Rue Bricabrac, bdsm, cinéma
photo Bac Films

Il y a quelques semaines, j'ai lu sous sa propre plume qu'une dominatrice avait été priée de s'abstenir de fréquenter je-ne-sais-quelle soirée dédiée, parce qu'elle ne présentait pas suffisamment bien, rapport aux critères de l'hôtesse.
Ne connaissant ni l'une ni l'autre, je me garderais bien de juger (d'autant que je tape suffisamment sur les dogminateurs de tout poil).

Cela me permet juste de me demander si Severin, la dominatrice du film Shortbus* (de John Cameron Mitchell) qui sort aujourd'hui, serait bien reçue dans cette soirée. Severin (l'actrice Lindsay Beamish est aussi une danseuse et chorégraphe), qui sort plus d'une bande-dessinée ponque, qui mélange le rose bonbon au noir gothique, le mauve au violet, le brun au blond, est une pro comme on l'appelle là-bas, une vénale comme on dit ici. Et dans cette fiction, elle cherche l'amour.

La beauté de Shortbus, un film qui parle de sexe, et le montre, d'une manière on ne peut plus explicite sans jamais être pornographique ou même érotique (ce qui veut juste dire qu'il ne procurera aucun orgasme à personne), est qu'il a la liberté d'un certain cinéma expérimental des années soixante-dix (qu'il s'agisse d'un Rosa von Praunheim ou d'un Dusan Makavejev) mais sans la joie de ces années-là, de ces films-là. Le SIDA, le 11 septembre et le XXIe siècle sont passés par là. Et dans ce film indispensable et décomplexé, lucide et choral, à l'image de Severin, chaque personnage cherche quelque chose que sa manière d'être ne laisse pas supposer.

Shortbus est un film pour les désaxés, les amoureux, les moutons noirs ou à cinq pattes, les vilains petits cygnes, les canards boiteux. Pour nous autre, quoi.

* où l'on peut voir en introït, qu'une pratique assidue du yoga permet de se faire une pipe tout seul, ou en tous cas, de réunir furtivement lèvres et gland. Voilà, c'est dit. On peut passer à autre chose.

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