Reviens !
SI tu reviens...
... je porte un collier de chien.
(J'adore la réactivité ludique d'Internet)
jeudi 28 février 2008 / 7 grains de sel
SI tu reviens...
... je porte un collier de chien.
(J'adore la réactivité ludique d'Internet)
jeudi 28 février 2008 / 7 grains de sel
TU penses que les courbes attirent plus coups et caresses que les mornes plaines qu'on aurait juste envie de fesser.
Je suis de l'avis contraire, je pense qu'un corps androgyne aux frêles os si proches de la peau appelle un toucher plein de tact, un frôlement de plume, des chatouilles d'aigrette, tandis que des géographies plus joufflues réclament de la pogne, de la poigne, du pétrissage.
En fait, tu rêves, mais tu ne sais pas.
Tu as vu bien des films, lu encore plus de livres, plus que moi qui n'en connais presque pas, mais qui vis cela, cahin-caha, depuis toujours.
Parfois, tu passes dans ma rue, et tu regardes par le trou de la serrure, puis tu t'éloignes, tu t'interdis comme si j'étais un casino (et tu peux prendre l'acception italienne).
On s'est enfin parlé dans un éclat de rire, pour tout à fait autre chose, on a fini par se croiser et se crocher. Aux antipodes du bdsm. Mais avec moi, mais avec toi, on y revient toujours. Surtout avec moi.
photo Erospainter
Je t'explique que coups et caresses, comme pleins et déliés, les creux et les monts, c'est la même chose. Seule change l'intensité. La main se lève, et retombe. Vitesse, force, appui. Les neuf queues du chat caressent aussi bien que dix doigts et font vibrer un corps comme un violon en quête de maître. Deux doigts froissent un téton jusqu'à le rendre cliton ou le pincent dans un tour cruel. Et ainsi avec un foulard de soie, une cravache, la mèche ou le manche du fouet, les lèvres et les dents.
Du moment qu'il y a un homme et une femme, un Adam et une Eve qui ont envie de faire un chemin sensuel en oubliant le divan, le ça et les autres. En apprivoisant l'enfer qui en vérité est le seul paradis sur terre qui se puisse trouver.
Laisse aller, c'est une valse, à mille temps au moins, et ce soir on improvise.
Je me demandais ce qui te ferait plaisir pour ton anniversaire. Je te l'ai demandé en espérant la réponse. Un rendez-vous. A date.
Avec plaisir.
Et c'est en rougissant que je t'écris qu'au cours de ce rendez-vous, au long cours j'espère, tu auras carte blanche. Ce pourra être du thé vert ou des bleus en forme de main. Ou ce qui te siéra. Sans boîte ni bolduc, je m'offre.
mardi 26 février 2008 / 5 grains de sel
IL a monté le chauffage pour que je n'aie pas froid. Au bout de quelques minutes, j'en avais presque oublié que j'étais attachée nue sur la banquette neuve, faisant corps avec celle-ci, mes seins et mon ventre confondus avec le cuir cramoisi, membres solidement joints aux quatre jambes du meuble. Je ne pouvais que bouger la tête pour parfois apercevoir ses cuisses. Et puis plus rien, juste l'habituel plancher et les meubles autour. Tandis qu'esseulée et préférant mille fois la pire correction à son inattention, Sibelius étirait les accords de Tapiola dans ma tête, il a mis du Stravinski assez fort, opéra de feu pour un duo volcanique.
Je l'ai tout de même entendu s'approcher, étoile de Diaghilev qui s'échauffe, jouer des deux cravaches comme un dompteur jongleur en coulisse, déployer au lancer les lanières des floggers qui sifflent plus de trois fois, étouffer la percussion des battoirs sur sa cuisse capitonnée de tweed.
Il a ensuite joué doucement avec mes sens. J'ai respiré le cuir, écouté le latex, regardé le bois, léché sa main, frotté mon visage à son entrecuisse. J'ai frissonné, non pas de froid ou de crainte, mais sous les caresses trop exquises. J'ai ronronné sous ses attentions, j'ai essayé d'onduler aussi, mais il m'avait trop bien associé à sa dernière trouvaille, ce banc kitsch, ni de piano, ni d'enfant, un truc de chez Drouot qui aurait pu venir de chez Roméo, des dorures pour une roulure, mais qui était parfaitement à ma taille.
Sans sommation, la cajolerie attendue a traversé mon dos comme un éclair sanglant. D'une omoplate au rein opposé, c'était comme si tous mes sens étaient sortis de leur domestiquage. Des larmes dans mes yeux, un haro de bête, un sursaut qui a entraîné le banc, et une première tache sur le cuir. Pourtant, j'avais souvent eu plus mal. Mais pas depuis longtemps. Ou alors, le déferlement des caresses habiles m'avait ramollie pour que le pain n'en cuise que plus.
