Rue Bricabrac, bdsm, érection
photo Toshio

AUX alentours du 15 août, dans une émission d'après-midi sur France Inter qui se penchait cette semaine-là sur le plaisir féminin tant que masculin, quelque sexologue dont le nom m'a échappé, comme une partie des propos, j'avais la tête ici et là, a déclaré en substance, parlant des effets de la domination chez l'homme, et dans une partie caverneuse d'icelui, qu'elle ne procurait que des érections fugaces, au contraire des caresses longues qui sont, elles, les garantes d'une bandaison béton, et donc, que cet ersatz de dopant qu'est ce que nous appelons le bdsm n'est que cautère sur une jambe de bois, pissage dans un violon et peinture dans l'eau.
Comme le lendemain, dans cette même émission, le jobard docteur Christian Leleu était invité, je me suis dit que vacances obligent, la qualité des intervenants n'était peut-être pas la meilleure, et j'ai continué de compter les mains pour m'attendrir.

Et puis hier, en rangeant le ventilateur que j'avais sorti pour une occasion bien particulière, je me suis souvenue de celle-ci, et de quelques autres anecdotes du même tonneau.

Il était une fois un partenaire, un homme qui m'excitait follement, dès le premier baiser, le premier toucher. Il me comblait, il me faisait mal si bien que la douleur se transformait instantanément en plaisir, mieux, il y avait plaisir avant même que je perçoive la moindre douleur. Je n'avais pas vécu cela depuis un moment. Il semblait de son côté tout à fait heureux. Parlant d'heureux, quand venait le moment du happy ending comme disent les masseuses thaïlandaises, ce n'était pas la fête pour lui. J'en étais bien désolée, et je ne savais que faire pour favoriser son plaisir (sucer, oui, je sais, mais une fois la mâchoire décrochée, on fait quoi ?). Il avait chaud (le thermomètre affichait 21° dedans). J'ai donc sorti le ventilateur. J'ai aussi coupé FIP, mes contre-mesures antibruit des cris, parce que la musique le déconcentrait (il était très musicien). Il prenait des forces et son souffle à grand renfort de respiration du petit chien. Coup de bol, le ventilateur n'était pas trop bruyant, et point ne fut besoin d'attendre le général Hiver.

Dans les récits érotiques, ou voulus tels, témoignages de soumises, odes aux maîtres, narcisso-shows des messieurs, l'érection se porte dure, turgescente même, dressée comme un menhir (au moins), c'est Hercule dans sa gloire verticale, l'Obélisque n'est pas son cousin. Et quand ça jouit, c'est Versailles un soir de fête, une pub pour les produits laitiers, toute l'écume des mers...

Dans la réalité le coup de rein ou de boutoir, le coït vigoureux et la queue qui tape au fond, c'est moins flagrant.

Il y a ceux qui n'éjaculent pas, comme ça, c'est plus simple. Parce ça coupe l'influx. Parce qu'un maître ne mélange pas. Parce que je ne sais quoi, comme les footballeurs ou les sprinteurs.
Il y en a un autre qui, côté cul ou con, n'y arrive pas. Rien ne remplace la paluche. Comme il faut tout de même justifier cela face à madame, c'est "parce que je veux t'arroser". Ou le retour de la revanche de l'éjaculation faciale comme alibi d'un bon vieux coup de veuve Poignet, l'inégalable.
Il y a ce psy, dont tout un chacun qui le connaît dans le civil vante l'urbanisme et l'intelligence, et qui saisissant ma main pour la poser sur son entrejambe dûment pantalonnée, me serine "Tu la sens la bite, tu la sens la bite" sans jamais la montrer ou en faire autre chose que de crier son existence.
Il y a ce maître TBM qui débande toutes les 30 secondes et qui a besoin de coller sa bite dans la bouche de sa partenaire sans arrêt pour pouvoir continuer à limer.
Il y a encore ce garçon aux mains d'or, aux doigts godes et à la langue agile qui est plus qu'heureux qu'on en oublie son pénis qui ignore tout de la notion de rigidité.
Il y a enfin celui qui pour se redonner de la vaillance et se sentir plus optimal essaie toutes les positions pour finalement n'en adopter aucune.

Alors parfois, en rangeant un ventilateur qui n'avait même pas servi l'été dernier, en avril, on se demande si la dame sexotruc n'aurait pas, hélas, un peu raison. Ou si certains hommes, un peu fragiles de l'érectile, ne viendraient pas chercher soumise pour retrouver un peu de la superbe qu'ils ont perdue face à des femmes qui ne ressemblent plus à leurs arrières grands-mères.

Rue Bricabrac, bdsm, érection
Verson scalpifiée

(À toutes fins utiles et pour éviter que l'on ne me suspecte d'être la cause de tous ces recroquevillements, je précise que certaines des anecdotes ci-dessus m'ont été rapportées par des amies à la sexualité jumelle de la mienne.)

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