JE lui ai écrit, en rentrant d'une promenade olfactive

Mon jasmin ne fleurit pas encore, mais un peu de l'odeur sucrée et suave de l'osmanthus commence à envahir terrasses et rues. Et je pense à la canne, réflexe pavlovien.

Il a répondu d'un ton ô combien badin et faussement menaçant

La canne, hummmm. À voir. C'est assez douloureux. Mais tu pourrais faire une expérience intéressante. Faire une virée à moto dans une forêt. Chercher une belle tige de bois vert. Mince et flexible. Et puis, te pencher en avant pour recevoir une correction. Tous les vingt pas, tu devrais t'appuyer à un arbre, relever ta jupe et tendre ta croupe. Recevoir un nombre de coups à déterminer par un jeu. Et ensuite, tu rapporteras la branche chez toi. Tu la planteras ou tu t'en serviras comme d'un tuteur. Comme ça tu pourras la contempler à loisir. Une branche d'arbre au milieu d'autres, personne ne pensera à mal. Sauf toi, bien sûr.
Et puis, le retour de la promenade cannée se fera à moto. Un délice pour des fesses copieusement traitées....

Rue Bricabrac, bdsm, marques, cannephoto Andreas Andersson

La canne est douloureuse, dit-il. Oui, nous le savons tous deux, longtemps, il ne voulait pas me donner du bambou. C'est pourtant bien le même homme qui, deux jours avant d'évoquer les souffrances cannées, m'envoyait ici, comme en présage, voir ces cent six photos-là, cent coups de badine cisaillant la chair d'une belle et saisis par l'objectif de son d'homme (chênes a raison, on va parler de d'homme)les uns après les autres. J'ai regardé ces photos, troublantes dans leur décomposition méthodique, un "work in progress" mille fois plus excitant que ces photos "finales" qu'on connaît trop bien sans pour autant qu'elles laissent indifférent, loin de là. J'ai senti les coups, chacun, j'ai imaginé le tic-tac du temps pendant le clic-clac, l'attente tandis que la brûlure faisait son chemin, entendu l'appareil qu'on pose et le sifflement du rotin.
Il m'avait particulièrement parlé de la dernière, celle où perle le sang.

Je ne suis pas pour les jeux de sang, lui non plus, même s'il s'agissait de s'arrêter au first blood comme dans les duels. Aucun de mes partenaires ne l'a été, même si parfois, presque par hasard, sans qu'il y ait eu violence particulière, le sang soit apparu, incongru sur une hanche ou gouttant d'un téton. Comme beaucoup de femmes, j'ai un rapport assez décontracté avec le sang, je n'en ai pas peur, même si je ne le recherche pas. Alors, j'ai imaginé ces gouttes de sang qui, au bout du bout de la correction, à l'ultime coup, à l’antépénultième pourquoi pas, les deux derniers n'en étant que plus cruels, affleureraient en effet sur une chair trop meurtrie, rendue fragilissime par tant d'attentions.
Et sa langue, ses lèvres, viendraient lécher ce sang, s'en maquiller et m'embrasser d'une bouche rubis et brillante, pour qu'à mon tour, je le goûte sur ses lèvres.

tags technorati :