Rue Bricabrac, bdsm, fessée, rituel, Red Charls
photo Red Charls

JE suis dans un grand désordre en ce moment, ce qui n'a rien d'anormal après la conclusion de quelques années de fidélité et de train-train à la loco de plus en plus poussive. Je porte mieux que bien mon pseudo. L'un me dit volage, l'autre parle de dévergondage, alors que je ne cherche qu'à ranger un peu tout ça, la vie, les sentiments, enfin, non, ranger des sentiments, cela ne rime à rien... J'essaie de les exprimer, les retrouver, les exalter. Je suis donc à la fois en vrac et dans une insatiabilité totale. Empiler ou multiplier les vacataires, c'est un peu comme sucer des pastilles à la menthe (je dis ça, mais je déteste la menthe en pastilles), c'est de l'instantané, effet immédiat et puis s'en va. Reviendra peut-être, mais pas de double effet kiss ou cool. De l'instant, pas du temps. C'est le Nes' de l'expression.

Ça va et ça vient, la vieille antienne, et me revient un fantasme aussi ancien que l'antienne. Ce devait être une punition jadis. Ça n'a pas besoin de l'être aujourd'hui. Ce pourrait être juste une expérience sensuello-scientifique. Physique. Ou chimique. Je les confonds toujours toutes les deux. Alors les deux. Pendant une semaine, du lundi au dimanche, du samedi au samedi, du mercredi au mardi, qu'importe le départ pourvu que l'arrivée soit cuisante, ou pendant 20 jours comme les 6 jours TBM (hum, le neurone plus solide que la peau... TBM ne signifiant pour une fois pas Très Bien Monté mais Très Bon Marché comme on dit dans le grand magasin le Plus Mal Nommé de la capitale), être fouettée, cravachée ou fessée, c'est à définir (je vote pour fessée) comme le nombre de coups ou le temps chrono de la chose, matin et soir. Des coups régulièrement administrés comme ceux d'une horloge à balancier qui ne sonnerait que deux fois par jour.

Régulièrement. Comme passent les trains dont les locos fonctionnent. Comme les TGV qui regardent enfin vers les marches de l'Est. Très Grande Volée.

Je suis curieuse de savoir à quel moment je pourrais retrouver ce mélange de peur et d'envie, et que le non l'emporte sur le oui, mais que je m'oblige à la résignation. Tout à l'heure parce que c'est écrit, décidé, d'ailleurs, c'est mon idée. Pas d'évitement, de sauve qui peut, de dérobade.
D'y penser, à froid, en amont, est terriblement excitant et j'en fonds d'avance, je quitte l'état solide à très grande vitesse. La première, la deuxième, la qtroisième, la quatrième... tournée serait délicieuse, forcément, et l'attente du prochain rendez-vous (celui où il est prévu que je me rende d'avance, en position, cambrée, tendue, constellée de marques, non seulement j'assume mais je mendie) énervante tant le temps sait se dilater sans qu'on ne lui demande rien.

Et ce qui fait partie de cette même excitation, c'est le doute, l'inconnu. À quel moment cela va-t-il devenir très douloureux ? Est-ce que ce rituel va me permettre de retrouver des sensations oubliées, que l'immersion dans le sm a émoussées ? Cette peur que je ne ressens presque plus jamais, cette peur délicieuse de quelqu'un (qui reste à trouver, qui accepte de partager ce rite, que cela excite autant que moi, qui ait cette disponibilité... la cohabitation n'étant pas une option, je sais, ça fait un peu fessée 30'...) en qui j'ai par ailleurs toute confiance... Je l'appelle, cette peur délicate qui noue le ventre et qui ne disparaît que dans les claques salvatrices.

Ce serait comme une pièce de théâtre, comme un concert plutôt, plus de sons que de paroles, la répétion à quelques détails près d'une identique partition.

Je crois que ça prend tout son sens, y compris ceux qui m'echappent, de sens, dans la répétition.