Tandis que mon côté face collait, tout en sueur de peur et de douleur, au petit banc, mon verso prenait la couleur du cuir. Ambidextre et sans pitié, il variait l'intensité et la cible de ses coups. J'avais l'impression, pourtant plus immobile qu'une gisante, de tournoyer dans mon corps, d'être un Picasso, la nuque à la place du mollet, de ne plus m'appartenir, mais d'être une nouvelle personne de cabosses et de bosses qu'il sculptait selon ses envies, sans soucis de mes pleurs, les apaisant parfois de baisers mouillés eux aussi, buvant mes larmes pour lécher mes plaies d'embrassades salées, m'offrant des jouissances en entracte, forçant ma bouche tout en la faisant taire.
Quand il n'en eut plus la force, ni l'envie, ou qu'il a senti que j'étais aussi à bout et qu'il me fallait quelque récréation, il m'a détachée, mais en lieu du cocon de son corps, il m'a conduite par les cheveux, fiévreuse de sa correction et la peau portant fort et net la signature de l'heure qui venait de passer, de l'autre côté de la baie vitrée, sous l'averse. Indifférent à mes poings qui cognaient au carreau, sachant que la pudeur m'interdisait de m'éloigner ne serait que de cinquante centimètres pour trouver un pauvre abri, me regardant en souriant.
Quand il se déciderait à me laisser rentrer, ce serait évidemment pour me réchauffer. Recto.
dimanche 24 février 2008 / 3 grains de sel
ÇA sent l'ed nat définitivement, ou la mère de famille. Mais avec tout de même le besoin de rappeler à chaque fois les dates des congépés et des coups de fil chopés au vol (c'est ballot).
Pourquoi sortir, partir, alors qu'il y a l'internet, la fnac on line pour la culture, amazon idem, houra et chronoresto pour l'intendance, les messagers instantanés où l'on peut tenir, mine de rien, douze conversations à la fois, kikoulol, et ce 18 heures sur 24, et le courriel pour le profond. XXXB pourrait avoir une vie pseudosociale tout en bossant at home sweet home, sur les formations à distance, comme tous les enseignants qui ont des soucis de contact avec leurs élèves et que les maisons de santé de la MGEN ont renvoyés dans leurs foyers.
Tout de même... J'ai cru souvent être amoureuse ; j'aurais rêvé d'avoir le courage romantique de dormir sur un paillasson pour ne pas le rater ; j'ai un jour arrêté une camionnette pour qu'elle me permette de rattraper la voiture d'un amant qui ne m'avait pas vu sur le bord du trottoir ; j'ai décroché mon téléphone en sortant avant l'époque des répondeurs ; je me mords les doigts en ce moment pour ne pas demander à quelqu'un pourquoi il a cessé de me saluer d'une seconde à l'autre, mais jamais au grand jamais je n'aurais cette constance de plusieurs années, à consigner les signes minimalistes et fantasmés d'un fantôme fuyant.
XXXB, c'est Pénélope. Chaque jour, le travail de la veille est effacé. Quand ce n'est pas le mur de la prison, de la maison, de la région, c'est celui du son. Ce langage articulé qui nous a faits hommes. (La théologie n'est venue que bien plus tard, et le thé au logis a su, après beaucoup d'eau sous les ponts, le remplacer parfois.)
Parle à ma main !
vendredi 22 février 2008 / 4 grains de sel
LA masturbation, quoique commode, n'a jamais été une panacée. C'est plus un soulagement. Une autre manière de se gratter quand ça démange. Je ne parle pas de ma période d'avant ma vie sexuelle avec un partenaire. D'ailleurs, j'aime beaucoup me faire masturber, même si les séances de masturbation réciproque sont un à mon sens plus du domaine du touche-pipi-merci-donnant que de la pyrotechnie que j'évoque souvent.
Mais bon, parfois, souvent, mollement, follement, ça dépend, je me masturbe, avec un bon bouquin ou un canard (je ne me sers pas des deux de la même manière et un bon livre a ceci d'écologique qu'il me dispense de l'usage du canard, et que je peux garder mes deux mains pour tourner les pages, comme quoi, le cerveau, c'est quand même lui l'Organe). Et ça marche. Si bien qu'il m'arrive non seulement de gémir, mais de crier, de me cabrer. Et ça fait peur au chat, qui me bousille mon after.
