Rue Bricabrac, bdsm, XXXB

Avant de trouver, dans mon quotidien du matin que je lis l'après-midi, cette annonce de XXXB (normal, on est le trente, son métronome bat la quinzaine), qui n'est plus que la moitié d'elle même (la moitié, encore un thème récurent chez elle) j'avais envie de parler de masturbation (et pas de branlette, mais l'une pouvant s'associer à l'autre...).

Les scénarii qui embellissent les plaisirs solitaires sont parfois très sophistiqués. Plus jeune, quand je n'avais pas encore de relations sexuelles mais que ma libido était invariablement en situation anticyclonique, je donnais dans le roman feuilleton. Une même histoire s'embranchait, se déclinait, s'ornementait, brodeuses et dentellières ne s'y seraient pas retrouvées. Le canevas était simple, le plus petit dénominateur commun minuscule (pan-pan cucul, parfois la praline). Les embellissements ont duré plusieurs années.

Aujourd'hui, j'essaie de mettre cette invention de nouveau riche dans mes rapports sexuels et bdsm. Je vante les mérites de la fantaisie et de l'imagination à dominamant, je lui fourre un fouet d'appartement dans les mains, offrant mon verso comme cobaye. J'ai dans un sac immense, que lui seul peut désormais porter, de quoi me faire fouetter une semaine d'affilée sans utiliser deux fois le même instrument. (Je n'ose imaginer qui trouvera cela à ma mort, je caresse l'espoir qu'il ou elle soit du microcosme et qu'il ou elle en fasse bon usage...) Quand le thermomètre monte et que je suis seule à Paris, je décline mes chaleurs en fantasmes de saison.

Pourtant, quand entre la couette et le mont de Vénus, ma main s'aventure, adieu cravaches, tawses, martinets, paddles, pinces, liens, chaînes, corset... C'est un plan serré sur un cul dénudé et une paume pas apprêtée qui occupe tout l'écran de la séance Onan. Qu'importe ce que je me suis inventée en amont, de quelles sottises en costume ou à oualpé j'ai pu me bercer, ce qui me déclenche, m'envole, m'expédie dans l'orgasme droit dans le mille, c'est la fessée. J'y reviens encore et toujours. Une fessée au son de caisse claire. Une fessée solidement tenue. Une fessée agrémentée de caresses précises. Une fessée menée tambour battant. Une fessée à quoi je ne peux me soustraire. Une fessée comme des billes de métal qui s'éparpillent, des grains de blés qu'on moissonne, du linge battu par de vaillantes lavandières. Une fessée, quoi, une vraie.

Rue Bricabrac, bdsm, subspace
photo Eric Charles

Comme en apensanteur, il y a mes fesses, de plus en plus rose, pivoine, cerise, bordeaux. Tout mon corps y est rassemblé, mes pensées ne sont que sensations. À peine si mon sexe bat la mesure, les coups n'y résonnent que trop bien, jusqu'à y tisser des systoles bien particulières. Si seulement cela pouvait durer encore, comme un jazz vaudou, jusqu'à la transe...

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