Rue bricabrac, bdsm, Mégère Apprivoisée

L'opéra de Paris donne quelques représentations de La Mégère apprivoisée, d'après Shakespeare, adaptée pour le ballet de Stuttgart par John Cranko, condensée en deux actes. La mégère apprivoisée, pour moi, c'est le duel truculent et tambour battant entre Liz Taylor et Richard Burton dans le film de Franco Zeffirelli, ou alors, la comédie musicale Kiss me Kate, copié/collé du précédent, des versions édulcorées presque dévoyées de la comédie de Shakespeare. Des spectacles dont je n'ai gardé que l'envie déchirante d'être domptée, de trouver celui qui aura la poigne et qui saura le prouver, la paume grande ouverte.

À en oublier les vers originaux de William.

Elle n’a rien mangé et ne mangera rien
D’aujourd’hui ; l’autre nuit elle n’a point dormi
Et ne dormira point cette nuit davantage ;
Comme au souper, je trouverai quelque prétexte ;
Le lit sera mal fait ; et je ferai voler
L’oreiller d’un côté, le traversin de l’autre,
Et puis le couvre-lit par ci, les draps par là
Mais soutenant toujours, dans ce remue-ménage,
Que j’agis par respect pour elle et pour son bien…
C’est ainsi que l’on tue une femme en douceur
Et que je peux plier son fol entêtement.

Ca m'en rappelle quelques-uns... qui le disent moins bien, mais cherchent bel et bien à dépersonnaliser celle appelée à devenir leur soumise, crâne rasé et corps décharné. La tuer en douceur... On quitte les motifs joyeusement SM, les volées réconfortantes, les claques rassurantes, les dégelées euphorisantes pour les contrées plus sombres de la D/s.

(En cherchant une image, je suis tombée sur cet article tout à fait intéressant d'une professeure anglaise.)