Ça marche parce qu'il y a les lobes, qu'on pense à lui ou à Tchéky Kario, et qu'on trompe la solitude avec la pensée, cette Pénélope qui n'a pas encore rejoint Morphée et qui tricote une belle tapisserie.
photo Liapinto
En revanche, bien que mouillant (ayé, je me fais un petit coup retour de la revanche de la chatte en folie, bien baveuse et rosée à la raie avec un degré de chaleur d'hygrométrie qui donne envie d'aller se sécher au frais à Singapour) d'une manière immodérée dès que quelque instrument (de la main à l'un des bidules qui traînent dans le sac à malices) s'approche de ma peau, joue d'un téton, caresse une rotondité arrière, trace son chemin entre mes omoplates, écarte mes cuisses, siffle dans l'air... bien que je puisse rêvasser et construire des scénarios pas follement élaborés, mais terriblement excitants en préparant pour un amant en chemin vers mon boudoir une carte du rude... bien que je puisse me souvenir de ces coups de battoir dont j'ai cru que oui, comme dans la chanson, ils allaient me fendre en deux, des straps qui auraient pu être méchantes si la main n'avait pas failli, et de la belle rouge et de son cousin acier à queues et noeuds qui depuis qu'ils ont traversé la grande mare n'ont pas perdu leur odeur extatique de cuir fumé... bien que donc, et même malgré que (et que ceux qui considèrent l'expression comme impropre relisent Rousseau), je suis incapable de prendre une once de plaisir à me frapper moi-même.
(Je surtout fâcheusement infoutue de me frapper moi-même, la cire d'une bougie ne me fera ni chaud ni froid alors que je peux sans le moindre état d'âme prendre une lame de rasoir et m'ouvrir la jambe. Je précise que ce dernier cas n'est pas mon passe-temps du moment, que l'on fait des conneries quand on a 14 ans et que cette dernière action ne m'a jamais déclenché une giclée d'endorphines.)
J'y ai pensé. Pas à froid, en rentrant d'une journée pénible (pléonasme), comme d'autres sirotent leur pur malt (ou dans le cas de quelqu'un que nous connaissons, leur 12°5 avec bouchon de plastique ou en cubi s'il y a eu promo chez Carrouf). Évidemment. Pas moins sur ordre, avec le ton impérieux et sec qui convient, "je veux voir les marques en arrivant chez toi" (je choisis lequel, le Russian red de Mac ou le 190 de Shu Uemura ? Ou alors mon vieux Chanel 22, rouge ultime jamais égalé, qui n'existe plus et qui doit comporter depuis tout ce temps plus de bacilles que ce que les labos nous préparent pour la prochaine guerre bactériologique, les phtalates et le paraben, à côté, c'est de la gnognotte). Je me souviens avoir vainement essayé devant A***. Mon bras, pourtant habitué à des gestes plus vigoureux, devenait mou comme un membre mort ou la poignée de main d'un jeune UMP.
Même pas seule, sans témoin de ma misère sexuelle, avec au creux du ventre une envie boulimique comme un appétit, une faim de louve masochiste et exacerbée, avec le désir d'entendre résonner le coup qui bat et s'abat, avec oui le souhait de passer mon doigt sur un début de boursouflure... je n'ai pas pu, je ne peux pas. Même en rêvant à Tchéky Kario ou à, tiens, James Blonde, qui avec ses faux airs de Poutine, fait un objet du fantasme tout à fait convenable.
Pourquoi le canard et pas le chat ?
(Non, pile n'est pas la bonne réponse.)
(Je n'ai jamais essayé l'autobondage, je crains que çe ne me fasse pas plus chaud.)
mercredi 20 février 2008 / 4 grains de sel
IL faut s'attendre à tout de ses soi-disant amis, surtout qu'un jour où l'autre, ils vont vous coller de trop près et vous filer des saloperies qui se développent en chaîne. Donc concomitamment à une invasion de puceron sur mon genêt que j'aime tant (alors que merde, il gèle la nuit, le puceron est vraiment une saleté qui résiste aux températures négatives et qui vient bouffer mes futures floraisons avant l'heure des amours des coccinnelles), Fièvres (avec un tel nom, j'aurais pu me douter de sa non-innocuité) vient de me passer une maladie contagieuse avec règlement.
Voici les oukases :
- Mettre le lien de la personne qui vous tague (c'est fait. J'appelle pas ça tague, mébon).
- Mettre le règlement sur votre blog (c'est fait).
- Mentionner six choses/habitudes/tics importants chez votre petite personne (ci-fait ci-dessous).
- Taguer six personnes à la fin de votre billet en mettant le lien de leur page perso (ça va viendre)
- Avertir directement les personnes taguées (ça aussi).
Or donc, pour les psychiatres et les abritres des élégances qui me lisent :
1) Je dors la fenêtre ouverte et avec une bouillotte. Mais pas le premier soir. Je me contente d'attendre qu'il dorme pour aller entrebâiller la fenêtre.
