Rue Bricabrac, bdsm, 22 mars

Si vous avez des problèmes sexuels, plongez dans la piscine !

ALSO sprach le ministre Missoffe au mois de janvier, un jour d'inauguration de petite bleue à Nanterre, à un jeune étudiant en socio, roux et charismatique (Dany, je t'aime indéfectiblement depuis, encore, et toujours) qui lui reprochait d'avoir omis de parler de sexualité dans un gros rapport sur la jeunesse commandé par mongénéral.

Les plus jeunes ne savent peut-être pas que mai 1968 a commencé par une histoire de sexe, de garçons et de filles, les uns voulant aller dans les dortoirs des autres, même si l'allumette a été l'arrestation de manifestants contre la guerre au Vietnam. Le 22 mars, un tract, Nanterre, 300 étudiants, l'occupation de la tour centrale.

La radio, et peut-être la télévision, du moins certaines chaînes du câble(je ne parle évidemment pas de Direct8) se chargeront de rappeler tout cela, Dominique Grange sort un disque dans quelques jours, j'ai entendu hier chez Mermet ou pas loi, une chanson d'Évariste qui depuis, sous son vrai nom, est professeur au collège de France. Il y en a suffisamment qui se souviennent, des plus âgés et plus lettrés, je ne vais pas jouer les anciens combattants ou les profs d'histoire, on est sur un blogue de cul, merde.

En mars 68, j'avais encore 13 ans, je fantasmais plus que jamais, délirant sur tout ce qui pouvait alimenter ma libido en devenir, films de pirates et de cow-boys, en me sentant terriblement étrange dans mes goûts que je ne retrouvais pas vraiment dans les livres que je lisais, ou qu'on me faisait lire. J'étais évidemment vierge comme toutes mes camarades de classe, pourtant plus âgées que moi. Je crois que je n'avais pas encore eu d'orgasmes, juste des décharges d'adrénaline (dont je me demande aujourd'hui si elles ne dépassent pas la plupart du temps en intensité les orgasmes, ce qui pourrait expliquer le succès des sports de blaireaux extrêmes).

Deux mois plus tard, ce sera la grève, les enragés et L'enragé, les cocktails Molotov, Prenez vos désirs pour des réalités sur un mur, des AG à la Sorbonne (oui, j'y suis allée), les employés de l'Opéra de Paris en grève et en occupation qui jouaient à la pétanque avec leurs consoeurs des Galeries Lafayette, pas de lycée (et un BEPC réduit au minimum, ouf pas de couture, mon point — de croix ou de chausson — faible), des prises de conscience tous azimuts, les soirées avec deux transistors pour savoir ce qui se passait au Quartier Latin...
Je n'avais pas encore l'âge de découvrir les matraques des flics et les triques des mecs, mais je sentais qu'il se passait quelque chose d'essentiel et que toute ma vie allait en être bouleversée, socialement, sexuellement, philosophiquement, politiquement.

Deux ans plus tard arriveraient le MLF (Mouvement de libération de la femme) et le FLJ (Front de Libération de la Jeunesse), portés par un vent maoïste un peu spontex.

Si aujourd'hui, et depuis 30 ans, je vis, en femme libre parce libérée, mes désirs, mon métier, mes pulsions et que la fille Rykiel fait son beurre sur le dos vibrant de canards pas pour enfants, c'est grâce ce jour-là.

J'ai adoré 1968, particulièrement mai, j'en suis l'enfant ravi, et je compisse Sarkozy (et consorts) de vouloir en nier l'héritage (qui ne concerne évidemment pas que les canards, qu'ils soient dans le bassin l'Elysée ou dans les sex-shops).
Un petit coup de chienlit, là, je ne dirais pas non.


(Précisions pour éviter les commentaires déplacés, malgré la teneur de ce dernier paragraphe, il n'y a aucun désir uro/scato, et je suis aussi au courant que Jan Palach avait 20 ans que que Martin Luther King n'en aurait jamais 40.)

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