Rue Bricabrac, bdsm, masochisme
photo Neufleisch

J'AVAIS un jour, intitulé un billet Maso chic ?, en réaction (comme quoi, la réaction, c'est toujours mauvais, seule vaut l'action) à la parole psychanalytique "posture masochique".

Guère plus avancée sur ma posture (le plus souvent, au propre comme au figuré, dans celle de la dinde qui se fait farcir, croupion frétillant dans un cas, cul désolé dans l'autre, invariablement pointé vers un mâle dominant, un indice, dans le deuxième, il porte des talonnettes et n'a, en ce qui me concerne, aucune ambition sexuelle), je m'aperçois, qu'Utena en soit remerciée, qu'un sex-shop douillet propose des toys (tout de suite, en anglois, ça passe mieux) pour maso-chic.
Il y a bien plus d'un tiret qui me séparer de ce chic-là (le mien n'étant qu'un tribut un peu pitoyable aux jeux de mots à deux balles - JDMA2B - digne des derniers billets Verm'O). Je n'ai jamais été tentée par les menottes gold (encore moins baby rose ou aubergine), même pas pour me rendre à un cocktail mondain histoire d'être ton sur ton avec les chocolats de l'ambassadeur, et les martinets qui ne font presque pas mal m'ennuient.

Moi, je veux avoir mal. Pour de vrai. Bien mal, comme je le dis souvent, et mal bien. J'assume que je puisse, parfois, pleurer de douleur (quand bien même je dois reconnaître qu'à chaque fois que j'ai pleuré, c'était plus par amour, par culpabilité ou une raison tierce, mais jamais par la douleur pure, car personne n'aurait voulu cela, en vérité, pleurer de douleur, c'est bon pour la littérature). Je ne veux pas jouer à faire semblant. J'accepte sans peur ni pudeur de porter les marques de ces jeux dangereux. Je veux haïr, dans un bref éclair, celui dont j'aime les tracas. Je ne sortirai pas de mes gonds, de mes nerfs, de mes muscles, de ma chair, de ma peau, si on me fait juste "un peu" mal. Je n'en serais que rapidement frustrée.

Masochic oui, j'assume la pirouette, mais je ne suis pas maso-chic. Mon masochisme, qui remonte presque à avant le vocabulaire, est indissociable de l'érotisme. Et l'érotisme, ce n'est pas chic (d'ailleurs, le porno-chic est un oxymore). C'est trop vivant, trop grouillant, trop puant, trop mal élevé pour être chic. Ce n'est pas non plus "un peu", mais trop. C'est une affaire d'odeurs, de fluides, de rictus, de borborygmes. Quand j'implore la pitié, ce n'est pas du cinéma, du chiqué, du cliché. Quand je crie, je ne tiens pas la note, je ne fais pas d'harmonie. Quand je me tords, je ne me demande pas si la photo sera bonne. D'ailleurs, on ne fait pas de photos.

tags technorati :