2) Je me parfume deux fois par jour (mais je n'ai jamais d'atomiser sur moi pour les raccords qui empuantissent un entourage qui n'a rien demandé et qui porte déjà son propre poison qui cocotte le litchi et le poivre rose, les deux grandes tendances du moment), le matin/midi avant de sortir et la nuit avant de dormir, mais seulement si je dors seule.
3) Je ne cire jamais mes chaussures, j'ai horreur de ça, je ne sais d'ailleurs pas le faire malgré un apprentissage poussé à l'enfance, ça esquinte mon vernis et salit tout, donc je m'en sors avec les éponges dépoussiérantes vendues au rayon cirage, et je ruine mes pompes en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Un soumis m'avait proposé de venir le faire, mais les soumis, il faut leur donner quelque chose en échange et regarder leur corps souvent disgracieux seulement vêtu d'un risible tablier de soubrette. Je préfère avoir des chaussures moches. Ou en nubuck.
4) J'ai toujours un petit et ravissant Laguiole sur moi, à manche en argent ou en verroterie, juste pour faire genre, et parfois pour le sortir dans les restaurants chics ou pas où les couteaux sont juste bons pour du beurre. Mais comme je préfère la cuisine japonaise ou thaïlandaise, il n'a pas servi depuis longtemps, sauf à ouvrir les pages du Robbe-Grillet.
5) Je ne peux pas vivre sans le Canard Enchainé dans lequel j'ai appris à lire avant l'école et je ne supporte pas qu'on l'ouvre avant moi. Ça me rend féroce.
6) Je jette tout ce qui pourrait me rendre sentimentale, les photos, les souvenirs, les cadeaux inutiles (alias attrape-poussières). Pas tout de suite, non, mais assez vite, et bien avant la rupture.
Je passe la maladie contagieuse à (pour changer de mes habituelles victimes qui seront bien assez tôt contaminées, sinon, qu'elles vivent heureuses et en bonne santé) :
Maïa
(Parce que je la lis avec un plaisir infini et que je n'ose pas le lui dire).
Comme une image
(Monsieur CUI trouvera bien 5 minutes dans sa migration d’H&F à WP pour faire plaisir à son auditoire féminin en haleine.)
Personnellement, j'aurais bien envoyé le bébé à Jean-Luc Mélenchon, Guy Birenbaum, La morue, L'apathique Mouloud Achour et Jean Véronis, mais je n'aime pas les râteaux plus que cela. Pourtant, eux six, je les aime et j'ai envie de mieux les connaître.
(Je suggère à tous, infectés ou non, d'aller voir le travail, sur les spams ou les livres pour enfants de Linzie Hunter, l'un de mes récents et absolus coups de coeur.)
lundi 18 février 2008 / 3 grains de sel 1 rétrolien
POUR cause de maladie pasagère (non, Fièvres, ton mème n'y est pour rien, pas plus que ma décision de réaliser la V2 de RueBricabrac sous Wordpress), il n'y aura pas de blabla aujourd'hui.
Commentaires et trackbacks sont volontairement fermés , je n'ai pas besoin de commisération, juste d'un médecin ou d'un médicament (parce que le médecin, je m'en tamponne un peu).
Il ne s'agit évidemment pas de faux adieux visant à mesurer ma cote d'amour (ct'e blague) ni d'une inondation intempestive suite à une chatte fontaine qu'en peut plus de baver de bonheur.
Juste un malaise passager.
Logiquement, demain, la suite des émissions et mème au programme, mais zappez tant que vous voulez.
dimanche 17 février 2008 / Rien à dire ?
L'AVANTAGE de vivre seule et de refuser toute forme de concucohabitation, c'est que non seulement on peut garer ses seins les soirs de saint va-t-en 'tain, mais encore que quand le désir nie, cela reste entre soi et soi.
Comment font-elles, les soumises à temps plein ou les expertes des relations longues distances quand un 15 février, sans même une migraine ou des menstrues, elles n'ont pas envie. Pas envie qu'une main les effleure, pas envie d'engloutir un sexe égoïste (les sexes, quelque soit le leur, de sexe, sont toujours égoïstes), pas envie de frémir à la vue d'un battoir, de mouiller au premier sifflet du bullwhip. Même pas envie de faire semblant, de dire que oui, je suis ta chose, ta miss Piggy, oui j'aime ça, la cravache et les crachats, les coups fourrés et le cou étranglé, encore, plus vite (surtout plus vite, qu'on en finisse et rapido).
Le non-désir, ça se raconte comment ? À l'autre, mais aussi à soi ? Ça s'écrit avec quels mots ? Ça se parle avec quels trémolos ?
