Grand raout mardi dernier à Leicester Square, London, où entre Elton John et Mohamed Al-Fayed, la Reine et son consort Philip étaient conviés à assister à l'avant-première de James Blond dans Casino Royale.
On pouvait se demander ce que Sa Gracious Queen allait faire avec la roture, histoire de voir ce que l'on pourrait prendre de prime abord pour un long spot de pub pour la gamme VAIO de chez Sony (une belle gamme, y a pas à dire) à moins qu'il ne s'agisse de découvrir les créations décolletées et satinées d'un nouveau couturier dyslexique qui a trop vu Dynasty dans son enfance. En tous cas, pour aller déposer son appointment à celui que toute la ville de Londres fêtait en cette semaine, Elizabeth II était en robe de bal. Mais sans VAIO.

Elle aura pu, ainsi vêtue d'un ivoire so chic, se rendre compte du coup de jeune qu'à pris cette chère vieille chose de 007, puisque remis à l'heure des origines, un peu voyou, très sentimental, pas trop joli mais tanké largement ce qu'il faut, et blond oui, comme Bowie. Quant au réalisateur Martin Campbell et à ses producteurs, c'est clair, ils ont calculé que John Woo et Quentin Tarantino étaient les nouvelles références du cinéma d'action.

Et c'est à cela que je veux arriver, et non pas faire oeuvre de pédanterie cinéphilique, à la violence. Dans le livre, il y a une scène de torture pas piquée des vers. A l'écran aussi. Et ça ne rigole pas. Surtout dans la salle (sauf peut-être quelques femdoms pratiquantes ou girls next door larguées de fraîche date et en mal de vengeance cuisante). Tandis que tous les hommes ne savaient réprimer un frémissement (pour les mieux élevés) et serrer les cuisses comme une communiante saisie d'un frisson mystique, Sa Royale Présence était parfaitement raccord avec son ball frock.

Rue Bricabrac, bdsm, James Bond

Car débarrassé de son froc et du reste, enfoncé sans ménagement sur une chaise percée pour l'occasion par un nervi à couteau, en tête à tête (si l'on peut dire, on n'en verra pas plus, pas question de se taper une interdiction pour cause de full monty) avec the villain de service (Mads Mikkelsen l'acteur tout droit sorti des danois Bouchers Verts, un clone de Christopher Walken qui aurait pris des leçons de stoïcisme chez Kaurismäki), James est en très fâcheuse posture. Car cette enflure de Chiffre, muni d'une corde (de la largeur d'un avant-bras, on ne fait pas dans le bolduc ici) terminée par un nœud proportionné (gros comme une tête hydrocéphale), imprime à celle-ci un balancement menaçant et précis, en laissant tomber d'une voix lasse et froide "Les méthodes sophistiquées d'interrogatoire m'ennuient." Et de corde à nœud, il n'y a qu'un élan.

Alors, joignant l'outil au désagréable, il entreprend la séance de ballbusting la plus sévère jamais vue dans un film. (Si l'on n'était pas au cinéma, nul doute que ce pauvre James, définitivement débarrassé de son appareil urogénital, pourrait tenter une conversion du côté du chant lyrique, sous section musique baroque.)

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