Rue Bricabrac, bdsm, Apocalypto
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Primitifs modernes, fan de tatoos, piercings, brandings, j'aurais pu vous conseiller Apocalypto, le film bête, méchant et plein de nature sauvage de Mel Gibson sur la fin de la civilisation (accessoirement vaguement Maya, mais on t'a vu, Mel, le vrai signifié est ailleurs), mais au prix de la place, autant aller sur le site du film.
Ce sera bien suffisant pour voir à quoi ressemblent les vraies modifications corporelles, les os dans le nez ou le bois dans les lobes, qui sont tout de même autre chose que les fantaisies pour pucelles effarouchées de chez Abraxas et compagnie, et les marquages de feu qui pissent un peu plus loin qu'un duo d'initiales sur la fesse ou la motte...

Mais puisqu'il est question de bonnes résolutions et d'écologie, il serait meilleur de commencer par son trottoir, celui de ma rue en l'occurrence. La fin de l'année et le début de la suivante marquent l'heure des bilans, des listes, des annonces, des effets. Panurge je suis, mouton, j'ouvre le bec.

Un commentaire ici, et l'on parle de plagiat par anticipation, un autre là et c'est de pompe qu'il s'agit (et je ne vise nullement cette pauvre créature adolescente qui ne parle même pas de cul et qui a trouvé mignon d'appeler son machin "le bricabrac de meliemelo", parce que je crois au hasard. Si elle avait voulu vraiment ratisser au plus large, elle aurait dû l'appeler "Quand Britney rencontre Loïc".). On peut se rassurer en se disant qu'on ne copie que ce qui est bon, que ce qui compte, ce n'est pas le sujet mais son traitement (ou son absence de traitement dans le cas de ces blogues qui copillent/collassent des galeries préexistantes sous prétexte de compilation pour l'édification des foules, la postérité et le j'aime-et-vous ?). De toute manière, la plupart du temps, on ne déniche rien qui n'ait déjà fait trois fois le tour du ouaibe, à l'image de ces mèmes entêtants. (Actuellement, sur les blogs francophones, c'est "cinq choses que vous ne savez pas de moi"... Deux ou trois choses que je sais d'elle, de Godard, ça c'est du bon. Godard, c'est un cinéaste qui a toujours cherché, souvent trouvé et qui dit des choses justes, comme, dans le film précité, "le langage, c'est la maison dans laquelle l'homme habite".

Rue Bricabrac, bdsm, plume, plug

Le langage, c'est aussi de cela qu'il s'agit dans les blogues. Et c'est tellement une maison, le langage, qu'il y a des gens qui finissent par se confondre avec leur blogue, à commencer par le soi-disant roi des co^Wblogues, qui a déclaré à la radio ou à la télé quelque chose d'existentiel genre "je carnète donc je suis". Mais alors pourquoi certains, toujours en cette fin d'année début d'une autre, ont récapitulé leurs nombres de visiteurs (en hausse, évidemment), de pages lues, de... comme s'il s'agissait non pas d'avoir du sens (et de l'essence, de l'esprit) mais de l'audience, du chiffre, la plus grosse queue, se soumettant à une loi de l'audimat que personne ne leur impose. Bien sûr qu'on écrit pour être lu, mais n'écrit-on pas avant tout, parce qu'on a quelque chose de brûlant, de pertinent, à dire ? Sinon, la plume, autant se la coller au cul !

Perso, j'ai envie de continuer mon petit bloguomme de bricabrac. En fonction de l'humeur du jour, à condition d'avoir quelque chose à dire. Donc, ce n'est pas parce qu'un homme, ou deux, porte la main sur moi que cela me semble indispensable et vital de le relater ici. En revanche, si au détour d'une étreinte, entre deux volées de strap ou de ceinture, quelque chose de l'ordre de l'émotion affleure, qu'une pelote commence à se dérouler avec des morceaux drôles ou signifiants dedans, si des images me touchent vraiment et me donnent envie de rentrer dans le cadre, alors là oui, au clavier et que ça saute. J'aime l'idée d'écrire pour faire bander les hommes, mouiller les femmes, donner des pistes à mon partenaire ou à d'autres, mais je sais que je m'éloigne (et que je vais encore) de l'explicite. Parce qu'au contraire du sieur jonebi et de son explicite.com, où les modèles, sincères, sensuelles, souriantes, se renouvellent et se donnent, je reste la même, avec le même homme depuis un moment (et quand bien même ce dernier changerait, je ne m'en métamorphoserais pas pour autant). Et j'ai peur de radoter.

Mais pas de m'épuiser. Mes étonnements, mes sens, se nourrissent de l'air du temps, du quotidien, de mes conversations, de l'actualité, de l'art, de mes lectures. Le Gartner a prédit la fin des blogues pour mi-2007. Sûr qu'il y aura décroissance, comme après toute explosion. Il y en a des tas qui bougent encore (et pas seulement des skyblogs), qui sont déjà morts et qui le savent. Ici, a priori, ça va continuer, en respectant l'écosystème et le biotope en vigueur. Pas de stratégie, de compteur et de maquereautage pour faire fructifier les Google AdSense et ramasser quelques dizaines de roros par mois. Pas plus de réelle wishlist, genre puisque je prends du temps pour donner la becquée à mon public-chéri-mon-amour, à ce dernier de me rétribuer par de menus cadeaux (livres, DVD, sextoys) en cliquant sur le bouton qui clignote. Si vous voulez me faire plaisir, abandonnez Internet Explorer (66,5% des visiteurs), une microsofterie pénible pour Firefox (20,58%), un mozilla malin. (Là, il y a vraiment un bouton à droite.)

Rue Bricabrac, bdsm, fleurs, chocolats

Cela dit, le facteur m'a apporté un whish pas listé, je ne m'y attendais pas, et ce bouquet de chocolats et de calissons m'a fait drôlement plaisir. C'est une folie douce, merci ma Dame !

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