Dire j'ai le non-désir de toi, et de toi aussi, et de toi encore. Pas juste de toi, donc. Mais de toi quand même.
J'ai le désir d'avoir du désir, pourtant, mais le désir n'est pas au rendez-vous.
R*** m'envoie une photo. Ses débuts, non pas en photo, mais dans cet érotisme qui est le mien (et celui de quelques autres). On en parle. Le dé pointe son museau, le sir à failli suivre. Un soupçon d'identification, d'envie de cet abandon, de ce presque sommeil. Il a su capter que le SM n'était pas qu'une gymnastique à visée orgasmique. Mais un moyen de transport érotique.
Je n'ai pas choisi le SM, il m'a choisie. On va dire comme ça. Sans le vouloir, j'étais tombée dans des pratiques qui promettaient (et tenaient) une sexualité pyrotechnique, des jeux longs et lents, un rollercoaster de préliminaires tellement plus intéressants que la conclusion, quand bien même, ce point d'orgue qui met sur le flanc, n'est pas sans mérites. D'ailleurs, ces coups et caresses me convenaient si bien que la pénétration m'a longtemps indifférée. Jusqu'au jour où je ne l'ai pas été, tout le temps de ma liaison avec H***. Depuis, j'ai besoin de me faire fourrer, bourrer, de m'imaginer comme ce flipper où je jouais jeune fille, avec les ouvriers de l'imprimerie d'à côté, et aussi les déménageurs d'en face, et dont les mouvements de bassin violents et sans équivoque resteront dans mon panthéon des fantasmes anciens.
L'un de ceux-là, qui m'ayant acceptée dans leur cercle (on dépensait en général une seule pièce pour jouer pendant les deux heures de la pause prandiale, c'est dire qu'on était bons et qu'on avait aussi du bol à la loterie) avaient oublié que j'étais de l'autre sexe, ou un autre, mais doté du bon déhanché de pelvis et d'une paire de pognes mahousses, me ramènerait-il mon désir égaré ? Désir de toi, ou d'un autre, ou d'un plus lointain.
Le SM est-il soluble dans le quotidien et la routine ? Une petite fessée et au lit ! Bondage et branlette, 20 minutes sévices compris. Vite, un orgasme, on ne va pas y passer le réveillon.
Le train-train comme si on avait un train à prendre, merdalors.
Si, justement, on va y passer du temps. Et même du temps, avant le temps. Un petit mot des jours avant. Des promesses la veille. Des injonctions, des murmures. Des longues phrases, des ordres brefs. Comme on ferait un château de sable, on construit le désir du rapport. Pour innerver la peau, pour embraser la tête, pour mouiller les yeux.
Le désir, SM ou pas, est un partenaire exigeant. Il réclame mille attentions, un zeste de mise en scène, quelque chose d'un peu dramatique, des accessoires, de l'imagination, de la conviction. Et alors, comme Boeing Boeing ou La cantatrice chauve, on peut jouer la pièce quelques dizaines d'années. Avec la même chaleur.
Voilà, le non-désir, ça ne se dit pas. C'est comme le non-être. Il faut évoquer l'absent.
J'avais pourtant envie d'écrire sur le non-désir, celui qui ne s'écrit jamais parce que c'est un repoussoir.
Peut-être que pour effleurer mon non-désir, il suffit de ne pas lire ce texte.
(Trop tard)
vendredi 15 février 2008 / 11 grains de sel
GRÂCE à la nouvelle égérie Dior la Garde des Sceaux la Ministre de la Justice Maîtresse Rachida, à qui sa meilleure amie d'enfance Cécilia a offert deux coeurs en or blanc et diamants croisés au bout d'un lien de cuir, et au site d'information de pointe (là, je ne suis pas ironique, avec rue89 et Mediapart, Bakchich fait partie des bonnes adresses) qui en rendait compte, j'ai appris que le bijoutier Dinh Van déclinait sa gamme cœurs en menottes, à l'identique.
Ce qui au terme d'une intense cogitation (est-il bien raisonnable de claquer 4 000 euros pour une paire de menottes ? Combien vaut la bague menottes martelées ? T'as pas fini de penser au fric ? Elle retourne quand à la bonne adresse de la place Vendôme, la Garde ?), j'en suis arrivée à un plus petit dénominateur en forme de raccourci saisissant
M(enottes) = C(œurs)
(on remarquera qu'à un puissance 2 près, je suis Einstein, pas moins.)
