Les plus visibles de cette semaine, les plus spectaculaires des dresseurs de tissus ont été John et Jean-Paul. Le premier montrait chez Dior sa maîtrise des plis et des obis pour des robes origamis (cocottes en papier donc) de geishas contemporaines tandis que la maison Gaultier, en plein trip plus près de toi Pierre et de toi Gilles, déclinait le calendrier des saintes kitsch, avec auréoles et larmes de sang, de ciel ou de suie. Sortie de ces belles images, qui ne me parlent guère, je n'ai pas la moindre fascination pour les geishas, pas plus que pour les saintes, martyres ou pas, quelques détails qui me donnent envie de causer.

Chez Martin Margiela, une fille dont je me demande ce qu'elle a subi comme sévices et pourquoi on a brûlé toutes ses fringues, a juste eu le temps de récupérer quelque carré de soie pour cacher sa nudité, vite fait et vintage, et si une autre tombe des torture-cothurnes entre Japon et touriste teuton, elle aura le choix plus bas pour cacher ses coquards.

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Le napperon de mère-grand, celui sur la télé et sous la Madonne rapportée de Lourdes, permet un bâillon façon Hannibal Lecter et vieilles dentelles (ou une manière de dire "je n'embrasse pas"). Tout aussi vain pour masquer que le regard, le bandeau de tulle de Chanel rappelle les sombres maxilunettes du Meister et donne un faux air de raton-laveur aux petits poissons de podium.

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Heureusement, chez Lacroix, ce je ne sais quoi d'aérien et de duveteux qui doit se soulever par le seul souffle de l'air déplacé par une main menaçante qui se lève, découvrant deux soeurs charnues quand elle retombe. Ou alors, un serre-taille comme l'enrubannage d'un paquet-cadeau, qui ne sert que si on a déjà une taille de sablier.

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Et enfin, aussi éolienne que la petite robe multicolore Lacroix, une blanche houppette de chez Sorbier (si des vidéos de la présentation dans un théâtre devenu cabaret de curiosité sont disponibles, il faut regarder ce spectacle enchanteur, c'était magique, il semblerait qu'il y ait quelque chose ici, mais un diktat de Microsoft m'interdit d'y accéder).

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Les photos sont de chez Vogue.com et je laisse volontiers le poney à l'excellent Bon pour ton poil.