, députée à la Knesset et féministe militante qui a aussi lu la Bible à la loupe et qui y a trouvé tout ce qu'il faut pour prouver par David + Jonathan que Dieu était à donf' pour l'homosexualité.)

Pour finir sur une bonne nouvelle, la France est championne du monde de baguette. Ce qui ne signifie hélas pas que le Français dans sa majorité sache la manier d'une manière un minimum jouissive, mais on peut rêver. Bien moulée, pour moi !