Ado, déjà, je ne supportais pas les cœurs. Je dormais sur le flanc droit parce qu'un entraîneur sportif (une sorte de Philippe Lucas light) m'avait dit quelques années auparavant qu'il ne fallait pas dormir à gauche, ce serait mauvais pour le cœur qu'on écrase (je pense que cette assertion ne repose sur rien, peut-être la sagesse populaire, mais plus de quarante ans après, je n'en ai jamais retrouvé trace). Je refusais tout pendentif en forme de muscle cardiaque, qu'il soit en verroterie ou en or. J'abhorrais sa cuculterie militante qui rejoignait au panthéon de la guimauve la médaille de Rosemonde Gérard (avec le moins en rubis) et les poupées de Peynet. Je collais, en toutes circonstances, des points sur les I et pas des cœurs. Avec le recul, j'aurais su dessiner, j'aurais volontiers mis des culs, mais côté cul, à part mes fantasmes déjà plus rudes et pink pivoine plutôt que rose bonbon, je n'étais pas encore super éveillée.
L'amour avec des cœurs ne m'a jamais bottée, le pied, je le préfère ailleurs et je le prends autrement. Celui plus vache, avec liens et cravache m'assommait nettement moins en me mettant pourtant K.O.
Les menottes, j'ai dit ici mille fois ce que j'en pensais, trop connoté, flicaille et compagnie. Mais aujourd'hui, elles seront à la fois synonyme et métaphore de toutes formes de liens, qu'ils soient de cuir, de fer, de chanvre ou de soie.
Je porte avec plaisir un cadenas au cou, au bout d'une fine et courte chaîne. Et pas une clef, parce que là encore, la clef est côté cœur, et le cadenas plus cul. La clef des songes, la clef de mon royaume... balivernes. Et puis la clef, je ne l'ai pas encore trouvée.
Il y a encore quelques semaines, j'aurais aimé ce collier, ce bracelet. Mais si, de tendance "coquine" (comme écrit sur le site bijoutier) en glissement de sens, M(enottes) = C(œurs), il va me falloir trouver des nouveaux signes qui flattent ma sexualité, me parlent d'amour, mais n'appartiennent pas à la récupération bourgeoise du SM. (Quoique, la bague stylisée ait du chien.)
(Pour celles et ceux qui y tiennent, on doit trouver à vil prix des bracelets, colliers, boucles d'oreilles menottes dans ces magasins cheaps à succursales multiples tels que "Claire" et autres.)
mercredi 13 février 2008 / 3 grains de sel
Tasha, si elle avait porté l'un de ces colliers, d'un bling-bling absolu et dans les matières les plus connes nobles, telle la fourrure, aurait-elle pu monter à bord du fameux bus ?
Bien que vendu par Doggidog, une de ces échoppes qui voguent sur la dog attitude, autrement dit sur le fait que l'homme préfère son chien à son voisin, je n'arrive pas à croire que ces colliers soient destinés aux clébards. Ils sont évidemments pensés pour les chiennes, quel que soit le sexe d'icelles puisque nous avons le modèle bad boy et bad girl.
Mais ce qui prouve défintivement qu'ils sont pour humains et non pour canins, c'est que jamais au grand jamais un ami des animaux n'ira affubler sa bestiole chérie d'un collier, tout svarowski qu'il soit, le présentant en toutes lettres comme loser (avec l'inévitable faute d'orthographe de bon gros franchouillard en prime). En revanche, un soumis pas bien fini, en guise de punition, ira à la soirée Donjon et Drague ainsi minervé.
lundi 11 février 2008 / 6 grains de sel
CE que j'ai d'emblée remarqué en voyant cette photo dans la toujours très classieuse presse britannique, c'est qu'il faisait drôlement doux dans le West Yorkshire fin janvier, un micro-climat sans doute, parce que la jeune dame s'y promenait fort décolletée et les bras nus, au contraire de son compagnon aussi engoncé dans sa redingote qu'un hassid, à la même saison, mais il y a quelques années dans son schtetl de la Mittel-Europa.
Le chauffeur du bus dans lequel ils voulaient monter l'a vu d'un autre oeil, lui. C'est la laisse qui l'a rendu pantois, et il a refusé de laisser monter à son bord ce gentil couple, ami depuis l'enfance, ) la colle depuis juillet, fiancé depuis novembre. Il a traité les deux tourtereaux de monstres, réservant le qualificatif de chienne à Tasha, et les deux, blessés au plus profond de leur style de vie gothique et plus parce qu'entente, ont porté plainte pour discrimination.
Tasha, une étudiante de 19 ans, est ravie de son statut d'animal domestique. Elle se comporte ainsi au quotidien, et n'y voit que des avantages, notamment d'être dispensée de cuisine et de ménage.
