Rue Bricabrac, bdsm, zentaï
photo Suya1978

Le temps fraîchit et mon zentaï, après des péripéties retardatoires frustrantes, est enfin arrivé. Va-t-il me tenir chaud en attendant que je brûle décidément trop ? Cette mince frontière de tissu va-t-elle faire de moi une autre un peu différente, une Masodora, une ratte d'hôtel prise au rets ? Pourrais-je me laisser mieux aller sous ce masque intégral ?

Je ne verrai rien, sauf la lumière. Je sentirai tout, l'amplification du nylon. Je serai moi, évidemment, plus loin, plus proche. Je serai là et ailleurs, en moi, pour toi.
J'aime cette idée de tour d'ivoire en spandex noir.

Rue Bricabrac, bdsm, zentaï
photo Suya1978

Tandis que je parcours de la pulpe des doigts le lycra soyeux et crissant, réfrénant mon impatience, j'attends que tu sois là pour l'inaugurer, pour que ce soit quelque chose à nous, à deux, je me demande comment tu vas appréhender mon corps ainsi moulé, dissimulé autant que provocateur, appelant tes mains, interdisant tes doigts (les onze, oui), acceptant tes dents, refusant ta langue.

Tu ne verras ni mes pupilles ni ma peau. Tu ne sauras quel feu m'étreint, ou quel froid me saisit. Te serais-je alors vaguement étrangère ? Comment et combien seront tes coups quand leurs marques ne seront plus là pour te servir d'indicateurs ? Vas-tu le lâcher, soudain désinhibé par mon allure de jouet lisse ? Auras-tu au contraire des attentions de lady face à de la bone china ?
J'aimerais entendre tes désorientations.

J'ai hâte de cette surprise, quand tu me feras sortir de ma gangue, et que tu savoureras le spectacle abstrait de notre combat à l'aveugle, de ce trouble jeu. Avant d'incliner la psyché pour que j'en profite.

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