Rue Bricabrac, bdsm, attente
photo Jacq

J'ATTENDS.
Entourée des souvenirs d'autres hommes, de ceux d'avant, forcément, de moi avec eux, de mon corps sous leur coupe.
Je n'ai pas envie de dénicher "le dernier en mieux".
Je n'ai pas envie de retrouvailles, le re est de trop.
Mes hommes avaient sans doute tous des points communs, le premier étant de me plaire, les autres relevant du divan, mais aucun n'a jamais ressemblé au précédent.
Ainsi, à chaque fois, tout était à réinventer.
J'étais toutefois moins oie, plus chatte.
Mais invariablement débutante. Débutante ès eux.
Je découvrais leur odeur comme leur grammaire, leurs ordres et leurs manières, leurs hasards et leurs lanières.
Aucun, je crois, ne cherchait en vérité quelqu'un comme moi. Et pourtant, ils sont restés, revenus, on a dansé en mesure, on s'est caché derrière les mêmes buissons.
Moi, je laissais faire le hasard et les atomes. S'ils se crochaient, ça marchait.
Deux ou trois étaient embarrassés par les souvenances que je pouvais garder, dont ils étaient friands, par voyeurisme souvent, par compétition une fois.
Les hommes me sont comme des gommes, quand ils sont là, possessifs et conquérants, ils effacent de leur peau, de leurs mains, de leurs mots, la mémoire des hommes dans la tête, les muscles et les pertuis des femmes.
Sois mon oubli.

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