EN vrac, des choses entendues, ou plutôt lues, depuis quelques semaines. Mon annonce a l'avantage, dans ce qu'elle a d'exclusif et de décourageant, outre de me faire passer pour une agressive psychorigide, de m'éviter les "à poil, chienne, suce-moi !" si tant est que certains en usent encore. Mais il reste un drôle de cocktail dont on pourrait faire un cadavre exquis (plus cadavre qu'exquis), ou un puzzle à pièces manquantes (le jeu du jour : trouver lesquelles).
Le mixer à remonter les citations est lancé !

Je pense à tes fesses.
J'adore vos chaussures.
Les ongles rouges, c'est terriblement chic, vous êtes coquette.
Et vos dessous ?
Puisque vous êtes maso, on peut tout vous faire sauf vous arracher les poils par touffe ou vous brûler ?
Tu as des gros seins ?
Et les dilatations, vous acceptez, parce que je suis expert ?
Vous devez être terriblement malheureuse.
Les vrais dominateurs sont masochistes.
Quel est votre IMC ?
Si c'est vous sur la photo, je veux bien vous parler.
Juste avant de quitter... quelle pourrait être une situation de correction... qui vous exciterai terriblement?
Réponds-moi avec des mots de soumise !
bjr.
bricabrac c'est une référence au rayon bricolage de leroy merlin et à toutes les idées associées ou c'est pour autre chose ?
J'ai un rituel, vous m'attendez dans la salle de bain, ...si je baisse votre culotte c'est la fessée si je l'ôte...alors c'est une vraie correction au martinet baillon boule en bouche...! pour ensuite être examinée longuement avec gants de latex...
Mauvaise dialectique, passe à la praxis !
Suis plutôt en recherche ce matin d'un massage rapide de mon sexe, une envie subite.

Le mixer continue de brasser mots, phrases, idées. Je tourne aussi vite que lui.
Je prête mes ongles et mes talons à l'un, mon numéro de téléphone à celui dont la femme est absorbée par son travail et qui ne peut donner le sien parce qu'il risque gros, ma culotte en coton et la Chantal Thomass au troisième, je cherche dans tous mes dicos où trouver des mots de soumises, je baille parce que j'ai envie de dormir, je suis étonnée, étant plutôt dodue de là, que l'on me parle de mes petites fesses, et j'ai la nausée, un peu, devant tant de morceaux qui ne sont pas moi, je crois, mais dont on croit qu'ils le sont.

Rue Bricabrac, bdsm, corps morcelé
photo Sandra

Excitants au début, par l'afflux de nouveaux contacts tous beaux parce que passés au Mirror, les sites de rencontres deviennent vite, si l'on y passe trop de temps, une plate-forme où bruissent les mêmes mots dans des sens différents, les mêmes demandes (moi vouloir toi puis moi vouloir toi encore plus ou moi pas vouloir toi ou pourquoi toi pas vouloir moi) maladroitement formulées on informulées, la même merchandisation des corps et des esprits.

(Mais aussi des rencontres douces, des échanges surréalistes, des cousinages. Étrangement, c'est quand il ne s'agit pas de sexe que ça communique le mieux, et pourtant, on ne vient pas là pour se faire de nouveaux amis. Du moins, en ce qui me concerne.)

Je leur dis que j'ai envie d'avoir l'impression que l'on s'intéresse à moi, à ce que je suis, à mes défauts autant qu'à mes qualités supposées ou mes postures imposées. Je leur parle de feeling, d'étincelle, d'atomes qui se crochent et tout le tralala sentimentique. Je ne cherche ni un double, ni une moitié, juste un complément de sujet direct. Ensuite, on verra bien si c'est pour un verre, pour deux heures, pour un brunch réparateur de corps repus, pour deux mois, pour deux ans.

(Le titre est bien entendu une référence au, particulièrement ses premières minutes, film de Jean-Luc Godard.)

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