Rue Bricabrac, bdsm, bougie, clichés
photo MaDGi®L

"Vous respirez les odeurs des bougies parfumées..."

Aaaaah... Les bougies parfumées, qui ont fait la réputation de la maison Dyptique, si souvent copiée, avec plus ou moins de bonheur, et qui, fragrance figue ou parfum foin coupé, sentent toujours, au bout du compte, la bougie, cire chaude et suave. Car pour être parfumées, surtout éteintes et à quelques centimètres des narines, elles sont rarement sinon jamais, parfumantes. Adieu réséda, freesia, gardénia, mimosa, choisya, seringa...

En la matière, l'hyperbole est souvent de mise. Le cinéma n'est pas innocent dans cette histoire où par souci de bien marquer une ambiance romantique (et qu'on le veuille ou non, le bdsm est fichtrement romantique), pléthore de bougies éclairent souvent des scènes de bains ou de lit. Je ne parle pas de Barry Lindon. À se croire dans un temple, à avoir envie de reproduire cela chez soi, en achetant à foison, quelques cartons de cierges incarnats, de chauffe-plats chaudron, de veilleuses vermillon. Ce que l'on oublie, c'est qu'au cinéma, il y a des assistants et des petites mains pour allumer tout ça. Chez soi, c'est déjà plus délicat, les premières s'éteignent ou se noient avant que les dernières n'aient pris feu.
La bougie ne supporte pas plus le courant d'air que le singletail, le premier la mouche, le second la décapite.

Rue Bricabrac, bdsm, bougies, clichés
photo eye2eye

Qu'on n'aille pas croire que je n'aime pas les bougies. Je les adore. Elles font le teint poudré et des ombres vacillantes, elles donnent de la fragilité et du mystère aux gestes, leurs flammèches se couchent si l'on parle trop fort, elles sont un pied de nez à eDF. Je suis prête à leur trouver toutes les qualités. Mais à un décorum fastidieux, à quoi il ne manque que l'encens pour que Jésus revienne, et qui a un soir frisé deux vibrisses d'un chaton trop curieux, je préfère le sens figuré et les usages dérivés.

J'aime imaginer un homme, une chandelle dans chaque main, de couleurs et de tailles différentes, pour la beauté du geste et les nuances de sensations, qui jonglerait avec les flammes au dessus de mon corps solidement arrimé. Sur la chair, les gouttes en fusion dessineraient des serpentins sinueux au gré de sa fantaisie et de mes tressaillements. J'aime la conscience de mon corps dans ces jeux, quand des méridiens nouveaux et peu orthodoxes le réveillent et le redessinent.

Ou alors, des lumignons au sol, barreaux fumants doucement d'une horizontale prison, seraient les garants de mon immobilité tandis qu'il ferait brûler ma peau d'une cravache précise. Comme dans ces bras de fer hypermacho (souvenir flou de quelque western ou pire encore), où de chaque côté de la table, une bougie ou pire feu encore, sonnerait une deuxième fois le glas du vaincu. Sauf que je sais être docile et que je n'ai pas de goût pour le branding, donc je resterais, douloureuse mais confinée, dans mon espace imposé.

L'odeur, loin du parfum supposé des bougies, serait alors celle, aigre, de la peur et de la sueur.

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