Finalement, chienne, ça n'est pas si mal que cela. Comme les jeunes gens bénéficient en ce moment de l'équivalent britton du RMI, on peut supposer qu'ils n'ont pas un train royal, et que c'est Dani (le wanabe Marilyn Manson) qui se tape les tâches domestiques. En plus de suer sous son burnous.
(Oui mais non.)
samedi 9 février 2008 / 4 grains de sel
À peine m'inquiétais-je de son silence prolongé qu'XXXB réapparaît, et son grand timide aussi.
À sa manière, elle nous répète qu'un seul être vous manque et tout est dépeuplé. Une Martine que je connais et qui n'est ni poète ni héroïne de livres pour enfants m'a dit que Paris n'a jamais été aussi embouteillé, le nombre de 4x4, Range Rover ou Cayenne immatriculées 75, croissant proportionnellement à la baisse du pouvoir d'achat.
Selon la coutume américaine, XXXB nous cite la marmotte, animal hibernant et qui si le 2 février, jour à elle consacrée de l'autre côté de la mare, montre son museau hors du terrier, signe l'arrivée du printemps. Mais n'atterrit pas pour autant.
En tout cas, qu'il s'agisse de la Grouhound ou de l'Absent, c'est vrai que c'était le printemps aujourd'hui. Alors qui sait, venue d'outre-océan, une marmotte un peu morse peut se poser avec ses ailes d'albatros sur une piste d'aéroport.
jeudi 7 février 2008 / Un grain de sel
SANS nouvelles de XXXB, pas de livraison fin janvier, rien depuis trois semaines. Je m'inquiète. Alors, je trompe l'angoisse en musardant. Des lianes et du name dropping.
On peut désormais trouver, hors circuit mais sur le territoire national les films de Maria Beatty et de Monica Treut, et évidemment aussi des japonais sulfureux. De bien belles soirées en perspective.
Histoire de parfums dévoile 1740, ainsi nommé puisque date de naissance du marquis de Sade. Présenté comme un masculin (et en vente exclusive au Printemps de Paris où pas mal de parfums de niche ont trouvé un havre), il a sur la peau, en tout cas la mienne, une odeur de prune vieillie en fût de chêne et posée sur un fauteuil de cuir. Il se porte très bien au féminin. Mais si l'on préfère pour une domina, une rose pleine d'épines, enfin, d'épices, 1876, le parfum d'une épique dame de pique. C'est la date de naissance de Mata-Hari mais il ne tient pas ses promesses pimentées.
Après avoir habillé une machine à laver de satin rose bonbonnière, Chantal Thomass signe des meubles. Super inspirée, elle décline le laçage des corsets et les dentelles. Triste. Sauf une coiffeuse triolique. Ça me donne envie de peindre sur les portes d'immenses trous de serrure d'un beau noir mat. Ou de laque colorée.
Beau portrait dans Libé de l'excellent Alex Taylor qui se confesse en livre. La journaliste le découvrir SM, "versant soumis" (sic), alors que sa "gayté"(resic) n'a jamais fait de doute. J'avais entendu le bel Alex en parler, de ce livre, avec une totale décomplexion et beaucoup de gaité. Ce qui change des bêlements de soumises en vente dans les librairies spécialisées ou pas.
Et Pierre Hardy fait des baskets, rien ne va plus (la nouvelle collection est peu inspirée) certaines sans talon (moins laides qu’avec, mais l'attendait-on sur ce terrain ?). Comme ça, on a tous les inconvénients, le talon qui coince entre deux pavés et la mocheté des sneakers. Le pire étant la botte tong en coloris gold.
Enfin, si l'on ne sait pas comment décorer son gourbi, on peut aller chercher de l'inspiration au bordel.
mardi 5 février 2008 / 3 grains de sel
EN tombant sur le slaveregister et son code (bar)barre à l'usage des soumis(e)s, je pensais avoir touché le fond d'une forme d'imbécillité dans le bdsm. C'était oublier qu'un petit gaulois résiste dans son coin, et, guidé par des dieux de la bureaucratie mis en congés par l'exKGB, a imaginé la carte de soumise, à laisser traîner ostensiblement dans un coin de son portefeuille, ou à porter autour du cou comme les mineurs non accompagnés en avion.
Le promoteur de la chose, je l'avais croisé un jour de promenade sur les sites de sourciers de sites avec O, et un fou rire nerveux, associé à une vie un peu plus excitante que ces jours-ci, me l'avait vite fait oublier. Son bouge de petit caudillo au degré zéro arborait l'enseigne "Montrées". Il a changé de nom mais pas d'esprit, se proposant même aux heures des repas, et à condition que celles-ci ne soient pas en surpoids, de surveiller de temps à autres les soumises des mémètres en déplacement ou occupés à sauter leur collègue de bureau déjeuner à la cantine. Mais surtout, son chef-d'œuvre, n'ayons pas peur des mots, est la mise au point de cette "carte de soumise", sur le modèle de celles déjà existantes, de Confinoga à Club Med Gym en passant par celle du pressing du coin et les fiches de police. Car chez lui, il y a l'empreinte du pouce. Comme dans les films avec PJ. Ca rigole pas. On attend impatiemment la biométrie.
