Rue Bricabrac, bdsm, Beardsley, Japon, chaussures
Illustration Audrey Beardsley

JE n'ai aucune fascination pour les geishas, pas plus leur maquillage qui dessine la nuque que leur, paraît-il, merveilleux sens artistique et courtisan, sans parler de la soumission, je ne veux pas être maiko, même une heure, juste peut-être parfois une kokeshi, pour quelqu'un de bien précis qui aurait envie de jouer à la poupée.

Mais j'aime porter ces takageta trop hautes qui tiennent sur presque rien, deux étroites lames de bois et qui, sans même besoin d'une longue jupe entravée, forcent la démarche à se faire menue et déséquilibrée. Une marche qui n'a rien à voir avec celle, coutumière, sur stilettos. Il faut se tenir très droite, très prudente, sous peine de basculer (ce qui est un plaisir souvent, mais pas quand le goudron ou le granit sont à l'accueil) en avant.

Moi qui vais vite, je suis alors obligée à la lenteur, à déjouer les chausses-trape des pavés parisiens (il en reste), à prier si je suis en compagnie pour un bras charitable ou à prêter ma taille à l'enlacement protecteur. Je me sens fragile, contrainte, différente, j'entre en dépendance.