La photo, au contraire de celles d'identité, ne montre pas une tête qui fait la gueule (les nouvelles recommandations exigent une "expression neutre"), juste un sourire vertical et deux nichons, numéro graffité au feutre sur la cuisse, bras façon Vénus de Milo. On dirait une poupée gonflable de voyage. (Je ne suppose pas l'hommage à Coco Chanel qui n'aimait pas les genoux.)
A la limite, que des gens s'amusent à cela, chacun son trip. Si un homme et sa femme conçoivent de l'excitation à glisser une photo à oilpé d'icelle, collier de chienne au cou ou anneaux au sexe, dans les pages roses de son permis, pour un rougissement face aux gendarmes, ma foi... On pourrait même s'amuser de la prose pseudo administrative du gazier, sérieux comme la papauté au grand complet, qui doit résulter de la lecture assidue de polices d'assurances et de CGV diverses. J'imagine bien ce type qui a passé des heures à rédiger son machin en lui donnant les airs le plus officiels possible (officiel comme dans la tête d'un môme ou de Luc Besson) pour que ça ressemble à ces dossiers lourds, actes notariés, poulets indigestes, réglements de sociétés coercitives. C'est du boulot, à la mine de plomb et en tirant la langue...
Là où ça devient soit désespérant, soit encore plus hilarant, selon l'humeur du jour, c'est quand on découvre une liste de boutiques, boîtes et autres lieux prêts à consentir une ristourne sur présentation de cette carte. M'sieur exMontrées suggère d'ailleurs dans ses conditions d'utilisation que
La carte devra être présentée à toute réquisition : les cartes délivrées sont accessibles en permanence sur le site, voir ci-contre, pour permettre à chacun de vérifier la validité d'une carte présentée par une soumise (boutique, bar, club, soirée privée...).
Rappel : aucune discrétion n'est demandée aux établissements offrant des promotions, ils sont vivement incités à prendre leur temps pour bien vérifier la validité des cartes...
Personnellement, il se trouve que je ne traite avec aucun des commerçants immiscés dans la combine, mais dorénavant, j'enregistre les adresses pour être sûre de ne surtout pas y aller (tout en remarquant qu'ils avouent ainsi vendre aux gogos non encartés avec une marge plus que confortable, quand je dis que les marquis, ça ose tout, chaque jour me donne raison !).
Oui, il a dit "réquisition".
Oui, vérifier la validité des cartes ne suggère pas d'aller sur le site avec une loupe mais de mettre la main au cul des vaches des soumises, comme les maquignons sur les marchés aux bestiaux.
Oui, la lecture des pages que l'on trouve en se baladant dans l'arborescence prouve que cet Anarchaine a un délire extrêmement sérié, détaillé, maniaque, glauque.
C'est marrant, là, j'ai comme une vague envie de gerber alors que je n'ai même pas fait d'overdose de chocolat.
(Non, je n'ai pas mis de lien, mais ceux qui voudront trouveront assez facilement.)
dimanche 3 février 2008 / 4 grains de sel
TANDIS que certaines rêvent d'être des maikos, j'ai envie d'être un taiko (pas trop gros tout de même).
Surtout quand je vois l'allégresse de ces joueurs, jeunes, énergiques, précis, euphoriques.
Leur art de percuter est sosie de mon heur de recevoir. Dans une joie réelle et sans pareille.
Au coeur de ma chair, au plus lointain des muscles, à la moelle des os, la résonnance se propage depuis ma peau tendue. Des notes graves, profondes, tenues en vagues sur quoi je surfe. Des basses comme un sexe qui se faufile, qui remplit, qui fouille.
Dehors, dedans, je ne sais plus, tout comme je confond les sons et les sensations. Un cul, un coup, un cri, une percussion, un oui, un encore, un écho.
vendredi 1 février 2008 / 2 grains de sel
Si j'expose mon verso, c'est pour le plaisir d'être jouée. Le masochisme est mon moyen de transport amoureux. Même si parfois je pleure... c'est de vie qu'il s'agit. Et quand tu me fais mal, j'ai moins mal.
Si vous souhaitez m'écrire, il suffit d'ouvrir votre courrielleur préféré, et d'adresser le tout à b.ricabrac chez free, en france. (On a le brouilleur de robot qu'on peut, logiquement, les humains devraient décoder.)